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sur 274 notes
Ma Lorraine, ma terre, mes parfums, je le sais maintenant, je les partage avec d'autres et notamment Philippe Claudel.
J'ai achevé la lecture de cet ouvrage depuis quelques mois déjà mais j'ai attendu pour voir ce qui allait se déposer dans ma mémoire, je ne suis pas déçue.
Hugo le disait, la mémoire olfactive est la plus fidèle de toutes. Quand un parfum est entré dans votre narine et surtout s'il est accompagné d'une charge affective importante, il reste à jamais gravé dans votre tête.
Philippe Claudel égrène les parfums comme un canevas de souvenirs et nous livre un portrait intime très émouvant.
Il parlera encore plus à ceux qui dans l'enfance ont humé dans la cave les parfums de mirabelle. le parfum de ces petites prunes dorées est si puissant qu'il hante encore les lieux alors que nous n'en stockions plus depuis des années!
Il résonnera dans le coeur de ceux qui se souviennent avoir humé les vêtements de l'être cher, trop tôt disparu en cherchant des mois après le parfum et la douce chaleur de son corps.
Le parfum ne rime heureusement pas qu'avec la mélancolie et la recherche d'un paradis perdu: il peut être renaissance du désir,de la sexualité et de la vie.
Les odeurs nous renvoient à tout, à la vie, au plaisir et à la mort.
Merci à Philippe Claudel qui nous donne preuve en est que les hommes ne sont pas que des visuels, ils sont comme les femmes doués d'une grande sensualité!
Un livre que j'aurai plaisir à revisiter!
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Philippe Claudel nous présente de courts textes classés par ordre alphabétique. Un classement très pratique dans mon cas, pour retrouver un extrait qu'on désire relire.
Passé ce petit détail technique, nous entrons dans les souvenirs de l'auteur, certains liés à son enfance en Lorraine près de Nancy, d'autres en tant qu'adolescent, jeune adulte et enfin des souvenirs plus proches.
Une grande poésie se dégage de l'écriture, une sensibilité, un ton juste, une écriture précise et ciselée avec de très beaux mots pour décrire les ambiances, les parfums liés au thème choisi.
Son âge n'est pas loin du mien, je peux donc, à travers des mots, visualiser des objets que j'ai connus, des ambiances de villages pleins de vie , sentir des odeurs que j'ai emmagasinés dans ma mémoire.
J'avais le livre depuis sa sortie en 2012 avec comme très belle couverture - jaquette, une partie du tableau de Klimt," les trois âges de la femme " dont il parle dans son texte "Enfant".
Je relis souvent mes textes préférés :
- Ail où le couteau de sa grand-mère le fait partir vers l'image du lapin qu'on tue et déshabille. L'image se dessine très précisément dans ma tête.
- le brouillard qui lui permet de rentrer au plus profond de lui-même.
- La cannelle qui nous donne cette bonne recette de vin chaud dont je me souviens quand j'en prépare.
- Dans La cave, il aborde le sujet de l'électricité que les personnes âgées n'allumaient que lorsqu'on n'y voyait presque plus rien. Un souvenir partagé chez une de mes grands-mères qui adorait papoter dans la pénombre avec ses visiteurs. On lui rappelait alors qu'il était peut-être nécessaire d'allumer.
- L'Église qui lui donne l'occasion de nous fournir des réflexions savoureuses.
- l'' École qui nous fait sentir l'ancienne odeur de la colle qui sentait l'amande...
...et bien d'autres souvenirs que j'ai partagés avec l'auteur ou d'autres textes sur des évènements, des sentiments , des ressentis que j'ai découverts .
Un livre qui ne se range jamais définitivement.


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C'est un véritable coup de coeur que j'ai eu tout récemment pour l'écriture si particulière de Philippe Claudel en découvrant son roman Les Âmes Grises. C'est donc avec un plaisir non dissimulé que je me suis plongé dans son Parfums.

L'auteur nous livre ici des petits instantanés du passé, couchés sur le papier comme pour mieux les graver à tout jamais. Ces courts textes sont comme un hymne à la mémoire, une célébration intime de petits riens. Qu'y a-t-il de plus doux que de se replonger dans ses pensées et de se laisser emporter par les parfums rassurants du passé ?

Non, ce n'était pas mieux avant mais cet avant porte en lui la patine du temps. le temps qui adoucit et embellie les souvenirs. le temps qui atténue le plus souvent la douleur.

