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Citations sur CosmoZ (18)

Il y a la sotte geline, qui se gave de caryopses et trottine comme si le vent la giflait des deux côtés à la fois, aux pattes fripées, au croupion aveugle, fofolle crottée qui perd ses plumes et son temps avant de finir sous le bec du coq qui la côche en battant des ailes, hissé sur ses ergots. Et il y a - ô merveille - la Hambourg, dorée, argentée ou pailletée, qu'importe, reine vive et svelte qui pond comme Socrate doute, au déhanché mutin et au plumage luxuriant. Il y a aussi la Denizli, la Dominicaine, la Dorking, la poule de Drente, la poule de Dresde, l'hideuse Empordanesa, l'espagnole à face blanche, l'Euskal-Oiloa, la Famennoise, la Fauve de Hesbaye (une engeance !), la poule de Frise, la Huppée d'Annaberg, la Géante de Jersey, la Hollandaise huppée (laissez-moi rire...), la Koeyoshi, la Lakenvelder, la Langshan, la Leghorn sous toutes ses formes répréhensibles. Mais le fait est que la chose se résume à deux races, la Hambourg et les autres. La chérie de Baum, et les tout-juste-bonnes-à-rôtir.
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Nos maisons sont toutes semblables - des bulbes bigarrés d'aspect chitineux... - mais il ne naît de cette uniformité aucun écoeurement car c'est le regard, ce sont les mains, les démarches qui changent la peau et le goût des choses, et c'est à nous qu'il revient de combattre la lente et pénible édulcoration des apparences, d'empêcher le lustre de se patiner, le grain de se lisser. Nos maisons sont toutes semblables, mais n'avons-nous pas tous un coeur, deux poumons, deux reins et deux pieds, et deux cent six os avec autant de raisons de se briser chacun quand les choses tournent de travers ? N'avons-nous pas, rissolant au fond de nous, les mêmes petits souhaits bien gras, dont la masse diminue en cours de cuisson ? Oui, nous naissons à chaque aube, avec l'espoir secret et inavouable qu'une catastrophe viendra couronner le jour de son cuisant diadème. Mais le monde est rond, c'est une piste, un carrousel, une guirlande, il n'invente rien et nous oblige à tout renommer, tout oublier - être munchkin est un réflexe.
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Mais je suis Oz, à tout le moins sa répercussion dans la grotte de la colère, sa virulence faite farce. On ne m’aura pas à la flatterie. Les mythes sont créés pour être disséqués et réduits en une pulpe suffisamment fluide pour servir d’encre au plus balourd des poulpes. La MGM a cru bon et profitable d’adapter à l’écran le roman de Baum ? Soit. Let’s shoot The Wizard of Oz ! Vais-je encore me soucier outre mesure d’une adaptation ? d’une énième adaptation ? Allons donc, nous sommes de tout façon entrés dans le siècle des adaptations, les formes ne nous évoquent plus que des formes, nous quittons telle coquille pour nous réfugier dans telle carapace, les larves migrent, les peaux muent, mais l’armature, la grille, le squelette persistent – et ce sont encore les charniers qui connaissent les meilleures, les plus fidèles, les plus ambitieuses adaptations, ce sont les ghettos dont on favorise la reproduction avec le plus d’enthousiasme, à grand renfort de barbelés toujours plus illisibles, les immenses parcs à thème de la souffrance, avec pour objectif la concentration de tous les camps en un seul, l’ultime zoo de la douleur humaine, sans cesse mis en scène, au prix d’infinie répétitions, chaque échec consommant le succès prochain, les figurants toujours plus nombreux, toujours plus rampants, écrasés sous la fanfare des accessoires, fièvres, virus, microbes, coups coups coups, le corps adaptant la mort, l’esprit adaptant la nuit, la viande adaptant la viande, le cri adaptant le silence, le scalpel adaptant le progrès, la cruauté adaptant jusqu’au geste lui-même, n’importe quel geste, sans le moindre remords, mais avec l’aide des trains, des avions, des chars, des pelles, des grenades, des signatures apposées là où il faut, l’exact dosage de oui pour pallier la dégénérescence du non, l’air saturé par le gaz et le plein par le rien, jusqu’à ce que le vide enfin s’amuse à adapter le vide, pour la plus grande édification des miroirs et des abymes et des regards privés de regard et ce dans les siècles des siècles qui tous sont et seront brassés dans la même et sempiternelle tranchée mentale, creusée selon des règles strictes, toute la cavalerie des horreurs engendrées par cet immense boyau métamorphique qu’aucune boue ne saurait obstruer, qu’aucun cadavre ne saurait dénigrer, ce filon creux pouilleux vicieux qui ne fait même plus enrager la panse terraquée quand sonne le clairon ou jaillit la fusée éclairante, ce couloir, ce tunnel, ce conduit à enfiler aveugle sous couvert d’adaptation du dernier souffle, et qui donne, les dents passées, les dents cassées, sur le cauchemar qu’est la voix, la dernière voix, qui dira non je ne savais pas, non je n’étais pas là, puis sera prise dans l’étau de la conscience et, repue, crèvera.
