Belle du Seigneur

La première chose qui m'a frappée, c'est le style de l'auteur. Vraiment, cela faisait longtemps que je n'avais plus lu un livre aussi bien écrit... Bon j'avoue que j'ai quand même dû m'accrocher à certains moments comme quand on a des chapitres entiers sans ponctuation qui sont une sorte de flux de pensée du personnage, comme si on entrait dans sa tête. Mais en même temps je trouve que ces passages font sens dans le roman, même si je n'ai pas tout compris...
La critique de la société bien-pensante de Genève est absolument décapante. Je m'imaginais à l'époque de mes époque des grands-parents qui ont évolué dans une société que plus ou moins similaire et j'avais l'impression de retrouver un bout de l'histoire de ma famille. Un truc assez fou, quoi.
J'ai beaucoup apprécié aussi suivre l'évolution de l'histoire d'amour d'Ariane et Solal, qui est tellement fusionnelle et passionnelle que c'est comme s'ils étaient destinés à s'anéantir mutuellement. Finalement, j'ai eu l'impression que l'amour qui leur a donné la vie au début les tue à la fin du livre. Pour Solal, c'est peut-être aussi l'échec de son idéal amoureux qui le tue. Pour Ariane, on peut penser que c'est l'échec de n'avoir pas réussi à sortir de sa classe. (Je tiens à préciser que ce sont mes interprétations personnelles...)
Dans tous les cas, même si il y a parfois certaines longueurs (qui sont à mon avis surmontables grâce au style divin de Cohen), Belle du Seigneur est un roman qui m'a vraiment marquée et changée, ce qui me fait le classer au rang des chefs-d'oeuvre.