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Critique de Bruidelo


Je sais, le mot est galvaudé, mais là que dire d'autre? «ÉNORME !» Et pas seulement parce que c'est un sacré challenge pour le metteur en scène: jouée, la pièce dure facilement une bonne dizaine d'heures. Comme le dit Olivier Py, on a l'impression que «C'est une oeuvre cosmogonique qui tente d'embrasser le monde». Dans le Soulier de satin, Claudel rompt les digues, laisse les flots tourbillonnants de son imaginaire, de sa créativité, nous emporter, brassant lieux et personnages multiples, des plus poétiques, comme l'Ombre double, aux plus farcesques, comme les pédants; les registres les plus divers se mêlent, du drame mystique à l'humour distancié de l'exhibition des artifices théâtraux, voire à un comique burlesque. La composition, immense, foisonnante, entrelace de façon complexe plusieurs fils narratifs: les amours de Prouhèze et Rodrigue, que Claudel rapproche des amants stellaires de la légende chinoise qui «chaque année après de longues pérégrinations arrivent à s'affronter, sans jamais pouvoir se rejoindre, d'un côté et de l'autre de la Voie lactée»; le merveilleux chant, la mélodie joyeuse des amours de Doña Musique; l'énergie bouillonnante de la lumineuse fille de Prouhèze, Doña Sept-Épées, aussi déterminée à combattre qu'à aimer; l'histoire des conquêtes espagnoles qui entraînent les personnages aux quatre coins du monde...

Mais c'est surtout l'originalité de la pièce, sa capacité à nous faire écarquiller les yeux et à nous plonger dans un étonnement rêveur qui impressionne. On se laisse porter par la beauté poétique du style, l'étrangeté envoûtante de son rythme, son côté mystérieux, par l'ampleur, la profondeur de l'univers si singulier, extrême, du Soulier de satin.
Et on se dit qu'on y reviendra encore, parce que, comme le déclare l'annoncier au début de la pièce, «c'est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau», et ce mélange d'éblouissements et d'obscurité a un sacré goût de revenez-y.
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