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Francis Carco (Préfacier, etc.)
EAN : 9782213618517
240 pages
Fayard (21/01/2004)
3.94/5   25 notes
Résumé :

La guerre de 1940 au quotidien. Vécue, vue non par les combattants (lesquels ?), mais par une femme que l'arthrite commence à immobiliser.

Les restrictions, quelques recettes pour les oublier ou faire semblant, le marché noir, le système "trucs et trocs", l'entraide qui réunit les habitants du Palais-Royal, les distractions (la lecture, principalement), les expositions (de poupées anciennes, de papillons...), le petit peuple de Paris, les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Onze chroniques hebdomadaires de Paris pendant la guerre. Onze semaines d'écriture lumineuse, tendre et encourageante pour les parisiens sous l'occupation. Témoignages pleins d'amour d'une vie qui continue et cherche à tromper la misère avec courage, un sourire et la tête droite, refusant la courbure. "J'ai trop connu Paris heureux", nous dit-elle, "pour douter de Paris malheureux." et elle reste à Paris.
Colette fait ces chroniques en réponse au Petit Parisien qui reparaît le 8 octobre 1940, après la débâcle et l'exode.
La guerre au quotidien, vécue et vue autrement par une femme que les douleurs immobilisent. Les restrictions, quelques recettes et une flognarde joyeuse, pour les oublier ou faire semblant, le combat de tous les jours, la vie qui continue, la survie, et le rire qui n'est pas toujours au rendez-vous. "Quelqu'un lit à voix haute, prétendant nous faire rire, une recette gastronomique d'autrefois, je veux dire de 1939 : Vous prenez huit ou dix oeufs...
- A qui ? demande une petite fille qui n'a pas ri."
Le marché noir, le système «trucs et trocs», l'entraide qui réunit les habitants du Palais-Royal, et de ce Paris noir où "les petites lampes de poche, dans la rue, vont leur chassé-croisé", les expositions de poupées anciennes ou de papillons, la vie de Paris, son petit peuple et les animaux, tous soumis aux mêmes privations.
Les livres, bouées de sauvetage auxquelles jeunes et vieux s'accrochent désespérément et oublient la misère. "J'aimerais, en voyant à midi jeunes filles et jeunes garçons libérés pour deux heures de l'atelier et de la banque, lire debout sous les arbres, j'aimerais bien ne pas savoir que c'est là qu'ils déjeunent si vite et de si peu."
La plume de Colette croque des tableaux de tous les jours, et éternise des moments qui seraient à tout jamais disparus, un journal, un témoignage d'un Paris qui continue à vivre avec une quotidienne et fière acceptation. Il n'y a pas de pathos, pas d'emphase, aucune note forcée, mais la ferveur est là, l'humour, le bon sens, la dignité et la grâce. Des chemins se croisent dans ses croquis, des carrefours et des rencontres, des événements sans grande importance, très importants, le précieux de l'existence faite des choses qui passent, peut-être, inaperçues, l'une plus banale et plus surprenante que l'autre, toiles de vies avec leurs ressources et leur résistance immortalisées par une "gratteuse de papier".
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Colette, j'aime sa plume et sa douceur de nous peindre le quotidien, au naturel, sans chichis. Ce petit livre, point je ne connaissais, déniché dans une boîte à livres, ravie, je suis repartie avec et tout le plaisir qui m'attendait à découvrir les écrits de Colette.
Ce livre regroupe des chroniques dédiées aux femmes durant l'occupation de la seconde guerre mondiale. Après l'exode, Colette rejoint Paris, le petit Parisien, fait appel à son talent pour publier des chroniques hebdomadaires.
Colette s'adresse aux femmes en leur prodiguant des astuces, recettes afin de faire face à la pénurie, au froid, à la faim. Ce sont les deux points les plus ardus, comment se chauffer et remplir son ventre avec rien ?
De sa fenêtre, elle observe ce Paris qui grelote, ce Paris qui crie famine.
Des petites anecdotes nous font sourire, il est vrai, mais en temps de restriction, tout bois fait feu. Point de gaspillage, et ce qui d'ordinaire nous semble commun devient richesse en temps de guerre.
J'ai bien aimé la petite scène de la tortue et du chat, rien à voir avec les restrictions de la guerre, mais je reconnais l'amour des bêtes de notre chère Colette.

