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EAN : 9782363390622
120 pages
Finitude (06/11/2015)
3.61/5   75 notes
Résumé :
Il y a tant de raisons possibles pour qu'un livre ne voie jamais le jour, qu'il semble quasi miraculeux qu'un beau matin quelqu'un ait pris la plume et soit parvenu à en écrire un.

Avec une délicieuse fantaisie, Philippe Claudel passe en revue une litanie d'écrivains en devenir, de malheureuses victimes de la littérature, soumises à de pathétiques aléas, à des imprévus aussi cocasses que farfelus.
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Découverte inopinée , de hasard pur , en allant fouiner dans une petite librairie de ma ville, "Caractères", tenue par un couple passionné, dont Françoise, qui écrivait, bien avant que la mode ne se généralise...ses coups de cœur sur les ouvrages qu'elle a envie de défendre.

Là , ce petit volume, vous l'imaginerez aisément ,a capté mon attention, pour son titre "alléchant"... ainsi que par la maquette originale de la couverture, mais aussi par la qualité de la typographie et présentation de ce florilège fantaisiste de tous les "écrivains" morts-nés, qui ne sont jamais parvenus à écrire ou à être publiés... mais aussi les littérateurs qui ont réussi à être édités... ayant achevé leur existence de façon dramatique ou foldingue, etc.

Des anecdotes les plus drôles ou pathétiques, ou déjantées... une lecture plaisante... qui dit fort bien ce besoin , cette addiction de se réaliser par les mots, l'écriture...et de rejoindre cette communauté si valorisante des "Littérateurs"..., de la "Société des gens de lettres" !
Je me permets de transcrire quelques extraits qui donnent une idée de l'éclectisme de ce florilège désopilant !!...

"& ce Juan Opiedo, dont parle Borges, qui toute sa vie exerça la profession de cordonnier et qui sur chacune des semelles des chaussures qu'il rafistolait écrivait des vers de sa composition qui finissaient par disparaître peu à peu, usés par la marche sur les trottoirs de Buenos-Aires. (p. 63)"

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"& ce romancier toujours insatisfait de son travail et qui passait son temps, caché dans les rayonnages des librairies à corriger ses œuvres à même les exemplaires qu'il y trouvait. Il fut de nombreuses fois pris en flagrant délit mais le juge peinait à trouver un chef d'inculpation pour caractériser ses actes, hormis celui de "dégradation de bien privé", mais l'écrivain rétorquait non sans raison que ce bien était en grande partie le sien et qu'il ne faisait qu'en user à sa guise, qui plus est en vue de son amélioration qui serait, à n'en point douter, profitable à tous. (p. 96)"

Une lecture tour à tour grave, fantaisiste, surréaliste, pétrie à la fois d'humilité, d'autodérision, et de sérieux ( pour ce dernier.... en infime quantité !!! et c'est tant mieux...)
.
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Petites anecdotes très sympathiques sur des écrivains qui espéraient le devenir, mais que la vie empêcha pour des raisons diverses et variées. Ils ne le devinrent pas et ne publièrent jamais.

Pour résumé, (moins long que le titre) histoires cocasses, amusantes, tristes, horribles, très courtes, un petit moment de bonheur.
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Commençons par préciser le titre complet de cet ouvrage : de quelques amoureux des livres que la littérature fascinait, qui aspiraient à devenir écrivain mais en furent empêchés par diverses raisons qui tenaient aux circonstances, au siècle de leur naissance, à leur caractère, faiblesse, orgueil, lâcheté, mollesse, bravoure, ou bien encore au hasard qui de la vie fait son jouet et entre les mains duquel nous ne sommes que de menues créatures vulnérables et chagrines.

Rien que ce titre à rallonge comme un essai des Lumières suffit à en dire beaucoup. Mais il manque un petit quelque chose, un presque rien, un rien du tout qui fait toute la différence. Rouge sur la première de couverture, l'esperluette. En tête de chaque chapitre, elle ponctue l'énumération et justifie la longue liste que nous présente l'auteur. Liste, litanie, voire litanie des saints sacrifiés sur l'autel de l'inspiration et de la création. Dans des portraits très courts, l'auteur rend hommage aux écrivains de toutes les époques et de tous les milieux sociaux, rappelant que la pulsion d'écriture est universelle, irrépressible.

