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EAN : 9782226150875
217 pages
Albin Michel (06/10/2004)
3.98/5   21 notes
Résumé :

Selon la juste vision du Tao, le Vide médian intervient chaque fois que le yin et le yang sont en présence. Drainant la meilleure part des deux, il est ce troisième souffle qui élève l'un et l'autre vers une transformation créatrice, et leur permet de se dépasser. Tant il est vrai que l'accomplissement de chacun n'est point en soi, mais en avant de soi. Ces cent deux poèmes de François Cheng sont autant d'invit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'article défini du titre - le livre - suivi d'une abstraction - le vide médian - donne à ce recueil une perspective étrange. Perspective mal éclairée par la préface qui propose une « Philosophie esthétique » fondée sur le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme, qui cite Merleau-Ponty, Shitao et Cézanne, et dont le dernier mot, Transfiguration, avec sa majuscule, évoque le christianisme. « Les sages de la Chine antique », nous dit Cheng, « distinguaient trois types de souffles émanant tous du souffle primordial et agissant de façon concomitante : le souffle yin, le souffle yang et le souffle du Vide médian ». Les contresens occidentaux s'effacent difficilement : le vide et l'inanité, à l'opposé du souffle de l'esprit que nous ne saurions assimiler au vide. Mais un recueil de poèmes n'enseigne pas la sagesse de la Chine antique et toutes les licences sont permises au poète.

On trouve ici une centaine de pièces généralement courtes, sans titre ni ponctuation, naturalistes dans les images, qui insistent sur les contrastes (sang, mort, naissance), sur la répétition cyclique et sur l'ambiguïté du monde (« chaque fois re-commencer le monde », « nous re-naissons », « in-attendu », « in-vu », « in-accès » etc.). La facture est classique : des stances (p 189), un art poétique (p 215), des pièces académiques. Par exemple (noter le encor) :
« Au bout de la nuit, un seuil éclairé
Nous attire encor vers son doux mystère
Les grillons chantant l'éternel été
Quelque part la vie vécue reste entière » (p 123)
Des jeux verbaux :
« Non dû mais don
Mais abandon
À l'endurance à la durée
D'où l'abondance inespérée
Tout don de vie abonde en don » (p 107) (Je demande pardon mais les rimes internes et en fin de vers évoquent le jeu badin repris par Hugo : « Triton trottait devant/Et tirait de sa conque/De si ravissants sons/Qu'il ravissait quiconque »).

François Cheng est aussi calligraphe et nous donne une vision digne des lavis de Shitao :
« L'étang derrière la brume
Trois pins à flanc de colline - depuis quand sont-ils là ? -
Se dévoilant d'un coup
Ils dévoilent la face de l'initiale lumière
Qui nous déchire
L'espace d'une aube » (p 44).
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François Cheng, né en Chine (1929), puis naturalisé français (1971), me parait être le meilleur exemple d'une belle personnalité à double culture. Profondément imprégné des traditions de son pays natal, il est depuis longtemps parfaitement adapté à la société française. Il est écrivain et poète – mais c'est surtout sa poésie que j'apprécie le plus. Au début de ce livre, François Cheng évoque la conception taoïste selon laquelle le "vide médian" intervient chaque fois que le yin et le yang sont en présence, créant un espace vivifiant. Il s'ensuit que la rencontre des êtres se fait suivant des "ondes concentriques"; elle sera bonne si elle va dans le sens de la vie ouverte, de la plénitude. Il est vrai que, nous, les Occidentaux, sommes fort éloignés de ces subtilités. F. Cheng ne développe pas ces considérations théoriques. Il les illustre superbement dans une suite de poèmes (souvent courts), imprégnés d'esprit taoïste, où je reconnais bien la patte de l'auteur. J'aurais eu envie de mettre en citation un bon nombre d'entre eux; mais je me contenterai de quelques-uns.
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François Cheng par "le Livre du médian" proclame le mouvement poétique; Tout est mouvement, respiration,flux, silences, paroles, ombres, luminescence, incandescence, minéral, animal, abyssal.
Nous échangeons avec le monde, une ronde incessante, la danse du Dit.
La beauté est un état de conscience. La poésie de Cheng nous invite à mieux la recevoir.
Les mots de Cheng ouvre les espaces. A lire, relire, dire, apprendre, murmurer, réciter, et surtout à méditer. Nous voilà sur un chemin de parole.
"Ne laisse en lieu, passant/ Ni les trésors de ton corps / ni les dons de ton esprit / Mais quelques traces de pas / Afin qu'un jour le vent fort / A ton rythme s'initie/ A ton silence à ton cri/ et fixe enfin ton chemin";

