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EAN : 9782207112502
352 pages
Denoël (02/09/2012)
3.29/5   31 notes
Résumé :
Open city dresse un portrait sensible et multiracial du New York Post 11 septembre 2011 à travers le regard d'un flâneur contemporain. Acclamé dans le monde anglo-saxon, il a été finaliste de plusieurs Prix, dont le prestigieux national Book Critics Award, avant d'être Récompensé du Pen/Hemingway First Fiction Award. Julius, un jeune Nigérian interne en psychiatrie, trompe sa solitude en déambulant sans but précis dans New York. Nous sommes en hiver : Julius vient d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
« Open City » de Teju Cole, traduit par Guillaume-Jean Milan (2012, Denoël, 348 p.). Teju Cole fait partie de ces auteurs africains qui ont fondé le mouvement des Afropolitains. de son vrai nom, Obayemi Babajide Adetokunbo Onafuwa, il est né à Kalamazoo, Michigan en 1975 aux Etats Unis, de parents Nigériens, il est élevé à Lagos, au Nigeria, mais vit actuellement à Brooklyn depuis 1992. Il contribue assez fréquemment à des articles dans diverses revues littéraires, tout en étant en résidence à Bard College, un établissement d'enseignement supérieur situé à Annandale-on-Hudson, dans l'État de New York. « Open City » est son premier livre (2011), suivi par « Every Day Is For the Thief” (2014), quoique publié au Nigéria en 2007, puis traduit par Serge Chauvin en « Chaque jour appartient au voleur » (2018, Editions Zoé, 183 p.), et plus récemment « Known and Strange Things » (2016) des essais en collaboration avec James Baldwin, traduits par Serge Chauvin et Marie Darrieussecq en « Un étranger au Village », suivi de « Corps Noir » (2023, Zoé, 80 p.). le texte de Baldwin narre son séjour en 1951, Leukerbad, dans le Haut Valais, Suisse, où il est le premier noir à séjourner. Les enfants crient « Neger ! Neger !» et les gens le dévisagent dans la rue.
« Open City » est l'errance de Julius, un jeune Nigérian interne en psychiatrie, en stage à « Columbia Presbyterian Medical Center » dans New York. Seul dans la ville, il y déambule en plein hiver après être passé par une rupture douloureuse. Il y a aussi Moji, une fille qu'il a connue quand ils grandissaient tous les deux au Nigeria Son passé au Nigeria le hante sans qu'il sache trop en analyser les raisons profondes. le problème se résoudra en fin de livre. Les longues marches sont son divan à lui. Un exutoire indispensable et le moment de confronter son isolement à des milliers de visages anonymes dans la grande ville encore meurtrie par les attaques terroristes du 11 septembre.
« Julius porte le même nom que sa mère. Ainsi, le nom de sa mère est Julianna et le sien est Julius. Maintenant que vous le mentionnez, il me vient à l'esprit que je l'ai appelée Julianna parce que le nom de ma grand-mère était Julianna mais que leur nom de famille est Ajibade ». En fait Juliana Müller dans le texte.
Plus loin, à propos de Mahler, « je veux parler un peu du moment où Julius va au concert écouter « le Chant de la Terre » et où il est la seule personne de couleur au Carnegie Hall. Après, il sort par la mauvaise porte, se retrouve enfermé dans l'escalier de secours et a cette révélation profonde en entendant la figure mélodique à cinq notes de « der Abschied » (l'Adieu) qui le poursuit plusieurs jours.
Bien entendu, il a des amis avec qui il discute de cosmologie Yoruba. Situé au Sud-Ouest du pays, cette ethnie compte quatre fois plus de jumeaux (ibeji) que le reste du monde. Ils sont considérés comme une bénédiction. Dans cette culture yoruba, le second jumeau né est considéré comme le jumeau aîné. le premier-né des jumeaux s'appelle Taiwo, tandis que le second s'appelle Kehinde. Kehinde envoie d'abord Taiwo pour juger si le monde est beau et sans danger. Taiwo signifie « le premier jumeau à goûter le monde ». Kehinde signifie « le deuxième né des jumeaux ». Plus généralement, chaque être humain a une contrepartie spirituelle, un double esprit à naître. Dans le cas des jumeaux, le double spirituel est né sur la terre.
