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Carlos Freire (Illustrateur)
EAN : 9782913366022
103 pages
L' Iconoclaste (15/03/2002)
4.27/5   40 notes
Résumé :
La calligraphie est la clé de voûte de l'œuvre exceptionnelle de François Cheng, poète et romancier (prix Femina 1998). La révélation de ces créations d'encre, jusqu'à présent entièrement inédites, constitue un événement littéraire et artistique. Magistralement commentées par l'auteur à la manière d'un chemin intérieur, elles forment un trait d'union entre la plume et le pinceau, la Chine et l'Occident. François Cheng s'affirme ainsi comme l'un des rares artistes ca... >Voir plus
Que lire après Et le souffle devient signe : Ma quête du vrai et du beau par la calligraphieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Élu immortel parmi les immortels en 2002, François Cheng signe avec cet ouvrage un élégant recueil de textes et calligraphies dont le souffle poétique est empreint de philosophie asiatique aux influences taoïstes, zen ou shintô. Entre citations de poètes chinois fameux et réflexions sur l'art délicat de la calligraphie, l'auteur se prête à des confidences personnelles sur le moment créateur ou certains passages de sa vie qui l'ont profondément affecté, inspiré et transformé. le souvenir insuffle alors la vie aux idéogrammes, les nourrit et les anime.

Poèmes, aphorismes ou simples combinaisons de caractères aux profondes racines sémantiques s'enchaînent en pleins et déliés d'encre noire sur ombres grises, où les spontanés et inattendus « blancs volants » de l'encre raréfiée réjouissent le calligraphe en permettant « la circulation du souffle dans le trait même ». Les signes tracés par le pinceau de François Cheng sont puissants mais racés, pénétrés par une fulgurance de la pensée et du geste tous deux animés par un souffle intime. L'espace est colonisé avec un équilibre remarquable, traversé par des obliques téméraires ou ployé dans des courbes serpentines. François Cheng se nourrit de la tradition sans hésiter à la bousculer tout en se bousculant lui-même.

J'ai aimé tracer du doigt dans le vide ces signes à l'âme vive, afin de retrouver le geste de l'artiste, ses mouvements de pinceaux, ses élans et ses retenues. Mon seul regret est que la transcription en pinyin des poèmes et idéogrammes ne soit pas proposée. Car pour celui qui ne maîtrise pas la langue, il manque le son au signe, toute une dimension alors inaccessible au profane.

