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EAN : 9782330026998
192 pages
Actes Sud (08/01/2014)
3.14/5   21 notes
Résumé :
Ouvrage paru initialement sous le titre "Éloge de la vache folle" en 1996 aux éditions Fleuve noir ; réédité sous le titre " Les souffrances du jeune ver de terre" en 2014 aux éditions Actes sud.

Frédéric Léger, correcteur pour une boîte d'édition spécialisée dans les ouvrages défendant un libéralisme sauvage, se trouve filé, puis passé à tabac, par deux types patibulaires qui veulent récupérer un jeu d'épreuves lui ayant été confié... Un vrai polar p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Voilà un petit polar bien sympa, qui se fait remarquer plus par le sens de la formule que par l'intrigue. le titre annonce le style.

Le narrateur est un anti-héros qui brille par sa propension à tomber tout cru dans le moindre piège, même s'il ne lui est pas destiné. Il est correcteur dans une maison d'édition branchée, où tout n'est pas clean. le boss est un clown qui s'ignore, se gargarisant de formules néo-high tech, imité à la puissance moins dix, par une secrétaire qui vaut le détour (un grand détour, si possible, non mais allo, quoi!)). Ajoutons à cela des manuscrits tendancieux qui ont la manie de disparaître quand on en a besoin et inversement, et l'auteur a de quoi tricoter au point fantaisie, un scénario qui tient à peu près debout.

De Goethe pas le moindre vestige, mais le ver de terre est incarné et connaît les affres de la douleur,

L'ensemble ne restera pas éternellement gravé dans mon souvenir, mais j'ai passé un bon moment, et c'est ça qui est important

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Virtuose de l'assemblage des mots, Claro invente un genre nouveau, le comique dépressif et hilarant. Pas la peine d'en parler beaucoup ici, le verbe de Claro est juste irrésistible, le mieux c'est de le citer…

Juste quelques mots de contexte sur le personnage central, une sorte d'antihéros passé au laminoir : Frédéric Léger occupe la fonction indigne de correcteur pour les pathétiques éditions en livres de management fumeux CTI (de la Convivialité Transactionnelle Interpreneriale).

«11h05… Il me reste encore quatre-vingt-neuf pages à écoper et, ostensiblement, l'auteur, l'éditeur et l'imprimeur ont du fêter ensemble quelque réforme de l'orthographe inconnue de nous autres, les travailleurs de l'ombre, les fossoyeurs d'alinéa, les bourreaux de la virgule, les sodomiseurs de muscidés, les… les payés-au-signe.»

Il est aussi "négociant en pathos", ayant le crâne encombré d'un "noir compost mental", affligé, tout comme le jeune Werther, d'un attachement aussi douloureux qu'inutile pour son ex-femme Agnès.

«Il faut dire que je suis fait d'un alliage particulier, à base de boue, de gravier, de coeurs d'artichaut et de ficelles de rôti. Un vrai arcimboldo de pacotille.»

Dans ce contexte minable, notre antihéros (parce que vite, on s'attache à ce ver de terre parisien perclus de doutes) se retrouve, à cause d'un jeu d'épreuves qu'il devait corriger et à son corps défendant, brutalement molesté et impliqué jusqu'au cou dans une intrigue politique puante aux relents néo-nazis.

«Coups de bottes, gifles exécutées avec le poing fermé, quolibets vexatoires. Bref, l'atteinte aux droits de l'homme dans tout ce qu'elle a d'irréversible. L'espace d'une mandale, je faillis protester, mais il m'aurait fallu pour cela recouvrer l'usage de la parole, lequel est largement tributaire d'un bon fonctionnement des maxillaires et des cavités respiratoires. Or j'avais tout d'un aspirateur Hoover à la Von Stroheim. Esthétique mais inopérant.»

Claro sait donc tout faire ! Je n'ai rien de plus à dire, si ce n'est, lisez-le : vous rirez.
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Correcteur déprimé pour les éditions de la Convivialité Transactionnelle Interpreneriale, Frédéric Léger n'en finit pas d'être écoeuré. Plus encore que les corrections de Manager dans la joie et son langage jargonnant néolibéral (« c'est en gérant sa posture que le décideur parviendra à optimiser le rendement humain au niveau présalarial et faire en sorte que le paradigme opérateur du non-faire soit contré par l'impact décisionnel du savoir-obéir »), c'est sa vie entière que Frédéric Léger ne peut plus digérer. La mort d'un enfant, le départ de la femme aimée, la descente dans l'alcoolisme… tout cela contribue à faire de lui – pour lui – moins qu'un humain, un ver de terre.
Un jour, par malentendu, Frédéric se retrouve avec un jeu d'épreuves à corriger qui semble intéresser beaucoup de monde et en particulier une bande de gros bras au service d'un politicien d'extrême-droite. Un événement propre à enfoncer encore un peu la tête du correcteur sous l'eau ou, qui sait, à l'aider à l'en sortir.

