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EAN : 9782213024110
109 pages
Fayard (15/11/1991)
4.2/5   28 notes
Résumé :
Fac-similé d'un livre paru en mars 1951 avec un tirage limité.
Soixante-dix ans après, une réédition de ce bel album a lieu en mars 2021.
Les aquarelles et dessins à la mine de plomb de Raoul Dufy accompagnent les textes de Colette.
De la Rose à l'éllébore en passant par le muguet, l'anémone et bien d'autres, Colette nous propose le ressenti suscité par les fleurs qui lui furent soit offertes soit proposées par l'éditeur suisse Mermod qui permit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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L'histoire de l'oeuvre

Ce livre est l'un des ultimes écrits de Colette, rédigé en 1947. Il regroupe vingt-deux textes qui sont autant d'évocations de fleurs. En effet, comme le précise la préface à l'édition Fayard de 1991:
« En 1947, l'éditeur suisse Mermod proposa à Colette de lui envoyer régulièrement un bouquet de fleurs à chaque fois différentes ; Colette, en contrepartie, ferait le « portrait » de l'une ou l'autre de ces fleurs. le résultat fut un petit recueil qui parut en 1948 sous le titre Pour un herbier à Lausanne chez Mermod, dans la collection ‘‘Le Bouquet'' ».
Les textes qui composent Pour un herbier seront ainsi « La rose », « Lys », « Monologue du gardénia », « Orchidée », « Moeurs de la glycine », « Tulipe », « Faust », « Fétidité », « Souci », « Bleu » [les fleurs], « le lackee et le pothos », « Muguet », « Camélia rouge », « Jacinthe cultivée », « Anémone », « Broutilles », « L'adonide chez le concierge », « Jeannettes », « Médicinales », « L'arum pied-de-veau », « Pavot », « Ellébore ». Chaque texte représente environ quatre à six pages selon les éditions

Le fil du texte


Dans Pour un herbier, Colette se laisse aller à « une divagation modeste ». le texte offre d'abord le leurre d'un modèle conventionnel qui va s'efforcer de livrer une description construite sur des éléments connus tels que les mondes animal et végétal, auxquels s'ajouteront de nombreuses références à des personnalités des arts, contemporaines de l'écrivaine ou non, et des références également à son oeuvre. Ce spectacle de la fleur qu'elle reçoit, elle veut l'aborder avec objectivité, mais à bord de son lit-radeau, et confinée aux quatre murs de sa chambre, il ne lui sera plus possible d'observer la plante dans son contexte naturel. Ainsi c'est avant tout un travail d'imagination qu'elle effectue, allant parfois jusqu'à décrire autre chose que la fleur : la couleur bleue, par exemple, ou une planche recueillie chez un antiquaire.

