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EAN : 9782253120810
96 pages
Le Livre de Poche (03/01/2007)
3.82/5   333 notes
Résumé :
Viens donc Jules, disait au bout d'un moment un buveur raisonnable, ne réveille pas les morts, ils ont bien trop de choses à faire, sers-nous donc une tournée…
Et Grand-père quittait son piédestal, un peu tremblant, emporté sans doute par le souvenir de cette femme qu'il avait si peu connue, si peu étreinte, et dont la photographie jaunissait au-dessus d'un globe de verre enfermant une natte de cheveux tressés qui avaient été les siens, et quelques pétales de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (74) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 333 notes
À peine âgé de huit ans, le narrateur orphelin se retrouve sous la garde de son grand-père. Cet homme simple, tenancier d'un petit bistro, le café de l'Excelsior du titre (qui a plus l'allure d'un estaminet). Là viennent noyer leur misère et leur chagrin, loin de leurs femmes, quelques vieux bonhommes du coin qui forment une grande famille. C'est là que le narrateur mènera une vie heureuse et comblée, sous les yeux de son grand-père qu'il adore. Ce dernier ne connait pas grand chose en dehors de son établissement mais il a de bonnes histoires à raconter (il pouvait parler pendant des heures sur Waterloo) et une philosophie de la vie très inclusive qui semble plaire au garçon. Qui parmi nous ne garde pas de pareils souvenirs ? Des moments éphémères, certes, mais ô combien doux et réconfortants ! Et c'est du donnant-donnant, l'enfant est un vrai rayon de soleil et il regaillardit l'existence de l'aïeul. Visiblement, ce n'est pas l'avis de l'administration (représentée par «l'homme de la Grande Ville») qui décide d'envoyer le garçon, une fois âgé de onze ans, dans une famille d'accueil. Puis dans une autre, et encore, toujours balloté. Rendu adulte, le narrateur décide de retourner au café, si symbolique de son enfance. Il n'en reste que des souvenirs ou presque…

Cette petite plaquette (à peine 84 pages) va droit à l'essentiel. C'est ce que j'aime de la plume de Philippe Claudel. Pas besoin de longues descriptions ni de dialogues superficiels. En peu de mots, il réussit à faire comprendre beaucoup et, surtout, à faire passer des émotions. Et sans les nommer non plus. Par exemple, dans le vacarme et le tourbillon de la Grande Ville où ils doivent se rendre, le grand-père serre la main chétive de son petit-fils en lui répétant sans cesse « Ne me quitte pas » J'imagine tellement facilement cet homme modeste, s'occuper avec amour de cet enfant. Je comprends que le narrateur vénère son grand-père, avec ses attentions (les glaces achetées, les visites au zoo…), tous les moments du quotidien qu'ils auront partagés, etc. Et le narrateur aussi est attendrissant, encore innocent comme les jeunes enfants peuvent l'être, mais également docile et aidant pour son grand-père. Vous voyez, rien de larmoyant ni de dramatique. La vie, c'est tout. Évidemment, c'est un brin tristounet quand le garçon est arraché à ses repères mais on s'y attendait. Rendu à la fin, c'est presque dommage que le roman soit si court. Mais bon, le café de l'Excelsior est une histoire émouvante, remplie de poésie et d'humanité, alors on pardonne.
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"Nous délaissent sans prévenir les plus beaux de nos jours, et les larmes viennent après, dans les après-midi rejouées de solitude et de remords, quand nous avons atteint l'âge du regret et celui des retours"... Phrase que j'ai emprunté à l'auteur car je la trouve magnifique mais je n'ai pas voulu la mettre dans les citations car il aurait fallu que j'en dévoile un peu plus et cela, je ne le désirai pas. Si vous lisez juste cet extrait, vous allez pensez que vous voues engagez dans une lecture déprimante mais au contraire, il n'en est rien.

