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Marie-Anne de Béru (Traducteur)
EAN : 9782081216488
668 pages
Flammarion (28/08/2013)
4.26/5   84 notes
Résumé :
Le 28 juin 1914, dans Sarajevo écrasée de soleil, un certain Gavrilo Princip se réfugie à l'ombre d'un auvent pour guetter le cortège officiel de l'archiduc François-Ferdinand... Cinq semaines plus tard, le monde plonge dans une guerre qui entraînera la chute de trois empires, emportera des millions d'hommes et détruira une civilisation.

Pourquoi l'Europe, apparemment prospère et rationnelle, était-elle devenue si vulnérable à l'impact d'un unique att... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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La question à l'origine de ce livre est toute simple : comment en 1914, un conflit régional a-t-il pu devenir en l'espace de quelques semaines une guerre mondiale ?

Le déclencheur est bien connu, un attentat à Sarajevo contre l'héritier des Habsbourg par un groupe anarchiste serbe. Sauf que cette bande semble avoir été soutenue par les autorités serbes et que cela crée une sérieuse crise diplomatique entre la Serbie (qui rêve déjà de Grande Serbie) et l'empire austro-hongrois (empire fatigué que beaucoup aimeraient dépecer). L'Allemagne soutenant les Habsbourg, la Russie l'état serbe (déjà). Celle-ci liée par des ententes avec la France et le Royaume-Uni.

Cela serait encore simple s'il n'y avait pas de part et d'autre une méconnaissance et une méfiance envers le camp d'en face, mais aussi envers les pays alliés. Chacun surestimant (souvent) la force des autres et étant persuadé que les alliés d'aujourd'hui risquent d'être les opposants de demain. À quoi s'ajoutent des crises et des conflits du passé qui n'ont pas vraiment été réglés. Et des dirigeants qui, même s'ils ne souhaitent pas forcément la guerre, refusent de faire la moindre concession, préférant montrer les muscles pour effrayer le voisin.

Ce livre de Christopher Clark, je devrais dire cette somme, éclaire d'un jour nouveau non seulement le déclenchement de la Première guerre mondiale, mais aussi les relations complexes et intéressées des différents états, avec une vue uniquement à court terme et en l'absence d'institutions internationales pour réguler celles-ci.

Écrit il y a dix ans, il est aujourd'hui plus encore d'actualité, avec le risque d'une extension de la guerre entre la Russie et l'Ukraine. L'auteur décrit avec précision l'ensemble des protagonistes qui par volonté, inconscience ou aveuglement ont amené à un conflit qui fit 20 millions de morts (manque juste un organigramme permettant de situer chacun des intervenants au fur et à mesure des 800 pages denses de l'ouvrage, je ne peux que vous conseiller d'en établir un au fil du livre pour éviter les multiples retours en arrière).

