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Critique de Arakasi


Coincé dans son fauteuil roulant et dans son vieux corps à moitié paralysé, Mathieu hait tout le monde. Il hait sa femme qui l'a envoyé crever dans un mouroir parisien, il hait sa fille qui refuse de le voir depuis des années, il hait les infirmières, les autres pensionnaires, l'univers tout entier… La rage le maintient en vie plus efficacement que les médicaments et, recroquevillé derrière sa muraille de rancoeur, Mathieu attend. Qu'attend-il exactement ? Peut-être que survienne l'événement qui balaiera tout ce petit monde et le réduira en cendres, l'Apocalypse qui le vengera de toutes les vexations que la société et ses semblables lui ont fait subir. Et un jour, finalement, l'Apocalypse a lieu.

Un matin, la doyenne de la maison de retraite atteinte d'alzheimer fait un rêve terrifiant où elle voit le monde détruit et ravagé par une force mystérieuse. Elle parvient à convaincre Mathieu et ses autres compagnons de chasser les infirmières du 1er étage de la maison de retraite et de s'y enfermer pendant une semaine en coupant toute communication avec le monde extérieur. Quand notre petit groupe de douze vieillards émerge enfin de sa cachette, le monde a bien changé… Les rues sont vides, les maisons pillées, les monuments ravagés et, dans la ville déserte, des créatures mortes et pourrissantes trainent les pieds en sautant à la gorge des derniers survivants : les zombies ont débarqué à Paris ! Face à cet état de fait, quelle solution reste-t-il à nos petits vieux si ce n'est se battre pour conserver leur peau ridée intacte et tenter de retrouver la civilisation ? Mais s'il n'est déjà pas facile de combattre les zombies quand on est jeune et bien-portant, imaginez les difficultés à affronter quand on doit en sus se trainer en fauteuil roulant, changer de couche-culotte toutes les trois heures et faire attention à ne pas perdre son dentier dans le caniveau… Heureusement, Mathieu a toujours sa haine pour lui et, quoiqu'il arrive, il sortira vivant de cet enfer et tant pis si tous les autres vieux schnocks doivent crever pour ça !

En temps normal, je ne suis pas particulièrement attirée par les histoires de morts-vivants, mais le scénario de base de « L'évangile cannibale » était tellement affriolant que je n'ai pas pu résister : petits vieux VS zombies – si ça, ce n'est pas un programme qui vous met l'eau à la bouche… Avec un présupposé pareil, il était presque impossible que Fabien Clavel rate son roman et il signe effectivement avec « L'évangile cannibale » un récit post-apocalyptique aussi ébouriffant que férocement satirique. Difficile de ne pas se passionner pour l'odyssée horrifiquo-burlesque de l'abominable Mathieu (un vieux salopard à moitié cinglé mais doté d'un sens du sarcasme décapant) et de ses compagnons d'infortune tout plus givrés et croulants les uns que les autres. Les lecteurs français s'offriront en prime le plaisir pervers d'imaginer des hordes de zombies écumants arpenter le parc du Luxembourg, les galeries Lafayette et le Champ de Mars. C'est vrai, quoi ! Pourquoi c'est toujours les américains ou les britanniques qui voient leurs capitales envahies par des monstres assoiffés de sang, hein ? le tout donne un épatant petit roman qui flatte autant notre sens de l'humour et notre soif de suspense que notre orgueil franchouillard : extrêmement divertissant !
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