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EAN : 9782842631642
349 pages
Le Dilettante (20/10/2008)
4.37/5   261 notes
Résumé :
Paru en 1930, ce livre, largement autobiographique et dont le titre était un défi, raconte la terrible expérience des combattants de 14-18 face à la férocité et l’inutilité de cette guerre. Au Dilettante, nous n’abusons pas des superlatifs mais il s’agit sans nul doute d’un chef d’œuvre... Écoutons Jacques Tardi : "Tout le monde devrait lire et relire La Peur."
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Merci à dechosal qui m'a conseillé cette lecture. Rien à voir avec Clochemerle. Ce que tout le monde ressent en le taisant, lui, le dit : la peur. La chose la plus terrible dans cette guerre de 14-18 qu'il ne fallait pas avouer sous peine d'être traité de lâche. Nous sommes en plein coeur des tranchées, des cadavres, des hommes déchiquetés, de la souffrance, du froid, de la faim, de la soif, des poux. J'ai aimé son côté anarchiste mais j'ai quand même trouvé long les passages d'action. Ce témoignage est certainement le plus sincère d'un homme à la guerre.
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Comme le dit si bien Tardi, "c'est le meilleur récit sur la guerre de 14-18, avec le Voyage" au bout de la nuit.
Nous suivons le quotidien effroyable des Poilus, obligés de participer à des combats sans merci contre des inconnus qu'ils ne peuvent donc détester, et surtout réduits à se terrer dans des boyaux puants et peu sûrs, entendant jour et nuit le fracas du carnage, et craignant même d'aller "aux feuillées" faire leurs besoins, souhaitant même être blessé pour échapper à tout cela.
La peur en fait les véritables héros, bien loin de ceux qui ne méritent pas leurs décorations de pacotille, les boute-feu de l'époque, qui appellent au combat, bien planqués à l'arrière.
Comment ne pas ressentir une haine viscérale de cette guerre, de toutes les guerres, puisqu'il y en a eu, en a et en aura bien d'autres depuis, à la lecture de ce récit éprouvant ?
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Parmi les films qui vont sortir en plein milieu du mois d'aout- pas forcément le mois le plus approprié pour les films qui ne sont pas des blockbusters, notons la sortie du film LA PEUR de Damien Odoul le 12 aôut prochain qui traite d'une guerre dont on a beaucoup parlé ces derniers temps, centenaire oblige, je veux parler évidemment de la première guerre mondiale .
Damien Odoul a cette fois ci adapté un roman autobiographique éponyme de Gabriel Chevallier, un livre fort et dur centré sur Gabriel, jeune homme introverti, qui rencontre la peur et l'atrocité des carnages dans l'enfer des tranchées entre 1914 et 1918.

Au bout de cette effroyable expérience intérieure, pleine de bruit, de fureur et de sang, il découvrira à travers le conflit sa propre humanité...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai acheté ce livre sur les champs de bataille de la somme, surpris qu'une oeuvre censurée en 1939 soit vendue dans un musée militaire.
C'est effectivement une oeuvre crue, réaliste, qui raconte précisément la guerre, les tranchée, la boue et les attaques diverses mais c'est aussi un roman psychologique, sur cette peur qui taraude tous les jours et surtout avant d'attaquer. On est en plein dans les combats et surtout dans l'attente du combat, dans l'ennui et la misère.
Le héros nous fait voyager entre ses différents postes sur le front, entre ses différents rôles qui l'amènent à communiquer entre les lignes. Il y a aussi les passages où, blessé, il est à l'arrière, à l'hôpital, avec les blanques de caserne et là aussi l'ennui.
il ne se passe pas grand chose dans ce roman, on peut ressentir de l'ennui comme l'auteur et surtout sa peur si bien exprimée.
Ce qui est surprenant, c'est que Gabriel Chevalier va se tourner ensuite vers une littérature plus légère, comique et politique avec Clochemerle. Ce témoignage contre la guerre et ce qu'elle fait vivre, représente un besoin de se libérer de ce fardeau, comme si ensuite, il pouvait enfin écrire après avoir vidé son sac.
