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Le Royaume du Nord (Clavel) tome 1 sur 7
EAN : 9782226016775
284 pages
Albin Michel (11/02/1983)
3.88/5   290 notes
Résumé :
Nul mieux que Bernard Clavel ne sait communiquer les grands mouvements de la nature, ses splendeurs et ses secrets. Nul mieux que lui n'exprime les émotions des âmes simples. Ses personnages nous bouleversent à force de tendresse et de générosité. Bernard Clavel sait faire parler les coeurs. Il semblait né pour nous conter ce Grand Nord où la vie de chaque jour est encore une aventure, où l'histoire de chaque famille est une vraie saga, ce pays qui renouvelle totale... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 290 notes
Nature writing. Ce livre célèbre la Nature, les Indiens, et les pionniers. Eux seuls en sont les acteurs, autour d'un pont à bâtir sur le fleuve Harricana qui va se jeter dans la baie d'Hudson.
La construction du pont doit faire passer le trans-canadien au dessus du fleuve.
Alban et Catherine Robillard, prévoient la construction d'une petite agglomération à cet endroit ; ils sont venus avec les enfants pour s'implanter devant ce fleuve afin d'ouvrir un magasin général. Mais ils doivent faire face aux rigueurs de la nature. Ils arrivent juste avant l'hiver, et il fait moins 60.
.
Les combats sont atroces : deux terribles vents contraires luttent l'un contre l'autre, tels des colosses ;
l'hiver est rude. Des caribous, les pattes ayant percé la glace d'un lac, se débattent, le ventre posé sur la surface gelée ;
le jeune Georges Robillard lutte contre la congestion qu'il a attrapée, pendant que son oncle, trappeur, coureur des bois, lutte contre les congères pour chercher un médecin à Cochrane, et qu'un vieil Algonquin propose ses services de guérisseur ;
au printemps, la fonte des glaces et des neiges fait se déverser, avec une force peu commune, des torrents déviés qui reprennent leurs pente naturelle, emportant tout au passage ;
la forêt, vaincue par les défricheurs, reprend petit à petit ses droits ;
l'été arrive et un incendie géant, avivé par un vent féroce, semble vouloir, telle une âme divine, détruire le village nouveau-né, pour que la Nature reprenne ses droits.
.
L'écriture est belle, poétique. le vent, la forêt, l'eau, le feu sont comparés à des boxeurs ou un tigre qui ruse avec sa proie, les hommes qui le combattent. Bernard Clavel met le lecteur dans la peau des pionniers. On suit Raoul, "le coureur des bois", à grandes enjambées, on s'inquiète comme Alban de la faisabilité du projet, on est ferme comme Catherine pour veiller sur sa progéniture, on rêve à "la trappe" et aux "campes" comme Steph qui idolâtre son oncle Raoul.... mais aussi, on pense aux Algonquins, qui étaient là avant, et qui sont prêts à distribuer leurs onguents pour les Blancs malades....
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J'aime profondément la Nature, la forêt, les arbres, les lacs, les rivières, la neige, les rochers, la mer. J'ai fait deux jours inoubliables de canoë avec une tente, descendant une rivière calme et un lac, au dessus de Montréal. C'était l'été !
Pour moi, la Nature est plus belle que la ville. A quoi sert la civilisation du "vite-vite", du "Toujours plus" , de l'intolérance ?
Pour l'argent, les hommes ont massacré les Indiens d'Amérique du sud comme ceux du nord. Au nom de quel principe a t-on le droit de tuer nos hôtes ?
Il semble malgré tout que le Canada, qui a une Histoire compliquée comme tous les pays, ait eu plus d'humanité envers les peuple autochtones. "Les Algonquins poursuivent le gouvernement du Québec, contestant la loi sur les mines. "... Ce qu'il reste de Comanches peuvent t-ils en faire autant contre Donald Trump ?
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Dommage que ces terres n'aient pas eu un Gandhi, avec des millions d'indigènes derrière eux, pour chasser les importuns.
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Fin du XIX ème siècle, la famille Robillard vit sur des terres arides du Canada, leurs conditions de vie est de plus en plus difficile. C'est alors que Raoul, le coureur de bois vient annoncer à sa famille qu'il a trouvé un endroit qu'il estime beaucoup plus intéressant. le seul problème: il se trouve à 20 jours de marche, de canotage, de portage... à travers une nature sauvage, quasi vierge de la présence de l'homme.