Un travail historique remarquable que résume bien cette phrase sur la responsabilité des uns et des autres : “Ici à nouveau nous retrouvons la conviction partagée par tant d'acteurs de cette crise qui considèrent agir sous la pression d'irrésistibles contraintes extérieures tout en faisant reposer la responsabilité de choisir entre la guerre et la paix sur les épaules de leurs adversaires”.
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le livre porte en sous titre : comment l'Europe a marché vers la guerre. Ch. Clark annonce ainsi l'angle sous lequel il étudie celle que l'on a appelé La grande guerre. Ce n'est pas le conflit en lui même qui l'intéresse : ici point de batailles et de stratégies. Mais, l'auteur va tenter d'expliquer comment la guerre a pu être déclenchée.
Ch. Clark laisse de côté les causes traditionnelles du conflit : les rivalités militaires et économiques, les conflits coloniaux ou la revanche de la défaite française en 1870. La grande nouveauté est de mettre au premier plan l'importance des dirigeants, les empereurs comme Guillaume II, le tsar Nicolas II et François Joseph ou les hommes politiques français comme Poincaré, Clémenceau ou le tout puissant ministre anglais Sir Edward Grey. Ces décideurs peuvent être les ministres des Affaires étrangères mais aussi les ambassadeurs qui ont un rôle très important à l'époque. Ces hommes doivent faire face à des groupes de pression : presse, opinion publique. Or, les cloisonnements sont si rigides que Ch .Clark pose la question : qui peut vraiment prendre une décision, à qui appartient le pouvoir ? Question cruciale en cet été 1914.
Les alliances se révèlent fragiles, floues dans un monde qui change très vite, qui est très instable en particulier dans les Balkans. « Une atmosphère de méfiance y compris entre les partenaires d'une même alliance »
Les puissances occidentales ont commis une erreur d'appréciation sur l'Autriche – Hongrie. Une puissance faible, condamnée, un déclin inévitable. Il vaut donc mieux soutenir la Serbie plus moderne.
Ch. Clark nuance la position belliciste de l'Allemagne. L'Allemagne est belliciste mais il faut tenir compte du contexte politique et culturel. Les allemands ne sont pas les seuls. La montée des nationalismes dans les Balkans est un élément fondamental.
Ce sont quelques unes des idées originales de ce volumineux ouvrage. Des idées intéressantes qui remettent en cause la vision traditionnelle de la Grande Guerre. »Les protagonistes de 1914 étaient des somnambules qui regardaient sans voir, hantés par leur songe mais aveugles à la réalité des horreurs qu'ils étaient sur le point de faire naître dans le monde « . Un livre important.
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Je ne vais pas résumer ce livre ni rajouter une énième critiques à celles très pertinentes qui m'ont précédée , j'y adhère complètement !
Je voudrais seulement partager mon ressenti à la lecture de ce livre, qui alerte sur la fragilité de la paix ,qui explique comment des concours de circonstances ,la méconnaissance du terrain , des intérêts cachés ,des dirigeants mal informés ou à l'égo parfois surdimensionné , ont pu aboutir à la première guerre mondiale .
Au vu de la situation politique actuelle on ne peut que s'inquiéter, oser espérer , que nos dirigeants sauraient prendre leurs décisions avec calme et lucidité face aux différents problèmes , qu'ils soient idéologiques ,politiques ou religieux , auxquels ils pourraient être amenés à faire face.
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Quel livre étonnant et, une fois n'est pas coutume, il est bien agréable de faire tomber les idées reçues. Nous sommes loin, à la lecture de ce livre, des préjugés qui entoure l'origine de la Grande Guerre. Loin d'épuiser le sujet, ce livre montre comment de nombreux pays ont joué un rôle important dans le déclenchement de ce conflit justement qualifié de mondial. L'auteur décortique (et ce, sans jamais être rébarbatif ou confus- une gageure!) les relations ambiguës qu'entretiennent les nations d'Europe centrale et surtout les empires en fin de règne.
Je ne peux que conseiller la lecture de cet ouvrage pour se donner une idée plus complexe (ce qui est très différent de "compliquée" qui est un défaut) des enjeux de la première mondialisation et de son délire économique; d'ailleurs, cela ne vous rappelle rien...
Comme quoi L Histoire éclaire souvent notre présent; elle bégaie...