Quelques pistes d'analyse


Le statut référentiel du narratif est directement en question. Les modes de la représentation sont ceux, classiques, décrits par Philippe Hamon, qui considèrent l'objet selon un parcours métonymique et un système métaphorique notamment, à travers l' espace, dans ce qu'Hamon décrit comme une dénomination et son expansion.[1] Colette a recours à un bon nombre de procédés tels que le dialogue virtuel qu'elle établit avec le lecteur — par des interrogations, des étonnements, des conseils. Ainsi, la communication est complètement décontextualisée, et le portrait engage trop d'absences : de la fleur, du contexte, du locuteur. Pour pallier ces problèmes, elle introduit d'abord un certain nombre de signaux qui servent de cadre au portrait. Outre l'énoncé métalinguistique (qui souligne ses balises), il s'agit de figures poétiques, de jeu sur des notions sensorielles, qui renvoient le lecteur à sa propre expérience. Ainsi, le texte porte aussi sur Sido et l'univers de l'enfance en offrant une leçon, souvent guidée par la parole : le souvenir d'un vers, d'un refrain amène le souvenir de l'enfance, selon une démarche descriptive logique.
Après que la narratrice a décidé de ne plus donner tant de résonance aux mots et à l'effort d'écriture qu'ils nécessitent, elle décide que la littérature ne peut se substituer à toute représentation. Ainsi, elle remet en question les principes du portrait ‘classique', et fait allusion à des représentations végétales orientales. Pour la reproduction, la musique ou la peinture, auxquelles elle fait allusion, l'aident à se figurer le réel, dans des glissements et des emmêlements de plus en plus complexes. C'est dans un espace qui n'est ni réel ni de fiction qu'elle embarque, où le jeu avec le lecteur sera de plus en plus puissant : elle l'invite à visualiser pour elle, à donner corps à ces fleurs qu'il n'aura jamais vues. Un rapprochement avec Segalen peut être fait car il semble que, dans Peintures, il ait mené de bout en bout le projet de faire de son lecteur l'enjeu du texte. Sans aller jusqu'à dire que Colette eut la même intention, il est tout de même loisible de constater, au regard de la tournure que prennent ces portraits, qu'elle opte pour une démarche similaire. de plus, comme lui, elle fait allusion à une certaine forme de représentation orientale et, comme Mallarmé qu'elle évoque, ne manque pas de faire un travail avec et sur les mots.

http://www.amisdecolette.fr
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Quelle bonne idée eut l'éditeur suisse Mermod de proposer à Colette l'envoi de fleurs contre un texte.
Il n'en fallut pas plus pour que naquit ce livre : »Pour un herbier ».
Réédité par Fayard en 1991 avec d'autres illustrations, il fallut trente ans et le mois du printemps 2021 pour que nous soit offert l'autre édition de l'époque, belle et riche des aquarelles et dessins à l'encre de Raoul Dufy, qui parut en 1951 en édition limitée.

Outre le plaisir des traits et couleurs de Dufy, nous retrouvons la beauté stylistique, la précision des mots, le regard vif et acéré, la langue proche de la perfection du grand écrivain que fut celle qui se disait écrivain par hasard.

La nature éclate à chaque page non dénuée d'humour, d'observations, de souvenirs d'enfance campagnarde et libre, de lucidité sur la manipulation des fleurs trop parfaites de fleuristes,…
Des noms connus de fleurs, d'autres moins et Colette nous entraîne dans leur histoire.

Un régal à lire, à contempler, à déguster sens en alerte comme sait le faire si bien Colette.
Offert avec ce bel album, une planche de Dufy qui transcende la beauté florale et notre regard.

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Joli babillage. Un vocabulaire savant et recherché. Un peu vain si on exclut le contexte. Mais quand on sait qu'elle était prisonnière – enfermée dans sa chambre par un mari abusif et vénal, qui de surcroit usurpait son identité, pour terminer la série des Claudine –, on comprend alors que les fleurs qui ornaient sa cellule sont des visiteuses qui ouvrent la porte de l'évasion et on est enclin à l'indulgence, voire à une certaine admiration devant cette force vitale qui la pousse à explorer d'une façon volubile et passionnée un domaine auquel on ne s'attend pas.
Édition rare et numérotée, trouvée dans une microbibliothèque (boîte à livres). Je le garde précieusement.
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Un très joli petit bijou, très poétique, pour les amateurs de fleurs essentiellement car les irréductibles du béton ne comprendraient pas le bonheur de l'évocation de toutes ces petites merveilles que dame Nature nous offre! Suivant la fleur, cela peut être très différent: l'auteur peut rester sur le sujet ou partir complètement en tangente, mais c'est toujours très réussi!
C'est délicieux et tendre et une lecture de printemps, de campagne: on a envie de s'allonger dans l'herbe, ou à la rigueur d'aller s'installer chez le fleuriste le plus proche et de n'en plus bouger!
Des petits textes courts, précieux, charmants, qui méritent que vous leur laissiez une chance.
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🌸 « J'aime , certes, les fleurs. Mais je n'aime pas moins les animaux, sans doute l'anémone le sait puisqu'elle m'apporte, en son centre épanoui, un joli petit hérisson d'étamines, bleu. »

