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Odile Demange (Traducteur)
EAN : 9782841114054
352 pages
Editions Nil (25/02/2010)
3.93/5   85 notes
Résumé :
Échappée d’un centre pour réfugiés, perdue dans Londres, Petite Abeille, une adolescente nigériane, vient frapper à la porte de Sarah. Les deux femmes se connaissent à peine. Elles se sont croisées deux ans auparavant au Nigeria. Aujourd’hui, tandis que l’une tente d’échapper aux terreurs du passé, l’autre essaie de reconstruire sa vie qui a volé en éclats. Avec un suspense subtil, Chris Cleave dresse le portrait de deux femmes qui parviendront à trouver au coeur du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Dès les premières pages, l'humour et la verve de Petite Abeille m'a emportée ! Cette jeune nigérienne qui a appris l'anglais grâce à deux ans de rétention dans un centre pour réfugiés commence son histoire en disant qu'elle aimerait mieux être une pièce d'une livre britannique qu'une fille d'Afrique.
La description qui suit permet alors de faire la connaissance de cette jeune fille pétillante malgré les affres qu'elle a subies avant de quitter son pays.

Sous son humour se cache un lourd passé. Et si Petite Abeille semble résolument tournée vers l'avenir avec l'envie d'être heureuse, ce qu'elle a vécu chez elle est au-delà du dicible ...
Enfin, pour le moment, le lecteur se demande surtout pourquoi l'homme qu'elle a appelé est dans tous ses états. Pourquoi donc ne souhaite-t-il pas la revoir ? Pourquoi sa voix tremble-t-elle au téléphone ? Pourquoi lorsqu'elle arrive chez lui, est-ce sa femme en deuil qui ouvre la porte à notre petite nigérienne ?
Le narrateur alterne à chaque chapitre : la voix de Petite Abeille laisse la place à celle de Sarah, la femme que Petite Abeille a rencontrée dans son pays. Et cette alternance permet à la fois de retarder les différentes révélations, mais aussi de comprendre la détresse de ces deux femmes qui viennent de subir l'une comme l'autre de terribles pertes. Comme le lecteur a le point de vue des deux femmes, il ne peut s'identifier à l'une ou à l'autre, et il ne peut s'empêcher non plus de vouloir connaître le fin mot de l'histoire.
Que s'est-il passé sur cette plage ?!
Puis, une fois la révélation passée, voici qu'une autre surgit, relançant alors l'intrigue !

C'est aussi un livre qui montre le fossé qui existe entre la vie dans un pays européen et celle dans un pays en guerre .

Vous l'aurez compris, ce livre, très bien écrit, mêle très intelligemment, la grande histoire avec la petite, celle des gens comme vous et moi ; le tout mené comme un roman à tiroirs où les révélations pleuvent.
En somme, c'est un roman qui m'a énormément touchée, émue, et en même temps il m'a tenue en haleine sur près de 400 pages.
Et si le sujet peut vous sembler triste (ce que je redoutais en commençant ce roman), l'intrigue menée tambour battant permet au roman de ne pas se focaliser exclusivement sur les violences qui ont cours dans certaines parties de l'Afrique. En outre, ce roman permet aussi de brosser deux très beaux portraits féminins !
En somme, voici un roman tout autant instructif que palpitant.
Une réussite !
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Si le roman est loin d'être parfait, franchement larmoyant à certains moments ou stéréotypé, il n'en demeure pas moins intéressant et bien mené.

Il s'agit d'une histoire à double voix, celle de Petite Abeille d'abord, une jeune nigérienne qui passe deux années dans un centre de rétention britannique avant d'être enfin libérée, puis Sarah, une anglaise qui a rencontré la jeune africaine deux ans auparavant sur une plage du Nigéra et qui se retrouve mystérieusement liée à elle, pour des raisons que nous ne découvrirons que peu à peu.

Il s'est passé quelque chose de fort et bouleversant deux années plus tôt entre Petite Abeille, Sarah et son époux Andrew et lorsqu'elle arrive à Londres c'est chez eux qu'elle se présente.

Toute la trame du livre repose sur ce mystère et cela fonctionne assez bien. Petite Abeille est une jeune femme intelligente qui a appris l'anglais pour avoir une chance de s'intégrer et avoir des papiers. Nous suivons son parcours de réfugié et ses souvenirs douloureux. Son identité se construit peu à peu, pas si innocente que nous l'imaginions. Sarah quand à elle n'est pas non plus une sainte, et c'est un portrait noble mais loin d'être parfait qui nous est brossé, profondèment humain et franchement passionnant. Les autres personnages sont parfois plus ambigües, souvent stéréotypés, notamment Lawrence, mais l'auteur évite tout de même les gros éceuils. Tout n'est pas subtilement décrit et la fin est même un peu trop prévisible par rapport à l'ensemble, mais l'émotion est présente et rachète sans doute cette fin décevante. L'auteur tente de ne pas tomber dans le larmoyant mais il n'y parvient pas toujours, ce qui est assez problématique pour moi, n'étant pas aficionado de cela. Pourtant les personnages principaux sont forts et braves et l'ont devine que cette tenacité contrecarre des moments qui auraient pu être encore plus mièvres, mais une meilleure écriture aurait certainement comblé ces lacunes.