En fait, l'errance de Julius dans new York n'est pas si errante ou aléatoire qu'il y parait. Pour varier de New York, il y a ce séjour de 4 semaines à Bruxelles, à la recherche de sa grand-mère maternelle. Il va y rencontrer Farouk, un jeune Marocain avec qui il sympathise, ainsi qu'avec son ami Khalil, avec qui ils parlent de politique au Moyen-Orient, à savoir si les USA avaient une réelle politique de gauche, ou si Israel était un état démocratique. Tout y passe, y compris Saddam Hussein, en tant que dernier dictateur du Moyen Orient. Hélas non. Une rapide liaison avec une retraitée tchèque. Sans avoir retrouvé sa grand-mère, il revient à New York, où il reprend son travail et ses déambulations. Mais il y a toujours Moji dans sa tête.
Tout cela ne fait pas un livre, sinon une suite de descriptions de villes. C'est bien ce qui dérange le lecteur, et qui, souvent, le fait savoir. C'est aussi ce qui justifie que l'auteur reçoive le PEN/Hemingway Award en 2012, prix qui récompense un tout premier livre de fiction complet (a full-length book of fiction). Il faut donc y regarder de plus près. Notamment, comprendre, lors de ses interviews, la genèse du roman, et son processus d'écriture.
« le livre a commencé comme ceci : à la fin de 2006, j'étais enfin prêt à écrire quelques mots sur le 11 septembre, non pas comme une explication ou une étude de ce qu'avaient ressenti cinq ans dans la ville après cet événement, mais comme une réponse affective. Je me suis assis un soir, j'ai écrit les mots « Open City » en haut d'une page et j'ai commencé à dérouler le récit d'un homme vivant à New York. L'homme était une invention, mais je suis lentement entré dans sa tête. le livre a mis trois ans pour être écrit, un processus impliquant principalement de longues marches, nuit et jour, entrecoupées de brèves périodes d'écriture ».
A propos du prix PEN/Hemingway, son livre ou histoire préféré d'Ernest Hemingway ? « le vieil homme et la mer » a été l'un des premiers livres qui m'a fait réaliser qu'un livre n'est pas simplement quelque chose qui émerge déjà perfectionné, qu'il est fait et façonné par un artiste, que l'artiste charge le livre d'éléments soigneusement calculés. Effets psychologiques ». Résultat, deux grandes parties « La mort est une perfection de l'oeil », suivie de « J'ai fouillé en moi ». La première est divisée en 11 chapitres, à peu près autant pour la seconde. La première partie fait sans outre référence à la maladie qui le frappe, plus communément appelé le « syndrome de la grande tache aveugle ». Heureusement, le problème a été résolu par une intervention chirurgicale, et tout est rentré dans l'ordre. Ce qui était évidemment un problème sérieux pour un photographe. le tout sera développé et exorcisé dans « Blind Spot » paru un peu plus tard (2017, Faber & Faber, 352 p.)
On constate alors que cette errance dans New York ou Bruxelles n'est pas une simple balade dans des villes où l'auteur trouve le temps à la méditation. Cela ne va pas convenir aux lecteurs superficiels qui vont être déçus de ne pas avoir une nouvelle édition d'un de ces guides bleu ou vert, le rouge ayant en plus des indications de restaurants. D'ailleurs, le roman commence par « Et donc quand j'ai commencé ces marches le soir, l'automne dernier, Morningside Heights m'est apparu comme un endroit pratique d'où partir dans la ville ». Tout commence par ce « Et », comme si il y avait un quelque chose avant le début. La fin est elle aussi peu claire. « Alors que la nuit n'avait pas été particulièrement venteuse ni noire ». Entre ce « Et » et cette « nuit noire », il va se passer surement plein de faits, qui d'ailleurs ne sont peut être pas si importants que cela. C'est autre part q'il faut chercher.
