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4,18

sur 4777 notes
Juste quelques mots pour marquer cette belle découverte.
Et oui, je suis un peu en retard, beaucoup m'ont précédé mais mieux vaut tard que jamais...
Une terre qui s'éloigne, un bateau, une valise, un homme....un très vieil homme, Monsieur Linh.

Philippe Claudel nous livre le récit d'un exil, de tous les exils, la douleur de quitter un pays, de tous les pays en guerre ou pas, la peur et la frayeur devant un monde différent, la découverte d'un pays sans odeur et sans saveur.

Depuis son départ, Monsieur Linh serre contre son coeur et son corps son seul trésor, sa fleur de lotus, qu'il espère voir s'épanouir: Sang diû ou Matin doux, sa petite fille rescapée de quelques semaines.
Et puis au détour d'une rue, une surprise, une lueur d'espoir: Monsieur Bark débarque ...

Un texte court, intense et touchant.
Une chute percutante...
Un plaisir à lire et à faire partager.


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Envoûtée... Je suis envoûtée par l'écriture de Philippe Claudel qui est capable de s'adapter selon les thèmes choisis. Je viens de finir son roman dystopique, L'Enquête, et j'ai l'impression, avec La Petite fille de Monsieur Linh, d'avoir affaire à un autre auteur. Quelle prouesse ! Ici, le style est concis et sous une fausse simplicité se cache une histoire poignante.

Je ne résumerai pas le livre, la quatrième de couverture le fait très bien et est là pour ça. Mais attendez-vous quand même à une surprise de taille à la toute fin (à la dernière page pour être précise). Parce que tout le talent de Philippe Claudel, c'est de nous faire découvrir l'histoire non pas à travers la voix de Monsieur Linh - ce n'est pas le narrateur - mais à travers ses yeux . de ce fait, le lecteur est happé par cette magnifique histoire de l'exil, du déracinement, de l'amitié qui naît dans le nouveau pays avec M. Bark. Il souffre mimétiquement, aurait envie de venir à la rescousse de ce pauvre homme dont la seule préoccupation est sa petite fille, Sang diû. Oui mais voilà... c'est justement parce qu'on est envahi par tous ces sentiments qui se bousculent au fur et à mesure de la lecture qu'on passe à côté de certains détails qui ont une importance capitale... Mais je n'en dis pas plus... Il faut lire le livre !

Et dire que j'aurais pu passer à côté d'un tel auteur si une amie, qui se reconnaîtra, ne m'avait pas engagée fortement à le lire ! Quel beau gâchis cela aurait été !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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« Qu'est donc que la vie humaine, sinon un collier de blessures que l'on passe autour de son cou ? »
Monsieur Linh et Monsieur Bark en savent quelque chose ! Deux âmes solitaires, deux âmes meurtries, pleines d'amertumes et d'afflictions ; deux hommes au bout du rouleau, deux vieux, avec leurs « morceaux de songes et de souvenirs » qui survivent dans leurs têtes et disparaitront avec eux.
Le premier vient de la lointaine et luxuriante Asie. C'est la guerre qui l'a arraché à son pays, au village de ses aïeux, à tout ce qui faisait sa vie, pour le jeter brutalement dans une grande ville occidentale bruyante, froide et grise. Sa petite fille l'accompagne dans cet immense désastre. Sang-Diû ou Matin doux, adorable bébé si calme, si discret, demeure toujours lové entre les bras de Monsieur Linh. Et quand il s'agit de le protéger, le frêle et fragile vieillard retrouve la force et la rudesse du tigre.
Le deuxième est un de ses occidentaux qui rend tellement perplexe Monsieur Linh. le « gros homme », comme il le nomme, vit avec les ombres du passé et se suicide doucement en fumant cigarettes sur cigarettes.
Ils se rencontrent en étant assis sur le même banc, ce banc qui deviendra pour ces deux déracinés malmenés par la vie leur lieu de rencontre, leur havre de paix. Ils se parlent sans se comprendre et c'est bien mieux ainsi. Au moins sont-ils sûrs que leurs mots ne blessent pas, qu'ils ne se disent pas ce qu'ils ne veulent pas entendre, qu'ils n'exhument pas cruellement des moments insupportables de leur passé. Une belle et vraie amitié va naître entre eux, une amitié qui illumine et réchauffe les coeurs blessés.
L'exil et le déracinement ; l'aigreur, la grande solitude, et le souvenir des êtres aimés à jamais disparus ; mais aussi la dignité, le respect de l'autre, la bienveillance, et peut-être de nouvelles espérances ; tout cela raconté dans un style plein de retenue, de tendresse et de naïveté. Quelle belle histoire !

