AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de andman


andman
18 décembre 2015
“Je m'appelle Brodeck, et je n'y suis pour rien.
Brodeck, c'est mon nom.
Brodeck.
De grâce, souvenez-vous.
Brodeck.”
Ainsi s'achève le roman de Philippe Claudel, “Le rapport de Brodeck” paru en 2007.

Il est rare de rencontrer un personnage de fiction aussi peu épargné par les atrocités de l'Histoire, de voir une jeune vie d'adulte jonchée d'autant de malheurs. Antihéros par excellence, Brodeck est par contre d'un pragmatisme stupéfiant. Il a connu l'univers concentrationnaire où on l'appelait “chien Brodeck” : chaque jour, une laisse autour du cou, il suivait à quatre pattes le kapo dans ses pérégrinations à l'intérieur du camp. Il est des circonstances extrêmes où l'amour propre et la dignité humaine perdent jusqu'au moindre sens, où l'instinct de survie commande de se rabaisser plus bas que terre...

Aujourd'hui, un semblant de vie reprend peu à peu dans ce petit village frontalier de quatre cents âmes niché dans la combe. La guerre est finie mais ses stigmates se rappellent chaque jour à Brodeck. Il a retrouvé sa femme Emélia aveugle et sourde mais aussi maman d'une petite fille conçue un soir de viols.
Heureusement la brave Fédorine est toujours là pour panser les plaies. Brodeck doit une fière chandelle à cette mère adoptive avec laquelle, voici trente ans, il est arrivé en charrette dans ce village perdu au milieu des montagnes.
Mais l'implacable destin a décidé de mettre une fois de plus le pauvre Brodeck à l'épreuve. le voilà contraint de sonder en profondeur la personnalité de chacun de ses voisins, de consigner sur le papier les circonstances qui ont conduit les villageois à commettre un acte aussi monstrueux que gratuit.

C'est une aubaine d'avoir entre les mains un roman aussi travaillé, à l'écriture si joliment ciselée ! le cadre est paradisiaque mais, ne vous y trompez pas, la noirceur de l'âme humaine vous le rendra bien vite infernal. Insidieusement, l'étroitesse d'esprit dénature toute beauté...
Merci Brodeck d'avoir avec tact et simplicité retracé votre histoire et soyez pleinement rassuré : le lecteur n'oublie jamais tout à fait les personnages valeureux et intègres, souvent même il a besoin d'eux pour l'aider à suivre son propre cheminement.
Commenter  J’apprécie          1484



Ont apprécié cette critique (109)voir plus




{* *}