Un bel ouvrage sur la magie de la calligraphie chinoise, probablement le plus personnel de François Cheng. le portrait de son âme à l'encre de Chine.
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Par les temps qui courent et devant une angoisse qui monte en nous tous, quoi de mieux que lire, et lire François Cheng oxygène mon quotidien. Petit bonhomme, grand Monsieur, il est un maître, un ami livresque, un sage, un conseiller de tous les jours, un soutien, une inspiration, un élan.
Il nous dit simplement "La calligraphie m'a sauvé la vie", nous pouvons dire la lecture peut nous sauver la vie.
Il y a une différence entre le temps comme écoulement mécanique et le temps comme continuité qualitative dont la composante est le présent. Et ce présent est soutenu par des instants, des moments saillants comme "une haute vague au-dessus des remous du temps", des instants d'éternité, quand nous sommes vrais.
"Le paysan trace un sillon ; il creuse un chemin qui serpente ; c'est sa manière de parler. La Voie se cherche dans l'obscurité, toujours en avant de soi. Même dans la langue française, Mallarmé avait noté que le mot "jour", à la prononciation étouffée, était plus sombre et fermé que le mot "nuit" avec sa note cristalline. C'est dans la nuit que l'éclair se manifeste, que l'on peut éprouver l'ivresse de capter la source de la lumière, et l'envie d'aller vers elle. Chacun de nous avance ainsi dans sa nuit, basculant à chaque pas dans l'instant suivant ; c'est le chemin de la Voie, notre manière de tracer un sillon fécond. L'abandon au Souffle est une longue patience : plus je vieillis, plus je me sens prêt à vivre."
"Entrer en relation avec le Souffle qui est à l'oeuvre dans tout ce qui est" c'est écouter le bruit du monde.
Nous sommes une paradoxale dualité à l'épreuve du temps, fragiles au point qu'un petit souffle peut nous faire tomber et résistants aux plus violents des vents.
Restons à l'écoute du monde pour capter ses signes, les traduire et les rendre visibles. Dans l'espace-temps le passé et le futur embrassent notre présent et lui demandent d'ouvrir les yeux et le coeur vers le monde sensible et vivant, pour le garder ainsi, un don anonyme d'un humain à l'autre peut remettre le monde en marche, faire échec au temps et au désespoir.
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Quel ouvrage fantastique pour découvrir la calligraphie chinoise ! Je pense qu'il est indispensable, essentiel et à consulter avant tout autre si l'on veut en savoir plus sur le sujet -peut-être est-ce une naïveté de novice.
François Cheng commence par présenter dans une introduction très claire ce qu'est l'art de la calligraphie chinoise : un art de vivre en lien avec le taoïsme, une pratique méditative où le calligraphe fait corps avec le monde, où l'écriture-dessin-peinture est traversée par le souffle de son auteur.e faisant corps avec le monde.
Je ne résiste pas à l'envie de partager cette citation un peu longue pour vous aider à comprendre :
"Un trait n'est pas une simple ligne. Il est l'incarnation du souffle. Par ses pleins et ses déliés, par les infinies inflexions qu'il implique, il est à la fois volume et teinte, forme et mouvement. Mieux encore, le calligraphe exige qu'il soit os et muscles, chair et sang. D'ailleurs, il use volontiers des images de la nature pour décrire l'expression des traits de base : nuage étalé pour un trait horizontal, taillé à la hache pour un trait vertical, pierre chutant d'une crête pour un trait oblique, crâne de squelette pour une courbe sans bavure, chanvre éparpillé pour un trait qui s'éteint progressivement, fagot emmêlé pour un mouvement nerveux, clou arraché pour un point marqué, queue de serpent pour une main qui s'envole..." (p19-20). Dès lors, j'ai regardé les calligraphies présentées dans la deuxième partie avec un oeil plus averti, m'efforçant de suivre le "mode d'emploi" indiqué par l'auteur p 51 - bien que n'étant pas une lettrée chinoise... - "Tout lettré chinois possède l'art du trait : aussi, devant une oeuvre, ne reste-t-il pas passif ; il refait mentalement les gestes du calligraphe ; son esprit s'excite et entre dans la cadence de l'exécution." Et j'ai pu ressentir effectivement à certains moments ce souffle, ces gestes, cette force. Et ce d'autant mieux que l'auteur donne des précisions sur chaque calligraphie présentée, sur le contexte de création, et, ce que j'ai trouvé le plus intéressant et qui me conforte dans l'idée que connaître la langue de la calligraphie aide à jouir de l'expérience artistique et surtout spirituelle qu'elle constitue, il explique souvent le sens du mot et la composition de l'idéogramme chinois. Par exemple, celui du dragon (si j'ai bien compris...) est composé de l'idée d'"écailles" et de "bondir", en lisant cela, a surgi devant mes yeux le dessin traditionnel du dragon chinois aux ondulations marquées et en effet, la calligraphie dessinait cet idéogramme en faisant ressentir fortement ce mouvement. J'ai trouvé assez fascinant également la notion de "Trois" dont il a choisi de représenter la forme complexe du mot qui signifie également "participer", donnant dès lors toute l'épaisseur spirituelle que le Tao associe à ce chiffre, étant la base de la Création (le yin, le yang et le vide médian).
Il se trouve que j'ai lu une oeuvre de fiction de François Cheng juste après ce livre-ci et j'y ai retrouvé de nombreuses notions présentes ici, ce qui me fait penser que c'est un outil important pour également comprendre sa littérature, que je compte bien continuer à explorer. J'ai retrouvé cette même idée d'expérience sensorielle et métaphysique dans la pratique de la peinture et de la cithare décrite dans "la cithare nue" de Shan Sa, auteure chinoise exilée en France comme François Cheng, mais également dans la cérémonie du thé au Japon, dans les arts martiaux etc. Bref, tout cela contribue à éveiller ma curiosité toujours davantage, me poussant cette fois-ci vers le Taoïsme, l'histoire des idées en Chine, la poésie chinoise et la littérature classique... pour mieux faire corps avec ce monde !
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"portrait d'une âme à l'encre de Chine" .....les mots ne suffisent pas pour décrire la beauté de ce recueil ,des images ,des mots ....on peut lire et relire ....et l' émotion est tjs là ......
quel bonheur !!!!!
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Un remarquable travail littéraire sur l'art et l'histoire de la calligraphie chinoise, le tout agrémenté de courts poèmes d'auteurs chinois, écrits depuis la nuit des temps.
Comme le dit François Cheng : La quête de vrai et du beau par la calligraphie.
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Tracer une voie ....

