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EAN : 9782743624415
478 pages
Payot et Rivages (09/01/2013)
3.21/5   17 notes
Résumé :

C'est l'histoire de Lou Capote, bras droit du P.-D.G. d'ITT, l'une des premières multinationales du monde. Ce scientifique génial, voyeur, joueur d'échecs ; admirateur fétichiste du tableau La Mort de la Vierge -de Mantegna, forme le projet de détourner, au profit d'ITT, une invention hautement stratégique pour l'armée. Mais un jour, Capote est victime d'un enlèvement... C'est l'histoire de Bernardo Piedrahita, un o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le curriculum vitae de Daniel Chavarria est compliqué, au point de ressembler à un fake. Daniel Chavarria, Uruguayen né en 1933, voyage en Europe entre 19 et 23 ans, aurait été mineur à Essen, modèle à Cologne, plongeur à Paris (dans les restos, pas dans les piscines), guide au Musée du Prado à Madrid, militant PC en Uruguay et en Argentine, guérillero castriste en Bolivie, chercheur d'or au Brésil. Traqué par la police, il s'échappe en Amazonie déguisé en prêtre. Ses liens avec la guérilla l'obligent à quitter précipitamment le pays, ce qu'il fait en détournant un avion sur Cuba où il travaille depuis comme traducteur, professeur de littérature et romancier.
Daniel Chavarria, dont je ne connais pas les autres romans, nous donne avec La sixième île un livre plutôt inclassable, touffu, multipliant les genres, un livre qui lui ressemble. Compte tenu de son parcours, Chavarria ne peut pas faire dans le fadasse. Son roman est bâti comme un édifice – une auberge espagnole – à trois étages. Visite guidée.
Le premier étage commence par le récit de la vie de Sosthenes Behn (ce type a existé). Cofondateur de la multinationale américaine ITT spécialisée dans les télécoms, Behn a entretenu de bonnes relations avec Hitler en 1933. La vie de Sosthenes Behn est un roman. Mais on passe très vite à Harold Geneen, son successeur. Bis repetita : ce type a existé… et sa vie est un roman. Puis, on s'intéresse à quelques cadres de la firme, personnages de fiction, cette fois. Luigi Capone (qui anglicise son nom en Lou Capote) et Thomas Gainsborough. Ce dernier est un ancien cadre de l'Intelligence Service mouillé par l'affaire Philby-Burgess-Mac Lean, entré chez ITT, devenu bras droit de Geneen et chargé de la sécurité de l'entreprise. le personnage de Gainsborough est inquiétant, mais à peine moins que son patron (dans la vraie vie, Harold Geneen est dépeint comme un personnage sans foi ni loi, ITT est impliquée dans le coup d'état de Pinochet, peut-être même dans l'assassinat de Salvador Allende, et recrute d'anciens cadres de la CIA). Après une introduction sur la jeunesse et les problèmes sexuels de Lou Capote, principal personnage de cette partie du récit, la narration s'accélère avec l'enlèvement savamment orchestré de Lou et une demande de rançon des malfaiteurs à ITT. Pour cette partie, l'action va désormais se situer en 1976 (vous suivez ?).
Le second étage concerne la vie de Bernardo Piedrahita entre 1938 et 1994. Elève jésuite caractérisé par une forte mentalité de premier de la classe, orphelin, effectuant des petits boulots pour joindre les deux bouts, Bernardo fait les quatre cent coups pour épater la galerie et n'hésite pas au bout du compte à jeter aux orties sa vocation religieuse pour sillonner les mers et les océans comme marmiton à bord d'un navire crétois… ou grec. Navire qu'il va rapidement quitter pour un autre, et cetera (vous suivez toujours ?).