Tout est construit dans le roman de façon assez remarquable. Ce n'est pas non plus pour rien que Julius est interne en psychiatrie. Retour sur la vie de Teju Cole. Né à Kalamazoo, petite ville universitaire de 75 000 habitants, à une heure des bords du Superior Lake, et 1.30 h de Ann Arbor, l'autre ville universitaire, avant d'arriver à Detroit. On peut donc penser que ses parents n'étaient pas des émigrants nigérians ordinaires, mais avaient une éducation certaine. Son père était dans l'encadrement intermédiaire et sa mère institutrice. Retour au Niger, à Lagos, où il est élevé par ses grands-parents, dans la tradition de la culture Yoruba. A priori, il n'est pas le jumeau d'un autre, d'où un sentiment de manque. Ce n'est pas non plus pour rien qu'il choisit alors ces études d'interne en psychiatrie. « Les gens réfléchissaient à ce qui s'était passé d'une manière plus calme et plus réfléchie", le livre a été salué comme un petit chef-d'oeuvre d'observation et de réflexion diaristique dans où le protagoniste nigérian-américain laisse couler ses pensées comme au rythme de ses promenades quotidiennes dans les quartiers de New York ».
Etudes à New York, ville cosmopolite s'il en est. Qui ne peut que fasciner Julius. Même si Lagos est devenu deux fois plus peuplée que New York. 15 millions d'habitants, mais dans un désordre indescriptible, au développement incontrôlé, avec une population multipliée par vingt en un siècle. Un centre culturel majeur, ayant donné naissance à des mouvements artistiques tels que l'Afrobeat et « Nollywood ». ce qui fascine surtout Julius, c'est la référence à l'histoire de la ville. Il se promène dans des endroits choisis, non pas au hasard, mais où l'histoire des Etats Unis s'est construite. « Les générations se sont ruées à travers le chas d'une aiguille ». On peut comparer, comme dans un miroir avec l'histoire de Bruxelles. L'histoire de la capitale belge n'est pas la même car elle est plus vieille à la manière des villes européennes, plus limitée, plus fermée aussi.
On peut, à juste titre, faire la comparaison avec le « Ulysse » de James Joyce, et sa longue errance dans Dublin. Tout d'abord avec Stephen Dedalus, à la recherche de son père. Puis de Leopold Bloom, qui parcourt tout Dublin pour assister à l'enterrement de Pady Dignam à Sandymount. Puis finalement Léopold Bloom et Stephen Dedalus marchent à travers Dublin endormie, après avoir fait la tournée des bordels. Certes, il n'y a pas la corrélation avec les chapitres de l'Odyssée, comme dans « Ulysse », mais chaque site sous-entend une référence. C'est la recherche de sa famille à Bruxelles, de ses ancêtres plus lointains lorsqu'il va à l'« African Burial Ground », fosse commune près de Wall Street où sont enterrés quinze à vingt mille Noirs. C'est là sur Duane Street, à la hauteur du Brooklyn Bridge, dans le sud de Manhattan, qu'ont été découverts les restes des hommes, femmes, enfants d'origine africaine enterrés pendant une période allant du XVIIeme siècle à 1812. C'est fortuitement, lors de la construction d'un immeuble que ces fosses communes ont été mises à jour. de même, il va à Ellis Island, même si ce symbole de l'arrivée des émigrants concerne surtout les européens. « Nous les Noirs », avions connu des ports d'entrée plus rudes. Il recherche la biographie de Cornelis van Tienhoven, bailli de la Nouvelle Amsterdam » qui s'était fait connaitre par de nombreux actes de violence. Une « lecture sinistre ».
