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EAN : 9782070430253
248 pages
Flammarion (07/03/1972)
4.04/5   12 notes
Résumé :
Un corps excitant, un passé sans doute orageux, mais sa voix était une mine d'or. Je l'avais tirée des pattes d'un tueur, elle m'avait volé le peu d'argent que j'avais, moi, minable pianiste de bastringue. Mais je voulais en faire une vedette, et j'y arriverais, j'en étais sûr. Jusqu'au jour où elle loupa sa première audition et où je m'aperçus qu'elle était camée jusqu'aux yeux.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Des personnages variés dans leur caractères dont le principal qui se veut chevalier sauveur d'une pauvre fille, mais la réelle raison est l'appât du gain, et la pauvre fille n'est qu'une sale garce complètement accro à la drogue. le scénario de ce roman dramatique est palpitant avec des imprévus relançant l'histoire. On retrouve des classiques malfrats pourris, des maîtres chanteurs et une seule femme bien pure par rapport à son mari et ses mauvaises fréquentations. Bien que dans l'entourage de ce mari architecte se trouvent des gens "normaux" assez rares dans les romans de Chase où le vice est la norme.
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PREMIERES LIGNES :

« Il y avait à peu près quatre mois que je jouais du piano dans le bistrot de Rusty quand je fis la connaissance de Rima Marshall.
Elle entra dans le troquet par une nuit d'orage, tandis que la pluie cognait sur le toit de zinc et que le tonnerre grondait au loin.
Au comptoir il n'y avait que deux clients, deux pochards. Derrière le comptoir Rusty astiquait des verres pour passer le temps. En face, dans un box, Sam, le garçon nègre, lisait un journal de courses. Moi, j'étais au piano.
Je jouais un nocturne de Chopin. Je tournais le dos à la porte. Je ne la vis ni ne l'entendis entrer.
Plus tard, Rusty m'a dit qu'elle était arrivée vers neuf heures moins vingt, sous la pluie battante. Trempée comme une soupe, elle était allée s'asseoir dans un des box, à ma droite et derrière moi.
Rusty n'aimait pas qu'il y ait des femmes seules dans son bistrot. D'habitude, il les flanquait à la porte ; mais, ce soir-là, vu que la salle était presque vide et qu'il pleuvait comme vache qui pisse, il lui ficha la paix.
Elle commanda un Cinzano ; ensuite, après avoir allumé une cigarette, elle s'accouda sur la table et se mit à contempler les deux pochards d'un air morne.
Dix minutes plus tard, ça commença à faire des étincelles.
Tout d'un coup, la porte s'ouvrit violemment, et un homme entra. Il fit quatre pas en canard dans le bistrot, comme s'il avait marché sur le pont d'un bateau secoué par le roulis, puis s'arrêta net.
C'est alors que Rima se mit à hurler : c'est alors que je me rendis compte de sa présence et de celle du type qui venait d'entrer.
En l'entendant crier, je me retournai d'un mouvement brusque pour la regarder.
Je n'oublierai jamais cette première impression que j'eus d'elle. Elle avait des cheveux couleur d'argent brillant, et des yeux immenses bleu cobalt. Elle portait un mince chandail rouge qui faisait ressortir sa poitrine, et un pantalon de toile noire collant. Elle paraissait sale et débraillée, comme quelqu'un qui vit à la dure. Sur une chaise à côté d'elle se trouvait un imperméable en matière plastique, à la manche déchirée, qui semblait n'en avoir plus pour longtemps.
Si elle avait été calme, elle aurait été jolie, comme le sont tant de filles du même âge qui encombrent les trottoirs de Hollywood, à la recherche d'un bout de rôle dans un film ; mais, à ce moment précis, elle était loin d'être calme. »

L'histoire est incroyable, enivrante et pleine de rebondissement ! Jeff gordon joue du piano tous les soirs au Rusty bar, un soir une femme poursuivie par un odieux individu vient se réfugier dans ce bistrot. Après avoir neutralisé le malfrat, Jeff gordon se prend d'amitié pour cette galérienne. Il s'apercevra qu'elle a une voix absolument magnifique… Devinant alors qu'il pourrait gagner un énorme paquet de pognon avec cette paumée, il s'improvise agent de cette fille pour la présenter à des patrons de label de musique.

