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Critique de Lune


Sommes-nous « les proies » d'une hallucination ? Sommes-nous « les proies » d'un cauchemar dont on se réveillera en sueur mais rassurés d'être dans notre lit douillet ?
Non, nous sommes « les proies » d'une lecture effarante. Âmes trop sensibles s'abstenir ? Certainement pas, savoir et diffuser sont de la responsabilité de chacun. Et nous ne pouvons que rendre hommage à la journaliste d'investigation Annick Cojean d'avoir rendu public ce sujet.
Dans notre confort de pays libre d'expression, il est difficile de nous imaginer à quel point l'histoire de Soraya puisse avoir eu lieu sans que rien ni personne ne s'en soit ému, scandalisé et dénoncé. Sujet tabou. En parler demeure difficile. Obscurantisme.
Tels sont pourtant les faits : l'horreur dépasse la réalité de ce que nous pouvons imaginer : silence, culpabilité, rejet sont les revers de cette souffrance que son témoignage nous apporte.
Il y a l'ogre pervers Khadafi à la sexualité anormalement débordante, anarchique et destructrice aussi bien pour des jeunes filles que pour des jeunes garçons. Salué en « guide » pendant ses voyages en Afrique de manière passionnelle voire hystérique, reçu par des chefs d'état... on ne connaît que trop les images qui nous firent frémir.
Un chaos de sentiments accompagne tous les témoignages recueillis, la mémoire est-elle parfaitement exacte ou amplifie-t-elle les souvenirs en les gonflant des vécus de chacun ?
Quoi qu'il en soit, l'abjection est totale et bien réelle. Tous les superlatifs du monde ne suffisent pas pour décrire l'épouvante dans laquelle des hommes ont plongé d'autres hommes et particulièrement les femmes notamment en décrétant le viol comme « arme de guerre ».
Les blessures dans la chair, le non-dit trop présent, le trouble permanent, « l'omerta » décrétée empêchent toujours ces femmes de respirer. Et cela durera tant que la raison ne l'emportera pas.
Un espoir : ces associations de femmes qui tentent d'imposer leur existence autrement que comme créatures dont on dispose... mais ces autres sacrifiées qui ne peuvent parler, quand les entendra-t-on ?
Je suis fière qu'une femme journaliste ait eu le courage de s'investir dans ce travail et je la salue.

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