Ne pas se reconnaître dans le miroir, c'est comme voir une photo que quelqu'un a prise de vous à une fête et envier immédiatement cette personne attirante, libre, à l'aise partout, dont le regard se perd au-delà de l'infranchissable limite qui sépare son monde du vôtre ; vous vous imaginez que la gêne, l'insécurité et les regrets lui sont étrangers, et d'emblée vous détestez cet enfoiré. C'est alors que vous vous rendez compte qu'il s'agit de vous. Mais c'est impossible, ça ne peut pas être vous.
La ville ressemble à un dessin animé où un accident cosmique m'aurait propulsé. les agents de sécurité sont les seuls à me remarquer : pour les autres, je suis invisible.
J'ai l'impression de mettre fait aspirer par une tornade qui m'aurait recracher en morceaux.
Ces dernières paroles ont dû être prononcées en montant l'allée ou devant le garage, parce-qu'au mot "dégâts", il se rappelle qu'il a levé la tête vers la maison couleur charbon en se disant qu'un radiateur et du papier peint neufs n'étaient pas grand-chose comparé à ce qu'il faudrait pour le réparer, lui.
Ne pas se reconnaître dans le miroir, c'est comme voir une photo que quelqu'un a prise de vous à une fête et envier immédiatement cette personne attirante, libre, à l'aise partout, dont le regard se perd au-delà de l'infranchissable limite qui sépare son monde du vôtre ; vous vous imaginez que la gêne, l'insécurité et les regrets lui sont étrangers, et d'emblée vous détestez cet enfoiré. C'est alors que vous vous rendez compte qu'il s'agit de vous. Mais c'est impossible, ça ne peut pas être vous. Mais quand vous voyez qu'il porte vos vêtements et que, oui, bon sang, il a la même grande oreille décollée, et l'autre toute plate plaquée contre sa tête ; quand vous voyez que c'est bien vous, vous vous dites : est-il possible qu'une autre personne fasse les mêmes suppositions sur ce vous qui n'est pas vous ? Cette question vous intrigue, puis vous décidez qu'au fond, la personne de la photo est en fait quelqu'un d'autre. Ou plutôt qu'elle n'existe pas. L'angle de la prise de vue et le mensonge qu'il crée sont comme le costume. Alors si vous êtes dans une cabine d'essayage et que vous voyez dans le miroir quelqu'un qui ressemble à la personne de la photo, vous achetez le costume, parce que si cette personne ne peut pas exister, on peut quand même faire comme si.
Je me demande s'il s'en faisait autant. Il croyait peut-être tout simplement que ce qui était cassé pouvait être réparé de force; qu'on pouvait arranger un truc tordu d'un coup de marteau.
N’importe quel truc peut servir de grattoir : un cintre, s’il est en métal et sans peinture, fait souvent l’affaire, mais les baleines de parapluie sont particulièrement efficaces pour curer les pipes et fournir une ou deux bouffées miracles quand le sachet est vide, avant qu’on ressente le besoin d’inspecter le canapé et le sol pour ramasser ce que j’appelle des miettes...
Page 11 et 12
C'est l'année où je découche le plus souvent. Où il y a le plus de mots sur le bar à mon intention, le plus de matins brisés, le plus de promesses non tenues de ne boire que deux vodkas au diner, le plus de résolutions abandonnées de ne plus appeler Rico, Happy, Mark, Julio, ou quiconque pouvant m'amener à me défoncer, le plus d'appels à mon assistante pour dire que je suis malade, le plus de mensonges.
Pourquoi certaines choses brillent d'un éclat féérique à l'horizon et d'autres pas ?
Je me remémore la dernière phrase d'un livre que je croyais avoir comprise. Quand on a l'impression que la fin du monde est proche, ce n'est jamais le cas. Je pétris ces mots comme un rosaire, les écris noir sur blanc, les prononce au téléphone, les dit tout haut dans le vent. Je perds foi en eux, mais prie pour qu'ils soient vrais. Ils le sont.