Un roman de plus sur la guerre de 14-18, "celle que j'préfère" comme chantait Brassens, mais un témoignage capital car neutre et sans emphase.
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Dartemont Jean, un mètre soixante-douze, soixante-sept kilos, dix-neuf ans. Même s'il ne pensait pas « qu'il y eût de la grandeur à plonger une arme dans le ventre d'un homme », il a accepté cette consigne, comme « vingt millions d'imbéciles » qu'on avait « persuadés que tel était leur devoir ». « Qui a peur ? Personne ! Personne encore… Vingt millions d'hommes, que cinquante millions de femmes ont couverts de fleurs et de baisers, se hâtent vers la gloire, avec des chansons nationales qu'ils chantent à pleins poumons. Les esprits sont bien dopés. La guerre est en bonne voie. Les hommes d'État peuvent être fiers ! » Contre ses convictions mais de son plein gré, par curiosité, il se présente au conseil de révision en décembre 1914, commençant à craindre « qu'elle se terminât sans [qu'il y fût] allé ».
(...)
Gabriel Chevallier livre un témoignage de première main, à la fois saisissant, sans fard et d'une sincérité poignante.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Citations et extraits (88) Voir plus Ajouter une citation
Des cadavres dans toutes les postures, ayant subi toutes les mutilations, tous les déchirements et tous les supplices. Des cadavres entiers, sereins et corrects comme des saints de châsses, des cadavres intacts sans trace de blessure; des cadavres barbouillés de sang, souillés et comme jetés à la curée des bêtes immondes; des cadavres calmés, résignés, sans importance ; des cadavres terrifiants d'êtres qui s'étaient refusés à mourir, ceux-là bombés, hagards, qui réclamaient La justice et qui maudissaient. Tous avec leur bouche tordue, leurs prunelles dépolies et leur teint de noyés. Et des fragments de cadavres, des organes, des membres dépareillés, des viandes humaines rouges et violettes, pareilles à des viandes de boucherie gâtées, des graisses jaunes et flasques, des os laissant fuir la moelle, des entrailles déroulées, comme des vers ignobles que nous écrasions en frémissant. Le corps de l'homme mort est un objet de dégoût insurmontable pour celui qui vit, et ce dégoût est bien la marque de l'anéantissement complet.
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Mon père attendait mieux de moi et j'attendais aussi mieux de lui. Il ne me trouvait pas assez docile à ses conseils, mais j'estimais que le résultat auquel il avait atteint, avec sa fameuse expérience, me donnait le droit d'être méfiant. Il a sans doute sa façon de m'aimer ; malheureusement ses manifestations, lorsque j'étais enfant, n'ont jamais été très probantes, et je suis resté sur cette impression ancienne. Si l'on veut, nous ne nous comprenons pas. Pour qu'un père et un fils se comprennent, comblent ce quart de siècle qui les sépare, il faut que le père mette beaucoup du sien. Tel n'a été le cas. En I9I4, nous étions à peu près brouillés. Mais, à l'occasion de la guerre, nous avons étendu jusqu'à la famille l'union nationale. Les dangers que j'allais courir en faisaient une affaire de convenances. Et je reviens, après treize mois d'absence et une blessure, avec les meilleures dispositions encore sceptique sur les possibilités de notre accord parfait.
Nous nous asseyons à table, chacun à son ancienne place, et j'observe que rien ici n'est changé. Mon père me questionne :
-Tu es bien remis ?
-Ça va!
-En effet, tu as bonne mine. Cette vie t'a développé.
Il me regarde à la dérobée, et je me rends compte, à la façon dont sa main pétrit son pain, que quelque chose lui déplaît. J'en suis vite informé :
-Comment t'es-tu arrangé pour n'avoir pas un seul galon?
- Je n'y tiens pas, dis-je pour couper court.
Quand mon père fait allusion à ce qu'il appelle mes idées, c'est toujours mauvais signe. Mais il tient à la sienne et poursuit :
-Les fils de Charpentier, à peu près de ton âge, sont l'un sergent et l'autre adjudant, et leur père en est fier.
-il n' y a pas de quoi !
