... la démocratie est un système dans lequel les gens sont des spectateurs, et non des acteurs.
A intervalles réguliers, ils ont le droit de mettre un bulletin dans l'urne, de choisir quelqu'un dans la classe des chefs pour les diriger.
Puis, ils sont censés rentrer chez eux et vaquer à leurs affaires, consommer, regarder la télévision, faire la cuisine, mais surtout ne pas déranger.
C'est la démocratie.
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Il existe donc un énorme fossé entre ce que pense l’opinion publique et ce que veut faire croire la propagande des élites.
Par conséquent, ce qui empêche les gens de se révolter, ce n’est pas qu’ils ne savent pas.
Ils ne se révoltent pas parce que cela coûte cher.
Si vous prenez l’initiative de changer l’ordre des choses, vous risquez de le payer très cher.
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La foule doit être détournée vers des buts inoffensifs grâce à la gigantesque propagande orchestrée et animée par la communauté des affaires (américaine pour moitié), qui consacre un capital et une énergie énormes à convertir les gens en consommateurs atomisés - isolés les uns des autres, sans la moindre idée de ce que pourrait être une vie décente - et en instruments dociles de production (quand ils ont assez de chance pour trouver du travail).
Il est crucial que les sentiments humains normaux soient écrasés ; ils ne sont pas compatibles avec une idéologie au service des privilèges et du pouvoir, qui célèbre le profit individuel comme la valeur humaine suprême.
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Les énormes firmes de relations publiques, de publicité, d’art graphique, de cinéma, de télévision… ont d’abord pour fonction de contrôler les esprits.
Il faut créer des « besoins artificiels », et faire en sorte que les gens se consacrent à leur poursuite, chacun de leur côté, isolés les uns des autres.
Les dirigeants de ces entreprises ont une approche très pragmatique : « Il faut orienter les gens vers les choses superficielles de la vie, comme la consommation. »
Il faut créer des murs artificiels, y enfermer les gens et les isoler les uns des autres.
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Les centres de pouvoir résident dans les pays les plus riches, où ils forment un vaste réseau.
Les États les plus puissants - le G3, le G8 -, les grandes multinationales, les banques et les institutions internationales sont tous liés par des alliances et des intérêts communs.
On peut dire que la plupart des économies sont, ou tendent vers, des oligopoles : un petit nombre d’entités extrêmement puissantes et tyranniques dominent certains secteurs et dépendent d’États puissants, tout en les dominant.
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Noam Chomsky, Fabian Scheidler : La fin de la mégamachine. Une civilisation en voie d’effondrement.