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EAN : 9791091504263
150 pages
L'Arbre vengeur (13/02/2015)
3.59/5   11 notes
Résumé :
Voir Istanbul et s’y perdre, ou plutôt y retrouver son amant magnifique, c’est le dessein de l’héroïne d’un conte érotique qui mènera le lecteur dans l’intime géographie d’une jeune femme voyageuse. Emportée par les tentations, soumise aux délices du souvenir, jamais avare d’un soupir ou d’un cri, elle se laisse bouleverser par cet Orient qui encourage son inlassable sexualité.

Truculent et facétieux, Dans la queue le venin déploie les chaudes tribula... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La langue, ce lumineux objet du désir.

Pomponette Iconodoule. le nom de l'héroïne de ce conte érotique est un coup de génie, patronyme en mont de Vénus qu'on gravit d'un côté, Pomponette, avant de se laisser glisser de l'autre en tintinnabulant, Iconodoule.
Pomponette Iconodoule disais-je, je ne m'en lasse pas, faussement insouciante, réellement ardente et rêveuse, libre penseuse et jouisseuse, prend l'avion pour retrouver à Istanbul son amant Soliman qui se prétendit turc.

Dès l'envol, la plume virevoltante de Claro fait merveille, tordant les clichés de l'humanité touristique entassée dans la carlingue de cet avion de Turkish Airlines, entre service des plateaux, braillements des mômes et trous d'air, et débarquée sur les bords du Bosphore face à l'obstacle de la sévère douane turque.

«Bien sûr, la lombricité un tantinet lascive de la progression est cause parfois de frictions, et il est important de ne pas se laisser distraire par le spectacle d'un polymorpion hurleur ou d'une pétasse dolchégabanée qui double impunément son monde. En revanche, immense plaisir de voir l'ancien et le nouveau s'alterner, les foulards lever les voiles, les samsonits copuler avec les gros sacs bouffis à motifs écossais, d'entendre les cédilles copuler avec les palatales.»

Voir Istanbul et jouir. le nom d'"ayasofya", les dômes des minarets, la tour de Galata, l'appel à la prière procurent des frissons à l'inlassable et torride Pomponette, dépouillée de toute once de culpabilité, mais non pas de conscience.

«Pomponette vacille. Autour d'elle, la surplombant, la dominant, les minarets braquent leurs seringues vers le cul des rares nuages, et Mahomet est désormais son chanteur préféré. Elle sent les bulbes dorés se gorger du lait des fidèles et tendre leurs pis vers la nue. Pas religieuse pour un euro, quoique fervente quand il lui faut s'agenouiller et honorer le cierge, la môme Iconodoule sent hélas l'insulte qu'est son décolleté et l'outrage que tricote ses gambettes.»

L'érotisme est partout dans ce conte truculent ; Claro culbute le langage sans ménagements, s'empare des expressions toutes faites, les étale, les enroule et les retourne comme une pâte de baklava, et les mots deviennent une matière, nouvelle et délicieuse. Pomponette Iconodoule. Nirvana des mots.