-Oh! naturellement, tu es au-dessus de ça!... Ah! on peut dire que tu ne t'es jamais forcé pour faire plaisir à personne!
Ma sœur, qui craint une discussion où nous ne céderions ni I'un ni l'autre, intervient et détourne la conversation. Ils s'entretiennent, en dehors de moi, de la marche de la maison, de leurs amis, d'invitations, de visites, que sais-je... Ils ont les mêmes petits soucis qu'en I9I4, et il me semble, à les entendre, que je les ai quittés hier. Ils n'ont pas l'air de se douter de ce qui se passe à quelques centaines de kilomètres. Et mon père prétend que l'égoisme est de mon côté! Cela n'a dailleurs aucune importance. Je suis ici pour sept jours en cantonnement d'alerte. Mais ces êtres pour qui je me bats (car enfin, ce n'est pas pour moil) me sont comme étrangers. Ils ne sont même pas curieux de la guerre. Mon père ne saurait condescendre à m'interroger : ce serait reconnaître qu'un fils peut en savoir plus que son père sur certains points. Cette chose lui paraît inimaginable, tellement elle choque ses habitudes d'autorité. points.
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Il est juste de dire que je suis un héros mécontent. Consulté sur les événements, j'ai l'habitude funeste, insociable, de les montrer tels qu'ils me sont apparus. Ce goût de la vérité est incompatible avec les usages policés. Les milieux où I'on m'a reçu et fêté attendaient de moi que je justifiasse par mon optimisme, que je montrasse ce mépris pour l'ennemi, les dangers et les fatigues, cette bonne humeur, cet esprit d'entreprise qui sont légendaires et caractérisent le troupier français, tel qu'on le voit sur les almanachs, coquet et souriant sous la mitraille. Les gens de l'arrière aiment à se représenter la guerre comme une fameuse aventure, propre à distraire les jeunes hommes, une aventure qui comporte bien quelques risques, mais compensés par des joies : la gloire, les bonnes fortunes, I'absence de soucis. Cette conception commode tranquillise les consciences, légitime les profits, et permet de dire en outre : notre coeur souffre, en se tenant les pieds au chaud. Je crois peu à ces cœurs qui ressentent profondément la souffrance des autres. Il faudrait qu'ils fussent d'une matière bien rare. On ne souffre véritablement que dans sa chair, et dans la chair de sa chair on souffre déjà beaucoup moins, exception faite pour quelques natures particulièrement sensibles. J'ai bien sentí qu'il eût été poli, lorsqu' on m'offrait un excellent repas dans une maison luxueuse, de mettre tout le monde à l'aise en déclarant que nous faisions notre affaire de la victoire et que tout là-haut se passait très gaiement. Moyennant quoi, on m'eût versé un second verre de cognac, offert un second cigare, en me disant sur ce ton d'indulgence qu'on a pour les soldats : Voyons, un poilu comme toi! Tu n'en fumes pas de pareils dans les tranchées, ne te gêne donc pas! Autrement dit :«on ne te refuse rien, tu vois!» Mais je n'ai pas relaté d'exploits dont les Allemands eussent fait tous les frais, i'ai glacé les conversations les plus habiles. Je me suis conduit en individu mal élevé, je me suis rendu insupportable, et l'on me voit partir sans regrets.