EXTRAIT :
« Je me mis à songer à Rima, et c'était la première fois depuis des mois que je pensais à une femme. Je me demandai pourquoi elle n'avait pas essayé de se faire chanteuse professionnelle. Avec une voix pareille, son physique, sa bonne volonté apparente, il était difficile de comprendre pourquoi elle n'avait pas réussi. A présent, couché dans le noir, je me demandais si je ne pourrais pas ramasser du fric sans me casser, en devenant l'agent de cette fille. Avec une voix pareille, travaillée convenablement, elle pourrait peut-être gagner gros. Elle pourrait même gagner une fortune si elle réussissait à se faire enregistrer sur disques. Un bon dix pour cent sur tout ce qu'elle ferait pourrait me procurer les petits extras dont j'avais envie. »

Toutefois, il mettra du temps à s'apercevoir que cette jeune femme est addict à l'héroïne. Beaucoup de signaux auraient pu l'alerter ! Une chiffe molle toujours fauchée, toujours malade, souvent tremblante, dépressive, cradoche, teint maladif et paresseuse… Mais malgré tout ça, il repense à la dernière fois où il l'a fait chanter dans un petit studio pour l'enregistrer sur une bande audio :

EXTRAIT :
« Je me mis à jouer, en prenant le tempo un peu plus vite qu'on ne le fait d'habitude. Rima attaqua fort et vite. Je jetai un coup d'oeil au vendeur. Abasourdi par les notes claires et argentines, il restait pétrifié sur place, les yeux fixés sur Rima, la bouche ouverte.
Jamais elle n'avait si bien chanté. C'était vraiment extraordinaire.
…T'occupe pas de ça. Chante. Vas-y : chante n'importe quoi, mais chante.
Elle me regarda avec de grands yeux.
— N'importe quoi ?
— Oui… chante !
Elle attaqua : La fumée me pique les yeux.
La mélodie sortit de ses lèvres sans le moindre effort, comme un ruisseau d'argent. Je la sentis monter le long de mon échine jusqu'à la racine des cheveux. Elle emplit la pièce d'un son clair comme un tintement de cloche. C'était encore mieux que ce que j'avais espéré !»

Prenant conscience que cette droguée ne peut se présenter comme tel face à un producteur de musique, Jeff Gordon a comme idée de lui faire suivre une cure de désintoxication dans une clinique spécialisée. Cependant, ce séjour est très couteux ! il lui faudrait 5000 dollars…

Après que Jeff eut abandonné l'idée de la faire désintoxiquer et de commencer à oublier de vouloir la faire chanter, Rima Marshall l'informe d'un vol qu'ils pourraient commettre : forcer un coffre qui renfermerait près de 10.000 dollars… Un vol qui tournera mal car surpris tous les deux, Rima, flingue en main, tuera un surveillant. Pourchassés par les flics, ils réussiront chacun de leur coté à foutre le camp et ne pas être rattrapé…

13 ans s'écoulent.

Rima retrouvera Jeff et commencera à le faire chanter : « tu payes encore et encore, sinon je te dénonce aux flics. Moi aussi j'irai en taule, je n'ai rien à perdre mais toi tu perdras ton épouse et ta carrière professionnelle en pleine ascension »

Génial. Quelle histoire percutante ! Déjà la première partie où il se démène pour essayer de la faire sortir de son cloaque est passionnante. le portrait de cette camée est croustillant. Les dialogues sont remarquables et distillent une ambiance particulière : Il est enthousiaste, elle s'en fout de tout. Il organise, c'est une vraie larve. Il est honnête, elle le vole. A un moment, il lui foutra des sacrées roustes dans la tronche ! Ce duo tranchera beaucoup avec ce qu'on a l'habitude de lire dans les romans de Chase où les femmes sont généralement des mantes religieuses, vénales et maléfiques. Mais voilà ! 13 ans après, elle sera impitoyable, méconnaissable...