🌼 En 1947, l'éditeur suisse Mermod proposa à Colette de lui envoyer régulièrement un bouquet de fleurs ; en contrepartie, l'autrice s'engageait à faire le portait de tous ces bouquets. le fruit de ce travail fut regroupé dans un recueil recensant 22 textes, dont la poésie et l'onirisme sont les principaux traits. En 1952, le même éditeur en produit une édition de luxe, illustrée par Raoul Duflot, dont voici ici le fac-similé de l'édition originale (réserve à l'artiste et collaborateurs), conservé à la bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art.

🌹 Véritable voyage onirique et magique, Colette rassemble ici ses souvenirs d'enfance, ses élans de botaniste dévouée, son amour pour la nature et les fleurs, pour la vie, ses couleurs, sa fragilité et sa folie. Elle dresse le portrait de la beauté faite fleur, et transporte le lecteur dans un voyage inédit et chimérique. La plume est délicate, tendre et parfois mélancolique. Je n'ai jamais rien lu de tel, et j'en suis ravie. Voilà un livre objet aussi beau que puissant. Une merveille !
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critiques presse (1)
LaCroix
30 mars 2021
Publié en 1951 par les éditions Mermod et réédité aujourd'hui chez Citadelles & Mazenod, « Pour un herbier » met en regard la plume incomparable de Colette et les pinceaux de Raoul Dufy.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Roses sur tiges, le bouton clos comme un oeuf, puis inopinément ouvertes, roses qu'éveillent au centre de Paris l'arc-en-ciel prisonnier du jet d'eau, je cherche à quoi vous comparer, en quel éden cueillir les fleurs qui vous vaillent... Je crois que j'ai trouvé. Vous êtes presque aussi belles que les roses torrentielles qu comblent un tout petit enclos de garde-barrière, couvrent une maisonnette de jardinier, treillagent le mur de la rustique auberge, ici, là, ailleurs, partout où elles montrent ce que peuvent, pour notre émerveillement, la rencontre de juin, du hasard, du beau temps, la solitude d'une jeune-fille, la main d'un vieil homme rêveur et son bienveillant sécateur...
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Tout ce qui fut empreint de démesure nous reste fidèle.
Peut-être l'excès seul est-il à notre taille, au moins pendant le temps qui nous est fixé pour que nous nous sentions dûment étonnés, tentés, désireux et jeunes.
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Un temps, la mode et la spéculation vous voulurent noires, et vous payèrent d’un haut prix. Plus votre deuil violacé était opaque, plus vos amants se ruinaient pour vous. Mais vint une époque de famine, et l’on fit cuire vos précieux bulbes pour les manger. Récemment, mauvais printemps de l’Occupation, Paris gonflé d’espoir, aigri de rancune profonde, vendait chez ses fleuristes des bulbes - trois par pots - qui trouvaient le moyen d’être séditieux (...) Mars venait, la nacre de l’oignon éveillé fendait sa sèche enveloppe, qui en place de tulipes donnait issue à trois jacinthes gaillardement chauvines - une bleue, une blanche, une rouge.
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C’est une grande buveuse que cette jeannette comme on l’appelle dans mon pays.
Elle aspire l’eau du pré spongieux, elle vide le fossé, les ronds d’eau de la forêt, elle draine les bords du ruisseau qu’ont empli les pluies d’hiver.
Et l’avant printemps ne parle plus que d’elle, jeannette, jeannette, jeannette…
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Le jour qui s'achève fut long. Tout le temps qu'il dura j'ai retenu mon haleine, le souffle qui m'environne au crépuscule et fait trébucher dans leur premier vol les papillons de la nuit. Je dormais. Je dormais, dans mes pétales
pulpeux, lâchement noués, juste assez désordonnés pour qu'on ne me confonde pas avec la fade régularité du camélia
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