Toutefois cela demeure un bon roman sur la confrontation des cultures, le statut des réfugiés, le courage, la dignité et la conviction. Un roman qui brosse des personnages féminins de qualités et pas unilatéraux, ce qui est déjà un bon point! Mais qui surtout arrive à distiller et étayer un constat politique terrible de façon assez anodine. Décrire sans polémiquer mais convaincre? À méditer...
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Petite Abeille, Sarah … deux femmes, deux cultures opposées, rien qui pourrait les rassembler, et pourtant… faute de sauver son couple lors d'une escapade au Nigéria, Sarah fera bien mieux : elle sauvera la vie de Petite Abeille fuyant avec sa soeur l'horreur d'un certain génocide déguisé… Sarah contrairement à son mari n'hésite pas une seconde…cette seconde décisive où le destin bascule à tout jamais

Le roman se dessine en mosaïque : l'histoire de Petite Abeille percute le chemin de Sarah, dès lors leur vie vole en éclats… chaque pièce est soigneusement posée alternativement par l'une et l'autre des deux femmes… afin de reconstituer l'histoire de chacune d'elles, l'une qui vient au secours de l'autre, puis inversement comme une invite à ne pas sombrer à tout jamais vers une issue fatale… Petite Abeille nous révèle les drames de son pays, sa fuite, et les conditions des réfugiés …La confrontation de deux civilisations aussi différentes provoque forcément des situations plus ou moins dramatiques mais aussi loufoques et ironiques voire improbables. C'est sans doute ce qui sauvera Petite Abeille dans ce pays où “: il faut être jolie ou parler joliment” pour espérer être accepté … Petite Abeille opte pour la deuxième solution : l'Anglais de la Reine, qu'elle s'évertue à maîtriser ce qui ne manque pas toujours d'être comique… mais on ne peut que s'incliner face à sa persévérance, son courage et son optimisme.

En écho, Sarah nous livre son histoire, sa rencontre avec Petite Abeille mais aussi son couple qui bat de l'aile, son travail qui ne correspond plus à ses attentes, elle ne sait plus faire semblant de ne pas savoir ce qui se passe au Nigéria tant que dans tous ces pays en voie de développement… de drame en drame, elle finit par prendre la décision de protéger Petite Abeille faute de ne pouvoir changer le monde…

Ce roman se joue donc sur deux tableaux, et nous dévoile plus d'une facette… Cette construction du roman est originale, et le fait de nous révéler par brides les événements de l'une et de l'autre, nous plonge dans une intrigue intéressante. de rebondissement en rebondissement, la mosaïque prend forme et nous livre une histoire bien que dramatique fort poignante et émouvante.


Quant aux autres sujets proposés comme : l'infidélité, ils deviennent presque insignifiants face à l'atrocité du vécu de Petite Abeille et dérisoires à côté de la situation que vivent au quotidien les réfugiés et les sans-papiers… il est vrai que pris à part, chaque événement est important mais mis côte à côte, forcément l'un l'emporte sur l'autre et là surgissent toutes les questions personnelles : y-t-il lieu de faire un drame de son mal-être au quotidien alors qu'à notre porte, des vies sont complètement anéanties, meurtries, bafouées, pour ne pas dire ignorées, passées sous silence ces conditions inhumaines ….elles devraient nous révolter et nous mobiliser au lieu de se lamenter sur le sort d'une infidélité, sur son boulot qui devient qu'une routine etc …

En résumé :

Un roman qui met à la lumière les points bien sombres de notre civilisation…

Une belle lecture, des personnages attachants parfois marrants, émouvants : j'ai beaucoup apprécié ce roman à deux voix et approuvé les choix de Sarah vis-à-vis de Petite Abeille , mettant en veille sa carrière mais profitant de son expérience et de son courage pour la sauver elle et bien d'autres petites abeilles en détresse… une goutte d'eau dans la mer, mais une goute et une goutte ça finit par compter… ce qui est contradictoire car c'est bien une goutte d'eau qui a fait déborder le vase de Sarah … ne négligeons pas l'infime qui peut tout faire basculer vers l'extrême …


Lien : http://lesmotsdepascale.cana..
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Ce roman est un petit coup de coeur, bien écrit et très agréable à lire.
C'est une partie de pingpong entre les histoires de Sarah une anglaise et de Little Bee (petite Abeille) adolescente nigériane. Chacune va avec son histoire et sa version, nous faire comprendre le lien qu'il y a entre elle.
Evidemment la partie racontée par Petite Abeille est plus poignant, plus émouvant. Je ne veux pas dévoiler l'histoire il faut vraiment lire ce roman.
C'est un roman touchant, parfois triste mais parfois drôle et joyeux.
Lisez le, prêtez le et échangez sur le sujet.

