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EAN : 9782253072973
118 pages
Le Livre de Poche (01/12/2003)
3.74/5   243 notes
Résumé :
Le regard des gens qui apprenaient que j'allais en prison. Surprise, étonnement, compassion. "Vous êtes bien courageux d'aller là-bas ! "
Il n'y avait rien à répondre à cela. Le regard me désignait comme quelqu'un d'étrange, et presque, oui, presque, quelqu'un d'étranger. J'étais celui qui chaque semaine allait dans un autre monde. Je pensais alors au regard qui se pose sur celui qui dit : "Je sors de prison." Si moi, déjà, j'étais l'étranger, lui, qui était-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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Ce " petit " livre , 120 pages divisées en petits paragraphes n'aurait jamais dû me tomber entre les mains et pourtant ...Offert pour l'achat de deux , il m'est apparu comme un pis aller dans une sélection peu aguichante .Voilà comment le hasard ...Remarquez , écrit par Philippe Claudel , c'est un signe .Et me voilà , un soir , " embarqué " en prison par ...un prof de Français chargé de rencontrer et de guider des détenus vers la culture nécessaire à la survie dans le monde extérieur , jungle impitoyable devrait -on dire .
Et le charme , ou plutôt la magie opére . Pas de pathos . Des flashes . Des instants de vie en prison . Une immersion dans un monde dont tout un chacun parle à voix feutrée ,en le réservant aux autres . Ces courts extraits dégueulent d'humanité , le regard sur cette " vie " est pudique , franc , compréhensif , esthétique .Les mots , économisés comme avant le dernier soupir , sont d'une extraordinaire puissance et traduisent , non pas le jugement ou la compassion , mais la sincérité et le respect .Il faut lire le message , s'il y a message , entre les lignes .Claudel a côtoyé l'univers carcéral sans "être allé en prison " et a qualifié son texte de " faux - témoignage ".
C'est en tout cas un texte ou plutôt de petits récits bouleversants que je suis trés content d'avoir découverts grâce à ce hasard qui , il faut bien l'avouer , intervient si souvent dans nos vies .
Un regard remarquable d'intelligence sur ces femmes et hommes que , le hasard , ou le destin ou peut être simplement la vie , a obligé à emprunter un " autre chemin ".
A bientôt , chers amis et amies .
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Pendant plusieurs années, l'auteur a été professeur de français en maison d'arrêt. En peu de pages, en peu de mots, dans des phrases courtes et pudiques, il raconte les relations avec les détenus et les gardiens, ses réflexions sur son engagement auprès de la population carcérale. « Moi-même, que suis-je venu faire en prison pendant si longtemps, sinon acheter à crédit ma part de sommeil du juste ? » (p. 56) Il interroge ses motivations, ne cache pas la fatigue qui, à la longue, a usé sa volonté d'aider. L'auteur ne fait pas de grands discours et préfère la description à la démonstration. Il dit clairement qu'il ne sait pas tout et que son texte n'est ni un récit, ni un journal. C'est peut-être une déposition, en tout cas un témoignage pas tout à fait complet. « Et puis, ce qui alourdit mon faux témoignage, c'est que je n'ai connu la prison que d'un seul côté. » (p. 116)

Navigant entre le dedans et le dehors, Philippe Claudel n'est cependant pas le chaînon manquant entre la prison et le monde libre. Ces deux mondes sont cloisonnés : si la première rêve du second, le second fait de son mieux pour ignorer la première. Et l'auteur ne peut pas prétendre qu'il comprend ce qui se passe entre les murs et derrière les barreaux. « Mon temps terminé, je sortais de la prison. Je ne sortais pas de prison. Jamais je n'ai senti aussi intensément dans la langue l'immense perspective ouverte ou fermée selon la présence ou l'absence d'un simple article défini. » (p. 34) le bruit des trousseaux m'a parfois rappelé Longues peines de Jean Teulé, mais là où ce dernier essayait de construire des histoires et des personnalités, Philippe Claudel se contente d'éclats de texte et de visages entraperçus, comme une ultime tentative d'offrir un peu d'intimité à ceux qui en sont privés.

