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EAN : 9782253011712
158 pages
Le Livre de Poche (20/01/2004)
3.69/5   565 notes
Résumé :
Lorsque débute leur vie commune, Alain et Camille sont deux amis d'enfance que tout en apparence rapproche mais que leurs secrètes rêveries divisent. " Mon mariage, reconnaît Alain, contente tout le monde et Camille, et il y a des moments où à me contente aussi, mais... " Ce qu'Alain aime en Camille, c'est une beauté idéalisée faite d'immobilité et de silence. Aussi est-il déconcerté par son exubérance.

Comme l'arrivée d'une saison nouvelle, la décou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (83) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 565 notes
On le sait, Colette était une fervente admiratrice des félins, au point d'écrire en leur compagnie, et, surtout, de les transposer dans ses romans. Ce court texte est d'abord paru, d'avril à juin 1933, sous la forme d'un feuilleton dans le journal Marianne. le livre sortit en septembre de la même année. Les critiques furent divisées. Il faut dire qu'au premier abord, l'histoire semble un peu ridicule : Camille, jeune épouse est jalouse de Saha, la chatte de son mari Alain, car celui-ci y prête un peu trop d'attention à son goût. Elle en arrive à vouloir la tuer... Alain supportera-t-il cet affront ?

Bien évidemment, il ne faut pas en rester là. Ce texte est bien plus profond que ça. le mariage de ces deux personnes a été arrangé. Alain n'est pas heureux dans son couple, lui qui se refuse à grandir. Sa jeune épouse lui fait peur. Elle est trop moderne, trop sexy pour quelqu'un de si peu sûr de lui. Son compagnon à quatre pattes représente un monde dans lequel il voudrait se réfugier, celui de son enfance. Et c'est justement ce que ne comprend pas Camille qui traite le félin comme une rivale sans se rendre compte qu'elle ne représente aux yeux de son époux qu'un passé révolu, "une chimère" selon la mère d'Alain.

Ce texte est d'autant plus intense qu'il se déroule pratiquement à huis-clos. Toute l'intensité dramatique est là. Si les personnages sont réduits à l'essentiel, les actions sont rapides : on observe, on agit. Et n'est-ce pas mimétique de l'écriture de Colette ?
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Elle est belle, bien sûr, cependant il lui trouve le cou un peu trop court, il n'aime pas le parfum qu'elle met et « qui la vieillit », et puis, la première nuit de noces, elle n'a aucune pudeur, on dirait qu'elle aime ça et qu'elle en redemande. Déjà, fiancés, elle mendiait des baisers-sur-la- bouche, pire, elle en tenait la comptabilité.

Il lui en veut du plaisir qu'il lui donne.

Colette le dit avec des mots beaucoup plus fins, mais elle le dit. Camille n'émeut pas Alain, ce qu'elle affirme ne le touche pas, il est révulsé à la vue d'un cheveu noir laissé sur le lavabo, quand elle prétend le connaître, il sait que non, il s'efforce, pourtant, il essaie, il se tempère, évite les éclats et les disputes…
Et puis il y a Saha, la chatte, son amour de chatte, avec qui il communique et dont il comprend tous les Me-rroin. Elle, il l'aime, et son amour est partagé, au point que Saha se laisse mourir quand il part dans un autre appartement avec Camille. Elle reste dans le jardin où elle chasse, petite lionne féroce qui s'oublie à son animalité. Et qui essaie pourtant de se maitriser pour se rapprocher le plus possible de l'humain (comprenons : d' Alain). Elle chasse une mésange, “ Assise, les pattes jointes, son jabot de belle femme tendu » Alain la caresse au moment où elle va maitriser son instinct félin, alors la chatte le mord brusquement « pour dépenser son courroux ».
Mais contre toute attente, cet accès de sauvagerie contribue moins à ravaler Saha au rang d'animal qu'à rapprocher, par le biais de la sexualité, l'homme de la bête. « Il regarda sur sa paume deux petites perles de sang, avec l'émoi coléreux d'un homme que sa femelle a mordu en plein plaisir ».
C'est elle, la femme, depuis le début, et Camille, l'intruse, l'étrangère. Lorsque Camille parle du futur « nid » (essai de se rattraper en animalité ?) Alain et Saha préfèrent fermer les yeux, ensemble. C'est Saha, la pudique, qui essaie de cacher sa propre passion pour Alain, discrète, digne, aimant inconditionnellement, exclusivement, patiente, empressée à ne pas lui déplaire. Il souffre en pensant à la brièveté d'un si grand amour», il lui répète des litanies passionnées « Mon petit ours à grosses joues », « mon pigeon bleu », « démon couleur de perles » ou bien : « mon petit puma, ma chatte des cimes, ma chatte des lilas ».