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L'auteur historien australien nous retrace d'un point de vue essentiellement diplomatique comment les premières années du 20 ème siècle on conduit à la première guerre mondiale. Il nous détaille par le menu les stratégies d'alliance de la France, GB, Allemagne, Russie, Autriche-Hongrie, Serbie et plus sporadiquement de l'empire ottoman et de l'Italie, les diverses crises ayant influencé celles-ci (guerres balkaniques, compétition coloniale), le processus décisionnel de chaque pays, le contexte ayant abouti à l'attentat de Sarajevo enfin l'enchainement des évènements de juin à août 14 (sans que la chronologie des derniers jours soit très claire). L'ouvrage ne s'intéresse pas aux aspects idéologiques et économiques. Même si l'auteur fait tout pour éviter le débat sur les responsabilités on ne peut l'éviter soi même. L'impression qui en résulte est donc :
La Serbie pratique un irrédentisme dangereux et soutient au moins passivement l'agitation hors de ses frontières y compris Princip et sa bande ; semble être prête à transiger après l'ultimatum autrichien.
L'Autriche-Hongrie pas au mieux de sa forme gère la situation de manière débonnaire jusqu'à l'ultimatum précité où elle fait preuve de rigueur intransigeante.
La Russie, apparait aux yeux de l'Europe comme une puissance émergente (on verra ce qu'il en adviendra) où les politiques germanophobes vont s'imposer tout comme en GB.
L'Allemagne ne semble pas particulièrement belliqueuse (d'où les critiques contre le livre).
La France est décrite comme attendant avec impatience l'occasion d'entrer en guerre pour récupérer l'Alsace Lorraine (Poincaré est décrit comme un « casque à pointe « si j'ose dire.Il intéressant de noter que l'assassinat de Jaures n'est pas cité et que les ouvrages d'historiens français auxquels s'est référé l'auteur se comptent sur les doigts d'une main…
Bref et l'auteur l'indique aussi, avec notre vision du 21 ème siècle ce conflit aurait du être maitrisé ou localisé au lieu de déclencher ce que l'on sait.
S'il faut apporter quelques critiques je reprocherais l'absence de concision, la préciosité du style (soulignée dans les sites amazon UK et COM, l'absence de bibliographie (mais 100 pages de notes qui renvoient aux sources), et de chronologie.
5 * évidemment
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critiques presse (1)
Lexpress
27 septembre 2013
Tout ce que l'on ne savait pas sur les origines de la Grande Guerre. À sa science d'historien de Cambridge, Christopher Clark allie le talent d'un metteur en scène.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ce livre s’efforce donc de comprendre la crise de juillet 1914 comme un événement moderne, le plus complexe de notre époque, peut-être de tous les temps. Son propos est moins d’expliquer pourquoi la guerre a éclaté que comment on en est arrivé là. Bien qu’inséparables en toute logique, le pourquoi et le comment nous conduisent dans des directions différentes. La question du comment nous invite à examiner de près les séquences d’interactions qui ont produit certains résultats. Par opposition, la question du pourquoi nous conduit à rechercher des catégories causales lointaines – impérialisme, nationalisme, matériel militaire, alliances, rôle de la haute finance, conceptions du patriotisme, mécanismes de mobilisation. Cette approche a le mérite de la clarté mais produit également un effet trompeur en ce qu’elle crée l’illusion d’une causalité dont la pression augmente inexorablement, les facteurs s’empilant les uns sur les autres et pesant sur les événements. Les acteurs du jeu politique deviennent les simples exécutants de forces établies depuis longtemps qui échappent à leur contrôle.
Dans l’histoire que raconte ce livre, au contraire, l’initiative personnelle est prépondérante. Les principaux décideurs – rois, empereurs, ministres des Affaires étrangères, ambassadeurs, commandants militaires ainsi qu’une foule de fonctionnaires subalternes – marchèrent vers le danger à pas calculés, en restant sur leurs gardes. Le déclenchement de la guerre a été le point culminant de chaînes de décisions prises par des acteurs politiques visant des objectifs précis, capables d’un regard critique sur eux-mêmes, conscients de se trouver devant des options variées et désireux de se forger le meilleur jugement possible sur la base de l’information à leur disposition. Nationalisme, matériel militaire, alliances, intérêts financiers : tous ces éléments jouèrent un rôle dans cette histoire, mais on ne peut leur attribuer une vraie valeur d’explication que si l’on observe leur influence sur les décisions qui, combinées les unes aux autres, ont fait éclater la guerre.
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Mes notes de lecture sur l'introduction