Le petit chat veillait sur cette tortue, et quand elle s'éloignait de trop ou vagabondait dans des endroits jugés trop dangereux, le chat la poussait de sa patte vers une autre direction afin de l'inciter à faire demi-tour, et si rien n'y faisait, alors il se couchait sur elle, de la chaleur dégagée, la tortue se mettait en mode sieste et ne bougeait plus, ainsi le petit chat écartait cette aventureuse tortue de tout danger éminent.

Les anecdotes des trocs sont aussi, matière à sourire, mais en gardant la pleine conscience qu'il en allait de l'astuce la mieux appropriée qui faisait des heureux dans les deux sens, voire plus. En exemple, un homme troque un harnais, pour une dame pour ses perruches, Colette s'en étonne, mais il lui répond que cette même dame, troque ce harnais au grainetier pour son petit cheval, qui lui bien sûr lui troquera des graines pour ses perruches. Malin, mais indispensable pour trouver l'introuvable.
C'est ainsi que Colette partageait avec ses lectrices des trucs et astuces, pour s'en sortir du mieux de cet épisode difficile et cruel, leur redonnant sans doute un peu de courage, que rien n'était vain. Elle donnait aussi des recettes , encore là, nous souririons, car une recette sans ingrédients disponibles , Colette la transforme en mettant des Si ... la débrouillardise à tous les niveaux... comment se contenter de peu voire de rien et faire de cette vie , un épisode moins cruel.
Pour les dames, il y a également, la question vestimentaire, coquetterie etc... encore là Colette donne sa vision des choses... mieux vaut avoir chaud au pied que de faire sa fière. etc... enfin voilà donc plusieurs chroniques , qui nous fait vivre en direct les privations de la guerre, la faim, le froid, la débrouillardise, et un regard sage d'une auteure qui de part ses origines campagnardes a su partager des astuces pour savoir trouver des solutions à des parisiennes complètement apeurées de sortir dans la rue sans leurs bas de soie ! C'est bien sûr une image, mais nous n'étions pas loin de la réalité.
Un beau témoignage de cette époque, vu de sa fenêtre, une parenthèse dans un quotidien difficile écrit sous une plume toujours aussi charmante et charmeuse qui fait oublier le temps de la lecture qu'elle-même a subi ces privations.
Belle pioche dans cette boîte à livres car je n'avais jamais croisé ce petit livre de Colette.
La naissance du jour, restera pour moi, le livre référence de Colette, celui qui m'a fait découvrir une autre Colette, sa vraie plume, sa poésie, car je n'adhère pas à ses romans, mais là dans la naissance du jour, Colette est elle-même, et merveilleuse.
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De 1940 à la fin de l'occupation, Colette a tenu dans “Le Petit Parisien” une chronique hebdomadaire. Cet ouvrage est le recueil de ces chroniques, toujours écrites de sa belle plume lumineuse. On y trouve, pêle-mêle, des conseils pour rester au chaud et se nourrir, malgré les pénuries de charbon et d'alimentation du fait des réquisitions, mais aussi des observations de la vie quotidienne, souvent soucieuses mais parfois très drôles. Colette y prône la solidarité, les recettes économiques, le système D- on dirait aujourd'hui “le zéro déchet”...!
LC thématique d'août 2021 : ''Un nom de ville dans le titre''
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Paris occupé, Paris observé par une Colette que l'arthrite immobilise de plus en plus. Ces chroniques écrites de 1940 à 1944 reprenaient les grands soucis quotidiens de tous. Colette parlait avec son bon sens du froid, de la nourriture, des bêtes, des enfants, de la vie du Palais-Royal... Elle donnait des idées pour s'en sortir et réchauffait ainsi un "au jour le jour" dramatique. C'est un témoignage et une vision sur une époque qui, pour nous qui ne l'avons pas connue, semble particulière, trouble et atroce. Voilà dans cette période noire, une voix qui rappelle à l'ordre et tente de donner un peu de feu à ce qui n'en a plus. Pour tenir... Ces écrits ont dû aidé certaines et certains lorsque le découragement et la tristesse les faisaient faiblir. Comme d'habitude, dans ce style qui honore la langue française, Colette comble tous nos sens, même en période de disette.