Réédition sous un nouveau titre d'Éloge de la vache folle, paru en 1996 au Fleuve Noir, Les souffrances du jeune ver de terre est un roman singulier prenant prétexte d'une intrigue politique un peu floue mais qui lui donne un cadre noir pour parler, par le biais de Frédéric Léger, d'un monde où l'individualisme prime et dans lequel il ne fait pas bon être faible. Écrit en pleine période de madelinisme triomphant, il représente un bel instantané au trait un peu grossi de l'époque tout en – et c'est certainement ce qui est le plus inquiétant – collant malgré tout aujourd'hui à l'actualité.
Les atermoiements amoureux du héros, son dégoût de soi, son cynisme face au monde dans lequel il vit font de lui le chien idéal pour renverser le jeu de quilles dans lequel il se trouve balancé par Claro. Maintenant une ironie constante appuyée par une écriture jubilatoire pour le lecteur mais aussi sans doute pour lui, l'auteur offre ce faisant un livre noir, certes, mais aussi terriblement amusant. Un régal de lecture renouvelé à chaque paragraphe par la découverte d'une nouvelle trouvaille stylistique, parodique, une nouvelle métaphore pleine de nonsense ou une comparaison volontairement ridicule.
Honnête roman noir Les souffrances du jeune ver de terre constitue surtout une intéressante expérience de lecture, un moment amusant et parfois même jouissif par le plaisir que procurent les phrases d'un Claro qui réussit à allier avec bonheur humour et dépression.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Le titre annonce la couleur, reprenant le titre d'un classique pour s'enfoncer dans les méandres obscurs d'un parcours tortueux.
La lecture peut être considérée comme peu digeste, les lignes étant truffées de références littéraires et culturelles, considérant qu'un plat avec trop de truffe tue le plat.
Mais on peut ne pas être dégoûté par cette façon appuyée de décrire combien il déguste, ce lombric lubrique qu'on peine à trouver sympathique. On peut apprécier cet humour cultivé dans l'humus d'une humeur maussade.
Reste que nous sommes dans le noir, très noir polar, un noir d'une histoire qui fait remonter à la surface la rémanence de penchants toxiques.
Il y a quelque chose dans le livre édité en 1996, réédité en 2014 sous un autre titre, qui est à la fois daté et déjà contemporain de demain.
Dans son livre noir Claro nous dit que c'est la couleur brune de sang séché qui est plus révélatrice de nos raisons d'avoir peur. Comprenne qui pourra mais c'est toujours le moment de creuser dans L Histoire pour éviter l'erreur de s'enterrer dans nos terreurs.
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Je ne sais pas vraiment qu'en penser...

D'un côté, le style est extrêmement personnel, original et intrigant. Claro a une plume bien à lui, qui me fait penser à du San-Antonio d'intello intelligent, et c'est appréciable. Chaque action du roman se déroule comme s'il s'agissait plus ou moins d'une description, et on comprend que la péripétie a eu lieu une fois qu'elle est terminée. C'est étrange, mais pas désagréable du tout.

De l'autre côté, l'histoire n'a ni queue ni tête. Ou alors il faut avoir un sacré QI pour la comprendre. Des morts par ci, des vivants qui ne devraient (plus) l'être par là, des trahisons qui n'en sont pas, des ennemis qui deviennent subitement et mystérieusement des copains de terrasse.... J'ai totalement perdu le fil au moment du dénouement de l'histoire. Dommage !

Bref, je ne saurais dire ce que vaut ce livre, parce qu'il me semble valoir nettement plus que sa note moyenne sur Babelio, mais il est tellement en décalage avec la compréhension du commun des mortels qu'il est difficile de lui donner plus...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Quand vous n’existez pas vraiment, vos gestes vous échappent comme des asticots pressés de s’empaler sur l’hameçon de la réalité. Faut les laisser faire, ça soulage.
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Frédéric, regarde en bas. Tu vois quoi? La planète Terre. C'est normal, ne t'affole pas. Et tu as remarqué ces petits trucs sombres qui s'agitent en tout sens? Et bien ça s'appelle des êtres humains, ça souffre et ça vote, ça boit du muscadet et ça écoute Purcell, ça jouit, ça éternue, ça enfante même. Tu ne crois pas que tu devrais sortir ton train d'atterrissage?
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Trois longueurs et demie suffirent à revigorer mon corps de microbe affolé. Je n’avais jamais été très bon nageur, mais je possédais l’art d’avancer diagonalement et sans respirer, un art qui faisait l’admiration des garçonnets engoncés dans leur bouée-canard. On ne choisit pas toujours ses admirateurs.
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Arnaud disait souvent : “L’amour est fils de pute, pas enfant de bohème. Apprends ça par cœur et tu éviteras les tuiles.”
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Assise à son bureau, les pieds sur l'imprimante elle aussi au repos, Mirabelle cherchait patiemment les résultats du loto dans La Quinzaine littéraire.
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Videos de Christophe Claro (29) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christophe Claro
Pourquoi l'échec serait-il forcément négatif. N'y aurait-il pas un peu de plaisir coupable à échouer ? Avec ce nouvel essai, L'échec paru aux éditions Autrement, Claro pose la question de Comment échouer mieux. "Seul l'exercice de l'échec permet d'élargir le champ des possibles. Si, comme le disait Beckett, il importe d'échouer mieux, c'est sans doute parce que créer ne veut pas dire réussir, mais plutôt soutirer à l'obscurité un aveu de lumière. Au risque, consenti, d'aboutir à une impasse – c'est là non une malédiction, mais une chance". Pour ce faire, Claro aborde entre autres Kafka, Pessoa, Cocteau et Hitchcock, des grands noms qui ont un point en commun, celui d'avoir échoué. Avec beaucoup d'humour et une grande sensibilité, l'auteur nous invite à réfléchir et à repenser nos limites ainsi que nos faiblesses et les regarder avec un nouveau prisme pour que ces derniers nous aident à avancer.
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