S'il était besoin, Philippe Claudel prouve une nouvelle fois l'immense respect qu'il a pour les êtres cabossés, qu'ils soient de papier ou de chair menottée.
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Témoignage qui met en exergue les valeurs humaines de Philippe Claudel.
A travers ses différents romans, on ressent beaucoup de sensibilité, on n'est donc pas étonnés ici d'apprendre que pendant des années il est allé faire des interventions dans la maison d'arrêt de Nancy.
Avec une pudeur que l'on connaît bien chez Philippe Claudel, il nous relate ce qu'il a vu , ce qu'il a perçu et vécu durant plus de dix années en tant que professeur auprès des détenus. Ce témoignage est fort car relaté avec talent et sensibilité. Une fois de plus je ne peux que terminer mon petit mot par un grand merci à un grand Monsieur.
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En rassemblant une multitude de témoignages, d'observations, de réflexions, de pensées, Philippe Claudel arrive avec le bruit des trousseaux à présenter une mosaïque sans moralisation sans jugement et sans tabou, rendant proche l'univers carcéral, un univers qui fait peur et où les acteurs nombreux - détenus, gardiens, famille, éducateurs, avocats, personnel médical essayent d'y trouver leur place et un certain équilibre.
Ces petits morceaux de vie permettent d'appréhender les conditions de vie, les relations entre détenus, les rapports de force, la sexualité, l'homosexualité, la violence, autant de sentiments exacerbés qui sont dits simplement et surtout sans a priori.
Un petit ouvrage grand par son humanité, une porte ouverte sur des vies enfermées, un texte qui reste lucide et sans angélisme.
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Bien avant « les âmes grises » ou « le rapport de Brodeck », Philippe Claudel s'intéressait à la complexité de l'âme humaine faisant le terreau de son oeuvre à venir. Pendant de nombreuses années, Claudel a été professeur auprès de personnes incarcérées. A travers ces courts témoignages, il donne la parole à ces hommes emprisonnés mais aussi à leurs gardiens. Des instantanés de vie entre les murs. Claudel ne juge pas, son regard n'est pas celui d'un voyeur, il donne juste son ressenti en tant que visiteur, l'envie de partager cette expérience difficile mais aussi extrêmement enrichissante. Avec ce talent narratif reconnu, Claudel réussit tout en pudeur à donner une image à la fois juste, sincère mais surtout terrible du milieu carcéral. Forcément intéressant.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Il y a beaucoup de mensonges en prison, mais ils sont moins graves qu'ailleurs car ils sont essentiels. On ment pour exister un peu plus et on se ment pour continuer à se supporter. Les crimes bien réels rejoignent les cauchemars, et tout alors prend l'apparence d'une histoire inventée. C'est à ce prix que l'on peut survivre. Pour supporter la prison, il faut devenir un autre.
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Le nombre de détenus qui m'avouaient qu'ils ne pouvaient rien faire, rien. Ni lire, ni écrire, ni se concentrer sur une émission radiophonique ou télévisuelle. Rien. La prison agissait comme un lavage qui emportait les fonctions intellectuelles même les plus rudimentaires. Ne restaient à l'homme, dans bien des cas, que des réflexes, les mécanismes végétatifs, les élans de survie.
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"Il ya beaucoup de mensonges en prison, mais ils sont moins graves qu'ailleurs car ils sont essentiels. On ment pour exister un peu plus, et on se ment pour continuer à se supporter. Les crimes bien réels rejoignent les cauchemars, et tout alors prend l'apparence d'une histoire inventée. C'est à ce prix que l'on peut survivre. Pour supporter la prison, il faut devenir un autre."
p.54
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Claude P. à qui je demandais chaque semaine, après nous être salués : «Quoi de neuf ? » et qui me répondait toujours: «Toujours pareil, la moitié de dix-huit ! » Ce jeu entre nous.
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Une écriture sèche comme une porte qui claque. Des instantanés pris à l'univers carcéral qui traduisent des sensations, des odeurs, des sons.
Cette forme fragmentaire donne une grande liberté (paradoxalement) à ce texte et une légèreté nécessaire pour parler de la dureté de ce monde.
Claudel réussit à nous émouvoir sans pathos (à partir de son expérience de prof intervenant en prison), à nous faire réfléchir sans grands discours. Très subtil et attachant même si certaines histoires mettent forcément mal à l'aise.

Humour noir et logique implacable:

"Charles C. était incarcéré depuis le démantèlement d'un réseau de pédophiles qui violaient des enfants et les filmaient. En prison, il s'occupa tout naturellement du circuit de télévision interne."

Entre deux:

"Deux détenus sortaient chaque matin les poubelles de la prison. (...). Ils marchaient sur le bord du trottoir comme sur une frontière. J'avais remarqué que, bien souvent, ils ne regardaient que le sol. Leurs regards restaient enfermés dans un périmètre de bitume, n'osaient pas se lever, embrasser tout le reste. Ils étaient tout à leurs gestes, ne s'attardaient pas, rentraient vite à l'intérieur de la prison."
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Connaissez-vous ce grand roman sur l'indicible mais aussi sur l'autre, sur l'étranger, que l'on doit à un écrivain contemporain et qui reçut le prix Goncourt des Lycéens ?
« le rapport de Brodeck » de Philippe Claudel, c'est à lire au Livre de poche.
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Philippe Claudel est professeur. Auprès de quel public particulier a-t-il enseigné ?

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