La somme de toutes les peurs, tome 2

Avec La somme de toutes les peurs, Tom Clancy atteint selon moi le sommet de son art. Tout y est. J'y ai retrouvé tous les éléments qui m'ont fait aimer les précédentes aventures de Jack Ryan & Co. mais cette fois avec cette profondeur supplémentaire, ce deuxième niveau de lecture supplémentaire que je n'ai pas vu dans les romans précédents et qui sont ici confirmés par la postface de l'ouvrage.

Je balaierai rapidement la forme du roman ; pour qui est un amateur de l'auteur, c'est du classique. le style est très direct et sans fioritures, les très nombreux dialogues sont parfaits, les personnages (nombreux comme toujours chez Clancy) sont traités de manière juste avec ce qu'il faut de caricature pour rendre le tout dynamique, les scènes d'actions sont prenantes. D'ailleurs je parle spontanément de "scènes" car ce style direct et précis est très cinématographique et qui a déjà regardé un film d'action américain se réfèrera inévitablement à ces souvenirs à la lecture des passages de combats de chars, de sous-marins ou d'avions.

l'intrigue, comme toujours chez l'auteur, est complexe et les différents éléments s'assemblent pour donner une grande richesse à l'histoire. Je ne me suis pas ennuyé une seule minute à lire ce roman. Avec tout ça, le roman aurait pu être "simplement" un excellent roman d'action/suspense, sur fond de terrorisme international, d'armes nucléaires et de géopolitique religieuse.

Mais ce n'est pas "seulement" ça. C'est la première fois que je lis un livre de Tom Clancy où se dernier se sert de l'histoire pour dénoncer quelque chose et défendre une idée. Plus le roman avance, plus j'ai ressenti le sentiment de défiance voire de dégoût de l'auteur pour les armes nucléaires et la mise en oeuvre de la "dissuasion". Cela arrive progressivement et au début assez subtilement, pour finir par ne plus l'être du tout, subtil. L'auteur, à travers ses personnages savamment mis en scènes, nous montre l'absurdité de demander à quelques hommes d'avoir la responsabilité de déclencher l'holocauste global. J'ai senti chez l'auteur une sorte de profond respect pour l'exploit technologique et scientifique mêlé à une horreur absolue de ce qui en a découlé. Ces ressentis sont confirmés par la postface, où l'auteur explicite en deux pages très clairement son propos.

Bref, j'ai adoré, comme souvent avec Tom Clancy et le message véhiculé par La somme de toutes les peurs vient appuyer mon choix de lui octroyer la note maximale.

PS: le roman est divisé en deux volumes, je copie la critique sur l'autre partie également.