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EAN : 9782070322534
239 pages
Gallimard (12/04/1984)
4.33/5   3 notes
Résumé :
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Dire

L’étoile était dans la neige et le feu,
L’œil et le silence, le chevreuil et la feuille.
Ouvrir la main, c’était offrir le monde
Grenade à grains brisés de sève rouge.
Et tant de jours demeuraient à sauver.
Qui portait à ses lèvres le chant désert ?
Qui, sans voix, sans mots, soulevait
Les pampres interdits ?
Si juste et forte la rumeur de vivre
Que nul n’entendait les désaveux.
Les horizons s’ouvraient, la chair était soleil.
Souvenez-vous, on nous vola notre royaume !
(Le sable sous nos doigts savait perdre son nom,
Le sable et l’écume et les dents de la nuit.)

p233
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AUTRES ÉQUIVALENCES

II


Non, faux magicien des vocables,
L'alezan ne s'enracinera
Pas plus que l'érable ne détale,
De pierre demeurera la roche,
Et l'odeur, sur l'océan, des roses
Ne laissera qu'illisible sillage
Où ni l'écuyer n'éperonnera les vagues
Ni le monstre marin la cavale écumante.

Branchu, feuillu, danseur et murmurant,
Jet d'ombre et de soleil vert sera l'arbre,
Geste somptueux et calme de la vie,
Cependant que du col, des naseaux et des flancs,
De ce grand œil de sultane languide,
De ce panache sur la croupe volant,
Telle encore te séduit ta conquête
Que le mors non les mots à domptée.

Par étincelle ou par éclat cueillerais-tu le roc
Que tu n'y capterais cette sève d'énigme
Qui passe aux couleurs, à la chair des pétales ;
Quant à l'arôme plus aérien que l'air,
Plus vagabond que les saisons,
Et qui porte loin vers sa jeunesse enfuie
Ou son enfance heureuse le voyageur,
Tu ne sus le changer en plus léger que l'eau,
En beau navire voguant sur la mémoire.

Alors pour chaque son, chaque signe enlacés
Ainsi soit-il ! Et que pèsent les noms
De leur poids juste en tes regards
Comme aux balances de ton sang.
Que les chevaux foulent les fleurs au fond du songe !
Enfourche-les, chevalier sans royaume,
Pour humer l'odeur éphémère du monde,
Et sens l'arbre épouser la croisée de tes bras
Ou la houle soulever d'une terrible joie
Ton corps, ta vie jusqu'à l'étreinte des origines !
Accueille en toi, humblement, et partage
En l'hostie des syllabes le dieu vrai des choses.

p.147-148

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Femme

Ton regard était une route blanche
Qui toucha mon front.
Puis je me détachai
D’elle, comme on délaisse les vrais chemins trop beaux
Tendus au fond des heures et de la forêt.

Ta voix venait de l’ombre la plus charnelle,
Ton regard :
La plus grave des ombres autour du sang.

Parler t’ouvrait plus loin que l’amour,
Plus loin qu’un fruit dévoré.
Ton regard était par delà
Plaisir
Ou pensée.
Même on sentait glisser et fuir et reculer
Tes souvenirs,
Reculer ton destin.
Chaque mot de lumière m’arrachait à une halte
Pour m’engloutir.

Ta voix venait ainsi,
Ton regard,
Me dénuder jusqu’à la douleur.

Il faut finir ce jour sans rien à finir.
J’ai choisi le silence.
Mes matelots sourds ont ramé,
Mes matelots aveugles,
Sans le savoir, au rythme de ta voix.

p62/63
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ÉQUIVALENCES

L'initiale est la courbe, l'accueil :
Bras de la tendresse blonde,
Souvenirs de mère ou d'amours,
Toute la part féminine du monde :
Un chant, la halte d'été
À la fois fraîche et soleilleuse
(« Ils sont partis à la fraîche »),
Lenteur douce de la route qui tourne.

Et des colonnes, des panaches, des chevelures de feuilles,
Corps dressés, alignés, chair juvénile et nue,
Pour une parade familière,
Pour marquer l'air de paroi verte,
Pour l'esquisse d'un seuil familier,
(Ô parade onirique des alezans dans la mémoire),
Légère muraille taillée au bord de la prairie,
Sage escorte de sève et d'écorce
Que donnent au voyage les peupliers.

Enfin, naissance du lieu (les reflets, la profondeur),
Œil lisse où le regard sur lui-même se love,
Où, future, l'étincelle et l'ombre ancienne
Échangent leurs horizons inverses,
Accalmie ou menace dormeuse,
Double immobile dans le silence et l'éternel
Du trouble et des rumeurs de chaque instant,
Espace trop fragile, enclos trompeur et vain.

Pourtant, par l'apparence et l'appareil
Banal de ton attente où se répète la vie,
Ce miroir et ses mots comme le lieu sont nés
Aux rives véritables qui corrodaient l'image.

p.143-144
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VŒUX
pour Anne

I

Comme le soleil tombait l’une est partie.
Douce elle m’avait suivi au premier arbre des forêts.

Des filles d’enfance, et des neiges, elle avait le premier visage,
Il se fondait au feu de son corps et lentement devenait une fleur.

Elle est partie, seule, et je suis resté devant la nuit, seul,
A la rêver sans regards, à l’attendre sans le signe de la chair,

Dans la pauvreté de celle, tout inconnue et timide,
Qui saura m’attendre un jour aux sources rouges des forêts.

II

Pourquoi m’avoir donné les aurores perdues et les cris ?
Les matins des souvenirs paresseux
Et tous les points de lumière
Qui piquaient des larmes et des cris
Sous ta chair ?

M’avoir donné ces paysages fous et ces gestes vains
Qui s’en allèrent au premier vent de la vie
Et me laissèrent soudain le poids immense de mes bras,
De mes regards, et la féroce cadence tonnante
De mon cœur.

III

Que s’abaisse la colline et que s’élève la vallée,
Que l’océan soit une molle plaine d’algues
Et les milliers de fleuves un seul chemin blanc,
Que lune et nuit à la terre se confondent
Alors je la verrai,
Ma douce ennemie d’avant les étoiles,
Celle que j’aime.

p64-65-66
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Vidéo de Georges-Emmanuel Clancier
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