Parfums fleure bon la nostalgie des petits instants d'antan, de leurs souvenirs aux effluves multiples et pluriels. Humer le parfum d'une femme, de son cou, de son sexe, respirer l'odeur d'une pièce humide, d'un vêtement oublié ou s'enivrer des arômes d'épices d'Orient et replonger dans l'avant.

Voir ressurgir des images qu'on croyait oubliées, retrouver nos regrettés disparus, c'est à tout ça et bien plus encore que nous convie l'auteur. Parfums d'autrefois aux délicates saveurs de l'enfance, parfums de vies, parfums de la vie, parfums du passé, parfums d'éternité... Essences et réminiscences…

Pour finir, je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager ce passage qui évoque si subtilement le munster, fromage généreux en odeur s'il en est : « le respirer le condamne, le gouter l'amnistie. Derrière ses allures de Quasimodo, de vilain canard ou de galeux, c'est un Prince qui pour apparaitre attend qu'on veuille bien l'apprécier. On se trompe si souvent sur les fromages ou sur les êtres. » Que dire de plus après ça ?

Ouvrez ce livre, caressez-en les mots du regard, humez-les et délectez-vous de ces soixante-trois savoureuses petites madeleines.



Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Philippe Claudel nous propose une infinité de voyages qui commencent au seuil des narines et qui remontent le temps et les souvenirs. Son abécédaire olfactif se compose de madeleines de Proust délicates, robustes, répugnantes ou éthérées. Qu'il parle d'ail, d'ombellifère ou de gymnase, ses descriptions sensitives sont des hommages au passé. S'il a classé les parfums de son laboratoire personnel par ordre alphabétique, l'auteur ne suit par d'ordre chronologique. On saute de ses questionnements d'adolescents à ses chagrins et ses bonheurs d'enfants pour mieux revenir aux évidences de son présent ou de son passé immédiat.

Sous la plume de l'auteur, les odeurs vêtent leurs plus beaux atours. Les nuages qui frôlent le sol se parent d'impressionnisme : « Extracteur à froid de parfums suspendus et potentiels, le brouillard sabote le paysage quotidien pour le donner à voir et à sentir autrement. » (p. 36) Pendant ce temps, l'essence de la mort est plus métaphysique que jamais : « Depuis cet instant, je sais que la mort a un parfum d'éther. Et je ne cesse de m'entraîner en vue d'une apnée infinie. » (p. 98) Et comment ne pas balbutier d'émotion devant l'intense lyrisme qui entoure les odeurs du réveil ? le Cantique des cantiques est transfiguré dans cet entre-deux qui sépare le sommeil de la veille : « Avant que mon aimée n'ouvre les yeux, avant même qu'elle ne me voie, qu'elle ne me sourie, ce que je veux étreindre en respirant sa peau et sa chevelure, c'est notre présence commune qui fait de ce réveil le recommencement de notre amour, l'aube ressuscitée d'une durable harmonie. » (p. 172 & 173)

Comme un alchimiste, Philippe Claudel manipule les essences : il mélange fragrances et puanteurs dans un alambic superbe qui exhale des souvenirs puissants. Il est un chimiste audacieux qui convoque un fromage agressif à côté d'un suave acacia. Parfois épicurien mélancolique, voire nostalgique, il devient jouisseur gourmand et curieux et plonge à plein nez dans les odeurs qui ont marqué sa vie. Dans cet inventaire à la Claudel, nul doute que vous trouverez aussi des parfums familiers.

Faut-il que je vous redise à quel point je suis sensible à la plume de Philippe Claudel ? À mon sens, il est un des plus grands auteurs du 21è siècle, celui que je convoque dès que je doute du futur de la littérature. Pour comprendre et déguster Parfums¸ replongez dans le rapport de Brodeck où les odeurs de la terre sont plus pures que les émanations des hommes ou visitez Meuse l'oubli pour comprendre le parfum de victoire de l'amour face à la mort. Parfums n'est pas un roman : c'est un subtil recueil d'évanescence, une palette d'impalpable.
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Ce ne sont pas des nouvelles, plutôt des textes très courts dédiés à l'odorat, aux souvenirs liés aux parfums, quels qu'ils soient : acacia, cannelle, chou, draps frais, église, maison d'enfance, pissotières, sexe féminin, torréfaction, vieillesse... Philippe Claudel nous fait voyager dans ses souvenirs les plus intimes grâce à ces petits textes élégants, ciselés, rédigés de main de maître. Ces textes sont des petits bijoux, des friandises. Cependant, j'ai un faible pour les romans de l'auteur où il s'exprime plus amplement sans être contraint par la longueur du récit. Ainsi, aucun texte de Philippe Claudel, n'a pu égaler jusqu'à présent mes lectures de "Les âmes grises" ou "Le café de l'Excelsior", question de goût, de sensibilité de lectrice... Mais Philippe Claudel reste pour moi Un Maître, un immense auteur contemporain.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Philippe Claudel nous entraîne dans le long labyrinthe de sa mémoire en déroulant un long ruban parfumé. A travers soixante-trois textes ciselés, classés par ordre alphabétique, il restitue les senteurs de son enfance dans sa ville natale, Dombasle près de Nancy.