EXTRAIT :
« J'entrai dans le hall de l'hôtel Calloway quelques minutes après dix heures.
Un vieux monsieur à cheveux blancs était assis au bureau de réception. Près de la porte se trouvait un palmier poussiéreux dans un pot de cuivre. Eparpillés dans la pièce, on voyait cinq fauteuils en rotin dans lesquels personne, semblait-il, ne s'était jamais assis. Une atmosphère sordide se dégageait de ce lugubre tableau. Je m'arrêtai et regardai autour de moi.
Assise dans un coin, dans l'unique fauteuil de cuir, une femme pauvrement vêtue, une cigarette entre ses lèvres outrageusement fardées, tenait les yeux fixés sur moi.
L'espace d'un moment, je ne pus reconnaître Rima. Elle n'avait plus ses cheveux couleur d'argent ; ils étaient teints en rouge brique et coupés court, à la garçonne. Elle portait un tailleur qui n'en avait plus guère pour longtemps. Son chemisier vert crasseux semblait avoir perdu sa couleur à force d'être trop souvent lavé.

Je traversai lentement le hall, sous le regard du vieux réceptionniste, et m'arrêtai devant elle. Nous restâmes à nous dévisager.

Elle s'était drôlement décatie depuis la dernière fois où je l'avais vue. Son visage bouffi était d'une pâleur malsaine. Elle portait beaucoup plus que ses trente ans. le rouge dont elle avait tamponné ses joues ne faisait illusion à personne, sauf, peut-être, à elle-même. Elle avait les yeux durs et indifférents d'une tapineuse professionnelle : on aurait dit des pierres trempées dans de l'encre bleu-noir.
Je fus péniblement affecté de voir combien elle avait changé. le son de sa voix au téléphone avait évoqué dans mon esprit l'image de la fille que j'avais vue onze ans plus tôt, mais cette femme était pour moi une inconnue. Pourtant je savais que c'était Rima : malgré les cheveux rouges et la dureté des traits, on ne pouvait pas s'y tromper.
Le regard des yeux de pierre parcourut rapidement mon complet, l'imperméable que je portais sur le bras, et mes souliers ; puis, il se posa sur mon visage. »

Encore une fois, Chase nous offre un thriller addictif. le changement de personnalité de Rima avant/après est saisissant. On veut absolument savoir comment notre cher Jeff se sortira de ce bourbier !! En réfléchissant à ce que j'allais écrire comme avis, j'ai trouvé un style de calembour plutôt sympa : Au début de leur rencontre, c'est Jeff qui voudra absolument la faire chanter, 13 ans après c'est elle qui le fera chanter !!

Détail, le roman a été traduit par Jacques Papy !! Un traducteur qui n'a pas toujours eu bonne réputation !! connu pour avoir pondu des traductions imprécises voire d'avoir amputé des phrases entières sur les romans de Lovecraft ou des traductions douteuses sur Alice de Caroll.

Et pour finir, devinez !! pour ne pas changer un titre en français inepte !
Pourquoi ne pas l'avoir traduit littéralement par :
«qu'est ce qui a de mieux que le fric ? » (What's Better than Money ?)
Ou « quoi de mieux que l'argent ? »
C'est ce que Rima lui lancera en pleine face après les injonctions de payer !! voilà la phrase exacte : « Qu'est-ce qui vaut mieux que le fric ? »
C'est comme ça que le titre du livre aurait dû être traduit !