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Le bateau quitte définitivement le pays. A bord, des dizaines de personnes comme Monsieur Linh regardent avec tristesse la terre s'éloigner. Cette maudite guerre lui aura décidément tout pris, son fils et sa femme, sa liberté, ses rizières et elle aura détruit son village et par là-même l'espoir d'y mourir en paix. Sa petite fille, Sang diû, âgée de 3 mois, tendrement serrée contre lui est tout ce qui lui reste. Pour elle, il ne veut pas baisser les bras et veut lui offrir une vie convenable et décente. C'est à l'arrière du bateau pour profiter le plus longtemps possible de la vue de ses terres qu'il passera la plupart du voyage qui dure des jours entiers. Et c'est dans une ville grise, froide et triste qu'il débarque, une ville sans saveur et sans odeur. Il sera logé dans un dortoir avec d'autres réfugiés. le confort n'y est pas, les autres familles font du bruit, les hommes jouent au mah-jong, les enfants turbulents courent partout mais les femmes lui apportent de quoi manger. Mais, surtout, Monsieur Linh est avec sa petite-fille qu'il ne quitte jamais. Il n'osera pas sortir dans les premiers jours et passera ses journées seul au dortoir. Il se décide un jour de prendre l'air, ne serait-ce que pour la petite. Il ne connaît pas ce pays, ni cette ville aux rues sinueuses et encore moins la langue. Mais, qu'importe, il va rencontrer ce jour-là, sur un banc, un vieil homme dont il ne comprend pas les paroles mais il aime le son de sa voix, à la fois chaleureuse et mélancolique...

Philippe Claudel, tout comme Monsieur Linh avec sa petite fille, nous berce avec ses mots. Cette amitié improbable entre deux hommes que tout semble séparer est juste incroyable et tendre à souhait. Seule la solitude et la perte de ses racines pour l'un et sa femme pour l'autre font que seuls les regards et le ton de la voix peuvent rapprocher. le langage du coeur prend ici tout son sens. L'auteur nous raconte à travers Monsieur Linh son exil forcé, le nouveau pays à conquérir, ses rencontres et ses amitiés naissantes. Monsieur Linh est un homme bon, juste, au grand coeur et terriblement protecteur envers sa petite fille qu'il ne peut lâcher. L'écriture de Philippe Claudel est à la fois tragique, épurée et sensible ce qui rend ce petit roman touchant, sincère et attendrissant.

La petite fille de Monsieur Linh n'attend plus que vous...
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C'est l'histoire d'un vieil homme, Monsieur Linh, qui fuit son pays natal car son fils et sa belle-fille sont morts tués par un obus dans la rizière. Une seule survivante, sa petite-fille Sang-Liu, à côté de sa poupée déchiquetée.

Il décide de quitter définitivement son pays pour fuir la guerre et offrir une vie plus décente à sa petite-fille et à lui-même. Il voit la côte s'éloigner, regarde une dernière fois son pays s'estomper au loin puis disparaître.

La traversée est difficile, il est balloté par la houle, le vent, car on est bien loin d'une croisière. Arrivé, il va être logé dans un appartement avec deux autres familles qui le regardent à peine, se contentant de poser une assiette de nourriture devant son lit.

Il se sent seul, aussi bien dans l'appartement que dans la rue, (il s'éloigne jamais trop car il a peur de se perdre) et il va croiser un homme rondouillard, sympathique et une amitié va se créer entre eux malgré l'obstacle de la langue.