Le troisième étage est le surprenant récit d'un aventurier mi espagnol mi-hollandais du XVIIe siècle, Alvaro de Mendoza, véritable pirate des Caraïbes sans scrupules qui se repent vers la fin de sa vie de tous ses crimes, aussi nombreux qu'atroces, perpétrés au cours de ses périples incroyablement enchevêtrés et sanglants à la surface du globe. Cette troisième partie constitue un véritable exercice de style, car elle est quasiment écrite en vieil espagnol, saluons au passage la prouesse du traducteur qui parvient à reproduire les tournures anciennes (je ne vous ai pas perdu en route ?).
Les trois étages de ce roman-auberge espagnole sont bourrés à craquer de meubles anciens et high-tech et de personnages secondaires invités, qui racontent eux aussi leur vie, d'autres récits à l'intérieur des trois récits. le résultat est dense, foisonnant, on rencontre plein de monde, on ne s'ennuie pas, mais on ne creuse pas vraiment les relations non plus. le roman, bien sûr, alterne les trois récits, passe sans transition d'un étage à l'autre, au gré des chapitres.
Si des communications existent entre les étages, il faudra attendre longtemps pour les trouver.
Compte tenu de la construction sophistiquée et de l'ambition du roman, on aurait voulu découvrir à la fin le majestueux escalier d'honneur à double hélice en pierre taillée réunissant les différents étages. On se contentera de deux petites trappes et d'une corde à noeuds.
Tout se passe comme si Daniel Chavarria avait eu des idées pour trois romans et avait arbitrairement décidé de les réunir en un seul. Cet artifice permet certes de donner du volume, mais ne parvient pas à masquer l'impression d'inachevé propre à chaque récit.
Au premier étage, le lecteur reste sur sa faim après la disparition soudaine du personnage principal au deux tiers du livre ! Ah bon ? le chapitre s'intitule « Au bout de la pelote », comme si l'auteur avait été à cours d'idée, alors que le potentiel de ce premier récit – le thriller high tech – était énorme.
Au second étage, on a du mal à suivre les déplacements du héros, qui laisse une trace en pointillée malgré un début des plus prometteurs et une psychologie des intervenants un peu plus élaborée qu'ailleurs. On perd la trace de Bernardo dans ses échanges épistolaires de plus en plus décousus. Ce second récit ne se termine pas.
A troisième étage, le récit picaresque du XVIIe siècle semble plus cohérent, mais on a un très fort soupçon de fin bidonnée par le narrateur lui-même.
La solution se devinera dans l'épilogue.
Les ellipses sont nombreuses et le lecteur est amené à se forger ses propres conclusions concernant les passerelles entre les différents récits. Pour cette raison, La sixième île peut souffrir de la comparaison avec d'autres romans historiques, mieux élaborés dans l'imbrication de plusieurs narrations, tels que le Cercle de la croix de Iain Pears.
Malgré cette criante fragilité de construction, la lecture du roman n'est pas déplaisante ; il se passe toujours quelque chose à chaque page, les trois récits s'accélèrent et ne laissent aucun temps pour la réflexion. L'ambition de ce roman foisonnant et polyphonique n'est pas sans rappeler ses modèles sud-américains (on pense à Cent ans de solitude, de Gabriel Garcia Marquez) ou européens (Robinson Crusoë de Daniel Defoë, L'île au Trésor de Stevenson), excusez du peu !
Daniel Chavarria : un auteur un peu charivari mais à découvrir. La sixième île : pas de tout repos, mais vous pouvez décider d'y faire une escale sans problème.
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Nouvelle critique grâce à Babélio et son opération Masse Critique : La sixième ile de Daniel Chavarria aux éditions Rivages / Noir.

