Le collectif des Clamp se fait teneur d'un discours très intéressant sur la déification d'un fait naturel : la neige, comme pleurs de la déesse Shirahime. Nous avons alors un court recueil de petites histoires magnifiques, en manga, évidemment, autour de la thématique de la neige, avec la déesse ouvrant et fermant le recueil au sein d'un prologue et d'un épilogue naturels et grandioses dans la finesse de l'hiver qui est abordé. La déesse Shirahime est une grande femme, seule, aux cheveux plus noirs que la nuit, et aussi voluptueuse que le vent (qui, par ailleurs, s'engouffre souvent dans ses cheveux qui ne semblent avoir de fin). Je suis obligé de faire une parenthèse sur cette maitrise qu'elle ont de faire les dessins des cheveux longs et noirs, d'ailleurs, comme on peut le retrouver sur certains dessins d'Ashura dans leur première oeuvre nommée RG Veda. La poésie se dégageant des pages est plus que flagrante : ici, pas vraiment de messages ou de données servant de morale, tout n'est que poéticité, et rien n'est autre but. La première histoire narrée est celle d'une jeune fille qui se retrouve amie avec un loup ; la seconde est celle d'une femme qui attend ; la dernière est celle d'un homme cherchant son chemin. Les trois histoires n'ont de point commun que la montagne, le froid, la neige et la mort. Chaque personnage de chaque histoire cherche quelque chose qu'il finit par trouver (et parfois perdre) – le premier perd une amitié, le second perd l'amour et le dernier perd la fierté. Il est évident que chaque personnage est important bien que dans tous les cas très peu représenté, mais les femmes sont si bien représentées… Je considère qu'elles sont toujours les plus réussies chez les Clamp, et que la sensibilité autant que la froideur leur sont parfaitement définies. Les pages sont d'une blancheur inégalée, avec la nature absolument omniprésente/omnipotente aucun signe d'impureté sociétale. La déesse Shirahime étant inspirée de Yuki-Onna, un esprit des neiges japonais, il n'est pas étonnant, voire même brillant, de trouver une pureté et une épuration des pages qui pourrait rappeler facilement les estampes japonaises des montages.
Il s'agit ici d'un recueil fait par des femmes sur un phénomène aux traits d'une jeune femme immortelle. J'ai rarement assisté à quelque chose d'aussi beau. La neige, la froideur et la mort règnent sur le livre ; tout est gris, aux bordures d'un noir aussi sombre que les cheveux de la douce et mystérieuse Shirahime. Ne vous approchez pas de trop près de ses baisers, si froids comme elle. {19}
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