Voila la famille qui se trouve le lendemain à déménager tout le bardas avec le père, un éternel pessimiste, la mère à la volonté inébranlable, le fils ainé Stéphane 13 ans qui idolâtre son oncle Raoul, ainsi que son frère et sa soeur de 6 ans.
Le périple de la famille est long mais leur acharnement finit par payer car ils parviennent tant bien que mal à un endroit stratégique sur le tracé de la voie ferrée en construction qui reliera l'atlantique au pacifique.
L'histoire de ces colons Canadien est captivante et nous sort de notre environnement douillet pour nous immerger dans des hivers dont les températures plongent à -60°, dans un monde vierge ou tout est à construire. Seule la capacité à se projeter dans un avenir idéalisé et la connaissance de la nature ont put permettre la survie de ces pionniers des terres du nord qui traversent les épreuves avec tant résignation (mais ont-ils le choix?).
La plume de Bernard Clavel est pleine de poésie pour nous décrire ce climat et la faune grouillante qui l'habite. Je garde à l'esprit cette scène qui décrit un cerf luttant tout une nuit avec la glace dont l'étreinte mordante finira par avoir raison.
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J'ai fini "Harricana" depuis plusieurs semaines et je ne sais toujours pas quoi en dire...Tant je reste émerveillée par le talent de plume de Bernard Clavel...

Il est l'écrivain de la Terre et des Hommes... de la Nature toujours en mouvement et son talent pour nous la décrire me laisserait interdite, au point de demeurer silencieuse, s'il n' y avait ce besoin de partager qui finit toujours par pointer le bout de son nez, malgré soi parfois, comme c'est le cas ici....
Car oui, il est de ces oeuvres que l'on aimerait garder pour soi, en soi, profondément enfouies au creux de notre âme et égoïstement lovées dans notre intimité, au point de ne rien en dévoiler, au point de protéger leur beauté, de peur d'en perdre le plus petit éclat ; ne rien dire du feu qui nous a animés à leur lecture craignant que le foyer n'étouffe, ne rien révéler de la fièvre qui nous a laissés las et suffocants, garder pour soi chaque mot, précieux comme une pépite.
Et se souvenir, à chaque jour, de notre émotion, vive comme un ruisseau, et
apaisante comme un baume sur une plaie... Car ça a été tout cela pour moi "Harricana"...

Pourtant, cette générosité contagieuse de l'auteur a fini par me donner les mots pour dire et partager....

Entre poésie et réalisme cru, entre envolées lyriques et simple énoncé de faits, entre le ciel et la terre, entre le fleuve et la forêt, Bernard Clavel nous emprisonne dans un récit passionnant, une histoire simple que l'on aimerait avoir vécue.... L'homme aux prises avec le vent, la neige, le feu et les eaux.... L'homme non pas résigné mais toujours recommençant...
L'homme et la nature non pas en lutte mais en apprivoisement réciproque et perpétuel....
Et je regarde sur l'étagère le recueil regroupant les 6 romans du "Royaume du Nord" et je le feuillète avec autant d'envie que d'appréhension... Car oui, je vais l'aimer ce cycle, le dévorer et m'y ensevelir mais aussi, je vais m'y perdre et toucher du doigt ma petitesse et le lointain de mon rêve...
Voila ce qu'Harricana m'a inspiré : peur et désir.... Émerveillement et consternation, admiration et chagrin mais aussi curiosité et courage, soif et ardeur, appétit et bravoure....
Ce récit de pionniers venus chercher fortune dans des terres si hostiles, cette narration si exaltée et cette beauté du mot juste à chaque phrase, chaque description plus émouvante que la précédente et jamais rébarbative ni ennuyeuse...
Voila ce que je m'apprête à lire, ce à quoi "Harricana" m'a préparée....
Et si j'y arrive, je reviendrais vous dire....

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Les romans français que j'ai lus récemment m'ont plu ("L'écrivain de la famille" de Delacourt, Testud, ...) ou pas (Foenkinos), mais ils me parlaient de moi, de cette époque, de nos difficultés, de nos tentatives de nous accommoder avec le présent. Et puis on ouvre "Harricana", et on redécouvre ce qu'écrire veut dire, ce que le Roman doit être : une fête de l'imagination, de l'évasion, du vocabulaire ; une générosité presqu'intarissable de l'écriture ; un amour de l'histoire contée, et de ses personnages ; une accessibilité des situations, une universalité des sentiments. "Harricana" est un livre simple, ample, riche, magistral, vibrant, vivant.
