Dans ce 3e tome, nous quittons le Royaume d'Eibithar et ses règles de succession complexes pour celui d'Aneira. Ce changement de décor m'a un peu déstabilisée dans un premier temps. Dans le 1e diptyque, les Aneirien passaient un peu pour des sauvages aux yeux de leurs voisins mais force est de constater que l'inverse est vrai aussi.
Nous faisons donc ici connaissance avec de nouveaux intervenants dont les rapports sont aussi complexes, que cela soit entre les races ou non.
Les intrigues sont nombreuses, entremêlée et très bien construites.
La finesse des rapports, des interventions et des situations donnent à cette saga un côté addictif très agréable. A un moment, je dois avouer que je sentais que je perdais, toutefois, un peu d'intérêt à l'histoire et, deux pages plus loin...bam!
Bref, à moi le 4e tome!
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Toujours plus de personnages, de complots politiques ... Une situation qui s'étoffe dans ce troisième tome (ou plutôt la première partie du second tome dans le découpage originel).
Dans l'ensemble j'aime beaucoup cette série même si j'avoue que le découpage à la française en demi tomes ne l'avantage pas du tout.
J'ai un peu moins apprécié ce tome que le tout premier mais plus que le second.
Ce tome ci est marqué par le fait que les humains commencent à comprendre qu'on les manipule, et agissent en conséquence mais du coup ils ne savent plus à qui se fier et on se retrouve avec une multitudes de camps et de situations uniques.
J'avoue que j'ai eu plus de mal dans les passages qui concernent de nouveaux personnages. Il commence à y en avoir vraiment pas mal et à certains moments j'étais un peu perdu et je ne me souvenais plus si on connaissait déjà certains ou si ils étaient vraiment nouveaux lol.
On ne voit pas beaucoup Grinsa et Tavis (les héros du début de la série) dans ce tome, qui était plutôt consacré à l'évolution de la situation général dans le monde, mais un événement à la fin me laisse à penser qu'on les verra surement plus dans la seconde partie que je devrais lire assez rapidement :)
En bref un début de second tome prometteur, attendons de voir comment va se goupiller le tout dans la seconde partie !
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Dans ce troisième tome le complot s'étend au royaume d'Aneira, pour encore plus de complexité et de nouveaux personnages (la noblesse d'Aneira). Pour cette raison ce tome ressemble un peu au deuxième et s'il est tout aussi bien construit que les précédents récits on ne peut s'affranchir d'un sentiment de longueur.
Cela-dit l'histoire progresse bien malgré tout et l'on découvre l'identité du tisserand en même temps que les visées du complot, on garde un oeil sur Tavis et Grinsa et on essaye de ne pas perdre le fil de cette trame...
Je rempile sans hésiter pour le tome 4, j'aime la précision de cette intrigue qui me font pardonner les (petites) longueurs de cette histoire qui s'annonce de toute façon longue avec ses 10 tomes :)
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Et voilà, c'était de nouveau là, dans ses yeux, dans la terreur qu'il sentait, comme une vague orageuse, envahir brusquement son esprit. Elle aimait encore cet homme. Elle l'avait séduit, obéïssant à ses instructions, pour le mouvement. Elle avait envoyé des assassins à deux reprises à ses trousses, mais elle l'aimait encore. Il aurait dû s'y attendre. Séduire était un art délicat, elle était encore jeune. S'il ajoutait à cela le fait qu'elle portait son enfant, il aurait été surpris qu'elle n'éprouvât rien pour lui. Mais elle servait le Tisserand et son mouvement. Elle serait un jour sa reine. Qu'elle pût nourrir une telle passion pour ce Glaneur, qu'elle désirât surtout la lui cacher, rendait suspects tous les actes qu'elle accomplissait en son nom et tout ce qu'elle lui racontait depuis des cycles. La rage et la jalousie l'embrasèrent avec la violence d'un feu Qirsi. Elle méritait de souffrir. Si elle n'avait pas été enceinte, il l'aurait punie. Sans l'enfant qu'elle portait, il l'aurait même châtiée avec plaisir.
— Il y en a pourtant un, n’est-ce pas ? Un que tu crains.
Cadel frissonna comme si l’air s’était brusquement rafraîchi. Il aurait voulu nier, mais c’était inutile. Les morts flairaient la vérité et n’aimaient pas les mensonges.
— Oui, il y en a un.
Le duc, en même temps que s’écartait la masse luminescente des silhouettes autour de lui, regarda derrière lui. Un spectre solitaire avança.
Il savait qu’elle viendrait – pourquoi l’aurait-elle épargné ? – mais il ne s’était pas préparé à ce qu’il découvrait.
Elle portait sa robe saphir, déboutonnée jusqu’à la taille, comme la nuit de sa mort. Sa peau brillait du même éclat que Panya, la lune blanche. Et son visage, à l’exception de l’éclaboussure sanglante qui maculait sa joue, était aussi radieux que dans son souvenir. Mais les yeux de Cadel glissèrent sur sa gorge, son ventre et ses seins nus.
Couverts de sang séché, ils étaient lardés d’horribles coups de couteau. Le poignard de Lord Tavis, fiché entre ses seins, pointait son manche accusateur sur le cœur de l’assassin.
Il avait voulu donner à son crime l’allure d’un meurtre commis par une brute, ivre de boisson, de luxure et de rage. Son succès était écœurant.
— Vous me regardez comme si vous ne reconnaissiez pas votre travail, se moqua Brienne, effroyablement glaciale. Ne laissez pas le poignard de mon seigneur vous abuser. C’est votre main qui a guidé la lame.
— Tu me reconnais, constata le duc de Bistari d’une voix aussi lugubre et froide que la lande pendant la saison des neiges.
Cadel acquiesça.
— As-tu peur de moi ?
— Non, répondit-il calmement.
— Bien sûr que non, rétorqua le duc avec un sourire féroce. Un assassin apprend à vivre avec ses fantômes, n’est-ce pas ?
— Nous n’avons pas le choix.
Une seconde silhouette, un couteau planté dans la poitrine, émergea de l’ombre. Le marquis de Tantreve. Cadel l’avait tué l’année précédente, près de son château, dans le nord d’Aneira.
— Et lui ? demanda le duc.
— Lui non plus.
D’autres avancèrent : Filib de Thorald, la gorge tranchée et l’annulaire sectionné ; Hanan de Jetaya, le visage contorsionné par le poison qu’il avait ingurgité ; Cyro d’Yserne, l’angle de sa tête et le trait bleui de son cou tellement similaires à ceux que portaient le duc de Bistari qu’ils semblaient les fils jumeaux de quelque cruel démon du Royaume du Dessous. Très vite, ils furent des douzaines. Bien qu’il se souvînt des morts qu’il avait infligées aussi clairement que de celle de Chago, il avait oublié leur nom.
Chaque année, il passait la Nuit de la Mort dans un sanctuaire de Bian. Non parce qu'il craignait les esprits de ses victimes, mais parce qu'il respectait bien plus le dieu qui les envoyait vers lui. Si le Trompeur pouvait se jouer aussi facilement des règles de la vie et de la mort, il méritait son respect et sa vénération.
Tu as passé ta vie à te faire craindre. Tu y as mis tellement d'ardeur que tu n'as pas songé un seul instant à te faire aimer d'eux.