La quatrième de couverture, ma foi fort alléchante nous promet croisements historiques, suspens, piraterie et chasse au trésor. Ce roman, traduit de l'espagnol, démarre par trois histoires qui s'entrecroisent et dont on peine à distinguer les raccords. Cependant le style d'écriture reprenant les grands artifices du thriller nous fait avancer dans le livre à une vitesse insoupçonnée.

Petits chapitres courts, passage d'une histoire à l'autre, d'une époque à l'autre, fin de chapitre nous laissant en attente, bref tout y est !

A tel point que je suis arrivé au milieu de l'ouvrage sans m'en apercevoir, mais petite déception, j'y suis surtout arrivé en réalisant que j'avais toujours l'impression que l'on plantait le décor de l'aventure…

La structure du récit choisie par l'auteur nous entraine sur l'histoire de la vie de trois personnages en des lieux et des époques différentes et tout cela sans aucun lien visible entre eux, même si ce type de récit est assez courant de nos jours, généralement, on retrouve ou devine ce lien assez vite dans l'histoire. Ce n'est pas le cas de ce roman, et si le fil de l'histoire est lié à la confession d'Alvaro de Mendoza à l'aube du XVII eme siècle, on peine à rapprocher Mendoza du scientifique d'ITT au XXème siècle et de Bernardo Orphelin uruguayen élevé chez les jésuites.

Ajoutons à cela que chacun de ces personnages possèdent des rapports un peu spéciaux à la sexualité et donc nous traversons cette histoire en croisant allègrement voyeurs, fétichistes, sodomie, prostituées et supplices du pal … alors je n'ai rien contre ces choix mais la c'est un peu beaucoup, on en finirait par se dire que la « normalité » n'existe plus et cela devient un peu lassant.

Si l'histoire était alléchante, elle souffre d'un peu trop de longueurs, de complexité gratuite, finalement l'enchevêtrement des trois récits apporte peu, d'autant plus que l'un d'entre eux s'arrête brutalement et donne l'impression d'avoir été ajouté pour la richesse au détriment de la compréhension. Finalement l'objet de l'histoire se dénoue et n'apparait vraiment que dans le dernier quart du livre.

Autant je suis arrivé à la moitié sans m'en rendre compte, autant il a fallu que je m'accroche sérieusement pour passer de la moitié au trois quarts tant j'avais l'impression que cette histoire ne démarrerait jamais, d'ailleurs j'ai passé les trois quarts de l'histoire à chercher à comprendre ce qu'était la sixième ile, pensant ne jamais la voir apparaitre…

Je suis allé au bout de ce livre, qui prometteur toutefois , m'a laissé une sensation trés mitigée, d'histoire non aboutie, ou l'on aurait voulu en faire un peu trop, mais dans laquelle il y avait un bon fond, on se surprend à se dire que ce pourrait être un premier roman qui avec un peu d'expérience et de maturité aurait été alors particulièrement efficace pour nous procurer le plaisir d'une lecture haletante et agréable.

Et pourtant un peu de recherche sur l'auteur nous apprendra qu'il n'en est pas à son coup d'essai, et que c'est désormais une référence du roman noir sud américain, l'histoire de sa vie aide d'ailleurs à comprendre les parcours des personnages sus cités et pourrait donner une lecture différente de l'ouvrage.

En conclusion, la sixième ile est un roman sur lequel je n'ai pas complètement accroché, ce qui n'est d'ailleurs pas la première fois sur des écrits d'origine espagnole ou sud américaine, peut être que ceux ci n'éveillent pas chez moi les mécanismes d'une lecture réussie. A signaler une jolie réussite dans l'écriture de la confession d'Alvaro de Mendoza réalisée en espagnol ancien dans le texte original et trés bien traduite en Français.