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Je sais que je vais avoir du courrier.....
Colette c'est comme une arête .
Elle me reste en travers de la gorge.
Même avec un petit verre de blanc sec, rien à faire ! je m'étouffe !
J'ai pourtant essayé à plusieurs reprises, sans succés.
Pas terminé.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
J'avoue que un peu froide devant les films romanesques, j'ai peine à contenir les "oh !" et les "ah !" quand il s'agit de la microphotographie, du ralenti et de l'accéléré... Regardez le travail des pattes et de la bouche de l'abeille, voyez cette grande reine au long ventre, et son isolement de créature unique parmi la foule des ouvrières, regardez sa tâche fatale et glorieuse.
Nous ne regardons jamais assez, jamais assez juste, jamais assez passionnément.
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Un chaud automne enrichit notre faune. Avec les asters mauves paraissent les dernières générations de papillons. Cette année le Paon-de-jour foisonne, sensiblement plus petit qu'en juillet, mais resplendissant de couleur, fleur sur fleur, marqué de singes en forme d'yeux, grenat, mordoré, presque noir au verso, ensemble actif et paresseux, puisqu'il parcourt " à pied ", sur ses sombres petites pattes nerveuses, un buisson de fleurs plutôt que de le survoler.
Samedi, par grande chaleur de midi, sur chaque bouquet d'asters violet clair, ils étaient bien vingt, tant Paon-de-jour que petite Écailles à coloris vifs, que Vulcains imprimés de rouge, de noir et de blanc. La fausse abeille, reconnaissable à son postérieur arrondi qui n'a point d'arme, pullulait. Un coup de brise, le passage brusque d'un enfant soulevait sur les fleurs toutes les ailes, qui s'y reposaient l'instant d'après. Reste-t-il donc si peu d'amants de la beauté gratuite, pour que devant les balisiers rouges dont chaque calice est assez large pour avaler l'oiseau qui y cueille une goutte sucrée, devant les papillons qui effeuillent puis recomposent un bouquet, je sois si souvent le seul regard attentif ?
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Ces femmes-là sont des survivances obstinées d'un type féminin quasi millénaire sur lequel l'orgueil, la fièvre urbaine, la soif de parvenir et le problème de vivre s'acharnent sans arriver à le faire disparaître... Gardiennes des foyers jamais désertés !
C'est vous, jeune femme... qui m'avez dit un jour "Une des meilleurs choses de l'amour, c'est tout de même le pas d'un homme qu'on reconnaît quand il monte l'escalier..."
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Qu'ils lisent donc n'importe quoi... Livres défendus, livres trop graves, livres trop légers aussi, livres assez ennuyeux, livres éblouissants, qui au hasard s'illuminent, et referment sur l'enfant enchanté leurs portes de temple... Le désordre de la lecture lui-même est noble. Chaque livre, mal annexé d'abord, est une conquête. Sa jungle d'idées et de mots s'ouvrira, quelque jour, sur un calme paysage ami.
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Quand un garçonnet pressé de questions se résout à dire : "je voudrais pour mes étrennes un décamètre, de la toile cirée verte et un fil à couper le beurre...", j'aimerais, parents, que vous n'écrasiez pas sous des railleries défleurissantes un rêve qui a sa pudeur et son romantisme. Donnez la toile cirée, le décamètre et le fil à couper le beurre -- aussi bien votre crémier ne s'en sert plus guère -- par-dessus le marché, tâchez en les donnant d'avoir l'air fin et compréhensif. ça vous changera. (p. 59-60)
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