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EAN : 9782866458485
Le Félin (09/02/2017)
3.5/5   4 notes
Résumé :
D'A. Châtelet à M. Le Pen, en passant par J. Lecanuet, R. Barre, L. Jospin ou F. Bayrou, retrace l'histoire des hommes politiques qui sont arrivés en troisième position au premier tour de l'élection présidentielle sous la Ve République. Avec les témoignages d'acteurs politiques concernés ou très impliqués.
Que lire après Le Troisième homme : Histoire des perdants du premier tour de l'élection présidentielle (1958-2012)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Qui connaît Albert Châtelet ? C'est sans doute comme cela que PF Charpentier aurait du sous titrer son livre de science politique. L'auteur a un profil original; certes, il a toutes les pré-requis nécessaires à l'écriture d'un tel livre (docteur en histoire et professeur à l'IEP de Toulouse) mais, outre que ce type d'ouvrages est souvent de l'apanage des milieux parisiens, PF Charpentier a écrit plusieurs livres sur…la musique rock (The Clash et Joy Division, déjà un grand écart au sein même de l'univers Rock car on est rarement fan de l'un et de l'autre). Bref, un profil iconoclaste.

Et le sujet est incroyablement génial, à la fois d'une simplicité étonnante et sans doute inédit : quel est le profil des hommes et femmes parvenus à la troisième place des élections présidentielles depuis 1958 ?

L'auteur part d'un constat simple : les 10 élections présidentielles ont vu se succéder 10 « troisième homme » différents. Et si, dans un addendum, on y ajoutait 2022, la tradition n'est pas démentie puisque le troisième homme de 2022 est encore différent des 10 précédents (JL Mélanchon). Il y a déjà là matière à réflexion. On pourrait rajouter un autre constat, que, sauf erreur, l'auteur ne fait pas : à l'exception de Jacques Chirac (dont le profil est atypique car c'est aussi le seul à avoir été Premier Ministre deux fois sous deux Présidents différents et c'est le seul Premier Ministre avec Pompidou dans des circonstances particulières, qui arrivera à devenir ensuite Président de la République), aucun troisième homme n'a jamais accédé au poste de Président. Comme si un plafond de verre se mettait en travers de la route; de quoi faire réfléchir Marine le Pen et Jean-Luc Mélanchon…

L'ouvrage est très documenté et, de manière très intéressante, et rare dans le domaine de la science politique, plutôt à travers les sources orales qu'écrites. L'auteur a eu recours à de nombreux entretiens avec les acteurs les plus en pointes et la qualité de ses entretiens est incroyable.

Sur la forme, le style est clair et passionnera les amateurs de la science politique comme les « professionnels » même si, sur le fond on peut regretter la vision strictement chronologique (Élections par élections) alors qu'une vision thématique (les différents types de communication, le profil des candidats, les forces en présence, l'analyse des ralliements, les troisièmes hommes de « circonstance » et « booster » (Chirac en 1981, Mélanchon en 2022 ?), et ceux de « surprise » (Lecanuet en 1965), comme ceux qui marquent un échec (Fillon en 2017) et une fin de carrière (Jospin, Barre, Balladur, Chaban), tout cela aurait été intéressant à analyser comme tel. La vision chronologique en fait finalement un livre d'histoire politique plus que de science politique avec le risque, quand on s'approche de l'histoire récente, de faire du journalisme plus que de l'histoire.

Alors ces troisièmes hommes, quels sont-ils ? Si l'on prend la chronologie inverse, et l'élection de 2022, JL Mélanchon a tenté quelque chose d'inédit en transformant sa position de 3ème en en faisant un booster pour Matignon. Et cela avec un certain succès. On imagine l'auteur saliver en voyant cette prouesse, son livre est peut être sorti un peu trop tôt car 2022 valorise plus que jamais la place du 3ème homme, lui donnant raison, mais en laissant un goût d'inachevé à ne pas l'évoquer…

Auparavant en 2017, François Fillon n'était pas programmé (contrairement à Lecanuet ou Chirac par exemple) à être le troisième homme. Évidemment, ce sont les affaires qui l'ont placé dans cette circonstance.

En 2012, la place de 3ème revient à Marine le Pen ce qui modifie la nature de cette place en une mise en orbite potentielle pour l'avenir. En effet, contrairement à son père en 2002, personne n'évoque une « déflagration » dans ce fait politique. Si le livre avait été thématique, une telle analyse aurait sans doute été pertinente à faire, en le rapprochant de la place de 3ème de Chirac en 1981 par exemple.