L'après-rasage de son père, l'odeur du lard frit, la piscine, les pissotières, les églises, le sexe des femmes, la crème solaire, la terre, l'alambic, ces courts textes ressemblent à un tableau impressionniste odorant, l'imagination galope en les découvrant, les odeurs de notre propre vie viennent nous chatouiller les narines.
J'avais déjà aimé «Les âmes grises », « le rapport de Brodeck », « La petite fille de Monsieur Linh » et « Parfums » permet de connaitre Philippe Claudel de manière plus intime. Ces textes sont crus, sensuels mais jamais impudiques.

Un joli bouquet de mots aux délicieuses sensations….
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Je croyais mon enfance totalement disparue, je pensais que ma mémoire m'avait lâchée, pour une obscure raison.
Et puis…. « Parfums » m'a reliée à mon passé, j'y ai retrouvé, intacts, tous mes souvenirs !
Ce livre a été une révélation, et je pèse mes mots.

En énumérant ces odeurs très diverses, qu'elles soient de la nature, des gens, des choses, des aliments, des lieux, Philippe Claudel s'immerge dans son enfance et son adolescence passées dans sa Lorraine où il habite toujours. Il fait référence à une multitude de situations personnelles mais qui m'ont touchée profondément car je m'y retrouvais, à ma manière.
Il parle de ses parents, j'ai retrouvé les miens.
Il parle de ses copains et de leurs jeux, j'ai rejoué en pensée, moi aussi.
Il parle des séances chez le coiffeur, des visites chez le médecin, je m'y suis revue.
Il parle des douches collectives, du gymnase, de la piscine, je m'y suis plongée.
Il parle des animaux, de l'acacia, des champs sous le soleil, des rivières, je les ai sentis moi aussi, comme je les sens encore.
Il parle des tomates en train de cuire, du steak à l'ail cuisiné par sa grand-mère, je les ai goûtés à nouveau, sous les yeux vigilants de mes parents et grands-parents : « Mange tout, c'est bon pour la santé ».
Il parle aussi du cimetière, de la maison d'enfance prête à être vendue, de la vieillesse… et là, une flèche s'est fichée en mon coeur. Nostalgie, peine immense, mais envie de vivre.

Il parle, il parle…et moi je vogue sur ses mots magiques et poétiques, heureuse d'être mélancolique.
Heureuse d'avoir lu ce livre essentiel pour moi, car il m'a permis de retrouver mon passé, intact, à ce moment de ma vie où ayant perdu mes parents et ma maison d'enfance, j'avais peur de me perdre moi aussi.
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Philippe Delerm avait stimulé nos sens avec sa “première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules “, Philippe Claudel emprunte ce chemin en nous rappelant les parfums de notre enfance.

Ces souvenirs sont inscrits dans notre mémoire olfactive et la force d'évocation de l'auteur est prégnante comme celle qui nous plonge dans la petite enfance.

Ses 63 chroniques sont classées par ordre alphabétique de l'acacia au voyage, en passant par le chou ou le munster.

Claudel égrène ses souvenirs nostalgiques, mais toujours touchants.
J'ai partagé cette évocation qui le ramène en Lorraine et j'ai perçu l'odeur de la piscine de Nancy-Thermal que j'ai également fréquentée.