Ce que j'en pense :

C'est une très belle histoire. J'ai dévoré ce livre sur lequel je me suis ruée, ayant à peine terminé « le rapport de Brodeck ». Tellement sous le charme de l'écriture de Philippe Claudel qu'il fallait que je me précipite sur tout ce que cet auteur a écrit.

Une envie irrépressible, presque compulsive, addictive… et je n'ai pas été déçue. Ce livre est un bijou.

Monsieur Linh est un personnage auquel on s'attache immédiatement, tant son destin est tragique : perdre sa famille dans ces conditions, fuir pour survivre avec pour seule raison de subsister sa petite-fille qu'il va nourrir comme il a vu faire sa famille, mâcher le riz pour le réduire en bouillie et le mettre dans la bouche de l'enfant. L'enfant lui donne la force d'avancer encore, alors qu'il serait si facile parfois d'abandonner le combat, la résistance.

L'auteur nous raconte, la traversée qui rappelle les boat-people mais qui fait résonner la tragédie des migrants qui fuient leur pays pour risquer leur vie dans la Méditerranée, depuis quelques mois pour fuir la guerre, les guerres, les dictatures…

Puis la survie, dans un logement étroit avec la cohabitation avec ses compatriotes qui ne le voient pas arriver avec bienveillance, loin s'en faut. Chacun pour soi dans la jungle.

le soleil viendra d'un autre homme désemparé dont la femme est décédée depuis peu et qui continue à vivre, en ayant perdu son âme-soeur. Ces deux êtres, se ressemblent tellement dans leur chagrin, leur vie devenue précaire. Ils sont en mode survie, il leur faut trouver ce petit quelque chose qui les fera avancer.

Ce livre raconte très bien l'exil, le déracinement, la perte, le deuil, la difficulté de la langue qui fait qu'on se sent enfermé : les sons ne sont pas les mêmes, les parfums non plus, tous les repères ont sauté, et comment on traite les migrants aussi (cf. le parcage dans une maison de retraite). on ne peut s'empêcher de penser aux camps de réfugiés.

L'importance, la force de l'amitié entre deux hommes qui ne communiquent que par le regard mais vont devenir un soutien l'un pour l'autre, se soigner mutuellement…

Un roman court, cent quatre-vingt deux pages, mais d'une telle intensité qu'on en sort bouleversé, tant les mots sont percutants. Certaines phrases sont non eulement très belles, mais d'un telle intensité qu'elles percutent le lecteur, l'interpellent…

Encore un coup de coeur évidemment….

Note : 9/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Je devais lire ce livre depuis un moment, c'est chose faite, et pour moi, c'est un petit bijou de douceur entre deux hommes, d'émotions, de non-dits qui disent tout, d'appel à la tolérance et l'empathie.
Une fois de plus je ne regrette pas d'avoir laissé de côté la quatrième de couverture pour m'embarquer dans l'inconnu. Je suis allée de surprises en surprises, et j'ai refermé le livre avec un sentiment de plénitude.
Inutile de résumer quoi que ce soit, c'est déjà fait, et puis tout est question d'émotions pures.
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Un viel homme et sa petite fille ont fui leur pays en guerre. Ils ont maintenant le statut de réfugiés et doivent vivre loin de leur terre d'origine.
Un petit bijou d'écriture. Il se dégage de cet ouvrage bref et intense : sensibilité, délicatesse, empathie, poésie et douceur. La lecture du dernier chapitre a fait naître une petite larme au coin de mes yeux ......
Une exquise découverte !
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Monsieur Linh a tout perdu, hors sa toute petite fille.
Pour elle, le vieil homme a qui la guerre a tout pris va embarquer pour l'occident lointain... Et débarquer dans un pays dont il ignore la langue. Une contrée sans odeurs.
L'histoire est simple, belle et poignante, humaine comme le malheur et l'accablement... Comme la joie qui surgit aussi, parfois.
Monsieur Linh, toujours chargé de sa petite fille, va faire une rencontre qui à elle-seule aura valu le voyage: Un ami, un vrai. Une amitié dont le langage ne passe pas par des mots. Une amitié pour effacer ou atténuer les peines et les chagrins.
Le récit est simple, touchant. Chacun fait de son mieux pour accueillir "Oncle" et lui trouver une belle chambre...dans un château... Château dont Monsieur Linh ne peut vouloir, puisque cela signifie ne pas revoir son ami.
Son ami qui lui a offert une robe magnifique pour sa toute-toute petite fille
Sang Diû...
La petite fille de Monsieur Linh, c'est une ode à la vie et à sa force. La force et le courage d'un vieillard qui choisit la vie et l'inconnu et qui trouve le trésor de l'amitié.
... Et je m'en veux un peu d'avoir deviné la vérité de l'histoire bien avant de quitter Monsieur Linh, sa petite fille et son nouvel ami.
Tant pis, et tant-mieux puisque cela n'a rien enlevé à mon émerveillement.
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Un trésor d'émotions, de sensibilité... qu'une amie m'a offert, il y a un très , très long moment...Une relecture... d'un ouvrage d'un écrivain dont j'apprécie l'éclectisme des sujets, et l'empathie fréquemment perceptible, envers ses personnages...