Orphelin très tôt, le narrateur vécut les plus belles années de son enfance avec son grand-père et son bar "L'excelsior" (ou café pour vous en référer au titre mais je trouve que le mot bar est plus approprié en raison des personnes qui le fréquentent, que des hommes). C'est un petit coin chaleureux comme on n'en trouve plus beaucoup aujourd'hui (surtout, ô comble de l'ironie, en cette période de crise sanitaire où nombre d'entre eux ne savent pas encore si ils vont pouvoir rouvrir définitivement et si leurs habitués y reviendront dans les mêmes conditions qu'auparavant). Tous les habitués se connaissent et le grand-père de notre héros les connait tous. Notre narrateur se remémore ses souvenirs dans ce troquet, qui, associé à son grand-père qui l'a recueilli suite au décès de ses parents, figurent parmi les plus beaux de son enfance. Vous me direz que pour un petit garçon de huit ans, une telle place n'est pas appropriée et pourtant, L'Excelsior fut pour notre jeune protagoniste sa "madeleine de Proust", sa raison de vivre et il est toujours éprouvant de se les remémorer une fois que nous les avons perdus...à moins que noue décidions de ne pas regretter ses "moments " mais de les garder enfouis au fond de soi, comme un trésor caché, tout en continuant à aller de l'avant.

Un court roman, extrêmement bien écrit, avec des phrases parfois un peu trop longues et chargées, ce que je regrette (ce qui explique en grande partie ma note probablement trop sévère et pas à sa juste valeur pour cet ouvrage) mais avec des souvenirs prégnants et des moments simples qui réconfortent et donne parfois le sourire à ses lecteurs ! Une lecture que je vous recommande malgré cette note mitigée !
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Le narrateur commence son histoire lorsqu'à huit ans, après la mort de ses parents, il vit chez son grand-père, tenancier du café l'Excelsior. Ce bonheur sera de courte durée, un peu plus de trois ans, jusqu'à ce que l'Administration, le lendemain de ses onze ans, décide de le placer dans des familles d'accueil. Pourtant il était bien chez Jules, son grand-père, pauvre de trop boire mais qui n'était pas avare d'histoires. Devenu un homme, son grand-père décédé, la vieille clef de l'Excelsior dans sa main, le narrateur revient au port, s'assied sur le banc contre la façade, plonge dans ses souvenirs...
Philippe Claudel m'a encore conquise, c'est un grand écrivain !

Challenge Petits plaisirs - 84 pages
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« Nous vivons parmi de grands pans de lumière hachés de noirs fracas »
La période racontée par le narrateur, en tout cas, est un grand pan de lumière. Il habite chez son grand-père suite au décès de ses parents et y restera trois ans, jusqu'à ce que le service « d'aide » sociale le retire de ce cocon pour le balancer de famille d'accueil en famille d'accueil.
Mais de ça, il ne parlera pas.

Il préfère soulever ses souvenirs d'enfant bien protégé par un homme pudique mais aimant, tenant un modeste café où les habitués se déchargent de leur vie ; du facteur au conducteur de car, tous sont truculents, et il va sans dire que les femmes n'y sont pas admises. L'amitié entre hommes est exaltée, la préparation de la pêche aussi.

C'est le coeur lourd que j'ai fermé ce bien trop petit roman, immense de complicité et de tendresse bourrue, ponctué de phrases musicales, de descriptions imagées, le tout enveloppé avec sensibilité.
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Un homme se souvient. Quand il était enfant, il a vécu plusieurs années avec son grand-père. L'homme tenait le café de l'Excelsior. Cet endroit est désormais le réceptacle de tous les souvenirs de l'ancien gamin. Au gré de la mémoire, on découvre un passé chaleureux, bien qu'un peu crasseux, mais incroyablement doux. le cafetier était un de ces hommes massifs qu'on sait tous avoir croisé, au moins une fois. « Grand-père avait ses pudeurs et se retenait dans ses prophéties inspirées des alcools fruitiers ou bien encore des verjus de l'Anjou. Il fut donc un poète du silence et ce qu'il n'a jamais osé dire valait bien, j'en suis certain, un plein boisseau de lauriers tressés. » (p. 14) C'est un rustre colosse, un coeur immense sous des monceaux de bougonnerie.

