L’automne
Chaque feuille est un œil
et si l’arbre était bleu
il coulerait comme un doux fleuve d’yeux
mais c’est un arbre enfeuillé d’yeux soleils
au bord du froid
un grand feu d’yeux
Dans le ciel de ma nuit
fleurit l’œil d’une étoile
et deux mains blanches comme des halos
de velours
venues du plus profond du firmament
caressent le corps nu de ma douleur
Quand une femme pleure
les oiseaux dans les arbres
meurent
et tombent sans un bruit
comme tombe la nuit
et leur tombe c’est le cœur
de la femme qui pleure
Dans la maison du souvenir
j'ai caché beaucoup d'or
j'ai caché l'or de mon enfance
je le garde comme un trésor
pour y puiser longtemps
après ma mort
Quand la nuit somptueuse de sa chevelure
étoilée d’yeux verts
se déroule sur les épaules de la terre
au crépuscule
sur l’herbe fraîche de sa robe
chantent les rouges-gorges vifs de ses seins