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Un français qui, en 1982, écrit du nature writing. Je cite Bernard Clavel : un roman inspiré de la réalité. Une famille de pionniers qui se dirige vers le nord du Canada où se construit une ligne de chemin de fer. C'est Raoul qui va les guider. Un sacré personnage attachant qui se veut libre, admiré par son neveu Stéphane qui le prend pour modèle. Dommage que ce sujet est vite oublié par la suite ! Épopée d'aventuriers courageux. Je n'ai pas trop adhéré au style. Un côté instit qui explique le pourquoi du comment. Trop d'alternances brusques sur la nature. Phrases ou expressions qui m'interrogent. Exemple : « Raoul venait d'ouvrir la portière de la tente. » Peut-être en québécois ?
Relecture. 2 étoiles enlevées. Faut dire qu'entre ces décennies sont apparues les éditions Gallmeister.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Vint un temps de cristal. Des journées limpides. Des nuits scintillantes et craquantes pareilles à un brasier glacial. Plus le froid augmentait, plus la lumière s'intensifiait. Sur la meule blanche des neiges durcies, le vent aiguisait sans relâche ses lames d'acier couleur de ciel. C'était le terrible nordet qui file plus vite que les autres, harcelé par le froid qu'il a réveillé au passage, très loin, sur les étendues arctiques. Le vent de l'ours et du loup, qui taille les banquises et leur effile les dents. Le vent moissonneur de toundras qui porte dans sa gueule la faux de la mort. Une belle mort rieuse sous des éclaboussures de soleil.
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Sur les étendues des pays nordiques, la mort court,plus vorace qu'ailleurs, plus famélique. La vie est rare. Elle se défend âprement. Les imprudents,les faibles, les étrangers,ceux qui sont venus là sans savoir que la mort y réside en permanence, sont des proies faciles. La plupart du temps on ne l'entend pas approcher. Elle vient de nuit,confondue avec l'ombre des bois ou librement, volant au ras du sol,tourbillonnant, vêtue de soie légère. C'est à peine si les gens et les animaux terrés dans leur tanière perçoivent un frôlement. Elle peut entrer partout, même en ces lieu ou nul vent ne pénètre.
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En tout cas, rappela Raoul, vous savez ce que je vous ai dit : pour la nuit, faudra que les provisions soient couvertes, et le plus près possible de la tente. Les ours, ça craint ni Dieu ni diable et ça ravage tout ce qu’on laisse traîner. C’est des bêtes qui sont juste là pour t’apprendre à avoir de l’ordre.
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....Il (le vent) enveloppait les maisons des vivants, il serrait dans leur linceul les morts qu'on ne pouvait enterrer dans le sol devenu roche, il talonnait les voyageurs sur les pistes glissantes qu'il barrait ça et là de congères. Les animaux le sentaient venir de loin. Le poil se terrait, la plume lui faisait face pelotonnée, l’œil mi-clos.
Plus les morts que prend l'hiver sont petits, plus il paraît injuste qu'il les emporte. Toutes les mères à qui il a volé un enfant le haïssent. Elles écoutent le vent hurler dans les nuits ;
il passe avec des grincements, des croassements, des coups de griffe qui font penser au vol des charognards.
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Sur toute l'étendue du pays, la terre se mit en mouvement. Carapace fiévreuse, elle se craquelait de toutes parts, soulevée par l'humeur que secrétait un mal sans remède.
Le printemps venait d'éclater, pareil à un fruit gorgé de sucre.....
....
Fleuves, rivières et lacs craquaient dans un vacarme de cataclysme, soudain hérissés d'énormes banquises aux cassures de jade. ....
.... Ainsi une partie du continent, chaque année, depuis des millénaires s'en va-t-elle à la mer sans qu'il y paraisse vraiment autrement que dans ce mouvement....
... Née du soleil et de la lune, montait cette merveilleuse douleur qui fait soupirer, gémir, bramer ; courir et trépigner ; mordre et lécher..
... Le temps était venu de la montée du sang dans les membres encore gourds des arbres étonnés. Les bourgeons s'alourdissaient....
... A l'éveil de la nature, s'ajoutait cette activité des hommes. Elle apportait sur l'Abitibi un lot nouveau de joie et de souffrance, un fardeau de douleur, de peine et d'espérance.
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