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Cette touche d'amour est pour le moins…déroutante.
Déroutante par sa narration : nous passons d'un personnage à l'autre, en nous demandant qui est le principal…Oui, il s'agit de Robin Grant, étudiant à Coventry, qui ne sait plus très bien où il en est. Mais un ancien camarade d'études vient le voir, il est marié à une femme que Robin aimait. Puis Robin a une amie, aussi, Aparna, qui a également des problèmes avec son directeur de thèse. Puis nous entrons aussi dans l'intimité d'autres étudiants. Pourquoi ? Et Robin écrit 4 nouvelles, qui nous sont présentées in extenso, avec également un tas de personnages…Et enfin Robin a des problèmes avec la justice, et cap à ce moment-là sur son avocate qui a des problèmes de couple... Bref, je n'arrive pas à me focaliser sur un personnage en particulier. On dirait que l'auteur joue avec le lecteur. C'est d'ailleurs probablement son objectif, mais qui ne me convient pas, du moins de cette manière-là.
Déroutante aussi par ses idées : j'ai l'impression que l'auteur s'est abandonné à une logorrhée intellectuelle. La valeur principale, qui revient chez plusieurs personnages, c'est qu'il vaut mieux avoir une relation intellectuelle que physique, car dès que 2 personnes qui s'apprécient deviennent amants, il y a une prise de pouvoir. Mais paradoxalement, cette relation purement intellectuelle ne satisfait personne.
Et puis il y a aussi l'idée qu'il vaut mieux s'abandonner au hasard, c'est néfaste de vouloir contrôler sa vie et celle des autres : « Tous nos actes sont déterminés par le hasard ; ou, si tu préfères l'appeler ainsi, par la chance. Nos prétendus choix, ces décisions soi-disant responsables…sont en définitive le produit d'une série de facteurs sur lesquels nous n'avons pas le moindre contrôle. Admets cela, et la vie prendra tout son sens pour toi. L'homme qui a compris ça a vraiment de la chance : c'est un véritable chanceux. » Oui, mais…la plupart des personnages qui essaient d'adopter cette philosophie sont à la limite du désespoir !
Et la troisième grande idée, c'est qu'il ne faut jamais se fier à ce qu'on voit. Les personnes ne sont JAMAIS ce qu'on croit qu'elles sont et les faits sont perçus de manière très différente selon les gens.
Bref, oui, j'apprécie réfléchir, j'apprécie la tournure intellectuelle originale de Coe, mais je dois reconnaître que certains thèmes sont poussés à leur paroxysme et que la façon de les présenter est déconcertante. D'autant plus que le fameux humour de Jonathan Coe, dont je me suis délectée dans plusieurs de ses romans, est ici totalement absent, il fait place à une espèce de persiflage, de raillerie, de sarcasme.
Donc, la touche d'amour, je ne l'ai pas trouvée. La touche d'humour non plus. Plutôt la grosse louche de cynisme.
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A la fin du roman, Arpana Indrani, la jeune pakistanaise qui renonce à terminer les travaux de sa thèse à l'université de Coventry et s'en retourne chez elle, pense « J'avais oublié que le pays natal pouvait être la terre la plus étrangère de toutes. »
Elle avait imaginé trouver un pays d'accueil à l'université mais, chacun des personnages qu'elle croise sur le campus est aussi un étranger sur sa propre terre, perdu dans la recherche de certitudes qu'il ne trouvera jamais dans la vie qu'il mène faite de faux semblants et d'hypocrisie.
Ces gens-là, trouvent « qu'elle était à fleur de peau », son directeur de thèse, Norman Corbett, un prédateur, se contente de lui dire qu'elle est « superbe », ce qui ne l'empêche pas de lui demander systématiquement « de recommencer, et réécrire, et réécrire et recommencer de nouveau. »
« Il a trouvé ça intéressant, que ça avait des qualités, mais que ça avait besoin d'être remanié, que c'était trop émotif et agressif. »
Robin Grant qui fut un temps son ami, cherche à terminer sa thèse depuis six ans, son directeur de recherches, le professeur Davis est usé par la routine de l'enseignement universitaire. Leonard Hugh son ami est resté sur la gloire éphémère que lui valut une note sur la ligne 25 de Little Gidding le poème de TS Eliott à propos de laquelle Malcom Kirkby, l'exégète d'Eliot avait écrit dans son ouvrage sur les Quatre Quatuors, « …il ne serait plus possible désormais de lire cette ligne de la même manière. »
Norman Corbett, regarde ce petit monde s'agiter, lui qui se repose sur des ouvrages reconnus, « le coeur intelligent : pensée et sentiment dans le roman du XVIIIème siècle. » ; « Hommes et montagnes : essais sur l'engagement politique de l'artiste. » ; « psychologie de la créativité féminine. »…ce grand penseur aux idées fulminantes clôt sa conversation avec ses disciples et condisciples en annonçant, « Je dois vraiment y aller. Joyce va avoir préparé le dîner dans peu de temps. Je vous verrai tous les deux le trimestre prochain, sans aucun doute. »
Coe décrit sans complaisance un système universitaire vérolé de l'intérieur, où le paraître est la règle et la réussite un moyen d'empêcher les autres d'accéder au statut de docteur puis de professeur.
Le roman alterne les échanges de la vraie vie entre les personnages et les récits qu'en a imagine Robin Grant dans quatre nouvelles qu'il a fait lire à Arpana et à son ami Ted dont il est amoureux de la femme Katherine.
Robin voudrait vivre comme dans ses nouvelles, mais tout dans la réalité l'en empêche et surtout l'empêche de voir quels sont les sentiments réels de ceux qui l'entourent.
Ce roman, même s'il n'a pas la force la truculence et l'ironie des romans que Coe écrira par la suite est un récit qui mérite d'être lu car on y trouve déjà ce qui fera le grand Coe.
Qui sommes-nous pour l'autre ? Qui sont les autres pour nous ? L'amour existe-t-il sans retour ? Qu'est-ce que l'authenticité ? Telles sont les questions, éternelles, que pose Coe dans cette première oeuvre publiée en 1989.
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Cet ouvrage est le second roman écrit par Jonathan Coe, paru lorsqu'il avait 29 ans, et l'on ne peut qu'être admiratif par la capacité de l'auteur à élaborer dès ses premières oeuvres une construction aussi complexe et néanmoins parfaitement contrôlée.

