J'ai lu du 31/07/2021 au 03/08/2021.
J'avais entendu parler de ce livre dans une émission consacrée à Colette. J'étais donc curieuse de le lire sachant que je n'ai pas lu énormément de livres de Colette.
J'ai apprécié cette lecture même si elle ne restera pas ad vitam aeternam dans ma mémoire.
Colette montre tout son talent à travers les anecdotes, chapitres qu'elle consacre sur des objets, des éléments du quotidien. J'aime son écriture mordante, l'ironie dans ses remarques. J'ai rigolé face à certaines réflexions, j'ai été outrée face à certaines remarques blessantes. En tout cas, Colette sait nous faire ressentir des choses.
Je pense qu'elle a autant réussi car elle s'implique directement avec son "je", on a une part autobiographique présente. Il est clair qu'elle évoque des souvenirs de son enfance, des petits évènements ou anecdotes de son quotidien.
Outre cela, on a une vision d'une Colette chroniqueuse dans sa façon de commenter, de raconter ou de rendre vivant les scènes avec beaucoup de détails tel un journaliste. Ainsi, j'ai apprécié les différents thèmes abordés par exemple la mode qui est majoritairement présent ou bien des thèmes sociaux comme les vacances, le théâtre, etc.
Enfin, on se rend compte à travers ce recueil d'histoires courtes que Colette révèle sa véritable personnalité. Je la trouve très égocentrique, tout l'univers doit tourner autour d'elle que ce soit ses amis, sa fille, etc.
En tout cas, cela est ma vision et mon ressenti de cette lecture.
Pour conclure, j'ai passé un bon moment en lisant ce livre même s'il n'est the livre de Colette. Cette dernière possède une plume mordante, ironique à l'image de ce qu'on connaît. Une lecture sympathique mais sans plus.
Ma note : 7/14
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On t'a dit qu'en ton absence je vivais seule, farouche et fidèle, avec un air d'impatience et d'attente ? ... Ne le crois pas. Je ne suis ni seule, ni fidèle. Et ce n'est pas toi que j'attends. Ne t'irrite pas ! Lis cette lettre jusqu'au bout. J'aime te braver quand tu es loin, quand tu ne peux rien contre moi, que serrer tes poings et briser un vase...
Je ne t’attends pas. On t’a dit que j’ouvrais hâtivement ma fenêtre, dès le lever du soleil, comme au jour où tu marchais dans l’allée, chassant devant toi, jusqu’à mon balcon, ton ombre longue ? On t’a menti. Si j’ai quitté mon lit, pâle, un peu égarée de sommeil, ce n’est pas que l’écho de ton pas m’appelât... Qu’elle est belle, l’allée blonde et vide ! Nulle branche morte, nul fétu n’arrête mon regard qui s’y élance, et la barre bleue de ton ombre ne chemine plus sur le sable pur, qu’ont seules gaufré les petites serres des oiseaux.
J’attendais seulement... cette heure là, la première du jour, la mienne, celle que je ne partage avec personne.
Qu’il est chaud à mon cœur, encore, ce souvenir d’une fête glacée, sans autres cadeaux que quelques bonbons, des mandarines en chemises d’argent, un livre... La veille au soir, un gâteau traditionnel, servi vers dix heures, saucé d’une brûlante sauce de rhum et d’abricot, une tasse de thé chinois, pâle et embaumé, avaient autorisé la veillée. Feu claquant et dansant, volumes épars, soupirs des chiens endormis, rares paroles – où donc mon cœur et celui des miens puisaient-ils leur joie ? Et comment le transmettre, ce bonheur sans éclats, ce bonheur à flamme sourde, à nos enfants d’aujourd’hui ?
D’abord, tu comprends que c’est dimanche à cause du parfum de chocolat qui dilate les narines, qui sucre la gorge délicieusement... Quand on s’éveille, voyons, et qu’on respire la chaude odeur du chocolat bouillant, on sait que c’est dimanche. On sait qu’il y a, à dix heures, des tasses roses, fêlées, sur la table, et des galettes feuilletées – ici, tiens, dans la salle à manger – et qu’on a la permission de supprimer le grand déjeuner de midi... Pourquoi ? Je ne saurais te dire... C’est une mode de mon enfance.
Sur la grande table, on a simplement poussé un peu de côté les livres à tranche d’or, le jeu de jacquet et la boîte à dominos, pour faire place au gâteau arrosé de rhum et au vieux frontignan décoloré… Il y a aussi le thé de Chine qui me tient éveillée et le cœur battant vite, jusqu’au jour. Il y a encore la chatte aux trois couleurs, affairée, miaulant de gourmandise, et que la jolie voix de ma mère appelle d’un long cri musical : ‘‘Mînne !’’ Il y a, partout, le chaud désordre d’une maison heureuse, livrée aux enfants et aux bêtes tendres…
Aujourd'hui, il pleut si noir, et c'est tellement dimanche que je fais, avant que tu l'aies demandé les trois signes magiques : clore les rideaux, allumer la lampe, disposer sur le divan, parmi les coussins que tu préfères, mon épaule creusée pour ta joue, et mon bras prêt à se refermer sur ta nuque ...
« Chéri » de Colette lu par Julie Pouillon l Livre audio