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Sophie Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782020476928
223 pages
Seuil (04/10/2002)
3.87/5   46 notes
Résumé :
En 1986, au Cap, Elizabeth Curren se meurt d'un cancer, et elle est brutalement confrontée à l'explosion de rage que le système de l'Apartheid a engendrée. Dans une longue lettre à sa fille exilée en Amérique, Elizabeth relate les événements qui ponctuent ses derniers jours. Témoin de l'émeute et de la répression dans un township voisin, elle découvre le corps criblé de balles du fils de sa domestique noire, et assiste à l'exécution par la police d'un autre adolesce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce roman est bouleversant et sa tristesse m'a profondément touchée. J'ai trouvé "L'âge de fer" bien plus puissant que "Disgrâce" le livre le plus connu de J.M. Coetzee, prix Nobel de littérature 2003.

A soixante-dix ans, Elizabeth Curren, professeure d'université à la retraite, vient d'apprendre qu'elle est en phase terminale du cancer dont elle a été opérée. Depuis longtemps, sa fille est partie vivre aux États-Unis ne supportant plus ce pays dominé par les afrikaners où la ségrégation règne avec le régime de l'Apartheid. Elizabeth va donc lui écrire une longue lettre, une sorte de journal sans dates, pour lui raconter les derniers moments qu'elle passe chez elle dans sa grande maison du Cap, aidée par Florence sa domestique noire.
Mais c'est à Monsieur Vercueil qu'elle demande de porter sa lettre testament après sa mort. C'est un vagabond qui a installé un abri en carton derrière son garage et même s'il sent mauvais, il va accompagner Elizabeth dans sa solitude de fin de vie et l'aider à supporter la violence de son pays, l'Afrique du Sud. Elle dit qu'elle ne l'a pas choisi et malgré son alcoolisme qu'elle déplore, elle a besoin de lui surtout quand elle voit des adolescents noirs victimes de la répression policière et le meurtre du jeune fils de Florence suite aux émeutes dans le township. Cette dernière ne retournera pas chez Elizabeth, la cohabitation avec une blanche lui étant impossible après le drame.
La douleur provoquer par son cancer fait écho à la situation qui ronge son pays. Elle dit d'ailleurs : "J'ai un cancer né de l'accumulation des hontes endurées tout au long de ma vie."

Tout fonctionne dans ce roman y compris cette relation de deux êtres désespérés, un sdf et une vieille dame malade, dont la rencontre semble improbable à priori. Mais c'est parce qu'ils sont lucides et que la vie se passe avec ceux qui sont là, surtout quand elle est dure à "L'âge de fer". C'est ce qu'elle écrit à sa fille qu'elle aime malgré tout.


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Le talent et l'engagement de Coetzee, d'abord, vaut au lecteur un moment de bouleversement intense. L'Afrique du Sud quelques années avant la fin de l'apartheid, c'est dur et violent, çà vous déchire et prend à la gorge. D'autres auteurs ont écrit sur des sujets comparable, à commencer par André Brink, "Une saison blanche et sêche". Ils ont leur part dans la fin de l'apartheid, en termes de sensibilisation et prise de conscience.
Au-delà du contexte avec tout ce qu'il contient, c'est ce personnage de vieille femme perdue et éperdue qui est terriblement attachant. Elle sait sa fin proche et n'attend plus grand chose de la vie. Or elle va être bouleversée de fond en comble d'abord par l'irruption d'un SDF dont la seule présence va à l'encontre de tout ce qui a fait sa vie, puis par des évènements qui vont se précipiter et la briser. Coetzee en fait une héroïne totalement hors normes, parce qu'elle est vieille, seule, qu'elle ne croit plus à rien et qu'elle se sait impuissante face à tout ce qui lui échappe, l'assassinat d'un gamin comme son propre sort.
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Découverte du challenge solidaire 2024

Lettre testament d'une vieille femme, blanche, rongée par un cancer, reflet de la situation d'apartheid en 1986 en Afrique du Sud. Sa fille s'est exilée depuis 20 ans aux États-Unis ne pouvant supporter le régime d'alors. Mais elle, elle est restée dans son pays sans jamais se révolter, sans même revoir sa fille qui a eu sa propre famille, sans qu'elle les rencontre.
Privée de sa fille, de ses petits enfants inconnus en se voilant la face pendant des années, elle ne commence à prendre conscience de l'atrocité de ce régime qu'au pied de la tombe.
Des agitations dans le pays jusqu'ici ignorées la mettent devant la réalité. D'autant plus prise à partie qu'elle va être confrontée à la mort d'adolescents, dont le fils de sa bonne noire.
Elle se confie par lettres à sa fille, qui lui seront transmises par un vagabond réfugié chez cette vieille femme. Ses états d'âme bien tardifs qui lui ont coûté sa famille , ses douleurs pour cet enfant de la mort pour qu'elle porte en son sein. Un parallèle entre ces deux cancers qui détruisent tout de l'intérieur son corps, son pays.