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Leurs retrouvailles leur demeurent un mystère, et ils ne cherchent pas à donner aux liens qui les unissent désormais une couleur plus intense que celle de l'entraide. N'ayant pas la moindre responsabilité dans leur sécession commune d'avec le monde, ils forment une tribu naturelle, qui pourtant laisse quelques empreintes sur le territoire
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Allons donc, nous sommes de toutes façons entrés dans le siècle des adaptations, les formes ne nous évoquent plus que des formes, nous quittons telle coquille pour nous réfugier dans telle carapace, les larves migrent, les peaux muent, mais l'armature, la grille, le squelette persistent - et ce sont encore les charniers qui connaissent les meilleures, les plus fidèles, les plus ambitieuses adaptations, ce sont les ghettos dont on favorise la reproduction avec le plus d'enthousiasme, à grand renfort de barbelés toujours plus illisibles, les immenses parcs à thème de la souffrance, avec pur objectif la concentration de tous les camps en un seul, l'ultime zoo de la douleur humaine, sans cesse mis en scène, au prix d'infinies répétitions, chaque échec consommant le succès prochain, les figurants toujours plus nombreux, toujours plus rampants, écrasés sus la fanfare des accessoires, fièvres, virus, microbes, coups coups coups, le corps adaptant la mort, l'esprit adaptant la nuit, la viande adaptant la viande, le cri adaptant le silence, le scalpel adaptant le progrès, la cruauté adaptant jusqu'au geste lui-même, n'importe quel geste, sans le moindre remords, mais avec l'aide des trains, des avions, des chars, des pelles, des grenades, des signatures apposées là où il faut, l'exact dosage du oui pour pallier la dégénérescence du non
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Voyez-vous, Nick – je peux vous appeler Nick ? -, la prothèse n'est pas là pour remplacer un membre perdu ou gravement endommagé, mais pour suppléer ou remplacer une fonction perdue ou gravement endommagée. Car avant d'être une machine vous êtes un mécanisme , et avant d'être un mécanisme vous êtes une fonction. Vous ne devez pas seulement pouvoir remarcher, mais savoir où aller, pas seulement lever le bras ou serrer les doigts mais déterminer quel levier abaisser ou quel manche saisir. Oubliez ce corps que l'oisiveté et la rêverie réduisent à un ensemble de parties composant un tout, et envisagez plutôt l'angle , que dis-je, les angles sous lesquels vous estimez judicieux d'aborder la question physique, la seule question qui vaille la peine, la seule à laquelle votre esprit puisse appliquer sa détermination : le travail.
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Baum-ratata-baum ! La tranchée absorbait tout – la pluie, les cris des blessés, le sifflement des obus, le claquement des tirs et jusqu’à l’espoir de revoir le jour. Les flancs de boue, insuffisamment étayés par des planches de bois et même quelques cadavres roides, ruisselaient d’une terre rougie qui charriait de tout, des doigts, des briquets, des boutons, lesquels disparaissaient aussitôt dans les trente centimètres d’eau que la terre suçait régulièrement en crachotant. La dernière offensive allemande avait été repoussée cinq heures plus tôt et les hommes du sergent Drane s’efforçaient de ne pas trop compter les absents, comme s’ils risquaient de s’apercevoir, contre toute raison, qu’ils en faisaient eux-mêmes partie. L’horizon avait été remplacé depuis des semaines par l’ingrate portée des barbelés et, quand le ciel tentait quelques simagrées pyrotechniques, il était vite ridiculisé par les tirs de mortier et les giclées livides des projecteurs de casemate.
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Je veux savoir comment finit le monde et pourquoi il ne cesse de recommencer


Le hasard supplée au courage mieux que la raison

Il ne comprend pas pourquoi la peur colle à l'enfance comme l'hypocrisie à l'adulte
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La mer l'attirait, car elle ne doutait pas que le mensonge céleste gagnerait en visibilité s'il bénéficiait par en dessous de l'éclat mobile des flots, tel un buvard agissant par distante capillarité, aussi partait-elle toujours plus loin des côtes, torturant son manche sans même songer à vérifier le niveau d'essence dans le réservoir du Jenny, traçant des cursives qui semblaient n'appartenir à aucune langue, à moins que des ratés du moteur ne l'eussent obligée à bégayer, tant et si bien qu'elle finit par ne plus savoir qui du ciel ou de l'eau la réclamait...
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« Je veux un cerveau », répète-il comme s’il était un puits dans lequel chute sans cesse le même caillou, produisant toujours les mêmes échos et les mêmes ondes dans l’eau, là, tout au fond.
« Je veux un cerveau », babille-t-il, ses yeux plus ronds que deux orifices d’où rien ne sort sinon un faux regard.
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