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EAN : 9781091504257
L'Arbre vengeur (13/01/2015)
4.32/5   11 notes
Résumé :
« Mon écriture privilégie ces deux motifs : l’aphorisme et la digression. Et cependant, j’échoue misérablement chaque fois que j’essaie de placer – ce serait mon grand œuvre – une digression dans un aphorisme. »

Et si le grand œuvre d’Éric Chevillard était cet Autofictif, entreprise littéraire unique en son genre, dont voici la septième année ?
On y découvre une fois encore que, si écrire n’est pas tous les jours un conte de fée, le lire en rev... >Voir plus
Que lire après L'autofictif au petit pois : journal 2013-2014Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je ne dirai jamais assez l'influence des bibliothécaires (j'aime ce terme car il exclu la mode pénible de l'écriture inclusive) sur ma vie, enfin surtout sur mes lectures, ce qui est déjà beaucoup. Parce que ce livre m'est littéralement tombé dans les mains un jour que je ne cherchais rien de précis, oui mais précisément, ce rien, je le cherchais en bibliothèque, et donc un ou une bibliothécaire avait judicieusement exposé ce bouquin à mon attention pour que je l'emprunte, ailleurs cela s'appelle du marketing, là c'est de la magie. Enfin bref, je ne connaissais pas Éric Chevillard, je l'ai découvert dans ce « journal 2013-2014 » et je l'ai trouvé épatant.
Ce bouquin est plein d'aphorismes tel celui-ci : « Et si tout simplement nous nous étions trompés de mots en nommant les choses de ce monde ? S'il n'y avait d'autre explication à la confusion générale ? » ;
De mots d'enfant rigolos comme : « Suzie (à sa grand-mère qui boit une menthe à l'eau). - Pourquoi ta grenadine est verte ? » ; D'aphorismes enfantins aussi : « Agathe. - En fait, on n'est jamais demain » ;
De pensées légères et justes, du genre : « Misérable, éphémère, de passage, bien peu de chose certainement ; je constate néanmoins qu'il faut tout un océan pour effacer la trace de mon pied sur le sable » ;
Et de poésies singulières, par exemple : « le paon fait à la paonne / en guise de cour / le coup de la panne / et de la roue de secours. ».
... Page 175, une petite digression sur le canapé, au sujet du canapé veux-je dire, m'a beaucoup plu aussi. le 24 février Chevillard est assez méchant avec quelques un de ces petits camarades écrivains français d'aujourd'hui ; assez méchant, mais extrêmement drôle ... Enfin ce bouquin est rempli (à peu près 365 x 3) de brillantes petites pépites de ce genre.
Certes, le format court favorise cette écriture surprenante d'inventivité et cet esprit misanthrope et de dérision (d'autodérision aussi). Il faudra donc, pour être totalement conquis, que je lise un roman de cet auteur et ça tombe bien car mon réseau de bibliothèques en possède un certain nombre. Alors, salut et à bientôt.
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C'est typiquement le genre de livre qu'on ouvre, referme et ré-ouvre de temps en temps ou régulièrement. Je l'avais un peu oublié depuis quatre ou cinq mois lorsque je l'ai retrouvé au fur et à mesure que je réduisais la pile de livres sur ma table de chevet. Ah chouette, me suis-je dit. Et là, je me suis aperçu que j'en avais lu la moitié, et annoté une grande partie. J'ai repris où je m'étais arrêté, tranquillement.

Éric Chevillard, c'est d'abord une belle écriture mais aussi un esprit un rien barré. Dans son Autofictif, il est drôle, méchant gratuitement -ça c'est pour les gens qu'il n'aime pas mais que j'aime bien-, méchant et bien vu -ça c'est pour les gens qu'on n'aime ni lui ni moi-, agaçant, philosophique, anecdotique, poétique, familial, pas terrible, vachement bien, absurde, ubuesque, littéraire, exigeant, facile, vain, utile, vache, ... du Chevillard quoi. Très doué, qui ne peut laisser indifférent, parfois imbu, sûr de sa qualité et élitiste, ce qui peut parfois ressembler à une posture. En quelques occasions, il me fait penser à Desproges, cet élitisme et cette méchanceté drôle, lui qui, par exemple pleurait "comme un môme" à la mort de Brassens "Alors que -c'est curieux-, le jour de la mort de Tino Rossi [il reprenait] deux fois des moules."

Le mieux est de finir avec quelques extraits parmi les très nombreux que j'ai relevés, tiens, le premier je le garde sous la main au cas où j'ouvrirais un livre vraiment mauvais :

"Il a certes consacré deux ans à l'écriture de ce livre. Mais la bouse aussi est le produit d'une longue et lente rumination" (p.148)

"Pris d'une audace inhabituelle, j'osai cette fois aborder la jeune femme sublime qui passait dans la rue : "- Si vous saviez, Mademoiselle, comme vous seriez plus charmante encore si vous n'étiez pas lestée comiquement de ce pignouf un peu gras pendu à votre bras." Or, à mon grand étonnement, ce conseil de beauté désintéressé, offert sans autre espoir de récompense qu'un baiser appuyé et un doigt dans le cul, ne fut pas reçu avec la reconnaissance que j'étais en droit d'attendre et je me retrouvai sans bien comprendre comment allongé sur le trottoir avec la lèvre fendue." (p.11)

"Ce qu'il ne faut pas faire pour avoir la chance d'étreindre de belles femmes lorsqu'on est affligé d'un physique ingrat ! Je connais au moins deux types dans ce cas qui n'ont pas eu d'autre choix que d'accéder à la fonction suprême de Président d'une république que je préfère ne pas nommer par respect pour la vie privée de sa population." (p.87)