Entre Camille et Alain, les non dits s'accumulent : il lui préfère son ombre, il la juge, et se repait des critiques qu'il entend sans être vu de la part des domestiques. le parfum ! Entêtant !Et puis l'impudeur ! Rédhibitoire ! Quand on sait combien l'odorat des chats est développé !

L'incompatibilité, à défaut de guerre, est déclarée, seuls des mots échappés et regrettés surnagent du silence. le joli couple, uni par le désir, fondu dans le plaisir, cache des sentiments plus noirs. Elle s'habille de blanc pour susciter le compliment : « ma petite mouche dans du lait », oublieuse du fait que le lait, oui, Saha boit le lait.


Colette partageant elle aussi la complicité avec les chats, sait que les paroles humaines ne sont pas nécessaires lorsqu'une entente supérieure, une transmission de pensée presque divine lie deux êtres. Alain, comme Colette, « parle » chat, il savoure la beauté du silence, aussi.
Elle a écrit « La chatte » en compagnie de la « chatte dernière », irremplaçable et pas remplacée, comme dit Alain à Saha : jamais un autre chat que toi »Camile est trop « normale », presque quelconque, elle ne comprend rien, elle se croit supérieure, elle se rebiffe: sa naïveté aveugle la condamne, sa jeunesse ne l'aide pas. Pire, elle évoque le peu de fortune de son fiancé, matérialisme impardonnable.
On souffre quand on ne comprend pas pourquoi on souffre.

Normal qu'elle soit jalouse, dans ce trio où elle n'occupe pas la bonne place, dans cet appartement triangulaire, comme dans leur triangle amoureux, d'où elle veut déloger la chatte.
« Assis, tous les deux… vous ne m'avez même pas entendue ! Vous étiez comme ça, la joue contre la joue… »
Si lui, en rêvant, pense qu'il ronronne, si Camille le voit sursauter quand elle le touche « nerveux comme un chat » lui dit-elle, la dernière phrase du roman confirme avec génie l'interaction animal-humain, car « Saha, aux aguets, suivait humainement le départ de Camille »et Alain joue comme un chat, « d'une paume adroite et creusée en patte, »avec des marrons d'Inde.
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Alain a accepté ce mariage de convenance avec Camille , lui qui ne peut vivre ailleurs que dans la maison familiale auprès de sa chatte Saha. Car entre Alain et Saha se joue une véritable histoire d'amour.
Un petit appartement triangulaire, leur ‘nid' comme l'appelle Camille, est le décor de ce huis clos étouffant. Alain et Camille ne communiquent plus que par non-dits, Saha dépérit progressivement. Jusqu'au moment où…

Ce roman très court décrit les affres de la jalousie, même si nous avons ici dans notre triangle amoureux un couple et un chat. Colette a su parfaitement mettre en mots les relations qui s'établissent entre un humain et un animal (au point où parfois les relations maître – animal sont inversées).


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« Déjà elle embaumait la menthe, le géranium et le buis. Il la tenait confiante et périssable, promise à dix ans de vie peut-être, et il souffrait en pensant à la brièveté d'un si grand amour.
- Après toi je serai sans doute à qui voudra... A une femme, à des femmes. Mais jamais à un autre chat. »
Alain vénère Saha, une chatte de la race des chartreux qui partage son coeur et son jardin de verdure. Il passe son temps à la cajoler et à s'extasier sur sa majestueuse beauté. Rien n'est trop beau ni trop bon pour cet animal qu'il gâte outrageusement. Un comportement qui n'est pas du goût de Camille, la jeune fille qu'il vient d'épouser. Si cette dernière est follement éprise de son jeune mari, Alain lui préfère de loin sa tendre et silencieuse Saha. Le jeune homme de 24 ans, oisif et très infantile, voit avec effroi son univers douillet se fissurer par la présence bien trop envahissante de cette jeune femme épousée suite à un arrangement entre familles du même milieu social. Un bancal ménage à trois va se mettre en place, la chatte prenant de plus en plus de place dans cette union boiteuse qui ne tient qu'à un fil. Camille va prendre en grippe sa féline rivale et tenter de l'écarter de son chemin par tous les moyens.
Qui remportera la mise ? La femme amoureuse ou la chatte ?

C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je retrouve la plume poétique et inimitable de Colette dont j'ai dévoré les écrits quand j'étais adolescente. Cruel et délectable à la fois, ce court roman qui nous raconte l'histoire d'une passion exclusive et dévorante entre un homme et son félin n'a rien perdu de sa justesse et de son originalité. Avec une grande subtilité, l'auteure dissèque à la perfection les affres de la jalousie et les liens étroits et privilégiés que peuvent entretenir un animal et son maître. Voilà un récit dérangeant (car comment l'être humain qui croit en sa suprématie pourrait-il songer ne serait-ce qu'un instant d'être détrôné par une bête ?) mais ô combien réaliste !