Le personnage principal, Robin, nous est surtout dévoilé par les rapports que les autres intervenants du roman sont amenés à entretenir avec lui. Mais ces rapports restent brefs, d'une intimité très partielle et n'éclairent que superficiellement la personnalité du jeune homme.
Alors, qui donc est Robin ?
Etudiant éternel, il travaille depuis quatre ans sur une thèse dont on ne saura rien. Être fragile, autocentré, solitaire, incapable de relations suivies et véritablement amicales, il vit la plupart du temps terré dans un appartement limite insalubre, où il entreprend l'écriture de nouvelles, qui traduisent l'impossibilité d'une relation amoureuse harmonieuse, la profonde incommunicabilité entre homme et femme, mais aussi entre êtres humains en général.

Et c'est à travers le prisme des quatre nouvelles qui nous sont distillées au cours de l'ouvrage, que l'on peut le mieux cerner cet homme secret et tourmenté, ces nouvelles dans lesquelles les autres personnages du roman trouveront ou non les clefs pour appréhender la vérité de ce garçon énigmatique, soudainement accusé d'exhibitionnisme, dont on ignorera si c'est oui ou non une calomnie !

Au delà de cette étude du mal être, ce roman s'avère aussi une critique virulente d'un milieu universitaire particulièrement sclérosé, où des professeurs pontifiants passent leur temps à protéger leur fonction en empêchant les étudiants d'empiéter sur leurs prérogatives.
Jonathan Coe régale le lecteur de ses considérations acerbes sur l'humain et sa capacité d'indifférence à autrui, dans une société préoccupée par la réussite sociale et la préservation du cocon familial, au détriment de toute relation sincère avec les autres.
Sans oublier une touche de tendresse apitoyée pour ces êtres en mal d'affection et de reconnaissance, désespérément en quête d'une touche d'amour salvatrice.