Cet inventaire à la Claudel est absurde, bouffon, tragi-comique, mais aussi étrangement beau et touchant. Il suscite une grande compassion et de fols espoirs : rien n'est perdu tant que ce n'est pas tenté ! Voilà un ouvrage salutaire à offrir à ceux qui – comme moi – voudraient écrire : c'est tout à la fois un encouragement et un avertissement. Mais il faudrait aussi l'offrir aux auteurs que l'on admire, comme un rappel d'humilité, une remise à l'heure des pendules. Car pour un Hugo, une Austen, un Tolstoï, une Dickinson, combien d'écrivains avortés ? Combien de plumitifs en souffrance, rendus fous par l'inaboutissement ?

Mais comme dans Inhumaines, le désespoir est hilare. On ne pleure pas longtemps et c'est avec férocité qu'on met en pièces un autre écrivaillon, et encore un autre, et encore un ! Sur un certain fronton, il est gravé « Aux grands hommes la Nation reconnaissante ! » : ce livre est surtout un merci discret et cynique à ceux qui n'ont pas encombré nos bibliothèques ni accru notre syndrome de tsundoku.
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La Feuille Volante n°1068– Août 2016
De quelques amoureux des livres... – Philippe Claudel – Finitude.

Si l'enfer est, paraît-il, pavé de bonnes intentions, le monde dans lequel nous vivons est assurément le tombeau de tentatives avortées pour devenir écrivain. Certes il y ceux qui ont réussi, dont le nom est inscrit sur une plaque de rue, l'oeuvre étudiée par des générations de potaches endormis et les aphorismes qui donnent lieu à des commentaires souvent hors de propos… et puis il y a les autres. Ils sont nombreux, des cohortes, qui doivent leurs déboires littéraires à leurs proches qui se moquent d'eux, aux éditeurs qui n'ont pas été capables de découvrir leur talent, aux événements extérieurs qui ne les ont pas servi comme on dit, euphémisme subtil pour dire qu'ils n'ont pas eu de chance. Il y a les lecteurs qui n'ont pas été au rendez-vous, leur entourage qui les a boudé parce qu'ils n'étaient pas comme les autres, ou peut-être l'inflation d'hommes et de femmes de lettres qui se sont précipités sur leur feuille blanche, qui ont joué des coudes (et pas seulement) pour écraser ceux qui étaient sur leur passage et qui entendait prendre une place à laquelle ils croyaient avoir droit. Ces écrivains ratés, qui ne sont restés que des « écrivassiers » ont chanté la nature, mais elle s'en fout, les femmes qu'ils aimaient, souvent en secret, mais là aussi il ne faut craindre ni l'indifférence, ni les critiques acerbes et cruelles, de sorte qu'ils sont restés des inconnus, des incompris.
Il peuvent aussi s'en prendre à eux-mêmes parce qu'ils ont été parfois paresseux, ont hésité à se lever la nuit à l'écoute de cette inspiration fugace qui ne se manifeste pas deux fois, se sont dit qu'ils verraient plus tard, que rien ne pressait mais qui, une fois devant la feuille sont restés secs, ceux qui ont été victimes du syndrome de Bartelby, ceux qui se sont contentés d'être leurs propres lecteurs mais pas leurs critiques parce que, à leurs yeux, leur talent était manifeste, ceux qui sont morts d'attendre qu'on vienne les solliciter en oubliant que la vie est courte, ceux qui se sentaient indispensables à l'humanité et qui déploraient qu'on fasse ainsi fi de leur message, ceux qui prenaient Voltaire ou Rimbaud pour leurs collègues en littérature, ceux qui se sont pris pour des génies, qui se sont rassurés en disant qu'on les découvrirait… après leur mort, ceux qui se sont drapés dans la toge de l'écrivain en se disant que cela leur allait bien tout en s'extasiant sur la beauté de leur oeuvre. Ceux aussi qui, désespérés de tant d'indifférences à leur endroit (ou peut-être victimes d'un sursaut de bon sens) se sont dit que, devant un tel monceau de publications depuis l'invention de l'imprimerie, il valait mieux garder le silence plutôt que de redire plus mal ce qui avait été déjà si bien exprimé par d'autres. Il y a bien sûr ceux qui ont entamé leur vie par l'alcool et la drogue parce qu'on leur avait dit qu'il y avait là une source d'inspiration inépuisable… et qui s'y sont épuisés et même en sont morts, ceux qui, paranoïaques depuis toujours, ont cru être victimes de complots ou ceux qui sont devenus fous à force de croire en leur talent auquel le monde extérieur était complètement indifférent.