Après cette mise en bouche, que j'espère appétissante, si vous désirez une véritable note de lecture, ce qu'en dit avec profondeur et intelligence mon ami et collègue Charybde 2 est ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/03/01/note-de-lecture-dans-la-queue-le-venin-claro/
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Une bizarrerie , pour ceux qui apprécient la langue française "grand style" et les histoires à la con.
L''histoire, c'est celle de Pomponette Iconodoule, nymphomane patentée, qui s'embarque pour Istanbul afin de retrouver l'objet de son désir, Soliman Rastaquouère. Qui ne s'appelle pas ainsi, qui n'est que très vaguement Turc, mais elle s'en fiche. Parce qu'elle l'a dans la peau. Et qu'elle a envie de changer d'air.
Du moins le croit-elle.
Et on a envie d'y croire , nous aussi, en suivant les tribulations de Pomponnette depuis l'aéroport jusqu'aux rives du Bosphore, en contemplant d'un oeil navré les états d'âme de Soliman , en explorant les salons de thé, les souks, les ruelles turques, les chambres d'hôtel et les taxis qui sentent le chien.
Au total, un vrai beau voyage dans l'espace, le temps et surtout dans l'esprit déjanté d'une pauvre fille, du Claro pur jus comme on l'aime :)
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« Pomponette Iconodule », souhaite retrouver « Soliman Rastaquouère » pour lequel elle éprouve un souvenir plus qu'ému à Istanbul. le seul nom des protagonistes donne le ton de cette histoire courte. Véritable condensé de jeux de mots divers et variés donnant un ton humoristique et badin à cette aventure érotique sur les rives du Bosphore. On se réjouit de l'imagination délirante de l'auteur qui a eu la bonne idée de limiter ses élucubrations à 60 pages, car plus aurait été indigeste.
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Conte érotique à la fausse légèreté, flamboyante démonstration du travail poétique possible sur cliché et métaphore.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/03/01/note-de-lecture-dans-la-queue-le-venin-claro/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Dans l’avion qui l’emporte, que dis-je, qui la transporte jusqu’aux portes d’Istanbul, la fringante Pomponette Iconodoule – et je te jure, lecteur, que c’est là son véritable alias ! – s’interroge. Et par là même interroge en elle tout locataire d’ici-bas voué aux errances. Elle se demande bien, se demande mal aussi, pourquoi elle a choisi, en guise de destination, pour ne pas dire de destinée, Istanbul plutôt que Culmont-Chalandrey ou Chicago, quand soudain ! cliqueti cliqueta ! un bruit de glaçons qui dansent, de bouteilles riquiquis qui cliquettent (tels de tintinnabulesques clitoris, pense, musicale, Pomponette), le frou-frou celluloïdal de micro sandwiches emballés, les puissants bâillements des journaux internationaux déployant leurs ailes mouchetées de caractères noirs et boursiers, bref, une symphonie qu’aucune baguette ne saurait dompter et qui s’accompagne d’une ola d’affamés humains entassés dans l’habitacle de l’avion : les têtes sortent de la haie des rangées, gîtent comme sous l’effet d’une brise, puis se superposent dans la perspective qui mène au chariot attendu : c’est l’heure de la collation, et le personnel navigant, telle une mère pélican prenant conscience mais comme à regret de ses devoirs, s’en va nourrir, avec une régularité métronomique, l’ensemble de sa couvée ceinturée, se voûtant se relevant avec cette grâce qu’on sait fortuite et nécessaire.
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Les trous d’air sont là pour nous rappeler que l’atmosphère terrestre est un vide mal entretenu, truffé d’invisibles nids-de-poule et sujet à d’inconfortables dérapages aériens. Aucun amortissage moelleux à espérer du côté des couettes pâlottes qu’ils survolent actuellement. La couverture nuageuse est comme la tendresse humaine : de loin elle rassure, mais à peine éprouve-t-on sa résistance qu’elle se disperse en lâches lambeaux. leur avion doit survoler l’Italie, ou la Bulgarie, peu importe, Paris n’est déjà plus qu’un pois chiche à l’ouest de l’Occident, une bourgade livrée aux touristes et aux désœuvrés, une cité étanche à l’amour et rétive aux minarets. Et sweet Pomponette de soupirer comme on souffle une bougie d’anniversaire en trop : elle ne connaît en effet de la Turquie que l’ombre virtuelle de la Corne d’Or, entrevue sous des draps tendus, à même le cuir enivrant d’un amant provisoire, le peu loquace Soliman Rastaquouère. C’est dire si son ignorance est torride.
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Les villes, les vraies villes, celles qui n’ont pas encore succombé aux purifications techniques, sont pareilles aux corps livrés aux visitations du stupre, elles sentent, et sentent fort, elles sont senteurs et même âcretés, elles marient le paprika et le moisi, l’urine et l’essence, la pierre froide et le fer rouillé, la merde et le lilas, comme nous elles se laissent aller et en font trop, vieillissent en résistant, s’épanouissent au milieu des effluves de cocaïne et de menstrues, de paille roussie et de laine imbibée, ivres de couleurs et d’éjaculations sonores, et tant pis si parfois ça pue, tant si tout n’est ni hommage aux roses de Saadi ni souvenirs d’encens, car les villes ne se lavent guère et nous trimballent du lupanar des espoirs à l’abattoir des regrets sans prendre la peine de nous essuyer la mémoire.
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Certes, un homme n’est jamais de trop pour aider ses formes à s’assouplir et ses muscles à se tendre, mais un homme peut parfois ressembler à une pub pour la pagaille, et rien de pire, non, rien de pire qu’un partenaire qui semble se livrer à une laborieuse varappe ou pratique la levrette comme un joueur de flipper distrait. Rien de pire qu’un quidam qui caracole en jockey quand il faut réapprendre l’art de la dentelle.
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Pomponette vacille. Autour d’elle, la surplombant, la dominant, les minarets braquent leurs seringues vers le cul des rares nuages, et Mahomet est désormais son chanteur préféré. Elle sent les bulbes dorés se gorger du lait des fidèles et tendre leurs pis vers la nue.
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Vidéo de Christophe Claro
Pourquoi l'échec serait-il forcément négatif. N'y aurait-il pas un peu de plaisir coupable à échouer ? Avec ce nouvel essai, L'échec paru aux éditions Autrement, Claro pose la question de Comment échouer mieux. "Seul l'exercice de l'échec permet d'élargir le champ des possibles. Si, comme le disait Beckett, il importe d'échouer mieux, c'est sans doute parce que créer ne veut pas dire réussir, mais plutôt soutirer à l'obscurité un aveu de lumière. Au risque, consenti, d'aboutir à une impasse – c'est là non une malédiction, mais une chance". Pour ce faire, Claro aborde entre autres Kafka, Pessoa, Cocteau et Hitchcock, des grands noms qui ont un point en commun, celui d'avoir échoué. Avec beaucoup d'humour et une grande sensibilité, l'auteur nous invite à réfléchir et à repenser nos limites ainsi que nos faiblesses et les regarder avec un nouveau prisme pour que ces derniers nous aident à avancer.
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