Entre le gosse et l'ancêtre, il y a plus qu'un lien de parenté : le vieux protège le jeune et le jeune illumine le vieux. C'est une relation qui pourrait se passer de mots : inutile de nommer les sentiments quand les personnages les incarnent à ce point. « Grand-père ainsi me réécrivait le monde, l'arrangeait à sa façon, pour me plaire, me consoler, parfaire mon éducation familiale ou historique. » (p. 33) Mais comme annoncé très rapidement, l'enfant et l'aïeul ont été séparés. le lien ne subsiste alors qu'au travers des lettres que le cafetier envoie au gamin, d'une écriture lourde et malhabile. Mais cette correspondance gauche est une prose sublime pour le môme isolé. « Et c'est ce livre-là que j'emporterais, de préférence à tout autre, sur l'improbable île déserte. » (p. 78)

Le narrateur redevient le gamin qu'il était, ou plutôt l'enfant reprend ses droits sur le coeur de l'homme. L'amour transparaît au fil des mots et c'est une nostalgie bourrue qui s'exprime. L'enfant a fait sien le caractère de son grand-père et il ne peut évoquer son souvenir que la gorge serrée, se défendant des larmes qui perlent au coin des mots. Dans une langue superbe, Philippe Claudel donne ses lettres de noblesse au café, à l'estaminet d'antan, au troquet du coin. Il fait briller le zinc et remplit les verres. D'aucuns critiquent la philosophie du café du commerce : ne raillez pas la poésie du comptoir servie par la plume de Philippe Claudel.
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Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Va donc petit, je te pardonne, mange la vie car c'est du sucre à ton âge.
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Nous terminions notre périple sous les arbres taillés qui bordaient la place de la République. Au centre de celle-ci, la statue verdâtre d'un homme en redingote accueillait les merdes des pigeons avec une sérénité de bronze. Grand-père m'expliqua un jour qu'il s'agissait de Monsieur Thiers, un des plus fameux bouchers du siècle précédent, et que sa statue n'était pas là pour honorer sa mémoire, mais pour que les oiseaux de leurs fientes vengent toutes les créatures qu'il avait jadis assassinées.
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Nous délaissent sans prévenir les plus beaux de nos jours, et les larmes viennent après, dans les après-midi rejouées de solitude et de remords, quand nous avons atteint l'âge du regret et celui des retours. Les visages et les gestes que nous traquons dans l'ombre des puits de nos mémoires, les rires, les bouquets, les caresses, les silences boudeurs, les taloches aimantes, l'amour et le don de ceux qui nous mènent au seuil de la vie creusent notre souffrance autant qu'ils nous apaisent.
Nous vivons parmi de grands pans de lumière hâchés de noirs fracas. Il faut nous en convaincre.
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Le spectacle des vies simples, et des malheurs qui le sont tout autant, avait besoin de cet ordonnancement de théâtre, de gestes chaque jour refaits, et d'hommes qui connaissent leur rôle à la perfection, et le jouent sans jamais se lasser. Il s'agit vraiment de cela, en définitive, et de rien d'autre : la plus banale des destinées n'échappe pas à son mouvement de balancier.
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Nous délaissent sans prévenir les plus beaux de nos jours, et les larmes viennent après, dans les après-midi rejouées de solitude et de remords quand, nous avons atteint l’âge du regret et celui des retours. Les visages et les gestes que nous traquons dans l’ombre des puits de nos mémoires, les rires, les bouquets, les caresses, les silences boudeurs, les taloches aimantes, l’amour et le don de ceux qui nous mènent au seuil de la vie creusent notre souffrance autant qu’ils nous apaisent.

Nous vivons parmi de grands pans de lumière hachés de noir fracas. Il faut nous en convaincre. »
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« le rapport de Brodeck » de Philippe Claudel, c'est à lire au Livre de poche.
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