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EAN : 9782070361700
448 pages
Gallimard (18/09/1972)
3.37/5   23 notes
Résumé :
Trilogie : L'otage / Le pain dur / Le père humilié

Présentation de l'éditeur :

LE BARON TURELURE : Sygne de Coûfontaine, qui faites l'orgueilleuse, je vous achèterai et vous serez à moi.
SYGNE : Ne pouvez-vous prendre mes biens gratis ?
LE BARON TURELURE : Je prendrai la terre et la femme et le nom.
SYGNE : Vous me prendrez, Toussaint Turelure ?
LE BARON TURELURE : Je prendrai le corps et l'âme avec lui. Vos... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le pain dur

La pièce composée par Claudel entre 1913 et 1915, d'abord consul à Hambourg, puis après le début de la guerre installé à Bordeaux, paraît en 1918 à la NRF. Elle sera représentée en France pour la première fois en 1949, au théâtre de l'Atelier. Elle fait suite à l'Otage, c'est le deuxième volet de ce qui est appelé généralement « La trilogie des Coûfontaine ».

Nous suivons Turelure, devenu baron : après avoir été révolutionnaire sous la Terreur, il est devenu monarchiste sous Louis-Philippe. Sa femme Sygne est morte peu de temps après avoir donné naissance à un fils, Louis. Militaire, il s'est lancé dans l'achat de terres en Algérie, qu'il voudrait faire prospérer, mais il a contracté des dettes. Ses relations avec son père sont mauvaises, ils se sont affronté au sujet de l'héritage maternel de Louis.

Turelure vit avec une jeune femme juive, Sichel, qui espérait qu'il allait l'épouser. Arrive Lumir, la fiancée de Louis, venue lui réclamer de l'argent, à la fois celui qu'elle a prêté à Louis, alors qu'il était un dépôt pour entretenir la résistance des Polonais révolutionnaires, et aussi de l'argent qui permettrait à Louis de faire face à ses échéances. Turelure ne veut rien entendre, même s'il a reçu les sommes en question en vendant un bien au père de Sichel, ce que cette dernière révèle à Lumir. Turelure propose à Lumir de lui donner la somme nécessaire à condition qu'elle l'épouse, tout en faisant un transfert de façade de ses biens à Sichel pour qu'ils échappent à son fils.

Louis arrive, l'explication avec son père a lieu, Lumir lui a révélé les propositions de Turelure et le fait qu'il est en possession de l'argent, Louis vient armé, pour essayer de faire peur à son père. La confrontation sera terrible, et tous les personnages vont être renvoyés à leurs choix de vie.

C'est une pièce très noire, les personnages se laissent aller à leurs instincts, sans aucune limite. le mariage devient une simple affaire commerciale, qui se conclut contre une somme d'argent. Les relations de famille sont dépourvus d'amour, le fils et le père sont des rivaux, qui s'affrontent pour les possessions matériels ou pour une femme, l'envie de triompher de l'autre étant aussi importante que le désir de posséder.

La pièce s'inscrit beaucoup plus dans l'histoire que les pièces précédentes de Claudel, nous sommes à une époque précise, et nous voyons les conséquences des évolutions sociales et technologiques : Turelure s'apprête à transformer le domaine de Coûfontaine en papeterie, l'arrivée du chemin de fer peut faire monter le prix des terres, la spéculation bat son plein. Il y a aussi en arrière plan la colonisation de l'Algérie, les révoltes en Pologne etc.

Mais tout cela ne se traduit que une féroce compétition et la perte de valeurs, en particulier religieuses : Claudel dépeint un monde qui a perdu la foi, dont Dieu est absent, ce que symbolise la vente du crucifix sauvé par Sygne dans l'Otage. Vendu à vil prix, vestige dont il s'agit de se débarrasser, pour passer à autre chose. Mais cet autre chose n'est au final que misère, vide, et insatisfaction.

C'est une pièce très grinçante, à l'humour noir, avec beaucoup moins d'envolées lyriques que dans d'autres oeuvres de Claudel, basée plus sur des dialogues brefs, qui sont des affrontements entre les personnages, en guerre contre le monde entier. Elle met en évidence la brutalité de l'histoire, la vacuité du quotidien, la solitude des individus.

C'est impressionnant (en particulier la scène de la confrontation père-fils) mais plus sec, peut-être plus à sens unique que d'autres oeuvres de Claudel.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Louis. - Je suis un homme de conquête. Qui m'y a forcé ? Je n'ai eu ni père ni mère. Tout ce que j'ai, il me fallait le tenir de moi-même.
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Qu'y a-t-il de plus prochain de moi dans la nuit que ma propre pensée ?
Un homme pourchassé qui pense seul toute une nuit dans un fossé.
Toute une nuit de pensées sous la pluie, cela fait un noir café !
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Seigneur ! que nous étions jeunes alors, le monde n'était pas assez grand pour nous !
On allait flanquer toute la vieillerie par terre, on allait faire quelque chose de bien plus beau !
On allait tout ouvrir, on allait coucher tous ensemble, on allait se promener sans contrainte et sans culotte au milieu de l'univers régénéré, on allait se mettre en marche au travers de la terre délivrée des dieux et des tyrans !
C'est la faute aussi de toutes ces vieilles choses qui n'étaient pas solides, c'était trop tentant de les secouer un petit peu pour voir ce qui arriverait !
Est-ce notre faute si tout nous est tombé sur le dos ?
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Il y a une chose plus triste à perdre que la vie, c'est la raison de vivre,
Plus triste que de perdre ses biens, c'est de perdre son espérance,
Plus amère que d'être déçu, et c'est d'être exaucé.
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Rien de tel pour vous apprendre l'écriture qu'un maître qui ne sait pas lire.
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https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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