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Critique de Laurapassage


De part son synopsis, le foyer, premier tome de la saga Les vigilantes m'a tout de suite tapé dans l'oeil. Étant une grande fan de dystopies, j'avais hâte de découvrir celle de Fabien Clavel et je remercie les éditions Rageot pour cette opportunité.

"Et les portraits de Ferentz aux stations de tram, de métro et de bus. En quatre mètres sur trois à la place des publicités. En couverture des magazines, des journaux. On dirait qu'il n'y a plus qu'un seul sujet d'article... C'est un sacré culte de la personnalité."

La Garde Noire est composée d'orphelins qui surveillent les habitants du pays. Plutôt que d'être envoyée au plus haut rang de celle-ci grâce à son niveau supérieur à tous, Anna se retrouve chez les Vigilantes après avoir passé son enfance au Foyer. Censée l'avoir endoctrinée à la cause de Ferrentz, le dictateur régissant le pays, la jeune fille garde au fond d'elle de nombreux doutes quant à la société actuelle où les libertés de chacun sont mises à rude épreuve. Elle ne sait plus trop ce qui est vrai et se laisse ainsi dirigée par ses intuitions qui la mènent parfois droit dans la gueule du loup. Mais elle est prête à tout pour comprendre et enfin connaître la vérité, sur ce qui se passe réellement dans son pays. de prime abord, elle se montre forte et pourtant, la peur la domine : celle de découvrir tout ce qu'on lui a caché, celle de perdre ceux en qui elle tient, notamment Irisz sa soeur de coeur bien plus naïve qu'elle, celle se tromper sur ce qui se passe vraiment dans sa société. Partagée entre sa meilleure amie qui a déjà choisi son camp, la faille d'opposants qu'elle doit surveiller et Vilmosh son supérieur qui se croit tout permis, elle doit prendre une décision sur qui elle est et ce qu'elle veut.

Les vigilantes est un livre qui ne cache rien. Bien que l'histoire avance peu et apparaît plutôt comme une belle mise en place de l'univers dystopique qui y est représenté, Fabien Clavel n'épargne pas ses lecteurs. Alors qu'on a l'habitude de voir les héros en difficulté dans ce genre de récit, Anna vit ici des péripéties aussi violentes que malsaines. Et c'est un plaisir de découvrir enfin des situations qui mettent mal à l'aise, dans la plupart des cas à peine évoquées. Ainsi, le mal prend des formes diverses plutôt inédites dans la littérature Young Adult. La violence y est bien sûr de mise, mais il est aussi question de manipulation et de torture sous différentes formes, que ce soit sur des personnes dites faibles dont il est facile de se jouer, mais aussi mentalement, physiquement et même sexuellement. Une avancée marquante quand on lit encore et encore des combats ou tortures physiques dans une majorité de livre du genre, mais que la manipulation pure et simple et l'abus sexuel ne sont que peu traités car tout simplement vus encore plus malsains que le reste. Rassurez-vous, les scènes ne sont pas du tout difficiles à lire et le cinéma montre des sévices bien plus difficiles dans n'importe quel film. Mais il faut souligner le courage de Fabien Clavel d'exposer tous ces formes existantes de brutalité, faisant de la violence pure quelque chose de banal alors que c'est un acte aussi pervers que le reste.

"On s'endort plus tranquillement quand on sait qu'on n'est confronté à aucun choix, qu'il n'y a plus qu'à obéir."

Cette dystopie a aussi le mérite de se présenter comme un avenir plausible dans un futur proche. Effectivement, l'histoire se déroule en Europe et la présentation de l'aboutissement à la dictature en cours dans l'histoire montre combien le récit parfaitement crédible pourrait devenir réalité. Mais le grand bonus de ce premier tome, c'est l'absence de romance niaise et inutile qui permet à la situation de paraître aussi dure quelle est vraiment pour l'héroïne ! Elle est seule, elle n'a pas d'amis, elle doit surtout se méfier de tout le monde, n'accorder sa confiance en personne et prendre des risques qu'elle ne peut jauger qu'à son instinct... Malheureusement, comme je le disais plus haut, l'histoire manque un peu de surprise. J'ai parfois le sentiments d'un enchaînement de scènes pas toutes nécessaires sans véritable lien entre elles, ce qui donnait l'impression que l'histoire n'avançait pas et du peu qu'elle le faisait, c'était assez prévisible. le risque avec les dystopies vient vraiment du fait qu'elles usent de codes communs dans l'avancée du récit et ainsi, Les vigilantes a manqué pour moi d'innovation dans le déroulement de son histoire assez prévisible. Et pourtant, cette mise en place fonctionne vraiment bien et a tout pour annoncer une suite aux nombreux rebondissements.

"Rassemblant ses forces, elle tente l'escalade à son tour. Elle a travaillé de nombreuses fois ce type d'obstacles à l'entraînement. Il n'est pas difficile de repérer quelques saillantes et solides. Mais, au moment où elle va s'y agripper, une poigne terrible la saisit dans le dos, par sa chemise d'uniforme, et la tire en arrière. Elle tombe sur le flanc, le souffle coupé, étourdie. [...] Elle n'en éprouve aucune colère. Personne n'a envie de finir dans le fond du classement, à exécuter les basses besognes, à servir de souffre douleur aux autres. Ferentz ne s'intéresse qu'aux forts..."

Les Vigilantes, avec son premier tome le foyer est une dystopie innovante dans la multiplicité de ses scènes de manipulation et trahison, parfois aussi de torture. Fabien Clavel présente une belle base pour son histoire parfois un peu trop prévisible.
Lien : http://laura-passage.com/les..
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