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J'en ai marre ! J'ai vingt-trois ans, j'ai déja vingt-trois ans ! J'ai entamé cet avenir que je voulais si plein, si riche en 1914 et je n'ai rien acquis .Mes plus belles années se passent ici, j'use ma jeunesse à des occupations stupides,dans une subordination imbécile, j'ai une vie contraire à mes goûts,qui ne m'offre aucun but, et tant de privations, de contraintes se termineront peut-être par ma mort...J'en ai marre ! Je suis le centre du monde et chacun de nous, pour soi-même, l'est aussi . Je ne suis pas responsable des erreurs des autres, je ne suis pas solidaire de leurs ambitions, de leurs appétits et j'ai mieux à faire qu'à payer leur gloire et leurs profits de mon sang . Que ceux qui aiment la guerre la fassent, je m'en désintéresse . C'est affaire de professionnels, qu'ils se débrouillent entre eux, qu'ils exercent leur métier . Ce n'est pas le mien ! De quel droit disposent-ils de moi ces stratèges dont j'ai pu juger les funestes élucubrations? Je récuse leur hiérarchie qui ne prouve pas la valeur,je récuse les politiques qui ont abouti à ceci .Je n'accorde aucune confiance aux organisateurs de massacres, je méprise même leurs victoires pour avoir trop vu de quoi elles sont faites . Je suis sans haine,je ne déteste que les médiocres, les sots, et souvent on leur donne de l'avancement, ils deviennent tout-puissants . Mon patrimoine, cest ma vie . Je n'ai pas de bien plus précieux à défendre . Ma patrie, c'est ce que je réussirai à gagner ou à cgéer .Moi mort, je me fous de la façon dont les vivantssepartageront le monde, de leurs tracésde frontières, de leurs alliances et de leurs inimitiés .Je demande à vivre en paix,loin des casernes,des champs de bataille et des génies militaires de tout poil . Vivre n'importe où, mais tranquille et devenir lentement ce que je dois être...Mon idéal n'est pas de tuer . Et si je dois mourir, j'entends que ce soit librement,pour une idée qui me sera chère,dans un conflit où j'aurai ma part de responsabilité...
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Dans l'après-midi du 3 août (1914), en compagnie de Fontan, un camarade de mon âge, je parcours la ville. A la terrasse d'un café du centre, un orchestre attaque "La Marseillaise" . Tout le monde l'entend debout et se découvre. Sauf un petit homme chétif, de mise modeste, au visage triste sous son chapcau de paille, qui se tient seul dans un coin. Un assistant l'aperçoit, se précipite sur lui, et, d'un revers de main, fait voler le chapeau. L'homme pâlit, hausse les épaules, et riposte : « Bravo courageux citoyen! » L'autre le somme de se lever. Il refuse. Des passants s'approchent, les entourent. L'agresseur continue:« Vous insultez le pays, je ne le supporterai pas!» Le petit homme, très blanc maintenant, mais obs- tiné, répond : "je trouve bien que vous offensez la raison, et je ne dis rien. Je suis un homme libre, et je refuse de saluer la guerre!" Une voix crie : "Cassez-lui la gueule à ce lâche!" Une bousculade se produit de l'arrière, des cannes se lèvent, des tables sont renversées, des verres brisés. L'attroupement, en un instant, devient énorme. Ceux des derniers rangs, qui n'ont rien vu, renseignent les nouveaux arrivants : « C'est un espion. Il a crié « Vive I'Allemagne!» L'indignation soulève la foule, la précipite en avant. On entend des bruits de coups sur un corps, des cris de haine et de douleur. Enfin, le gérant accourt, sa serviette sous le bras, et écarte les gens. Le petit homme, tombé de sa chaise, est étendu à travers les crachats et les bouts de cigarettes des consommateurs. Son visage tuméfié est méconnaissable, avec un œil fermé et noir; un filet de sang coule de son front et un autre de sa bouche ouverte et enflée; il respire difficilement et ne peut se lever. Le gérant appelle deux garçons et leur commande : "Enlevez-le de là!" IIs le traînent plus loin sur le trottoir où ils l'abandonnent. Mais un des garçons revient, se penche et le secoue d'un air menaçant : "Dis donc, et ta consommation?" Comme le malheureux ne répond pas, il le fouille, retire de la poche de son gilet une poignée de monnaie dans laquelle il choisit, en prenant la foule à témoin : Ce salaud serait parti sans payer! » On l'approuve : Ces individus sont capables de tout!
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Jean Prasteau interviewe Gabriel CHEVALLIER qui vient de publier "Clochemerle les bains" ; suite de "Clochemerle" ,succès mondial.Chevallier explique que les passions humaines n'ont guère variées depuis 1934, date de la publication du premier "Clochermerle" et que le ton qu'il a adopté lui a permis de dire beaucoup de choses qu'il n'aurait pas pu dire sur le mode grave. Quelques plans de...
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