a claveciniste et musicologue
Hélène Clerc-Murgier, dont la curiosité s'exerce déjà avec bonheur dans les allées peu visitées du vaudeville du XVIIIe siècle, fait un nouvel écart vers une topographie parisienne bien oubliée. Son roman policier est, de fait, une invite à s'enfoncer dans un Paris disparu, grouillant de vie et de méandres urbains, une ville qui recèle encore plus de mystères que le contraste de ses habitats ne le laisse supposer, en un ultime renversement final.
Ludique, érudit, foisonnant, le récit entraîne le lecteur dans une cité de 1622 bellement brossée (on se prend ensuite à rechercher gravures et plans, qui ne font que confirmer la force d'évocation de la prosatrice) ; car c'est bien Paris la belle ville qui est la véritable héroïne du récit. Une cité royale en expansion, où les villages encore agrestes touchent à la vieille ville, où territoires et coutumes s'entremêlent sans se toucher réellement, qu'ils soient « du roi » ou d'Eglise.
Avec malice et habileté, l'auteur s'appuie sur l'histoire de France pour tisser une intrigue qui joue avec des relents d'alchimie et de secrets politiques, de trésor enfoui et de manipulation psychologique. Mais ce sont les affects des protagonistes et la quête du lieutenant criminel et ses errances, du Châtelet à la Foire
Saint-Germain, des berges de la Seine à Montmartre, qui font tout le prix de ce premier roman.