L'immense talent de Jonathan Coe va éclater dans les oeuvres de sa maturité, mais il est déjà remarquable dans cet ouvrage de jeunesse où l'on trouve en gestation les qualités qui font de lui un des auteurs phares de la littérature anglaise, pratiquant une subtile analyse sociale et sociétale de son pays, avec lucidité, férocité, tendresse et humour.
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La 4ème de couv' est trompeuse (étonnant, n'est-il pas ?) On s'attend à ce que cette histoire d'outrage à la pudeur soit au centre du roman, mais, même si elle aura des effets désastreux, elle est accessoire, un peu comme si elle ne servait qu'à mettre en scène un personnage supplémentaire (l'avocate, avec ses états d'âme). Parce que le roman est en réalité centré sur le mal-être de Robin, éternel étudiant traînant depuis quelques années sur une thèse « totale », si ambitieuse qu'elle en est impossible à rédiger. Robin est asocial, dépressif, dans l'état schizophrénique de l'écrivain qui se sait raté mais qui ne voit pourtant pas d'autre raison d'être que l'écriture.
En témoignent les 4 récits écrits par Robin, intercalés dans la 2ème partie de chacun des 4 chapitres du roman (admirez la technique au passage). Il s'agit à chaque fois d'une relation entre un homme et une femme, où le prénom de l'homme commence toujours par « R » (comme Robin), et celui de la femme par « K » (comme celle dont Robin a été l'amoureux transi pendant des années). Ces récits, dont la qualité littéraire est (volontairement) douteuse, reflètent à la fois les « regrets éternels » de Robin, ainsi que sa vie amoureuse et son talent lamentables.
Faut-il préciser que toutes ces histoires (tant les 4 récits que le roman) finissent mal ?
J'ai eu du mal à rentrer dans ce livre, peut-être en raison de sa construction, pourtant ingénieuse, mais qui en hache le fil. Il me reste un sentiment de déception, et j'en ai presque honte parce que c'est la première fois que ça m'arrive avec J. Coe (c'est peut-être moi qui n'ai rien compris, n'étais pas assez concentrée, bref pas à la hauteur ?) Mais apparemment je ne suis pas la seule à penser cela : ce roman (le 2ème de Coe) est simplement moins bon que les autres…
Pas mauvais, donc, simplement moins abouti, moins réussi au niveau de sa complexité et de son aspect choral. L'humour est moins présent également. Par contre, l'écriture et le style, talentueux, sont déjà reconnaissables, ainsi que l'autre marque de fabrique de l'auteur : la critique virulente de la société anglaise ultra-libérale en général, et en particulier ici, du milieu universitaire.

Surtout que ceci ne vous ôte pas l'envie de lire les autres romans de Jonathan Coe !
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Robin Grant étudiant, solitaire, déprimé travaille depuis quatre ans sur une thèse considérable mais qui n'avance peu. Sans amour, ni amitié il vit dans une bulle. Il consigne aussi sur un carnet des histoires qui vont s'ingénieusement s'incorporer au récit. Mais un jour, il est accuser d'outrage à la pudeur sur un jeune garçon.
Coe porte un regard critique sur l'intellingentsia universitaire, et en général sur ces compatriotes, avec ce roman cruel ou hypocrisie et bonne conscience sont les garants pour retrouver toute sérénité. Coe embrique de nombreuses scènes qui forme un ensemble ou l'humour est bien sur présent. Comme toujours chez lui, même si ce n'est pas le meilleur Coe, on prend plaisir à lire cet auteur décidement doué.
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Roman déroutant par sa construction, qui essaie de nous faire comprendre qui est Robin Grant tant par ce qu'en disent ceux qui le connaissent que par ce qu'en dit Robin lui-même à travers 4 courts textes tous rapportés dans le livre.
Textes qui s'ils ne se veulent pas réellement autobiographiques nous font comprendre que Robin parle toujours de lui et de son grand amour perdu ou en réalité qu'il n'a jamais déclaré, en effet tous ses personnages ont un point commun, le prénom de l'homme commence par un R comme Robin et celui de la femme par un K comme celui de celle qu'il aime d'un amour resté platonique.
Robin cet étudiant dépressif qui depuis 4 ans qu'il s'est inscrit pour réaliser sa thèse n'en a pas encore écrit le moindre mot.
Robin qui hante les rues de Coventry à la recherche d'on ne sait quoi au juste.
Qui est en réalité Robin ?
L'auteur n'aura pas réussi à nous le dire.
La lectrice que je suis n'aura pas réussi à le découvrir.
Une chose est sûre à la lecture de ce livre, force est de constater que les choses ne sont pas toujours ce que nous pensont qu'elles sont.
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C'est un livre sur lequel je suis tombée par hasard, moi qui aime beaucoup le style de Jonathan Coe, je ne le connaissais même pas. C'est son deuxième roman, publié à 29 ans.
Ce que je peux dire c'est qu'il est déroutant. En lisant la quatrième de couverture, je ne m'attendais pas à l'être. On rencontre Robin Grant, qui a du mal à écrire sa thèse, un peu dépressif, qui se pose beaucoup de questions, mais ça c'est plutôt bon pour le lecteur. Il a des problèmes avec la justice… entre autres, car c'est un personnage énigmatique, parfois détestable, qui ne se remet pas d'un chagrin d'amour et qu'on a souvent envie de secouer.
Mais ce n'est pas vraiment le seul personnage principal, on entre également dans les états d'âme de ceux et celles qui gravitent autour de lui, un ami de fac qui a épousé celle qu'il aime, une amie indienne qui a du mal à finir sa thèse, son avocate, sa psychologue. L'histoire est entrecoupée de courts récits, des petites nouvelles.
On retrouve l'humour mordant de Jonathan Coe, son style si fin mais surtout un portrait de la société anglaise si cosmopolite dont il parle sans tabou, parfois un peu de manière provocatrice.
La construction n'est pas linéaire, c'est déroutant mais suivre les états d'âme de Robin à travers la plume de Jonathan Coe a été un réel plaisir.