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Une jeune nigériane de seize ans quitte avec trois autres jeunes femmes un centre de rétention où elle était depuis deux ans. Petite Abeille, puisque c'est le nom qu'elle s'est choisi, a compris depuis longtemps que si elle veut rester en Angleterre, elle doit en connaître bien la langue, car « Pour s'en sortir, il faut être jolie ou parler joliment. » Elle réussit donc, bien qu'elle soit sans papiers, à rejoindre une banlieue londonienne où vit un couple qu'elle a croisé sur une plage du Nigéria. le roman va reconstituer ce qui s'est passé ce jour-là, en passant des souvenirs de Petite Abeille à ceux d'une autre jeune femme. Sarah est rédactrice en chef d'un magazine féminin qui se veut atypique, elle a un fils de quatre ans, Charlie, et elle vient de perdre son mari. Comme d'autres avant moi, j'ai trouvé les parties concernant Sarah moins fortes que celles concernant Petite Abeille, qui allient bien mieux tragédie et humour. Mais sans doute sont-elles tout à fait nécessaire pour faire ressortir le dérisoire des états d'âmes de Sarah par rapport à ce que la jeune africaine a vécu.
La réussite de ce roman est dû en grande partie au magnifique personnage de Petite Abeille, le charme de sa langue, de son raisonnement juvénile et sans illusion à la fois, elle qui en a tant vu et qui sait que « L'horreur, c'est comme l'océan, elle couvre les deux tiers de la planète. » le découpage et la construction sont parfaits aussi, et poussent à tourner les pages sans relâche. A noter aussi l'excellente traduction de Odile Demange, certains passages ne devaient pas être des plus faciles à bien rendre en français. Bref, un roman que je recommande à ceux que le thème intéresse et aux autres aussi !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Si je suis en vie, c'est uniquement parce que j'ai appris l'anglais de la Reine. Vous pensez peut-être que ce n'est pas bien compliqué. Après tout, l'anglais est la langue officielle de mon pays, le Nigéria. D'accord, mais le problème est que chez nous ; là-bas, nous le parlons bien mieux que vous. Pour parler l'anglais de la Reine, il a fallu que j'oublie les meilleurs trucs de ma langue maternelle. Par exemple, jamais la Reine ne dirait : Tu parles d'un sacré wahala, cette fille, elle a joué du popotin pour enjôler mon fils numéro un, et tout le monde aurait pu se douter qu'elle finirait dans un mauvais buisson.
Voici ce que la Reine doit dire à la place : Mon ex-bru a usé de ses charmes féminins pour se fiancer avec mon héritier, or n'importe qui aurait pu prévoir que cette faire connaîtrait une malheureuse issue. C'est un peu triste, vous ne trouvez pas ? Apprendre l'anglais de la Reine, c'est comme de retirer le vernis rouge vif de vos ongles de pied, le lendemain d'un bal.
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L’éclat orange de la nuit s’est estompé, et j’ai commencé à distinguer les champs et les haies qui nous entouraient. Au début, tout était gris, mais ensuite, les couleurs ont peu à peu envahi le paysage – du bleu, du vert, des teintes douces, comme si elles étaient dépourvues de bonheur. Puis le soleil s’est levé et le monde entier s’est transformé en or. Il y avait de l’or tout autour de moi, je marchais à travers des nuages dorés. Le soleil flamboyait sur la brume blanche accrochée au –dessus des champs, et la brume s’enroulait autour de mes jambes. J’ai tourné ma tête vers ma sœur, mais elle avait disparu avec la nuit. J’ai souri quand même, parce que j’ai senti qu’elle m’avait laissé sa force. J’ai contemplé ce beau lever de soleil et je me suis dit : oui, oui, tout va être beau comme ça maintenant. Je n’aurai plus jamais peur. Je ne passerai plus un seul jour enfermée dans le gris
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"C'est le problème avec le bonheur- il est entièrement construit au dessus de quelque chose que des hommes veulent prendre."

" Andrew a dit qu'il ne savait pas. Andrew a pleuré au téléphone. Deux choses qu'il n'avait jamais faites. Ne pas savoir. Pleurer.. ....il y a eu un silence. Et ce silence possédait une qualité nouvelle: la conscience qu'il restait, après tout, quelque chose à pleurer. Cette intuition planait sur la ligne télééphonique. Timide, comme une vie qui atttendait d'être écrite."
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La mort ,évidemment est un refuge. C'est l'endroit où l'on va lorsqu'aucun nouveau nom, aucun masque et aucune cape ne peuvent plus vous dissimuler à vous_même. C'est le lieu où l'on se précipite quand aucune principauté de votre conscience n'est prête à vous accorder l'asile.
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'Compromise, eh ? Isn't it ssad, growing up ? You start off like my Charlie. You start off thinking you can kill all the baddies and save the world. Then you get a little bit older, maybe Little Bee's age, and you realise that some of the world's badness is inside you, that maybe you're part of it. And then you get a little bit older still, and a bit more comfortable, and you start wondering whether that badness you've seen in yourself is really all that bad at all. You start talking about ten per cent.'
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Vidéo de Chris Cleave
Non sous-titré.
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