Pas vraiment un journal mais plutôt des mémoires, indifférentes aux dates, des réflexions philosophiques ou esthétiques, des commentaires sur l'actualité.
En réalité ‘'un essai qui veut rendre justice à la part invisible de l'esprit, à « la part de l'ange ‘'.
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Ce qui passionne jean Clair qui a été conservateur général du Patrimoine c'est tout ce dont l'art nous parle par le truchement de l'invisible. Une quête, de ce qui dans l'oeuvre d'art, née de main d'homme, nous parle de nous.
Il défend une peinture « réaliste », essentiellement figurative.
D'où de belles pages sur le visage qu'on découvre ravagé au matin, par la fatigue, la maladie ou
l'âge, ce visage que l'on voile aussi. Son admiration pour Zoran Music, le peintre rescapé des camps.
Les raisons pour lesquelles il est devenu si difficile de représenter un visage et de peindre un nu ?: L' « l'impuissance à ressaisir l'identité du moi dans le portrait » et l'oubli du fait que toute entreprise de figuration présuppose du sacré et du sacrificiel.
D'où son sentiment que l'art est quasi moribond.
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Mais parce que tout s'effondre
Et c'est alors un réquisitoire contre les renoncements qui caractérisent notre époque : massification de la culture, financiarisation de l'art, fascination pour la laideur, refus de toute transcendance…
Qui s'accompagne du déclin des bonnes manières, du langage, des habitudes de lecture, de la tenue vestimentaire, de la liturgie catholique etc. …..
Avec la villa Médicis transformée en dancefloor pour « gros vers blancs »
On peut le suivre jusque-là mais il pousse le bouchon un peu trop loin lorsqu'il loue l'entente entre
Vladimir Poutine et l'église orthodoxe russe ou le président Erdogan, grand défenseur de la liberté d'expression ou qu'il fait un rapprochement entre le journal satirique
Charlie-Hebdo et les caricatures antisémites nazies
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En réalité, malgré tout, une forte nostalgie habite ce livre : nostalgie de la France rurale, du Paris d'antan, du parler d'antan, d'habitudes vestimentaires comme le port du chapeau ou de la voilette, nostalgie de l'enfance.
Une vie rurale idéalisée comme une espèce d'âge d'or, où chacun connaissait sa place et y restait
Peut-on pour autant le créditer d'une lucidité de prophète quant à l'écologie ?
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Fils d'un cultivateur socialiste du Morvan et d'une mère, fervente catholique, née en Mayenne, il avançait :"Conservateur, c'est le dernier métier aristocratique qui reste dans ce monde moderne".
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Vieillir, quelle étrange aventure pour un petit garçon !
A-t-il vu le film de
Ken Loach : « La part des anges »où des exclus malgré eux, se retrouvent pris dans un système qui les broie.et qui recherchent cette part à laquelle ils ont potentiellement droit, cette "part des anges", c'est justement ce whisky évaporé durant sa maturation, au sens propre comme, ici, au figuré.
Un film qui distille avec humour et finesse un regard bienveillant et optimiste sur la jeunesse désillusionnée et livrée à elle-même.