La sixième ile par Daniel Chavarria aux éditions Rivages / Noir
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Qu'est-ce qui peut bien relier le bras droit d'une multinationale de Télécom, un gentilhomme espagnol du XVIIe siècle à la vie aventureuse et un orphelin uruguayen que l'éducation jésuite à incité à mener la vie de cocagne ? Eh bien c'est la question que le lecteur se pose tout au long du roman...
Car si pour l'orphelin et l'espagnol, la relation apparaît assez rapidement dans le récit, il en va tout autre pour Lou Capote, alias le bras droit du PDG d'ITT... Pourtant, l'auteur ne nous épargne rien de sa vie et de ses aventures. Jusqu'à sa mort, même. Mais dans quel but ? le lien est vague, insignifiant, et finalement ce troisième récit, qui prend beaucoup de place au début, disparaît et importe peu. C'est à se demander si l'auteur n'avait pas envie de noyer le poisson.
Pourtant, le livre commence bien. Trois récits entremêlés, trois voix qui racontent chacune leur vie, leurs problèmes, se confessent. Tout à un sens. Jusqu'au dérapage. Exit Lou Capote. A quoi a-t-il bien pu servir ? A rien. Ou si peu. L'explication est expédiée en fin de chapitre, à la fin du roman, en deux lignes qui peuvent passer inaperçues. Donc sur ce point, c'est mal joué.
Pour le reste, c'est tout bon ! La lecture est un vrai plaisir. le récit picaresque de l'espagnol est croquignolet à souhait (même si parfois on envisage la parodie de Candide, tant les situations paraissent abracadabrantesques).
Toute la période sur la piraterie et le récit tant de l'espagnol que de l'orphelin ne sont pas sans rappeler le Vaisseau Ardent, de Jean-Claude Marguerite. Même la forme y ressemble un peu. Et c'est avec plaisir qu'on lit ces deux récits couplés qui chacun nous font élaborer des théories pour, au final, nous proposer une situation totalement inédite.
Le lecteur voyage. le récit est intelligent, bien pensé, bien construit, détaillé (parfois à l'excès) et prenant. Bref, à lire.
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Bon Dieu que c'est compliqué. Les cubains écrivent comme ça (Zoé Valdes) et parfois je comprends qu'on ait envie de lâcher l'affaire. Trois histoires imbriquées, c'est un procédé classique sauf, que l'auteur en laisse une en plan au profit des deux autres et tue tout simplement un des personnages essentiels au milieu de l'histoire. Pourquoi nous avoir raconté - longuement -sa vie si elle a si peu d'intérêt dans le récit ? Mystère. le récit picaresque de l'aventurier du 17° siècle est le plus riche d'autant qu'il est à plusieurs niveaux de lecture, mais comme le dit un personnage qui lit sa confession il faut 10 heures pour la lire.La traduction espagnole est excellente, car cette langue est gourmande de prétérits et d'imparfaits du subjonctif dont on use couramment dans les conversations. Pour autant on a un peu de mal à venir à bout de ce roman qui pourtant a moins de 500 pages.Mais tenez bon et ne vous laissez pas distraire. Et tant pis pour Lou Capote qui tire sa révérence sans dire au revoir.
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Trois histoires imbriquées, trois destins aux cheminements tortueux se déroulent au fil des chapitres. Daniel Chavarria réussit dans La sixième île à tenir en haleine son lecteur grâce à un talent de romancier peu commun ; il développe une histoire dans la lignée de L'ïle au trésor, romanesque, intrigante, palpitante s'épanouissant dans une fin déroutante.
L'auteur marie avec originalité différents genres romanesques pour une oeuvre qui enthousiasmera les amateurs de polars, les lecteurs avides d'aventures romanesques et les passionnés d'histoire.
Un roman qu'on ne peut lire que d'une traite, comme envoûté.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Un mois s'était écoulé depuis que mon père m'avait fait appeler quand survint finalement l'heure de sa mort. Mon frère, qui mériterait mieux le titre de bourreau, fit la sourde oreille à mes suppliques ; refusa d'honorer sa promesse et me défendit la porte de la maison paternelle. Il se borna à m'offrir quatre cents ducats pour m'en retourner aux Pays-Bas et m'arranger là-bas à ma guise. Sans savoir à qui demander réparation pour le tort qui m'était fait, tout affligé de mon chagrin, je m'en revins à Alcalà pour y voir ma bien-aimée et l'implorer pour qu'elle consentît à m'attendre. Tout en chevauchant, atteint dans mon jeune amour-propre, je fis le projet de retourner à Amsterdam auprès de mes oncles, pour qu'ils m'aidassent à trouver fortune, afin d'épouser dona Mencià dans le giron et la paix de la Sainte Église catholique apostolique et romaine.
J'escaladai son balcon à minuit et lorsque je lui contai ma mésaventure, elle s'affligea, poussa force lamentations et soupirs, me serra et me baisa sans manières, avec tant d'amour sur les lèvres qu'en dépit de mes honnêtes desseins et manières, je succombai sous ses larmes et la chaleur contagieuse de son corps, et je finis par lui dérober son honneur, sans qu'elle me fît résistance ; de quoi on peut conclure que le dessein des hommes est une chose et la volonté de Dieu une autre.
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