« Des Amérindiens ou de ceux qui les ont si longtemps asservis, qui a la conception la plus large de l’universalité, Qui, la plus grande capacité d’ouverture à l’autre ? Conquis par la force, les Amérindiens adaptèrent aisément leurs mythes à l’irruption brutale de ces Dieux barbus à peau blanche dont la place était prévue en creux dans leur univers mental. Il fallut cinq bons siècles à ces dieux blancs pour leur rendre enfin la pareille, ou du moins commencer à comprendre que leur propre pensée n’était pas moins « première » que celle des autres et certainement pas plus civilisée. »
On trouvera partout dans le monde des exemples de métissages, sans qu'il s'agisse nécessairement d'impositions dues au colonialisme; et la mondialisation, accélérant ce processus en rend la pensée inévitable. Ainsi, dans le champ des formes artistiques, un musicologue américain, reconstituant l'historique du tango argentin à travers la déportation négrière, en trouve la source dans les cérémonies funèbres Ba-Kongo, dont on reconnaît également le rythme dans la habanera de Carmen, l'opéra de Georges Bizet. À Chandigarh, capitale du Penjab, les spécialistes des nomades du désert du Thar suivent les similitudes et les différences entre la danse des filles voilées de noir et le flamenco andalou, puisqu'on sait que l'ensemble des Roms provient du Rajasthan, en Inde.
Le métissage au sens anthropologique ne se prémédite ni d'un point de vue marchand ni d'un point de vue moral : il a lieu. Lorsque la cantatrice Kiri Te Kanawa enregister des chants maoris avec un groupe maori et l'Abbey Road Ensemble, cette grande soprano qui chanta Dona Elvira dans le Don Giovanni de Mozart filmé par Joseph Losey ne joue pas à la World Music : maori elle-même, elle se prête à un vrai métissage en mélangeant sa voix classique à des arrangements pour exalter les chants de son peuple.
"Cependant, si l’histoire de la décolonisation est loin d’être aboutie, elle a partiellement balayé le racisme scientifique associé à l’évolutionnisme, doctrine selon laquelle des races inférieures ont précédé des races supérieures."
Jérémy Chaponneau, chargé de collection au département Philosophie, histoire et sciences humaines, vous propose un programme de lectures autour des voyages d'Henri Cartier-Bresson :
« le Musée du peuple mexicain », Pedro Ramirez Vazquez, Vilo, 1968 https://c.bnf.fr/NKm
« La Nuit de Tlateloco », Elena Poniatowska, Éditions CMDE, 2014 https://c.bnf.fr/NKp
« Autobiographie ou Mes expériences de vérité », Gandhi, PUF, 1982 https://c.bnf.fr/NKs
« Gandhi : la biographie illustrée », Kapoor Pramod, Chêne, 2017 https://c.bnf.fr/NKv
« Gandhi, athlète de la liberté », Catherine Clément, Découvertes Gallimard, 2008 https://c.bnf.fr/NKy
« Mahatma Gandhi », Romain Rolland, Stock, 1924 https://c.bnf.fr/NKB
« Mahatma Gandhi : a biography », Bal Ram Nanda, Oxford India paperbacks, 1959 https://c.bnf.fr/NKE
« Histoire de l'U.R.S.S. », Nicolas Werth, Que sais-je ?, 2020 https://c.bnf.fr/NKH
« Staline », Oleg Khlevniuk, Gallimard, 2018 https://c.bnf.fr/NKK
« U.R.S.S. », Jean Marabini, le Seuil, 1976 https://c.bnf.fr/NKN
En savoir plus sur l'exposition Henri Cartier-Bresson. le Grand Jeu : https://www.bnf.fr/fr/agenda/henri-cartier-bresson
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