En 2007, c'est François Bayrou qui joue ce rôle. La encore, les ambitions de Bayrou était claires, celles d'accéder à la Présidence. On le voit, comme pour Lecanuet en 1965, à la difficulté ensuite à se positionner pour le second tour.

En 2002, le troisième homme est une surprise totale et c'est sans doute la première fois (avant et après cette élection) : Lionel Jospin aurait dû être 2ème mais la division de la gauche en a décidé autrement. le pauvre le Pen n'en espérait pas tant et restera empêtré de sa seconde place ! La plupart du temps les 3ème sont prévisibles ou attendus soit du fait du positionnement de départ (Lecanuet, Chirac), soit du fait de circonstances extérieures au scrutin (Fillon). Mais là Jospin tombe et met fin à sa carrière politique alors qu'il aurait pu en faire un tremplin pour la suite.

En 1995, c'est Édouard Balladur qui est le 3ème homme. En fait cette élection est un duel fratricide à droite qui verra la victoire de Chirac et la fin politique de Balladur même si il a continué la politique mais de manière totalement confidentielle.

En 1988, Raymond Barre devient le 3e derrière Chirac et Mitterrand. Il a voulu rééditer le résultat de Giscard en 1974 mais sans parti et sans le caractère « neuf » de sa candidature. Ce sera un échec qui marque la fin de ses ambitions.

En 1981, le troisième homme attendu c'est Chirac. Aucune surprise à cette position car il savait qu'il jouerait les Monsieur Loyal entre Giscard et Mitterrand dans la revanche de 1974.

Plus intéressant justement, c'est 1974 où, à la suite de la mort subite de Pompidou, les ambitions s'aiguisent et voit de manière assez traditionnelle finalement un duel fratricide entre Chaban et Giscard, au profit du second. Une histoire des duels serait intéressante à écrire et surtout comment au final le parti adverse peut en profiter. Même si là ce sera en 1981 dans l'autre duel fratricide Chirac - Giscard que Mitterrand en profitera.

En 1969, c'est, une fois n'est pas coutume, un duel à gauche entre Jacques Duclos et Gaston Defferre qui permettra au premier, communiste, de finir 3ème. Mais Pompidou est à 44% et ne laisse que des miettes aux autres, y compris à Poher, dans le duel fratricide de droite.

En 1965, même si l'élection de De Gaulle semble évidente, la campagne de Jean Lecanuet, finalement 3ème homme, a marqué les esprits, même si, au final, il n'en fera rien et laissera place à Giscard très rapidement.

Et nous voici en 1958 et le fameux Albert Châtelet. Notons que le 2ème de cette élection qui n'est pas au suffrage universel contrairement aux suivantes est…Georges Marrane…bref cette élection était un peu « pour de faux » il faut bien le dire.

Au total ce livre est intéressant pour qui s'intéresse à la politique. Son procédé, par recoupement d'entretiens plus que par culture livresque, en fait un livre vivant, proche du journalisme. Il est écrit de manière simple et imagée même si plus d'analyses et moins de chiffres auraient été encore mieux.
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Les éditions du Félin tapent en plein dans l'actualité, puisqu'elles proposent, en ce premier trimestre, ce livre de l'historien Pierre-Frédéric Charpentier qui s'intéresse aux Troisièmes Hommes, dressant une "Histoire des Grands perdants de l'élection présidentielle 1958-2012".

Charpentier s'arrête sur chaque candidat malheureux de la 5ème république, sorti troisième au second tour des présidentielles, de Lecanuet à Marine le Pen. Il tente d'esquisser le portrait type du grand perdant , puis brosse un tableau de chacun de ces hauts personnages, détaille leurs erreurs, leurs motivations, leurs coups foireux (Balladur en faux auto-stoppeur), les duels, les coups bas, les espoirs, les combines,, les casseroles - oui, déjà.
Derrière eux, toute la scène politique s'anime : entrent Pasqua, Chirac, Sarkozy, Hollande Mitterand, Giscard d'Estaing, Bruno Mégret, tous présents, tous à la lutte pour se placer, ou pour porter leurs poulains.
Le rôle des médias, des caricaturistes, des humoristes est aussi abordé.
Bref, c'est un panorama complet que nous dévoile l'historien, qui émaille également son livre de commentaires reçus de certains politiciens.
Le dernier chapitre est consacré à Marine le Pen, le dernier "troisième homme" de notre république étant une femme. L'auteur s'intéresse à son accession à la tête du FN.
Pierre-Frédéric Charpentier signe ici un ouvrage très intéressant et bien écrit. Il n'y a pas un paragraphe d'ennui dans ces 314 pages ! A noter que cet historien ne s'intéresse pas qu'à la politique : il a aussi commis un ouvrage réputé... sur le groupe The Clash !
Au final, bon moment que ce livre, qui fourmille d'informations. Merci aux éditions du félin pour leur envoi, dans le cadre d'une opération Masse Critique, et à l'équipe de Babelio, (à Marie-Delphine, spécialement), pour son travail et sa grande amabilité.
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Merci à Babelio et aux éditions du félin pour cette belle découverte et pour cette lecture intéressante en résonance avec l'actualité.