Et pour finir en beauté et intelligence, voici sans doute deux de mes préférées concernant deux grands pour qui j'ai une admiration profonde :

"La musique porte des émotions simples, l'exaltation, la mélancolie, la douleur, la colère, la joie - mais une musique perplexe ? une musique ironique ? une musique au second degré ? C'est la grande originalité de Satie : alors que les écrivains se flattent tous d'écrire des pages musicales, il est l'inventeur d'une musique que l'on peut sans abus qualifier de littéraire." (p.119)

"Quant au noir de Pierre Soulages, Sétois lui-même (on se comprend), voici le rideau tombé enfin sur la débauche des formes et l'orgie des couleurs -nous jouissons du calme revenu dans le musée éteint, et pourtant il ne s'agit nullement d'un retour à la niaise candeur de la toile blanche : cette nuit est hantée par les scènes et les figures de tous les tableaux qui nous reviennent avec la précision du rêve (ou du cauchemar)" (p.119/120)
Lien : http://lyvres.fr
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"Ayant appris la vie dans les livres, je n'ai pu que constater ensuite combien la réalité était bourrée d'erreurs grossières." (231)

Je m'étonne qu'Eric Chevillard ne soit pas plus en vogue auprès des babéliotes tant son engagement littéraire, sa verve critique s'avèrent souvent être savoureux, fins, exigeants. Il serait dans la logique des choses qu'on le portât au pinacle, modèle de bravoure cinglante face à nos frileuses petites plumes tremblotantes.

"L'oie a survécu à l'invention du stylo-plume, du stylo-bille, de la machine à écrire, de l'ordinateur et du traitement de texte, et cela sans doute parce que – s'ils ont délaissé en effet ses rémiges – sa cervelle trouve encore à s'employer chez les littérateurs." (47)

Comment ne pas rêver d'avoir soi-même la fougue et l'art des mots nécessaires pour composer de telles réparties ?

"Il a certes consacré deux ans à l'écriture de ce livre. Mais la bouse aussi est le produit d'une longue et lente rumination." (148)

Pour ma part je me régale, et ne crois pas m'être autant régalée auparavant qu'avec ce volume. le temps passant, concision et densité du propos bonifient l'aphorisme. Qu'il déshabille les filles ou réinvente les mythes amérindiens, qu'il lance l'amorce de romans qui ne seront jamais écrits (et c'est tant mieux !) ou qu'il revienne sur le bâillement du lion, Eric Chevillard, écrivain aptère mais virevoltant, persiste à œuvrer en-dehors des clous pour notre plus grand rafraîchissement.

"Pouah ! … Je me suis surpris en train de vivre au lieu d'écrire !" (139)


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Le septième « journal » d'Éric Chevillard : pure jouissance de l'émotion, de l'esprit et du langage.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/02/25/note-de-lecture-lautofictif-au-petit-pois-eric-chevillard/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Pris d'une audace inhabituelle, j'osai cette fois aborder la jeune femme sublime qui passait dans la rue : "- Si vous saviez, Mademoiselle, comme vous seriez plus charmante encore si vous n'étiez pas lestée comiquement de ce pignouf un peu gras pendu à votre bras." Or, à mon grand étonnement, ce conseil de beauté désintéressé, offert sans autre espoir de récompense qu'un baiser appuyé et un doigt dans le cul, ne fut pas reçu avec la reconnaissance que j'étais en droit d'attendre et je me retrouvai sans bien comprendre comment allongé sur le trottoir avec la lèvre fendue. (p.11)
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Quant au noir de Pierre Soulages, Sétois lui-même (on se comprend), voici le rideau tombé enfin sur la débauche des formes et l'orgie des couleurs -nous jouissons du calme revenu dans le musée éteint, et pourtant il ne s'agit nullement d'un retour à la niaise candeur de la toile blanche : cette nuit est hantée par les scènes et les figures de tous les tableaux qui nous reviennent avec la précision du rêve (ou du cauchemar) (p.119/120)
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La musique porte des émotions simples, l'exaltation, la mélancolie, la douleur, la colère, la joie - mais une musique perplexe ? une musique ironique ? une musique au second degré ? C'est la grande originalité de Satie : alors que les écrivains se flattent tous d'écrire des pages musicales, il est l'inventeur d'une musique que l'on peut sans abus qualifier de littéraire. (p.119)
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Ce qu'il ne faut pas faire pour avoir la chance d'étreindre de belles femmes lorsqu'on est affligé d'un physique ingrat ! Je connais au moins deux types dans ce cas qui n'ont pas eu d'autre choix que d'accéder à la fonction suprême de Président d'une république que je préfère ne pas nommer par respect pour la vie privée de sa population."(p.87)
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Une idée : la mort pourrait survenir au début ; ainsi, nous aurions toute la vie pour nous en remettre...? Je laisse les dieux et les scientifiques creuser la question et régler les détails.
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Vidéo de Éric Chevillard
«Bêtes de littératures» avec Éric Chevillard Hérissons, orangs-outans, tortues, flamants roses, insectes… Les bêtes peuplent les livres d’Éric Chevillard. S’interrogent à cette occasion les enjeux de la présence d’animaux, et par là d’altérités non humaines, dans la littérature. Comment rendre compte, avec l’écriture, d’intensités animales au-delà de l’allégorie ou de la fable ? Donner vraiment la parole aux animaux, est-ce pour autant se couper du symbolique ? Et l’humour dans tout cela ? L’entretien sera ponctué d’une lecture d’extraits de «Zoologiques» (Fata Morgana, 2020). - Modération : Sandra de Vivies La Fondation Jan Michalski, le 11 septembre 2021
+ Lire la suite
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