L'auteur égrène le catalogue de ces malheureux que la notoriété, les honneurs, la vie ont oubliés. Il le fait avec un humour certain et surtout de bon aloi, preuve s'il en fallait encore qu'on peut rire de tout parce que, par les temps qui courent, c'est à peu près tout ce qui nous reste, que le temps passe vite, que le fatalisme fait partie de la vie et que la fiction est après tout une manière comme une autre de repeindre des jours de plus en plus gris. Et puis, un écrivain qui a réussi n'est peut-être pas autre chose qu'un simple « porte-plume » qui transcrit une inspiration qui vient on ne sait d'où et qui, à tout moment, peut le quitter, qui n'est bien souvent que le miroir de son temps et qui, après un brillant succès fait parfois des efforts désespérés pour durer et pour qu'on ne l'oublie pas. L'écrivain c'est avant tout un être habité par le solipsisme et trouve souvent cela plutôt bien. Il n'empêche, on dira ce qu'on voudra, mais j'ai bien aimé (et j'ai même bien ri) à cet inventaire à la Prévert des écrivains manqués qui ne sont finalement que des membres de cette espèce humaine à laquelle nous appartenons tous, même si, parmi nous, il y en a finalement peu que la muse chatouille, et c'est plutôt mieux ainsi.

© Hervé GAUTIER – Août 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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"De quelques amoureux des livres" en version courte, ou "De quelques amoureux des livres que la littérature fascinait, qui aspiraient à devenir écrivain mais en furent empêchés par diverses raisons qui tenaient aux circonstances, au siècle de leur naissance, à leur caractère, faiblesse, orgueil, lâcheté, mollesse, bravoure, ou bien encore au hasard qui de la vie fait son jouet & entre les mains duquel nous ne sommes que de menues créatures, vulnérables & chagrine" en version longue, est un formidable récit de Philippe Claudel publié aux éditions Finitude. Je l'ai découvert à l'émission La Grande Librairie et me le suis rapidement procuré. Je confirme et valide sans problème tout le bien entendu lors de l'émission.

"Il y eut ainsi, depuis des siècles, vivant dans une opaque et insoupçonnable solitude, des créatures qui pensaient que ce qui sourdait de leur cerveau et se traduisait en un assemblage de mots pouvait à l'humanité servir. La consoler, l'émouvoir, l'éclairer."

Au travers de diverses petites anecdotes, Philippe Claudel passe en revue une litanie d'écrivains en devenir. A l'instar du titre du livre (peut-on encore parler de titre d'ailleurs vu la longueur de ce dernier), cela sort de l'ordinaire. C'est certes un récit atypique mais c'est surtout un récit agréable et plaisant.

On regrette qu'il ne contienne que 120 minuscules pages tant tourner ces dernières est un pur bonheur pour le lecteur. D'une phrase à un petit peu plus d'une page, chaque micro-histoire est différente. Maniant souvent ironie et humour noir, alternant réflexion, philosophie, tendresse, tristesse (la thématique de la mort ou du suicide est assez récurrente), violence, amour,..., Philippe Claudel nous fait rire, nous peine ou nous fait réfléchir.

"& cette lectrice qui ne faisait l'amour qu'avec des écrivains dans l'espoir d'accoucher d'un livre. Elle ne réussit qu'à tomber enceinte de jumeaux dont elle préféra avorter car elle ne voulait pas courir de risques, ne sachant plus très bien si leur père était un poète alcoolique ou un auteur de romans d'épouvante."

Mais qui se cache derrière cet auteur? Je me suis souvent posé la question... Preuve que le pari de Philippe Claudel est parfaitement réussi.