Lien : https://leslecturesdisabello..
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Je m'appelle Saha, je suis une chatte de la race des Chartreux, et j'adore mon maître: Alain. Jusqu'ici, je coulais des jours heureux dans sa maison d'enfance , je vagabondais dans le jardin, et nous nous retrouvions , complices, je dormais la nuit dans sa chambre. J'étais " son pigeon bleu", " son démon couleur de perle"...

Mais " elle", l'étrangère , est venue troubler notre beau lien, cette Camille qu'il va épouser. Je sais qu'il ne l'aime pas vraiment, il n'aime que moi. Il comprend mon langage, et il m'admire , moi, " une petite créature sans reproche, bleue comme les meilleurs rêves, une petite âme." Mais pourtant, mon maitre m'a abandonnée, pour aller vivre ailleurs....

... pas longtemps! Je dépérissais, il m'a emmenée chez lui. Et alors...terrible confrontation avec ma rivale. Rien ne se glissera jamais entre mon maitre et moi, rien ni personne!

Avec un sens aigu de l'observation, Colette livre une histoire intense, passionnelle et cruelle, où animalité et humanité se mêlent, Saha , la belle chatte orgueilleuse n'étant pas forcément la plus animale des deux ennemies!
Je garde l'image de Saha, tout en élégance, possessivité et mystère.



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critiques presse (1)
LesEchos
16 janvier 2023
OEuvre jugée la plus aboutie de sa carrière, l'intrigue de « La Chatte » a tout d'un vaudeville - une épouse est jalouse de la «maîtresse» de son mari.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Charrier couteaux en croix, charrier sous percés, charrier ciné parlant, Dieu le Père… / Poissons à nez grec, de lunes et de mentons. / Une petite chanson nègre à bouche fermée. / Un frais cynisme polynésien. / Deux demi-visages divisés par le petit nez régulier, doués chacun d’un grand œil qui cillait peu. / Cheveux propres, lavés souvent, gommés, et couleur de piano neuf… / Poussière astrale de nez. / Mais il se sentit paralysé par le regard chaud et dangereux d’un figurant brun, au profil grec, perforé d’un grand œil de carpe… /Camille brillait comme baignée d’huile, une grande flaque-miroir sur ses cheveux, la bouche en émail vitrifié d’un noir d’encre, les yeux vastes entre deux palissades de cils. /Jura un gros juron. / Jeunes femmes tziganes à naseaux de cavales. / Elle ouvrait des yeux caves. / Murmure et haleine de cave sèche. / Belle négresse blanche. / Des vieux domestiques poncés par l’usage, inhumés à mi-corps. / Deux visages inverses et délayés. / Tu vas me faire dégommer mes cils… / Qu’il crève tout violet, cet enfant de Pénélope couverte par une tortue mâle ! / Il fut détrompé par l’expression des parois de sa chambre, hargneuses et guettant un œil ailé qui voletait. / Et puis quand on couche le pare-brise, / Il entr’ouvrit ses cils, / Beurre raide, / Un petit bruit avide. / Le soleil s’éteignait. / Ses yeux profondément enchâssés. / Un sourire horizontal à joues raides. / Je suis fou de sommeil. / Dès qu’il supprima la lumière, /
L’histoire est intéressante, mais le style… Quant aux expressions, Yann Moix n’a rien inventé. Peut-être est-ce de la poésie comme disent les autres critiques et n’ai-je rien compris ?
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Il parlait à la chatte qui, l’œil vide et doré, atteint par l’odeur démesurée des héliotropes, entrouvrait la bouche, et manifestait la nauséeuse extase du fauve soumis aux parfums outranciers..
Elle goûta une herbe pour se remettre, écouta les voix, se frotta le museau aux dures brindilles des troènes taillés. Mais elle ne se livra à aucune exubérance, nulle gaité irresponsable, et elle marche noblement sous le petit nimbe d’argent qui l’enserrait de toutes parts.
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Tu es comme l’odeur des roses, dit-il un jour à Camille, tu ôtes l’appétit.
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Vinrent juin et les plus longs jours, ses ciels nocturnes sans mystère, dont une lueur attardée au couchant, une autre lueur levante sur l'Est de Paris, soulevaient les bords. Mais juin n'est cruel qu'aux citadins sans voiture, encadrés étroitement de pierre chaude, qu'à l'homme serré contre l'homme.
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La voix éclatante de Camille, comme il atteignait le palier, franchit la porte fermée :
- C'est cette sacrée cochonnerie de bête ! Et qu'elle crève, bon Dieu ! Quoi ?... Non, madame Buque, quand vous direz... Je m'en fous ! Je m'en fous !
Il distingua encore quelques mots injurieux. Très doucement il tourna la clé dans la serrure, mais ne put consentir, passé son propre seuil, à écouter sans être vu. "Une sacrée cochonnerie de bête ? Mais quelle bête ? Une bête dans la maison ?"
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