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Citations sur Parfums (136)

M'endormir seul n'a jamais été mon plaisir. Même enfant me manque un autre corps. Sa chaleur, sa puissance, sa douceur, son souffle tiède et les battements de son coeur. L'endormissement souvent me fait craindre le pire, qui n'est pas la mort mais l'abandon, la solitude interminable.
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Les portes des étables sont pour moi comme celles des églises; elles ouvrent sur un mystère et un silence à peine troublé de souffles et de mouvements lents, d'haleines chaudes, de poésie d'encens ici, de rumination repue là. Un recueillement. Dans l'ombre se joue l'Eucharistie. Parfum de crèche bien sûr, où l'aigrelet fumet du nouveau-né s'adoucit de l'haleine de l'âne et de celle du boeuf bienveillants.
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« Avant que mon aimée n’ouvre les yeux, avant même qu’elle ne me voie, qu’elle ne me sourie, ce que je veux étreindre en respirant sa peau et sa chevelure, c’est notre présence commune qui fait de ce réveil le recommencement de notre amour, l’aube ressuscitée d’une durable harmonie. » (p. 172 & 173)
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Le respirer le condamne, le gouter l’amnistie. Derrière ses allures de Quasimodo, de vilain canard ou de galeux, c’est un Prince qui pour apparaitre attend qu’on veuille bien l’apprécier. On se trompe si souvent sur les fromages ou sur les êtres.
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Vieillesse
- mon père n'a jamais manifesté aucune forme de tendresse - rattrapons le temps perdu. J'aime le prendre dans mes bras quand je viens le visiter ou quand je le quitte, et je fais durer ce moment. Son corps est devenu fragile et maigre. Les os de ses épaules sont tout proches, là où jadis muscles et graisse formaient de grandes masses compactes. Je le serre contre moi. Je l'embrasse plusieurs fois. J'ai l'impression émouvante d'étreindre et de respirer un très vieil enfant.
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Fleurs d'acacia aux odeurs de miel et de primevères, bourdonnant d'abeilles qui, pareilles à des silènes minuscules et velus, s'enivrent et titubent dans l'air doux. Nous autres, petits humains, cherchons sur les plus basses branches les grappes lourdes au teint de crème pâle. Nous les cueillons, ignorant nos blessures aux doigts et aux poignets, et notre sang qui perle signe notre courage. Je serre les jeunes mortes dans un linge et reviens à la maison, pédalant à m'en casser les jambes. Je passe devant les abattoirs endormis où les boeufs écorchés, pendus à leur crochet dans les chambres froides, méditent sur leur bref destin. Ma mère a battu la pâte. Nous y plongeons les grappes qui s'alourdissent d'une lave blonde. Alors, très vite, il faut les immoler dans l'huile bouillante afin que leur arôme profond ne meure pas mais s'emprisonne sous la croûte mince. Dorée.
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Chaque lettre a une odeur, chaque verbe, un parfum. Chaque mot diffuse dans la mémoire un lieu et ses effluves. Et le texte qui peu à peu se tisse, aux hasards conjugués de l'alphabet et de la remembrance, devient alors le fleuve merveilleux, mille fois ramifié et odorant, de notre vie rêvée, de notre vie vécue, de notre vie à venir, qui tour à tour nous emporte et nous dévoile.
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La guitare moelleuse de Mark Knopfler accompagne les fumées qui montent au ciel. Si je ne suis pas pratiquant, j'inhale une telle quantité de cannabis dont le parfum de tisane, d'herbe morte, de feu de friches, de médecine naturelle et de bois sec me ravit, que je n'en sors pas indemne. Le monde se met à ressembler à un univers de montres molles. Les meubles deviennent élastiques et se mêlent aux discussions. Les lumières dansent tout comme Nanou qui, debout sur la table basse, tient absolument à nous montrer ses seins. Le kilim qui masque le parquet veuf de nombreuses lattes ondule à la façon de l'échine d'un souple animal
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La chambre d'hôtel, c'est le lieu où on n'utilise pas le même savon qu'à la maison. Parfois, je n'y écris rien. Le lieu s'y refuse et je ne cherche pas à comprendre pourquoi. Parfois, j'y écris des heures en oubliant ma vie et le cours du temps.
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C'est au soir des dimanches que ma mère revêt les lits de draps propres, draps dans lesquels durant tout le jour elle a emprisonné le vent, et j'aime plus que tout ces draps frais, l'hiver, quand la bise les a battus et raidis, parfois gelés, et qu'ils conservent de cette gifle un je ne sais quoi de neigeux et de glacial, rendant encore plus rêche la chair grenue et blanche de leur toile ancestrale.
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