Daniel Clowes n'est pas l'auteur le plus accessible de la B.D indé américaine. Un brin psychanalytique, pas mal misanthrope, très pessimiste, le ton Clowes ne peut pas plaire à tout le monde. Mais quand on aime, on a envie de tout lire. C'est mon cas. Les B.D de Clowes me parlent de façon assez intime, elles me fascinent, m'attirent irrésistiblement.
«
Caricature » regroupe 9 histoires typiques de son oeuvre. Certaines sont totalement ancrées dans la réalité quotidienne, d'autres s'échappent vers l'étrange et le bizarre. Certaines sont en noir et blanc, d'autres en couleurs. Toutes ces histoires partagent la même tonalité si particulière qui fait la singularité de Clowes. Avec un humour noir et acide teinté d'une pointe de mélancolie, Clowes dépeint une société névrosée. Il met si bien en lumière la solitude qui règne dans les grandes villes. Ses personnages, parfois étranges, souvent pathétiquement normaux, toujours malheureux, finissent par susciter l'empathie malgré leur médiocrité et parfois même leur méchanceté. Il faut dire qu'on se reconnait forcément un peu en eux, même à travers un tout petit détail. Mais ce détail, aussi léger qu'il soit, suffit à créer un lien entre l'oeuvre et le lecteur.
Le trait si particulier de Clowes est en parfaite adéquation avec son propos. Dans des paysages urbains déshumanisés et froids, déambulent des personnages banalement laids, aux figures tristes et figées. Ce dessin, qui ne cherche pas à être aimable, exerce sur moi une étrange séduction.
«
Caricature » est un peu moins brillant que «
David Boring », «
Patience » ou encore «
Wilson » mais cette oeuvre confirme que Clowes est une voix unique de la B.D américaine.