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Critique de Apoapo


"Au départ, il y avait mon envie de défendre ces plages de temps où on n'est là pour personne [... en dépit de] l'incompréhension ou de la désapprobation [qu'elle suscite...] (chapitre 1). J'ai aussi voulu consacrer quelques pages à amender ma description des bienfaits de la réclusion domestique en tenant compte des chamboulements qu'y provoquent Internet et les réseaux sociaux, territoires où je déploie, comme beaucoup d'autres, une activité tout à fait déraisonnable (chapitre 2).
Mais dans la maison se projettent aussi certaines des problématiques les plus brûlantes auxquelles nous sommes confrontés. Avec la hausse vertigineuse qui s'est produite au cours des quinze dernières années, la quête d'un logement est devenue une entreprise qui expose la majeure partie de la population à la violence des inégalités et des rapports de domination. [...] (chapitre 3).
De façon moins évidente, mais également cruciale, ce qui manque pour pouvoir s'ancrer dans le monde n'est pas seulement l'espace, mais aussi le temps. [...] Or nous subissons la rigueur d'une discipline horaire impitoyable. de surcroît, nous avons intégré l'idée que notre temps était une denrée inerte et uniforme qu'il s'agissait de remplir, de valoriser et de rentabiliser, ce qui nous maintient sur un qui-vive permanent, la culpabilité en embuscade (chapitre 4).
Impossible, par ailleurs, de ne pas voir dans une habitation le lieu d'un rapport de forces féroce : celui qu'engendre la simple nécessité de l'entretenir. [...] Dans un pays où la domesticité a disparu - ou quasiment disparu -, ce travail incombe aux femmes de ménage, mais surtout aux femmes en général, depuis que le XIXe siècle a imposé du haut en bas de l'échelle sociale la figure de la 'fée du logis' (chapitre 5).
Plus largement, l'image d'une féminité vouée à l'animation de l'univers domestique, seul lieu possible de son plein épanouissement, conserve une prégnance et une capacité de renouvellement remarquables. Elle contribue à la perpétuation du modèle de la famille nucléaire comme seul type de ménage normal et souhaitable, alors même que les modes de vie évoluent et qu'un peu d'audace peut suffire à en forger de nouveaux (chapitre 6).
[...]
A tout âge, de nombreux êtres humains semblent éprouver le besoin de jouer avec des représentations d'habitations idéales, de se projeter dans des espaces imaginaires. [...]
[...] pour alimenter ses fantasmes, il faudra le plus souvent se contenter des magazines ou des émissions de décoration. de même, on rencontre peu d'occasions de débattre de la forme que pourrait prendre un habitat agréable, accessible et écologiquement viable, alors que les bâtiments où nous évoluons déterminent une large part de notre vie. J'ai donc tenté d'ébaucher ce qui pourrait représenter, à mes yeux au moins, une architecture idéale (chapitre 7)." (p. 11-13)

Ravissement d'avoir trouvé, sous la plume d'une personne estimée et grâce à la suggestion d'une amie, autant de sujets qui me tiennent à coeur, réunis dans le même ouvrage où je me serais contenté de trouver un simple réconfort de ma propre propension casanière.
Les références nombreuses, éclairantes, inattendues, rendent le texte à la fois cohérent, unitaire et rebondissant.
J'ai eu quelques réticences à la lecture du ch. 1er, notamment à cause de mon antipathie pour Nicolas Bouvier, et du dernier, sans doute parce que je ne nourris pas les même fantasmes d'habitat que l'auteur, pas la même attraction pour l'architecture japonaise, et quelques perplexités sur les démarches conceptuelles de certains architectes "engagés" dans les problématiques écologiques et/ou politiques que j'ai pu connaître (très peu et de très loin, j'avoue).
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