Le troisième homme, c'est en effet le candidat arrivé troisième au premier tour de l'élection présidentielle.
J'ai trouvé l'idée de les étudier excellente et éclairante pour analyser la campagne actuelle même si elle bat des records de confusion.
Bien que connaissant bien cette période, j'ai appris beaucoup de choses sur chacun de ces personnages. L'ouvrage est complet, bien documenté, les analyses sont fines et détaillées.
Le style est cependant assez académique et il manque le petit plus qui peut rendre un livre d'histoire encore plus passionnant, c'est pour cela que je ne mets que 3 étoiles, mais cet ouvrage est vraiment intéressant.
Et en plus, la couverture est sympa.
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'Les français le savent :il ne restera que deux candidats en piste au second tour. Inutile, donc, de se préoccuper du troisième. Ce simple calcul a fait de ce troisième homme un acteur de série B dans la série A de la course à la présidentielle. '
C'est sur ces mots de la célèbre journaliste Michèle Cotta que démarre ce document qui relate l' histoire des grands perdants de l'élection présidentielle, le fameux troisième homme. Ils sont tous là, Pierre Frédéric Charpentier n'en a oublié aucun. On retrouve donc dans ce document Raymond Barre, Édouard Balladur, Lionel Jospin, Jean Lecanuet, François Bayrou, perdants malheureux du premier tour de l'élection présidentielle. Ces troisièmes hommes comme on les appelle ont tout de même pesé sur l'élection. C'est ce que nous livre ce livre.

J'ai trouvé ce document très intéressant et bien écrit. Je ne suis pourtant pas férue de politique, je m'y intéresse comme tous citoyens, sans plus.

Un document d'actualité que je recommande pour en savoir plus sur la vie politique française.

Merci à Babelio et aux éditions du félin.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Dans sa vie d'après, le troisième homme demeure à jamais marqué par la blessure reçue et, plus encore, hanté par cette lancinante question, par essence demeurée sans réponse, telle qu'Edouard Balladur devait la formuler, des années après son échec: "Aurais-je été un Président à la hauteur de sa mission? Comment le savoir?"
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Au Conseil constitutionnel, nous étions tous en désaccord avec les comptes de campagne d'Edouard Balladur. Il y avait cette somme d'argent de dix millions de francs, soi-disant pour la vente des tee-shirts. J'ai dit à voix haute : "C'est un peu gros quand même !" Personne ne disait rien. Alors Roland Dumas (qui présidait l'instance) a pris la parole et a dit que si le Conseil constitutionnel refusait de valider les comptes de campagne de Balladur, il serait bien contraint de s'intéresser aussi à ceux de Chirac, qui venait juste d'être élu. Il y a eu un silence embarrassé. Et puis, nous avons validé les comptes.
(Entretien de Maurice Faure avec l'auteur, 9 janvier 2012)
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Le troisième homme, l'indispensable second rôle.

'Les français le savent :il ne restera que deux candidats en piste au second tour. Inutile, donc, de se préoccuper du troisième. Ce simple calcul a fait de ce troisième homme un acteur de série B dans la série A de la course à la présidentielle. '
Michèle Cotta
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Et Jacques Duclos de conclure son raisonnement par la formule qui, dans l'imaginaire collectif, résumera bientôt l'élection présidentielle de 1969: "Blanc bonnet et bonnet blanc ".
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On entend dire, ici ou là que, désormais, nous penserions la même chose. Si nous pensons tous la même chose, c'est que nous ne pensons plus rien.

(Francois Bayrou)
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