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EAN : 9782868531537
160 pages
Le Temps qu'il fait (19/05/1998)
3.79/5   7 notes
Résumé :
J'ai tenté ici de mettre en mouvement un certain regard porté sur le paysage. D'où mes promenades sans but, nourries d'analogies et d'objets de nature, mais aussi ce besoin participatif de dire les choses aimées par les livres lus.
Voilà donc mon amour des pierres, des bouts de bois paradoxaux rencontrés sur les chemins. Une sorte de Land Art particulier, privé, et cependant résonnant chez d'autres, traversant le jeu sans fin des formes à découvrir, des coll... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Commande juin 2022/ Librairie Périple 2- Boulogne-Billancourt---Nouvelle édition 2023, reçue le 21 Octobre 2023

Relecture aussi enchanteresse que la première !

En tout premier lieu, un immense MERCI à l'ami Patrick Cloux pour l'envoi de la réédition d'un de ses textes dans une collection- format de poche," Corps neuf" du Temps qu'il fait.Texte publié la première fois, il y a trois décennies, en 1993...

Il n'a pas pris une ride, et même mieux, il était à l'époque d'avant- garde...cet ouvrage buissonnier a gardé toute sa fraîcheur, sa verve et sa jeunesse.

Comme un bon nombre d'écrits de ce " poète-libraire- philosophe", cet opus appartient à la lignée toute particulière d'ouvrages, que l'on nomme " Livres de chevet".Ce dernier nous offrant en grandes thématiques des flâneries- questionnements sur la Nature et ses fantasmagories, L'Art brut, et l'Art en général, le goût de la marche, la manie de ramasser et collectionner et la Poésie se dégageant de toutes ces merveilles et oeuvres d'art involontaires....rencontrées sur le chemin !

Un livre -cadeau , comme une conversation à bâtons- rompus avec un ami , tel un partage de petits bonheurs et de grandes admirations pour des écrivains- poètes, peintres , sculpteurs, tous artistes singuliers et atypiques mêlés et réunis !

Cela va de Brancusi, Baltrusaitis, Goldsworthy...à Adolphe Julien Fouré, l'abbé sculpteur de Rotheneuf, artiste autodidacte sculptant une oeuvre phénoménale dans les rochers de granit de la côte bretonne....
En littérature , de Bruce Chatwin, Georges Haldas, Caillois, Hardellet,...à André de Richaud , Christian Dotremont...pour ne citer que quelques artistes " choyés" de Patrick Cloux...

Je me permets une parenthèse pour le poète Christian Dotremont dont je retiens cette extraordinaire phrase cité par notre " promeneur- collectionneur":
"Tes jours sont comptés, mais non les siècles qu'il y a dedans"...

Ce précieux petit livre augurera le futur texte " Mes Oncles du dimanche", autre malle aux trésors où Patrick Cloux parlera avec feu et passion de tous ses " créateurs du dimanche" non formatés, ces créateurs ingénieux, imaginatifs , hors balises...qui seront d'une autre famille en marge, celle de l'art brut...

Totalement époustouflée par la cohérence et la fidélité persistante du " libraire- poète ", depuis plus de 30 ans....avec des goûts buissonniers, atypiques, hors- mode, et avant- gardistes comme cette jubilation pour le " Land Art"...

Mais ne tentons pas de circonscrire tous les petits bonheurs de ce " sacré promeneur", enthousiaste et curieux de tout ce qui l'entoure...Nature, Culture, Poésie, Littérature, Voyages....

On comprend d'autant mieux la partie très fournie consacrée à L Histoire des " Cabinets de Curiosités "....

Livre jubilatoire, qui par son extrême éclectisme et appétit de curiosité ,devient un compagnonnage aussi joyeux et communicatif, dans une certaine durée, fonction idéale du" Livre de chevet" !...

J'ai abondamment souligné ce texte...et j'ai beaucoup de mal à choisir un extrait plus significatif...tous ont leur " essentiel"; je vais toutefois essayer ....

"Heureux de tel larcin, satisfait de tant de trouvailles, j'en arrive à n'être jaloux de rien. Les pierres peuvent être des objets d'art plus que " contemporain ".
Henry Moore collectionnait les pierres bizarres et s'en servait pour sculpter.(...)

Ce que j'aime plus que tout, c'est quand la nature nous prend de court, qu'elle a déjà tout trouvé avant nous, quand elle fait du surréalisme direct, de l'abstraction lyrique ou de l'art zen.Alors je me dis qu'il faut déserter les goûts culturels du moment, leurs cérémonies fades et coûteuses, pour aller aux sources de l'art vivant au sens le plus fort que l'on doit donner à ce mot."






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Patrick Cloux désire «lutter contre l'inertie de la pensée», il souhaite que les livres sentent «le foin coupé, les pommes, les bois encore humides». Il y réussit fort bien dans «Marcher à l'estime» en nous entraînant au gré de sa fantaisie, de ses rêveries pour donner aux rencontres une fluidité magique et nous faire partager son «allégeance à tout ce qui vit» et son émerveillement.
Marcher pour se décrasser, s'oxygéner le cerveau et retrouver la poésie mais aussi savoir s'arrêter, faire une pose au fil de ses déambulations et rejoindre les romantiques allemands, Kathleen Raine , ou faire du thé dans une grotte des Eysies en lisant François Augiéras «lyrique amoureux des feuilles du premier soir du monde.» p 23 ou encore devenir «chasseurs» à la façon contemplative de André Hardellet,
Ce livre m'a emportée comme lors de sa première lecture, prise par la variété des associations et l'infini des découvertes qu'il permet de faire et de vivre.