C'est ma deuxième lecture de ce livre poétique qui pourra encore se renouveler tant le texte est riche.
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"Je suis comme les livres. Je suis dans les livres. C'est le lieu où j'habite, lecteur et artisan, et qui me définit le mieux."
Ainsi, si chaque lecteur fait corps avec un livre, "Parfums" permet à son auteur, Philippe Claudel, de revenir sur les parfums qui le bercent depuis son enfance et qui font de lui l'homme qu'il est aujourd'hui, et de partager tous ces parfums avec le lecteur qui lui-même replonge dans ses souvenirs.
Voyage littéraire olfactif, "Parfums" s'intéresse à tout, du plus important au plus insignifiant, ne se limitant pas à des parfums de fruits ou de fleurs, mais également à celui attaché à un lieu, comme une chambre d'hôtel : "Son parfum véritable, c'est celui de notre brièveté et de notre inconsistance.", avec un arrière-fond de mélancolie par rapport au temps qui passe et qui n'épargne rien ni personne : "Le temps ferme les portes et dépend les enseignes sans placarder nulle part d'avis de décès.".


Philippe Claudel est Lorrain, et son livre, outre le fait de rendre hommage aux parfums qui ont bercé son enfance, son adolescence et sa vie d'adulte, est aussi une ode à cette région de France.
En le lisant, il suffit de fermer les yeux pour voir les paysages et de respirer pour sentir les odeurs décrites, ainsi lorsqu'il est question de l'odeur de l'alambic il n'est pas possible de la dissocier de l'alcool de mirabelle et d'imaginer l'arbre couvert de fruits : "Sans doute au ciel s'enivre-t-on de ces vapeurs, mais sur terre, nous, qui ne sommes plus des anges et pas encore des démons, devenons grâce à elles des faunes hébétés zigzaguant à vélo, riant pour rien, heureux, ivres de cette brise d'alcool et ivres de la vie.".


Je ne qualifierai pas "Parfums" de roman autobiographique, je trouve au contraire que ce livre a une portée universelle car il renvoie chacun à sa vie, à ses souvenirs, à des personnes ou des lieux qui aujourd'hui n'existent plus et qui pourtant restent gravés dans la mémoire : "Chaque lettre a une odeur, chaque verbe, un parfum. Chaque mot diffuse dans la mémoire un lieu et ses effluves. Et le texte qui peu à peu se tisse, aux hasards conjugués de l'alphabet et de la remembrance, devient alors le fleuve merveilleux, mille fois ramifié et odorant, de notre vie rêvée, de notre vie vécue, de notre vie à venir, qui tour à tour nous emporte et nous dévoile.".
Je me suis retrouvée dans certains des écrits de l'auteur et cette lecture m'a amenée à repenser à des personnes ou à des lieux sans tristesse.
Comme l'auteur, chaque lecteur est finalement amené à se promener sur le chemin de sa vie, et c'est cette promenade des plus agréables que nous propose Philippe Claudel à travers son livre.
Il s'agit d'un recueil de nouvelles, la lecture en est donc rapide et sans lassitude, d'autant que l'auteur jongle habilement entre les parfums, ne respectant pas d'ordre chronologique.
Chaque nouvelle se présente donc comme une photographie d'un moment passé, qui pourrait resurgir à n'importe quel moment, dans n'importe quel endroit, juste parce qu'une odeur, un paysage ou une personne déclenche un souvenir.
Le style littéraire de Philippe Claudel est net et précis, son écriture est fluide et il arrive parfaitement à véhiculer des émotions avec les mots employés.
Je tiens également à souligner que la couverture est particulièrement soignée et belle, elle illustre d'ailleurs assez bien la proximité entre l'auteur, son écrit et le lecteur, et le moment de partage qui se déroulera au cours de cette lecture.

Philippe Claudel, auteur/dramaturge/cinéaste plutôt discret, livre avec "Parfums" un bijou magnifique dans un écrin d'émotions qui trouve un écho en chaque lecteur et s'affirme encore plus comme une des plus belles plumes de la littérature d'aujourd'hui.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Un livre qui ressemble dans sa conception à celui de Delerm et ses plaisirs minuscules. Dans Parfums Philippe Claudel effeuille l'alphabet et décline chaque lettre en une pétale odorante, qui diffuse les tendres senteurs de l'enfance, de mélancoliques effluves du passé et les remugles de la vie.
L'écriture est belle, légère comme les robes des filles levées par les souffles chauds de l'été, elle est riche de mots souvent oubliés, mais glisse dans le gosier littéraire en rafraîchissant la mémoire.
Cette lecture a été un beau moment de poésie, à flâner entre des arômes de souvenirs ou de tableaux familiaux. Les quelques heures à humer la nostalgie de l'auteur m'ont donné très envie de découvrir le reste de son oeuvre...
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