Un roman poignant, qui prend aux tripes... parlant de déracinement, de deuils et pertes répétés, de pays en guerre, d'exil, d'amour fou entre un grand-père et sa petite-fille orpheline, d'Amitié dans un pays étranger....


"C'est un vieil homme debout à l'arrière d'un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul à savoir qu'il s'appelle
ainsi car tous ceux qui le savaient sont morts autour de lui.
Debout à la poupe du bateau, il voit s'éloigner son pays, celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l'enfant dort. le pays s'éloigne, devient infiniment petit, et monsieur Linh le regarde
disparaître à l'horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette. le voyage dure longtemps. Des jours et des jours. Et tout ce temps, le vieil homme le passe à l'arrière du bateau, les yeux dans le sillage blanc qui finit par s'unir au ciel, à fouiller le lointain pour y chercher encore les rivages anéantis."

Une chute inattendue, insolite...qui démultiplie l'intensité dramatique...Reste cette fabuleuse lumière que représente l'amitié née entre ce vieux grand-père exilé et un veuf, perdu dans une solitude
éprouvante... Même avec la barrière de la langue, ces deux compères se réconfortent, ont des attentions touchantes l'un pour l'autre...et attendent avec impatience chacune de leurs rencontres !

De fort nombreuses critiques enthousiastes de ce petit bijou d'humanité...ce qui est grandement justifié !

"Monsieur linh essaie d'entourer de son bras l'épaule de son ami, sans y parvenir car son bras est trop petit pour la grande épaule. Il lui sourit. Il s'efforce de mettre beaucoup de choses dans ce sourire, plus de choses que n'importe quel mot ne pourra jamais contenir."
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"Pourquoi faut-il que les lendemains soient toujours plus amers que les jours passés qui le sont déjà trop ?"

Pourquoi je n'arrive pas à communiquer avec un collègue, un compagnon de route ou mes parents ? C'est ridicule et j'ai honte, de moi, d'eux, de cette situation de blocage alors qu'avec un peu d'empathie, d'écoute et un coeur qui bat, Claudel me le prouve, c'est réalisable et apporte tant de bonheur à toutes les parties en présence. Si deux hommes que tout sépare arrivent à se dire "bonjour" (ou "au revoir, à demain") en sachant le goût amer des séparations, grandes et définitives, si deux hommes peuvent se donner un paquet de cigarettes ou une robe pour cette si jolie poupinette, affirmant ainsi le respect qu'ils partagent pour ce prochain inconnu et pourtant si proche dans la douleur, alors demain, je tenterai à nouveau en cherchant une autre longueur d'ondes dans mon bonjour. Avec un peu de chance et à ma petite mesure j'espère apporter ma minuscule pierre pour que la vie humaine ne soit pas seulement "un collier de blessures que l'on passe autour de son cou" mais "oui, un bon jour."
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