Les points communs sont nombreux. C'est l'expérience du cosmopolitisme, qui est peut-être la quatrième définition de la maison pour moi. Et c'est ce que je trouve dans les espaces à Lagos. Et c'est ce que je trouve à New York : des restaurants, des clubs, des librairies, des centres commerciaux, des embouteillages, des fous dans la rue, de la haute couture. Les villes comme une sorte de technologie de résolution de problèmes. S'il y a 16 millions de personnes au même endroit, alors nous devons utiliser les ressources d'une manière qui a du sens dans un espace aussi comprimé ».
Il est vrai que « Open City » n'a pas la densité d'un « Ulysse ». Il faut pour comparer « Open City », plutôt se référer à « Manhattan Transfer » de John Dos Passos, reparu récemment dans la nouvelle traduction de Philippe Jaworski (2022, Gallimard, 528 p.), autre roman-ville, comme « Ulysse », ou « Mrs Dalloway » de Virginia Woolf traduit par Nathalie Azoulai (2021, P.O.L., 384 p.). C'est également une femme qui marche, cette Clarissa Galloway, mais dans Londres.
De fait, il reconnait la filiation avec Virginia Woolf. « Ce soir d'avril 2011, j'ai veillé tard, lisant les dernières pages du journal de Virginia Woolf. Ces pages, écrites à la fin de 1940 et au début de 1941, parlaient de la perte de sa maison londonienne pendant la guerre, de sa terrible nervosité face aux raids aériens en cours, de la mort inattendue de Joyce, de son amour pour Leonard, de son engagement dans la littérature et, surtout tout, sa bataille perdue contre la dépression ».
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Un chirurgien métis déambule dans les rues de New York puis de Bruxelles. Il nous raconte sa vie et ses rencontres. Les villes sont bien décrites, mais je n'ai pas trouvé un grand intérêt à cette lecture.
C'est un récit introspectif, avec quelques réflexions intéressantes sur l'Amérique de l'époque, le racisme, la politique internationale (sur la Palestine en particulier)...
J'ai cependant été choquée à un certain moment par la froideur d'un aveu, le personnage principal n'éprouvant apparemment aucun remords pour un acte criminel accompli dans sa jeunesse.
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Julius est métis (père Nigérian – mère allemande). Il a passé les quinze premières années de sa vie au Niger puis a obtenu une bourse pour étudier aux Etats Unis. Il est interne en psychiatrie à New York. Il déambule dans New York en nous faisant part de ses réflexions, sur l'identité, sur la musique (Mahler), sur son ami d'origine japonaise Saito, sur la mort de son père, sur les conséquences du 11 septembre 2001, sur la place des musulmans aux Etats Unis, ou en Europe ou en Palestine…

Lors d'un séjour de 4 semaines à Bruxelles, à la recherche de sa grand- mère maternelle, il rencontre Farouk, un jeune Marocain avec qui il sympathise, il rencontre également une retraitée américaine, une tchèque avec qui il a une rapide liaison. Sans avoir retrouvé sa grand-mère, il revient à New York, où il reprend son travail et ses déambulations (errances ? ) : pique-nique à Central Parc, une exposition du photographe Munkacsi, concerts…..

Mes impressions : une livre très introspectif, beaucoup de réflexions et peu d'action : je dois dire être un peu restée en dehors de ce livre. Je n'ai pas toujours compris les enchaînements de sa pensée, les allers-retours entre présent et passé. Julius m'a paru à la fois sympathique puis complètement hors de la "vraie vie" et pour tout dire même un peu à la dérive. Je l'ai trouvé touchant par rapport à certains trous de mémoires , antipathique à d'autres moments.
Une impression de lecture très mitigée donc malgré des pages très belles.
Lien : http://lajumentverte.wordpre..
