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Critique de Floccus



La couverture noir et or a des allures de trésor des pirates. Soulevé, le couvercle révèle un contenu à la hauteur du fantasme. Que ce soit devant les cerises translucides d'Osias Beert, les gaufrettes délicates de Lubin Bauguin ou les prunes soyeuses de Pierre Dupuis, la sensualité s'éveille, l'eau vient à la bouche. On a envie de toucher, caresser, croquer ces fruits du XVIIe encore si frais et si pimpants.

Les chapitres de présentation nous racontent qu'à cette époque on a pris goût à "l'observation attentive du monde physique". L'engouement des classes nobles et bourgeoises pour les jardins, l'exploration du Nouveau Monde, la création de l'Académie royale des sciences, ses études botaniques et anatomiques, ont participé de ce mouvement. Dans un élan quasi photographique, les peintres ont à leur tour entrepris de coucher sur la toile gibier et légumes, poissons, dans une veine à la fois réaliste et gourmande, un hommage à l'existence.

"L'essor de la Vanité comme genre pictural suppose toutefois un spectateur dont la conscience individuelle et la capacité d'introversion se sont considérablement approfondies. Elle implique que la pensée de la mort quitte la sphère publique, culturelle, pour s'inscrire au cœur de l'univers domestique. Au tournant du Moyen Âge et de la période moderne, d'innombrables ouvrages de piété avaient pressé les lecteurs dévots de se figurer leur trépas, instant critique où le Salut du pêcheur allait se jouer. Il s'agissait de bien mourir et mourir était un art." (38)

De l'existence à la mort il n'y a qu'un pas. L'autre facette de ces étals de produits frais, c'est la Vanité. Elle est caractérisée par un crâne humain, bien sec pour ce qui le concerne, et d'un ensemble d'éléments symboliques. Ce qui en fait un jeu d'énigmes stimulant. Une fois qu'on en a intégré l'esprit et les clefs, l'expérience de décryptage est amusante. "La finitude inscrite au cœur du vivant par un décret irrévocable de la Nature" guide nos pas dans une rencontre avec ce bon vieux XVIIe qui paraît d'un coup si proche, fraternel par sa conscience de notre nature éphémère.

De la bien belle ouvrage, tant au niveau du contenant que du contenu !

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]

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