Et comme nous le dit si bien Patrick Cloux, chacun à notre manière,
«Nous avons à parcourir notre parcelle du monde, que nous devons vivifier. Piétons des petits chemins, parcourant sans fin le village recommencé, partout ailleurs, les formes se répétant, nous sommes porteurs de rêve.»
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
(**À propos de Bruce Chatwin)

Son oeuvre est courte mais contient assez de questions pour résister à l'usure, aux à-peu- près que le culte qui lui est voué risque de faire peser sur elle.On l'attend ici, il donne un roman, des plus classiques, très
" terroir", " Les Jumeaux de Black Hill".On le veut décidément écrivain de voyage, il conte une histoire de collectionneur fou de Prague, égaré dans des figurines de porcelaine.En dehors de " Patagonie", il y a un essai que je traîne avec moi depuis sa première lecture- tout chiffonné, moi qui tiens tant aux livres ! C'est un livre de chevet.Il fallait bien qu'un jour cela m'arrive : un livre pour ne plus en lire d'autres, une sorte d'ultimatum.(...)
On se retrouve en Europe, dans un moment d'échange, confortable, supérieur, privilégié.Une impasse ?
Au coeur des questions fondatrices.Puis tout s'emmêle : des notes de lecture, des lettres, des souvenirs, quelques anecdotes privées- mais fines, toujours, des citations de nos meilleurs auteurs. (...)
et " Chants de pistes" ( titre de l'ouvrage choyé), en Australie, à l'écoute des chants des Aborigènes, qui fixent ainsi à travers la mémoire orale un territoire du clan, de l'ancêtre et de leur propre lien aux lieux.On nage en pleine magie (...)

( Le Temps qu'il fait, réédition dans la petite collection " Corps neuf", octobre 2023, p.135)
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Heureux de tel larcin, satisfait de tant de trouvailles, j'en arrive à n'être jaloux de rien. Les pierres peuvent être des objets d'art plus que " contemporain ".
Henry Moore collectionnait les pierres bizarres et s'en servait pour sculpter.(...)

Ce que j'aime plus que tout, c'est quand la nature nous prend de court, qu'elle a déjà tout trouvé avant nous, quand elle fait du surréalisme direct, de l'abstraction lyrique ou de l'art zen.Alors je me dis qu'il faut déserter les goûts culturels du moment, leurs cérémonies fades et coûteuses, pour aller aux sources de l'art vivant au sens le plus fort que l'on doit donner à ce mot.

( p.28)
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Ramasser une pierre, la tourner dans ses paumes, la réchauffer, la vernir un peu ainsi, c’est déjà s’approprier une part que l’on sait bientôt manquante : celle de son être seul au monde, comblé, sans demande. Cette expérience est une émotion de lumière. Elle nous lave. Il faut la renouveler autant de fois qu’on peut. Marcher ainsi quelquefois pieds nus dans l’herbe, s’en laisser caresser, détendu, sur un plateau aux touffes rases, sans crainte ni des serpents ni des épines, savoir que, ce jour précisément, tout est au mieux, qu’il ne peut pas y avoir de place pour l’ombre, pour la contradiction. L’odeur chauffée des acacias refroidit lentement sur le soir, vrai miel de cette herbe foulée. La poussière protège vos pieds. Aucune emphase. Marcher, s’étendre, se lever, regarder autour de soi et très loin, au-delà de toute envie de voir et de saisir. Ne pas essayer de ramener à soi quoi que ce soit même d’infime. Faire corps. Être léger et faire masse. D’autres fois, il faut tout regarder car nous pouvons tout perdre, irrémédiablement. Des œillets sauvages roses, égarés - se voulant vus, c’est certain, car isolés - vous arrêtent ; il faut alors s’asseoir ; rien n’est plus important pour l’heure. L’ail aussi est très beau et il embaume. J’aime retrouver les ancêtres, les premiers segments de la prèle emboîtés comme des bambous originels. Rêverie autour de la Salade Sauvage d’avant la sauce !
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Marcher, sortir de soi, aller ici et là, en quête d'une connivence, c'est répondre. Poser quelques mots sous les pieds, dans le sable mettre des pierres, c'est parler. (...)

Entamer tout seul en sifflant le début d'une fugue de quelques heures à travers bois, c'est aimer.

Être envahi de peinture et regarder les arbres.Voir ici et là dans les saules et les platanes des chemins, des aulnaies, du ruisseau, le dessin laconique et précis, affolé déjà, de Van Gogh, de ses arbres à lui, dessinés au roseau, dans cette couleur sépia de l'automne froid.Avoir la santé du lièvre de Dürer, courir ses maisons et ses toits, ses chaumes, et la petite fumée sortie d'ailleurs.

( p.17)
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La Collection

La collection participe d'un autre mouvement que la collecte. Finis les bois et les ornières, les lisières, les plans d'eau, la belle passementerie des paysages, leurs tresses, leurs torsades, leurs galons.Finies les riches bordures des champs, la ganse des fossés où trouver, en marchant, le foisonnement des choses éparses. On passe du fortuit à ce qui va rester, à ce qui demeure chez soi, qui pour longtemps sera à l'abri.

( p.76)
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