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Déambulation spatio-temporelle en compagnie de Julius, un jeune Nigérian interne en psychiatrie. La promenade commence à Manhattan, puis nous emmène à Bruxelles et en Afrique. Les déambulations solitaires sont, pour Julius, un support à méditation et à rencontres. Ses soliloques permanents évoquent magnifiquement l'architecture, la sociologie et l'histoire des différents quartiers de New-York d'hier et d'aujourd'hui. La voix des esclaves venus d'Afrique par bateau dans les siècles passés font écho à celles des nouveaux immigrants arrivés clandestinement. Qu'ils soient jeunes ou vieux, américains de souche ou pas, éduqués ou non, toutes les personnes rencontrées donnent à voir un regard décalé sur les valeurs de l'Amérique contemporaine. Entre adhésion et rejet, la frontière est parfois fragile. Leurs paroles expriment également, en pointillé, leur très grande solitude dans cette mégapole grouillante de monde.
A travers tous ces récits, Teju Cole aborde, par petites touches, de nombreuses thématiques : la musique (classique et jazz surtout), la crise économique, notre société de gaspillage, mais aussi l'importance de l'amitié face à la complexité de l'amour, le poids des origines et les questions de l'identité, qu'elle soit collective ou individuelle, les racines de l'extrémisme politique ou religieux, la ligne étroite entre normalité et folie. de ce foisonnement émerge la question centrale de l'acceptation de soi et des autres. Plusieurs options sont présentées, aucune voie n'est privilégiée. Au lecteur de poursuivre sa réflexion.
Il faut également insister sur la beauté de l'écriture : simple, fluide, parfois poétique, avec un art incroyable du fondu enchaîné qui nous fait passer en quelques mots d'un café internet bruxellois à l'oeuvre de Walter Benjamin, de la fraternité à une rixe.
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Val Open cityTeju Cole et moi avons lu Open City de Teju Cole, jeune auteur américano-nigérian. Julius, mère allemande et père nigérian, vit à New York, psychiatre et chercheur, et passe de longs moments à marcher dans la ville. Julius parle assez peu de sa vie privée, c'est que l'homme est un solitaire. S'il arpente New York c'est tout en rêveries et en rencontres. Mêlant ses souvenirs d'Afrique et d'Europe, Bruxelles surtout où il vécut quelque temps et où il revient quelques mois, c'est cette partie qui m'a séduit le plus, une pérégrination cosmopolite dans cette ville, curieuse capitale transnationale, facilement brocardée mais si fascinante. Réflexion aussi sur le racisme, un peu confuse à mon esprit, et très légèrement condescendante m'a-t-il semblé, avec pas mal de références aux philosophes avec lesquels mes relations ont toujours été froides. Ainsi je n'ai pas toujours emboîté le pas de Julius avec un égal bonheur.

Quand il déambule dans New York City Julius croise des personnages très différents. Mais ne vous attendez pas à du "haut en couleurs", ce n'est pas le genre de la maison. Souvent marqués par une double culture ou une difficile acculturation, ces deux termes relevant parfois du pléonasme, le vieux professeur de lettres nippo-américain, le cireur haïtien, ont peiné à me passionner vraiment. C'est parfois ésotérique et pompeux, un dictionnaire peut s'avérer utile, ce qui ne me gêne pas, j'aime les dicos. Mais le holisme, j'en ignorais tout et après consultation je n'ai guère compris davantage. Les errances, mais le terme ne convient pas, de Julius, ne m'inciteront pas poursuivre avec Teju Cole dont c'est le premier roman.

Cet homme là est protéiforme, photographe, musicologue, je crois, au vu des influences de Mahler ou du jazz dans ses promenades urbaines. Passionné d'architecture aussi à l'évidence vu la construction du récit et les digressions sur le développement de la ville.Open City m'a trouvé un peu fermé. Si hommes et surtout idées y circulent, le sang manque, comme lymphatique. Julius, double de Teju, est un type brillant, trop pour moi. On a évoqué Dos Passos . Lourde hérédité sur laquelle je ne m'étendrai pas, ma lecture de la somme Manhattan Transfer étant ancienne, malgré un souvenir très fort de chef d'oeuvre dont à la réflexion je ne suis plus très sûr.
