Les dernières semaines qui nous séparent du 24 avril prochain, (date de diffusion du premier épisode de la sixième saison de Game of Thrones) sont longues, voire interminables. Fini le temps où je pouvais narguer mes amis en ayant une longueur d'avance sur eux grâce à la lecture des romans éponymes de
George MARTIN. Force est de constater que les lecteurs comme les spectateurs de la série sont au même niveau, désormais... Alors, pour tromper mon impatience, je me suis jetée sur l'ouvrage de
Marianne CHAILLAN :
Game of Thrones, une métaphysique des meurtres dont je remercie chaleureusement Babelio et les éditions du Passeur de me l'avoir fait découvrir.
Avant de commencer ma critique, il convient d'abord de faire deux avertissements : premièrement, l'ouvrage de
Marianne CHAILLAN ne se base aucunement sur les livres mais bien exclusivement sur la série télévisée (je préfère prévenir car j'ai moi-même été surprise). Deuxièmement, il vaut mieux avoir vu la série jusqu'à
la cinquième saison (ou du moins, d'avoir lu les cinq premiers tomes), avant de lire l'ouvrage. Auquel cas, vous serez spoilé dès les premières pages (notamment sur l'épilogue tant controversé du dixième épisode de
la cinquième saison).
Présenter la série télévisée Game of Thrones comme un apprentissage de divers courants philosophiques est un pari plutôt réussi pour
Marianne CHAILLAN. Son analyse est composée de trois parties (philosophies morale, métaphysique et politique). Dans chaque chapitre, l'auteur a utilisé la même méthode :
- Elle débute par des citations d'ouvrages de philosophes, représentatifs d'un courant de pensée.
- Puis, elle illustre cette philosophie par des exemples tirés de la série Game of thrones (à ce titre, j'ai beaucoup apprécié d'avoir le texte en version originale ainsi que sa traduction).
- Enfin, elle propose à son lecteur de participer activement à l'ouvrage au moyen d'un jeu de rôle qui non seulement lui permet de s'approprier le courant philosophique mais également de mieux le comprendre.
Je pense qu'un exemple sera ainsi plus parlant. L'auteur propose à son lecteur de savoir à quel mode de pensée, il appartient entre la philosophie déontologique représentative des Stark et de la philosophie conséquentialiste, pour les Lannister. Cela peut sembler barbare et fastidieux mais c'est là qu'intervient toute la maîtrise de l'auteur au travers d'un jeu de rôle.
Vous êtes conducteur d'un tramway qui n'a plus de frein : si vous ne faites rien, vous tuez cinq personnes sur la voie. En revanche, vous avez la possibilité de dérouter votre tramway vers une voie où se retrouve une personne. Que faites-vous?
Pour ma part, j'ai choisi d'agir et de sacrifier une personne au lieu de cinq ce qui me rapproche de la famille des Lannister. En effet, ces derniers préfèrent sacrifier un pion pour le bien commun comme Jaime qui a choisi de tuer Aerys le roi fou, afin de sauver le peuple de King's Landing. Si en revanche, vous n'intervenez pas et laissez le tramway foncer sur les cinq personnes, vous êtes plutôt du côté de Ned Stark qui refuse en aucune manière de se compromettre par un acte meurtrier.
En conclusion, j'ignore si
George MARTIN s'est réellement inspiré de tous ces philosophes pour construire la psychologie de ses personnages et son intrigue. Mais, l'ouvrage de
Marianne CHAILLAN est bâti sur une analyse passionnante, rigoureuse et très pédagogique. Elle pourrait ainsi se présenter comme une première introduction (et initiation) à la philosophie (si un professeur de Terminal passe par là...). Bref, si votre adolescent vous affirme qu'il révise son bac de philosophie alors que vous le surprenez en train de regarder des épisodes de Games of Thrones, ne le grondez pas, il ne vous aura pas forcément menti...
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