"& cet homme qui décrétait qu'un bon romancier ne peut avoir moins de 40 ans et qui mourut d'un accident vasculaire cérébral à 38 alors qu'il venait de se mettre à la tâche."

Je n'oublie pas non plus l'introduction et la conclusion de cet opus: une écriture littéraire très belle, très riche, aux phrases longues et aux mots recherchés. du grand art!
"Quant à moi, je vais mon chemin, hésitant toujours à poursuivre le fil des récits, qui sont mes amis chers et sans visage. Je ne suis rien qu'un faiseur de fumée, et je ne vis qu'un peu, qu'un tout petit peu, non pas par moi-même, mais dans l'âme de celles et ceux qui me donnent leur amour et leur estime."

Je ne peux que vous conseiller "De quelques amoureux des livres". Il vous réconciliera assurément avec la littérature tout en vous prenant seulement une petite heure de votre temps.

4/5

Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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critiques presse (2)
Telerama
03 décembre 2015
Philippe Claudel s'attendrit sur les angoissés de la page blanche, tandis que Christian Garcin convoque Apollinaire ou Bernanos dans son quotidien.
Lire la critique sur le site : Telerama
Bibliobs
01 décembre 2015
On sourit beaucoup en lisant Claudel, mais c’est très triste.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Il y eut ainsi, depuis des siècles, vivant dans une opaque et insoupçonnable solitude, des créatures qui pensaient que ce qui sourdait de leur cerveau et se traduisait en un assemblage de mots pouvait à l'humanité servir. La consoler, l'émouvoir, l'éclairer. On pardonna beaucoup au péché d'orgueil qui animait ces êtres. On les écouta souvent. On les célébra parfois. On donna à des avenues leurs noms. On sculpta dans le marbre et le bronze leur visage et leurs mains. On les coucha dans de grands dictionnaires, des encyclopédies. Il fallait bien voir leurs efforts se prolonger d'un écho. Mais au vrai, ils ne servirent à rien qu'à distraire les mortels de leur temps. Et leurs livres sont comme des mues tombées dans les siècles aveugles et sourds. (p. 7)
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& celui qui il y a bien longtemps fit du tapage en Palestine, parlant à voix haute et sans vergogne quand le vin de palme lui avait tourné la tête, entraînant à sa suite une douzaine de jeunes gens désoeuvrés de son espèce, qui abandonnèrent famille et travail pour l'accompagner en guenilles sur les routes, recueillant ses propos confus et illuminés, et ne tiquant même pas lorsqu'il se disait fils de Dieu, ce qui finit tout de même par énerver les Romains-on peut les comprendre-qui n'y allèrent pas par quatre chemins et le crucifièrent comme c'était alors la mode pour les délinquants, les voleurs et les fauteurs de trouble, ce qui eut pour conséquence qu'il ne put jamais relire les épreuves de son livre qui néanmoins accéda au statut de best-seller durant deux mille ans. (p. 45)
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Et cet homme dont l'histoire est rapportée par Xéphanis de Smyrne qui fit graver sur la peau d'un de ses esclaves, qui était un de ses amants, un poème qu'il avait composé et qui célébrait Apollon. Puis il fit tuer l'esclave, prélever sa peau, la fit tanner et tendre sur un cadre de cèdre qu'il disposa en bonne place à l'entrée de sa demeure où il se plaisait à recevoir et à célébrer les arts, l'amour et l'amitié. L'historien rapporte que, lorsqu'on effleurait la peau tannée de l'esclave, il en naissait un murmure qui ressemblait à une plainte amoureuse.
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& celui qui a force d'utiliser constamment des pseudonymes pour publier ses livres perdit jusqu'à l'usage de son nom et ne parvint plus à se souvenir de lui quand il s'agit, à l'occasion d'un banal contrôle de police sur le périphérique, de décliner son identité.
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& cet autre encore qui traquait dans les tribunaux le sujet de ses livres et qui, trouvant décevant ce qu'il avait fini par y entendre et donc par écrire, assassina sa concierge dans des conditions particulièrement atroces ce qui lui permit par la suite durant ses dix-huit ans d'incarcération de composer son grand œuvre.
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