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Ce roman, assez court, est plutôt déroutant dans sa construction, puisque le personnage central est assez intermittent. de plus, ce " thésard raté" écrit et l'on a droit, lors de chacun des quatre chapitres du livre, à une de ses nouvelles, par ailleurs intéressantes. Robin, puisque c'est ainsi qu'il se nomme, est un personnage très fragile, qui se cherche en amour. Entouré "d'amis" partageant ses doutes ou au contraire bien établis dans la vie , Robin va voir sa vie basculer à la suite d'une accusation.
Coe profite de cet ouvrage pour glisser ses habituelles piques sur la société britannique contemporaine, mais ici, sans réel humour, ou si peu, alors qu'il excelle en ce domaine. Si le roman est plaisant, le manque de suivi de l'intrigue est un peu regrettable.
Il y a sans doute mieux à lire chez Coe, l'excellent testament à l'anglaise ou bienvenue au club par exemple !
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Un deuxième livre qui n'a pas la force de ses ouvrages suivants (et l'humour, surtout). Mais l'on retrouve les bases qui feront son style : un personnage dépressif et coupé du monde qui se retrouve plongé, malgré lui, dans le monde extérieur; une histoire racontée avec différents points de vue, même si là, ce n'est pas encore fait avec autant de complexité et de doigté; une grande tendresse pour les fragilités de ses personnages; un point de vue déjà politisé sur la société anglaise libérale.

Il n'a donc pas la force des livres qui suivront mais se lit malgré tout avec beaucoup d'intérêt.
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Difficile d'éteindre la lumière, le soir cette semaine, tant j'avais envie de connaître la fin de ce très bon roman. Autant le dire tout de suite, pas une larme versée, c'était vraiment très différent de la femme de hasard.

J'aime, dès les premières pages cette impression d'une écriture familière. Pourtant je n'ai aucune facilité à repérer des « styles ». Mais j'ai aimé, bien plus saupoudré que dans le premier roman, retrouver cette façon d'interpeller le lecteur et de tourner en dérision l'écriture même. Les intellectuels sont un peu malmenés...

J'avais compris, à la lecture de la 4e de couv' qu'il serait question de Robin, éternel étudiant, un peu raté, accusé un jour de « s'être exhibé devant un petit garçon ». Je ne suis pas d'accord avec cette façon de présenter l'histoire, mais il faut bien écrire quelque chose au dos du livre... Tâche difficile face à un livre sans véritable intrigue centrale.

Robin est bien là. Sans doute, c'est de lui qu'il est question le plus souvent. Mais j'ai comme l'impression que chez Coe, ça ne suffit pas à faire un héros, ni même un personnage principal.

Robin est bien un paumé, qui traine sa déprime et sa thèse de cinq ans d'âge, à peine entamée, sur le campus de Coventry. Mais cette histoire d' exhibitionnisme ne me semble qu'un prétexte à étudier une fois encore les mécanismes obscurs des relations humaines.

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