San Michele, c'est l'île cimetière au large de Venise vers laquelle voguaient jadis des « corbillards aquatiques » illuminés de lanternes.
Qu'ils soient aujourd'hui remplacés par des « motoscafi » rapides ne change rien à la fascination exercée par cette île.
Thierry Clermont, comme tant d'autres, a cédé à cette attirance et son magnifique «
San Michele » est là pour le prouver.
Pendant quatre saisons, son narrateur vagabonde à
San Michele accompagné de la fantasque et sensible Flore au destin tragique.
Ni guide, ni ouvrage savant, ni livre d'histoire ce merveilleux texte est une sorte de viatique à emporter avec soi à Venise, mais pas seulement. C'est un trésor de citations littéraires, d'anecdotes sur les ensevelis de
San Michele, célèbres ou non, de rêveries sur les pierres tombales, sur les chaussons de ballerines déposés sur la tombe de Diaghilev, sur la statue de Sonia, princesse de Russie, suicidée en plein carnaval, sur la sépulture de Wagner et celle de Brodsky…
A cette litanie s'ajoutent la musique (Vivaldi mais aussi Britten) et la peinture, les cieux « tiépolesques » ou la gravité de Zoran Music, et une histoire d'amour triste.
San Michele est un livre rare, d'une richesse inouïe, splendidement écrit. Il est accompagné d'une bibliographie et d'une discographie qui engagent à poursuivre le vagabondage en attendant de pouvoir embarquer sur le vaporetto 41 ou 42 et de se laisser bercer par « l'arythmique clapotis ».