La Voie se cherche dans l'obscurité, toujours en avant de soi ... C'est dans la nuit que l'éclair se manifeste, que l'on peut éprouver l'ivresse de capter la source de la lumière et l'envie d'aller vers elle. Chacun de nous avance ainsi dans sa nuit, basculant à chaque pas dans l'instant suivant. C'est le chemin de la Voie, notre manière de tracer un sillon fécond. L'abandon au souffle est une longue patience : plus je vieillis , plus je me sens prêt à vivre".

NDL : Merci Monsieur Cheng, vous trouvez toujours les mots justes!

Je pense aussi à cette citation : "Ce n'est pas le but qui compte, c'est le chemin".
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Métaphysiquement, je traversais une période d'interrogation intense. Arraché à un milieu familier, affrontant l'inconnu, j'ai dû réapprendre à vivre. petit à petit, immergé dans cette terre d'accueil et initié à cette nouvelle langue, j'ai réussi à me réenraciner dans l'être. J'ai éprouvé maintes fois l'ivresse de renommer les choses à neuf, comme au matin du monde. habité aujourd'hui par un sentiment de reconnaissance, je fais mienne la phrase de Keats qui assurait que "la terre est une vallée où poussent les âmes".

("La calligraphie m'a sauvée la vie")
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Calligraphier, peindre, méditer, tout comme se soigner par la médecine chinoise ou pratiquer le taichi chuan, consiste donc à enter en relation avec le Souffle qui est à l'œuvre dans tout ce qui est. Selon le taoïsme, l'homme peut écouter par l'oreille de la chair, il entendra le bruit du monde ; il peut également écouter par l'oreille du Souffle, il participera au processus de la transformation universelle. A l'instar de ceux qui ont atteint la vacuité du cœur, il entrera en résonance avec la pulsation du monde.

("Des êtres d'encre")
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[...] je me souviens des étés flamboyants où la calligraphie s'apparentait à une musique de gestes, où mon trait noir donnait parfois le velouté d'un son de violon.

("La calligraphie m'a sauvé la vie")
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Ma calligraphie a été une fermentation progressive. Durant un demi-siècle, tout en gardant le secret sur mes créations d'encre, j'ai travaillé sans relâche. J'ai eu le temps d'intérioriser un art qui engage tous les niveaux de l'être. Si ma calligraphie a quelque force, elle ne peut venir que de l'âge et de ce long cheminement...
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Videos de François Cheng (54) Voir plusAjouter une vidéo
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Question philosophique : notre obstination à nous détourner de l'essentiel peut-elle être la véritable cause de tous nos problèmes ? Réponse poétique : Allez, osons parler de l'essentiel, c'est-à-dire de la mort, mais qui n'est jamais que l'autre nom de la vie. C'est un poète qui le dit.
« Cinq méditations sur la mort autrement dit sur la vie » de François Cheng c'est à lire chez Albin Michel.
+ Lire la suite
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