Sur la route de Sarajevo

Fantômes serbes
Très long chapitre sur ce pays au coeur du conflit. Sous domination ottomane la Serbie, de par son nationalisme, se libère et entre dans une royauté à partir de 1804. Georges le Noir (en serbe Kara Djordje) devient roi,. Héros de la guerre de libération, il était berger. A partir de là, deux dynasties vont s'affronter tout au long du XIX e siècle jusqu'à l'assassinat terrifiant du couple royal en 1903.
Parallèlement, des gestes et de longs poèmes chantés glorifient le passé glorieux de la Serbie, même si les batailles racontées tiennent plus de la fable que de la vérité. Mais c'est ce qui perdurera dans les mémoires serbes puisque ces gestes sont connues de tous dans le pays. La volonté d'indépendance de ce pays est la clé de tous les renversements successifs. L'Empire austro-hongrois a dominé le pays mais non sans
peine. C'est l'allégeance du couple royal à l'empire qui l'a mené a sa perte.
Les problèmes économiques et affaires vont encore compliquer la situation.
A la suite de l'assassinat des époux royaux, un descendant de Kara Djordje, Kara Djordjevic est appelé à prendre la tête du pays et se déclare monarque constitutionnel. Il ne deviendra jamais roi pour avoir battu son valet à mort. Le coup d'état de 1903 résout certains problèmes mais en crée d'autres qui pèseront lourd en 1914 et en premier lieu le réseau des régicide qui reste très influent à la cour. Malgré le scandale de la mort suspecte d'un opposant à ce réseau en 1907, la question des relations entre l'armée et les autorités civiles n'aura pas été résolue ce qui conditionnera la façon dont la Serbie traitera les événements de 1914.
Un homme, Nikola Pasic, devient l'homme d'état le plus important en Serbie après 1903 et acteur clé de la crise précédant le déclenchement d la guerre.
- Remarquable carrière politique de plus de 40 ans.
- 1880 : réorganise le Parti Radical, grande force politique dans le pays jusqu'au déclenchement de la guerre.
- parti radical = idées constitutionnelles libérales et appel à l'expansion territoriale et unification des Serbes de la péninsule balkanique.
- base de ce parti : petits propriétaires terriens. Parti des paysans
- ce parti se méfie de l'armée et accepte mal le fardeau fiscal qu'elle représente.
- préfère les milices de paysans, meilleure forme plus naturelle de toute organisation armée.
Exil de Pasic (1883) alors qu'il est condamné à mort par contumace et rapprochement des milieux panslaves. Sa ligne politique pour toujours proche des Russes.
Voir histoire de la signature des aveux de complicité alors que les Austro hongrois ont demandé de ne pas l'exécuter en 1899.
Pasic = père de la nation. Adoré par les paysans (voir son parler et son aspect rustres).
Doit gérer les régicides soutenus par l'armée parce que incarnation de la volonté nationale serbe. Donne d'un côté (gros budget pour l'armée, reconnaissance de légitimité du coup d'état, pas de jugement des conjurés)mais limite leur présence dans vie publique.
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Ce qui frappe le lecteur du XXIeme siècle qui s'interesse à la crise de l'été 1914, c'est sa modernité brutale.
Derrière l'attentat de Sarajevo se trouve une organisation ouvertement terroriste. ... La fin de la guerre froide a mis bas le système bipolaire garantissant la stabilité du monde, aujourd'hui remplacé par un panel de forces plus complexes et plus imprévisibles, parmi lesquels des empires en déclin et des pouvoirs émergents - une situation qui appelle la comparaison avec l'Europe de 1914.
... des éléments du passé dont nous avons une vision plus claire depuis que notre point de vue a changé. (préface)
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Pourtant ce qui frappe le lecteur du XXIe siècle qui s’intéresse à la crise de l’été 1914, c’est sa modernité brutale. Tout commence avec un groupe de tueurs kamikazes et une poursuite en automobile. Derrière l’attentat de Sarajevo se trouve une organisation ouvertement terroriste, mue par le culte du sacrifice, de la mort et de la vengeance – une organisation extraterritoriale, sans ancrage géographique ou politique clair, éclatée en différentes cellules qui ignorent les clivages politiques. Une organisation qui ne rend de comptes à personne, dont les liens avec un gouvernement souverain sont indirects, secrets et certainement très difficiles à repérer pour qui n’en est pas membre. De toute évidence, juillet 1914 nous est moins lointain, moins illisible aujourd’hui qu’il ne l’était dans les années 1980. La fin de la guerre froide a mis à bas un système bipolaire garantissant la stabilité du monde, aujourd’hui remplacé par un panel de forces plus complexes et plus imprévisibles, parmi lesquelles des empires en déclin et des pouvoirs émergents – une situation qui appelle la comparaison avec l’Europe de 1914. Accepter ce défi ne signifie pas faire preuve de soumission au présent en réécrivant le passé pour répondre aux besoins d’aujourd’hui, mais plutôt reconnaître les éléments du passé dont nous avons une vision plus claire depuis que notre point de vue a changé.
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Il est difficile de reconstruire en détail le complot qui a conduit à l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo. Les assassins eux-mêmes ont tout fait pour effacer les traces qui ramenaient à Belgrade. De nombreux survivants ont refusé de parler de leur rôle, d’autres ont exagéré ou minimisé le leur, ou brouillé les pistes en entretenant le flou, produisant un maquis de témoignages contradictoires. La mise en place du complot lui-même s’est faite sans aucun document écrit : pratiquement tous ceux qui y ont pris part avaient l’habitude d’évoluer dans un milieu obsédé par le secret
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