Un roman court mais qui concourt à une prise de conscience des afrikaners. Un style parfois un peu déroutant mais le message est fort.
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Roman épistolaire, dur, qui relate sans concession les états d'ame d'une vieille femme blanche en Afrique du sud , confrontée à la maladie, à la solitude, et à la prise de conscience tardive du régime d'apartheid ! Dur mais beau....
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Très belle lecture sur fond d'apartheid finissant, de violence. Certains événements, la rencontre d'un SDF l'amènent à repenser sa vie alors qu'elle se sait en fin de vie. le livre se veut une longue lettre à sa fille expatriée aux USA.

Plus que l'apartheid en lui même ce qui est bouleversant dans ce livre c'est le cheminement de la vieille femme (elle n'a pas de nom) vers sa propre fin, l'abandon de tous ses principes, de ses certitudes, la remise en question de ce que fut sa vie: son évolution. Autant de sujets universels.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Et le jour où ils seront grands, croyez vous que la cruauté va les quitter ? Quelle espèce de parents deviendront-ils, eux à qui on a appris que le temps des parents était fini ? Peut-on recréer des parents une fois que la notion de parent a été détruite en nous ? Ils frappent un homme, à coups de pieds, à coups de poings, parce qu'il boit. Ils font flamber des gens et rient pendant qu'ils meurent brulés. Comment traiteront-ils leurs propres enfants ? De quel amour seront-ils capables ? Leurs coeurs se changent en pierre sous nos yeux et vous, que dites vous ? Vous dites : "Ce n'est pas mon enfant, c'est l'enfant de l'homme blanc, c'est le monstre produit par l'homme blanc". Est-ce tout ce que vous sa vez dire ? Allez vous mettre ce qu'ils sont au compte de l'homme blanc et tourner le dos ?

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Dans un autre monde, je n’aurais pas besoin de mots. J’apparaîtrais au seuil de ta porte. « Je suis venue te voir », dirais-je, et ce serait la fin des mots : je t’étreindrais et je serais étreinte. Mais en ce monde, en ce temps, je dois tendre vers toi des mots. C’est pour cela que jour après jour je me convertis en mots et emballe les mots dans la page comme des douceurs : des douceurs pour ma fille, pour son anniversaire, pour le jour de sa naissance. Des mots venus de mon corps, de fins morceaux de moi-même, qu’elle pourra déballer en son temps, prendre, sucer, absorber.
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Il n’y avait pas tant de ces sans-abri de ton temps. Mais, maintenant, ils font partie de la vie ici. M’effraient-ils ? Dans l’ensemble, non. Un peu de mendicité, un peu de vol ; crasse, tapage, ivrognerie ; rien de pire. Ce sont les bandes de rôdeurs que je redoute, les garçons aux lèvres maussades, rapaces comme des requins, sur qui l’ombre de la prison commence déjà à s’abattre. Des enfants qui méprisent l’enfance, le temps de l’émerveillement, la saison où l’âme croît. Leur âme, organe de l’émerveillement, rabougrie, pétrifiée. Et, de l’autre côté de la grande démarcation, leurs cousins blancs, l’âme également rabougrie, s’entortillent de plus en plus dans leur cocon de somnolence. Cours de natation, cours d’équitation, cours de danse ; cricket sur la pelouse ; vies passées dans des jardins ceints de murs, gardés par des bouledogues ; enfants du paradis, blonds, innocents, brillant d’une lumière angélique, tendres comme des chérubins.
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Et cette longue lettre – je le dis maintenant – est un appel lancé dans la nuit, vers le nord-ouest, pour que tu me reviennes. Viens enfouir ta tête au creux de mes cuisses comme le font les enfants, comme tu le faisais, ton nez cherchant comme le museau d’une taupe l’endroit d’où tu es venue. Viens, dit cette lettre : ne te coupe pas de moi. Ma troisième parole.
Si tu reconnaissais que tu es venue de moi, je n’aurais pas à dire que je sors du ventre d’une baleine.
Je ne peux pas vivre sans enfant, je ne peux pas mourir sans enfant.
Ce que je porte, en ton absence, s’appelle douleur. Je produis de la douleur. Tu es ma douleur.
Est-ce une accusation ? Oui. J’accuse. Je t’accuse de m’avoir abandonnée. Je lance cette accusation vers toi, vers le nord-ouest, sur les ailes des vents hurleurs. Je te lance ma douleur.
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Charité : vient d’un mot latin qui veut dire cœur. Il est aussi difficile de recevoir que de donner. Cela demande autant d’efforts. J’aimerais que vous l’appreniez. J’aimerais que vous appreniez quelque chose au lieu de traîner comme ça.
Mensonge : la charité, caritas, n’a rien à voir avec le cœur. Mais qu’est-ce que cela fait si mon sermon s’appuie sur de fausses étymologies ? C’est à peine s’il écoute quand je lui parle. Peut-être, malgré ces yeux acérés d’oiseau, est-il plus embrumé par l’alcool que je ne le pense. Ou peut-être qu’au bout du compte il ne s’en soucie pas. En vérité, c’est le souci qui va avec la charité. J’attends qu’il se soucie, et il n’en fait rien. Parce qu’il est au-delà de tout souci, le sien comme celui des autres.
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Quel écrivain sud-africain a reçu le prix Nobel de littérature en 2003 mais fait partie du club très fermé de ceux qui ne donnent jamais d'interview ? Dommage car c'est un génie !
« Disgrâce » de J. M. Coetzee, c'est à lire en poche chez Points.
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