ATTENTION AUX REVELATIONS :
Chase aurait-il laisser aux lecteurs le soin d'interpréter un détail sous-jacent ?
Quand Rima force le coffre blindé, elle affirme qu'il est vide !! Hors j'ai toujours imaginé qu'il est aisé de croire qu'elle ment !! S'il était vide pourquoi aurait-il été fermé ?? S'il n'y avait pas eu un centime à l'intérieur, pourquoi Rima aurait-elle abattu de sang froid le flic qui les avait surpris ??
Pour moi, le fric était bien là ! Rima aura tout gardé pour elle, bernant Jeff Gordon...
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Un Chase méconnu, très agréable à lire, dont le suspens est maintenu jusqu'à la dernière page.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
J'entrai dans le hall de l'hôtel Calloway quelques minutes après dix heures.
Un vieux monsieur à cheveux blancs était assis au bureau de réception. Près de la porte se trouvait un palmier poussiéreux dans un pot de cuivre. Eparpillés dans la pièce, on voyait cinq fauteuils en rotin dans lesquels personne, semblait-il, ne s'était jamais assis. Une atmosphère sordide se dégageait de ce lugubre tableau. Je m'arrêtai et regardai autour de moi.
Assise dans un coin, dans l'unique fauteuil de cuir, une femme pauvrement vêtue, une cigarette entre ses lèvres outrageusement fardées, tenait les yeux fixés sur moi.
L'espace d'un moment, je ne pus reconnaître Rima. Elle n'avait plus ses cheveux couleur d'argent ; ils étaient teints en rouge brique et coupés court, à la garçonne. Elle portait un tailleur qui n'en avait plus guère pour longtemps. Son chemisier vert crasseux semblait avoir perdu sa couleur à force d'être trop souvent lavé.

Je traversai lentement le hall, sous le regard du vieux réceptionniste, et m'arrêtai devant elle. Nous restâmes à nous dévisager.

Elle s'était drôlement décatie depuis la dernière fois où je l'avais vue. Son visage bouffi était d'une pâleur malsaine. Elle portait beaucoup plus que ses trente ans. le rouge dont elle avait tamponné ses joues ne faisait illusion à personne, sauf, peut-être, à elle-même. Elle avait les yeux durs et indifférents d'une tapineuse professionnelle : on aurait dit des pierres trempées dans de l'encre bleu-noir.
Je fus péniblement affecté de voir combien elle avait changé. le son de sa voix au téléphone avait évoqué dans mon esprit l'image de la fille que j'avais vue onze ans plus tôt, mais cette femme était pour moi une inconnue. Pourtant je savais que c'était Rima : malgré les cheveux rouges et la dureté des traits, on ne pouvait pas s'y tromper.
Le regard des yeux de pierre parcourut rapidement mon complet, l'imperméable que je portais sur le bras, et mes souliers ; puis, il se posa sur mon visage.
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On peut trouver un club tout pareil dans n’importe quelle grande ville. La salle se trouve toujours dans une cave. Il y a toujours un ancien boxeur qui tient le double emploi de videur et de portier. Il y a toujours une lumière tamisée, et un petit bar à l’intérieur de l’entrée. Il y a toujours des filles au visage dur, à la poitrine abondante, qui attendent qu’on les invite à prendre ua verre, et qui sont prêtes à coucher avec vous, en fin de soirée, pour trois dollars si elles ne peuvent pas obtenir davantage.
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Elle n’était pas jolie, mais il y avait en elle quelque chose qui me troubla profondément. Rien qu’à la regarder, j’eus l’impression que c’était la seule femme avec laquelle je pourrais vivre, la seule dont je ne me lasserais jamais, la seule qui me rendrait heureux.
C’était un étrange sentiment qui me frappa comme un éclair...
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Peut-être que je suis déraisonnable, mais je n’arrive absolument pas à comprendre pourquoi tu trimes comme un forçat jour et nuit sans que ni toi ni moi n’en tirions la moindre distraction.
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C’était un camé : par conséquent, personne ne pouvait prévoir ce qu’il ferait. Il pourrait aisément dépenser en drogue l’argent que je lui avais envoyé pour payer son voyage.
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