Vivre avec Balzac

Pas simple de vivre avec son idole. Surtout quand celle-ci refuse obstinément de rester dans son cadre ou qu'elle manigance pour en obtenir un plus beau, un plus grand... Pas évident tous les jours de composer avec son ego surdimensionné, sa suscepibilité exarcerbée et sa propension désagréable à se mêler de votre vie privée !

Pour Paul, la vie n'est pas simple, il doit composer avec d'un côté son admiration pour le génie de son idole, Balzac, auteur de la Comédie humaine et, d'un autre côté, avec son exaspération pour la place grandissante qu'il occupe dans sa vie.

Vie amoureuse, tout d'abord, puisque soit il tombe sur des filles qui elles aussi partagent cette passion dévorante pour l'auteur du XIXe siècle et dans ces cas-là : ménage à trois, bonjour les dégâts ! Soit sur celles qui le dénigrent et avec qui les relations se soldent là aussi par un échec !

Vie professionnelle ensuite. Comment ne pas pester lorsqu'on peine à écrire son article et qu'on pense à la facilité apparente avec laquelle son auteur fétiche a écrit ses 18 000 pages !

Vie de lecteur enfin où les autres auteurs souffrent immanquablement de la comparaison avec le grand maitre...

Cette vie de couple particulière, Joris Clerté la croque à merveille. On passe d'un gag à l'autre avec énormément de plaisir et on aborde ainsi une multitude de sujets : la vie et l'oeuvre De Balzac, ses habitudes d'écriture (ses marottes), la qualité (ou pas) des écrivains d'aujourd'hui, la génération SMS, etc.

Le dessin se réduit au strict minimum - de petits rectangles, des traits simples, peu de texte - mais fait mouche à chaque fois ! Et on s'attache aux personnages, comme si, à leur tour, il étaient eux aussi sorti de l'album pour nous conter leurs mésaventures.

En conclusion, une excellente façon de (re)découvrir ce grand monsieur et, pourquoi pas ensuite, se (re)plonger dans les 50 centimètres de son oeuvre !
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Quand on est un passionné d'Honoré de Balzac comme Paul peut l'être, quoi de plus normal d'avoir accroché son portrait au mur ! Ainsi trône l'illustre auteur de la Comédie humaine qui est loin d'être figé dans son cadre, car le monsieur a un caractère bien trempé. Balzac s'immisce dans la vie de Paul ; bouscule ses relations amoureuses, perturbe son travail – il est journaliste – , et donne son avis sur tout. C'est un grand bavard. le quotidien avec Balzac n'est pas de tout repos.
le dessin minimaliste de Joris Clerté convient parfaitement au propos puisque toutes les histoires se déroulent autour du fameux portrait De Balzac, véritable héros de l'album. Si le plan est fixe, les scénettes sont plutôt remuantes, drôles et rocambolesques et les deux personnages, sorte de couple impossible mal assorti, sont intensément liés l'un à l'autre.
Tantôt tendre (Joris Clerté évoque par petites touches des aspects de la vie De Balzac et son oeuvre), tantôt cynique (certains auteurs tels que Flaubert, Perec, et autres Levy... en prennent pour leur grade), tantôt fantaisiste (Balzac fait venir des sèches et des oiseaux pour se pourvoir en encre et en plumes) tantôt décalé (confrontation de deux époques : celle de la plume justement et celle des SMS) cet album nous fait partager un bon moment de lecture en compagnie de ce duo improbable.
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Il n'y a pas si longtemps, je vous aurais fait un splendide article en trois parties : Grand 1 le scénario, grand 2 le dessin, grand 3 mon avis, avec des sous parties du genre « psychologie des personnages »‘ ou « couleurs informatiques ou manuelles ». Mais ça, comme qui dirait, c'était avant. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas trop quand, mais un jour j'en ai eu marre de ces chroniques bien léchées, avec un plan, des arguments, un résumé… et j'ai décidé d'écrire sur ce blog sans plan, avec des arguments fallacieux et surtout, surtout, surtout pas de résumé. Si vous en voulez un, trouvez-le que la quatrième de couverture.

Mais enfin, pour certains titres, il faut en dire un peu plus. Ici, par exemple, si je vous marque juste « c'est génial », ça ne suffira pas à vous donner envie de le lire, surtout que si vous vous promenez sur mon blog vous lisez majoritairement de la littérature contemporaine et pas forcément de la bande dessinée (c'est dommage, d'ailleurs).

Du coup voilà, c'est l'histoire de Paul, qui a acheté un portrait encadré De Balzac, avec qui il parle. Il ne développe pas de grandes théories littéraires, il ne dit pas des choses intelligentes, il est un peu comme moi ici: il dit des co… des bêtises, et d'ailleurs Balzac aussi. Oui, il répond. En même temps, c'est Balzac, le mec il a écrit la Comédie Humaine vous n'espériez pas qu'il reste muet! C'est genre le ROI des bavards!

Alors ils causent, y'en a un qui dit du mal de Flaubert, l'autre qui fait des choses étranges avec une seiche, tout le long de l'album on est plié en deux et on hurle de rire (ce qui complique la lecture, je vous prie de le croire). C'est un super petit bouquin qui une fois de plus n'a pas eu la médiatisation qu'il mérite, et il faut en parler plus. Pour ça, il faut le lire. Vous savez ce qu'il vous reste à faire!
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