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critiques presse (2)
Bibliobs
04 août 2014
La beauté introspective du texte et l'omniprésence de la ville font du livre un étrange page turner qui marche vers nulle part.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LesEchos
29 août 2012
Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas lu un roman d'introspection aussi élégant et abouti. On pense à Musset, à Pessoa, à tous ces écrivains habités et malades de l'âme.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les marches répondaient à un besoin : elles m’affranchissaient du cadre millimétré du travail et, quand j’ai découvert leur vertu thérapeutique, elles sont devenues normales et j’ai oublié ce qu’avait été la vie avant. Le travail était une école de perfection et de compétence, il n’admettait pas d’improvisation ni ne tolérait d’erreur. Mon sujet de recherche avait beau être intéressant – je menais une étude clinique sur les troubles affectifs chez les personnes âgées -, la précision qu’il exigeait était d’une complexité qui excédait tout ce que j’avais pu faire auparavant. Les rues servaient opportunément de contre-pied à tout cela. Toute décision – tourner à gauche ou non, me livrer longtemps ou non à mes pensées devant un immeuble abandonné, regarder le soleil se lever sur le New Jersey ou aller en bondissant dans l’obscurité de l’East Side en direction du Queens, était sans conséquence et rappelait du coup la liberté. J’arpentais les blocs d’immeubles comme si je les mesurais de mes enjambées et les stations de métro servaient de raisons récurrentes à ma progression sans but. Je trouvais perpétuellement bizarres ces quantités considérables de gens se précipitant dans des lieux souterrains et j’avais l’impression que toute la race humaine se ruait, mue par un étrange instinct de mort, dans des catacombes mobiles. En surface, j’accompagnais des milliers d’autres gens dans leur solitude, mais dans le métro, debout près d’inconnus que je bousculais et qui me bousculaient pour un peu de place et une bouffée d’air, tous, nous reproduisions des traumas non avoués et la solitude s’intensifiait.
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L'exercice de la psychiatrie revient en partie à voir le monde comme un ensemble de tribus. Prenons un groupe d'individus ayant un cerveau qui, vu leur conception de la réalité, est plus ou moins équivalent : les différences entre les cerveaux dans ce groupe ostensiblement normal, groupe témoin représentatif de la majorité de l'humanité, sont mineures. Le bien-être mental est mystérieux, mais ce groupe est assez prévisible et les maigres découvertes de la science sur le fonctionnement cérébral et les signaux chimiques s'appliquent dans les grandes lignes.
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J'ai perdu toute notion du temps devant ces images, je me suis enfoncé dans leur monde, comme si tout le temps entre eux et mois s'était évaporé. Aussi, quand le guide est venu me dire que le musée fermait, j'avais oublié comment parler et me suis contenté de le regarder. Quand j'ai fini par descendre l'escalier et sortir du musée, c'était avec l'impression de revenir sur Terre après un long voyage.
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Au début, je me confrontais au bruit incessant des rues, un choc après la concentration de la journée et la tranquillité relative, comme si quelqu'un avait rompu le silence d'une chapelle privée par le beuglement d'un poste de télé. Je me faufilais dans la cohue des chalands et des travailleurs, les travaux de voirie et les klaxons de taxis.
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Je suis sûr que tu connais l'idée de Paul de Man sur le discernement et l'aveuglement. Sa théorie porte sur une perspicacité qui peut réellement masquer d'autres choses, qui peut réellement être une cécité. Et à l'inverse, aussi, ce qui parait aveugle peut créer des possibilités. Quand je pense à la perspicacité qui est une forme de cécité, je pense à la rationalité, au rationalisme qui ne voit pas Dieu, ni les choses que Dieu peut offrir aux humains. En cela les Lumières sont un échec.
p.167
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