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Un recueil de poème dont on a envie de lire à voix basse, chuchoter je dirai.......
Relire les phrases pour qu'elle résonnent à notre âme....
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Ton regard tout de rêve et d'attente
Si offert à la transparence que jamais
l'aube y dépose sa promesse
Aube de la vie, aube de ta vie, attendant
Qu'au fond de la nuit s'esquisse une âme sœur
et lentement prenne corps l'être de ton rêve
Sachant faire siens faim et soif, gel et flamme
Suivre en silence le courant des murmures
et remonter jusqu'à la source des larmes
Faire fi des saisons, des lointains
sur le long chemin qui mène vers toi
Cueillir en passant roses d'été, pétales d'automne
frissons de grillons, laudes de l'alouette
Pénétrer l'intime de la moindre fibre
des feuilles, des fleurs, puis des fruits
Être humble assez pour entendre l'impalpable
dévoiler l'indicible, épouser l'inouï
Se dépouiller tel un arbre en hiver
ouvert aux affres et aux effrois
Dressant ses branches contre le ciel étoilé
Franchissant une à une les couches de la nuit
Et venir enfin
au-devant de la transparence de l'aube

Et te dire, avec l'évidence du jour,
"me voici!"

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Toi le féminin
Ne nous délaisse pas
Car tout ce qui n'est pas mué en douceur
ne survivra pas

Toi qui survivras
Révèle-nous ton mystère que peut-être
Toi-même tu ignores
sinon le mystère ne serait pas

N'est-ce pas que le printemps est empli
d'oiseaux dont l'appel se perd au loin
Que l'été nous écrase de son incandescence
sont la senteur nous poigne jusqu'aux larmes
Que l'automne nous laisse désemparés
par son trop-plein de couleurs, de saveurs
Que l'ultime saison rompt le cercle
Nous plongeant dans l'abîme
de l'inguérissable nostalgie

Mais en toi demeure le mystère que peut-être
toi-même tu ignores
En toi ce que est perdu, ce qui est à venir
Étant d'avant la pluie au furtif nuage
Colline après l'orage au contour plein

Ne nous délaisse pas
Toi le féminin
Hormis ton sein
quel lieu pour renaître ?
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Qui accueille s'enrichit
Qui exclut s'appauvrit

Qui élève s'élève
Qui abaisse s'abaisse

Qui oublie se délie
Qui se souvient advient

Qui vit de mort périt
Qui vit de vie sur-vit
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Non corps à corps
Mais âme à âme
N'annulant nullement chair et sang
N'évacuant ni source ni flamme
Laissant cependant circuler l'air
La brume, la vapeur, éclair et tonnerre
Bourrasque et averse, ardente déchirure...
De la vallée du manque monte à présent
Les choses par l'azur aspirées
La lumière envahit tout l'intervalle
Propageant haleine d'embruns et vapeur d'algues
Le lointain est l'envol des pétales
Éperdus de vent
Et le proche l'écho d'une louange
Au nid éclaté

Alors souffle le juste Vide médian
Alors passe, in-aperçu, l'ange
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Ce qui vient de là-bas
Un orage qui s’annonce

Ce qui résonne ici
Un orage qui s’éloigne

Entre deux, patiemment
Soudain précipitée

Une marée qui s’amène
Qu’une mouette enlève

Ivre d’embruns, de vent
Nous mordons dans le sable

De nos désirs enfouis
Au goût d’algues séchées
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Question philosophique : notre obstination à nous détourner de l'essentiel peut-elle être la véritable cause de tous nos problèmes ? Réponse poétique : Allez, osons parler de l'essentiel, c'est-à-dire de la mort, mais qui n'est jamais que l'autre nom de la vie. C'est un poète qui le dit.
« Cinq méditations sur la mort autrement dit sur la vie » de François Cheng c'est à lire chez Albin Michel.
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